Coquille inéquivalve
Forme ovalaire
Douze côtes radiales sur la valve supérieure
Épines calcaires irrégulières
Valve inférieure soudée au substrat
Couleur pourpre à violette
Intérieur des valves d’un blanc pur
Deux fortes dents sur la charnière de chaque valve
Muscle adducteur unique
Jardon, spondyle européen, huître épineuse, huître à charnière, huître rouge, huître de fond, spondyle gaideron
European thorny oyster, european spiny oyster, spinous scallop (GB), Spondilo, cernieruolo (I), Ostra roja, ostra vermella (E), Stachelauster, Lazarusklapper (D)
Spondylus mediterraneus Hermann, 1781
Spondylus fulvus Schreibers, 1793
Spondylus contrarius Anton, 1838
Spondylus cevikeri Lamprell, Stanisic & Clarkson, 2001
Cette espèce étant extrêmement variable de forme et de couleur, des auteurs souvent collectionneurs ont donné des noms de variétés pour différencier des spécimens particuliers ; on peut en citer quelques-uns :
Spondylus gaederopus var. albinus Monterosato, 1875 = valve supérieure blanche,
var. coralinus Monterosato, 1875 = épines orange sur valve blanchâtre,
var. foliosus Monterosato, 1875 = épines très foliacées,
var. inermis Monterosato, 1875 = valves sans épines,
var. spinosa Pallary, 1904 = aux longues épines très nombreuses et qu’il ne faut pas confondre avec Spondylus spinosus Schreibers, 1793, originaire de mer Rouge, et que l’on trouve dorénavant sur les côtes israéliennes et turques (espèce lessepsienne*).
Méditerranée, Atlantique proche
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Ce bivalve, commun, est présent dans toute la Méditerranée ainsi que dans les archipels des îles Canaries et de Madère.
Cette espèce benthique* vit fixée solidement par sa valve inférieure sur des fonds rocheux (tombants, rochers), sur des épaves, parfois sur les valves de grands mollusques comme la grande nacre Pinna nobilis. On peut la rencontrer à partir de quelques mètres jusqu’à une cinquantaine de mètres de profondeur environ dans des sites exposés à des courants réguliers.
Le spondyle pied-d’âne possède une coquille inéquivalve*, épaisse et lourde de forme ovalaire. Sa taille moyenne varie entre 60 et 125 mm. Cependant des individus mesurant 135 mm de longueur ont déjà été observés.
Son aspect général est très variable, dépendant de plusieurs facteurs exogènes : position sur la roche, force du courant, etc. En général, la valve supérieure (ou gauche), sorte de couvercle mobile, est ornée d’une douzaine de côtes radiales sur lesquelles se dressent des épines calcaires plus ou moins longues aux formes irrégulières : pointues, épaisses, en forme de spatules ou tubulaires. De nombreux picots s’amoncellent dans les interstices de la coquille donnant à celle-ci un aspect rugueux.
La valve inférieure (ou droite), creuse et plus volumineuse, soudée solidement au substrat*, peut porter également des épines concentrées seulement sur les bords. Les spécimens dépourvus d’épines ne sont pas rares.
La valve supérieure est toujours de couleur pourpre, rouge violacé ou violette, rarement orange. Celle inférieure est le plus souvent blanche avec parfois des taches rouge violacé ou orange. L’intérieur des valves est d’un blanc pur. La charnière porte 2 fortes dents ou boutons sur chaque valve et un ligament robuste entre celles-ci. Les 2 dents de la valve supérieure se logent parfaitement dans les fossettes de la valve inférieure et vice-versa. Un unique muscle adducteur positionné de façon presque centrale laisse une empreinte circulaire à l’intérieur de la coquille.
Il n'y a pas de confusion possible dans sa zone de distribution, Spondylus gaederopus étant le seul spondylidé de nos côtes métropolitaines. Cependant les individus jeunes ou de petite taille peuvent être confondus avec la petite huître épineuse Chama gryphoides de taille moindre (3 cm) et dont les épines courtes sont disposées en rangées concentriques.
Cette espèce a un régime microphage* suspensivore* : elle se nourrit exclusivement de matière organique et de plancton* en suspension dans l'eau de mer qu'elle filtre grâce à ses branchies.
Spondylus gaederopus est comme tous les bivalves pectinidés une espèce hermaphrodite*. Les gonades libèrent dans la colonne d’eau œufs et sperme. La fécondation est externe. Quelques jours plus tard, les œufs donnent naissance à des larves* trochophores* planctoniques*. Ces dernières vont se métamorphoser en quelques jours (en fonction de la température de l'eau et de la nourriture disponible) en larves véligères*. A l'issue de cette phase larvaire les jeunes, en tous points identiques aux adultes, se déposeront sur le fond et subiront une série de transformations jusqu'au stade de juvéniles.
La valve supérieure de la coquille du spondyle pied-d’âne est la plupart du temps colonisée par de nombreux organismes invertébrés qui lui assurent un camouflage et une relative protection. C’est l’éponge encroûtante orange-rouge Crambe crambe qui la recouvre le plus souvent et il est difficile de distinguer la coquille du bivalve dans ce cas.
Dans les années 80 puis dans les années 2008-2009, le long des côtes méditerranéennes, on a observé des épisodes de forte mortalité chez Spondylus gaederopus. Que ce soit sur les côtes françaises ou sur les côtes ouest de l'Italie, a constaté un taux de mortalité de plus de 90 % durant les étés de 1981, 1982 et 1983. Toutes les tranches bathymétriques* de l’étage infralittoral* (0 à 30 m), jeunes et adultes, petite ou grande taille, ont été touchées. Les causes, bien qu’aucune analyse n’ait été établie sur des individus sur le point de mourir, semblent dues à une épidémie virale, bactérienne ou fongique. La rapidité et l’étendue du phénomène semblent corroborer cette hypothèse. Ces constatations anormales ont de nouveau été signalées en 2008 et 2009. On notera que durant ces deux périodes d’autres mollusques bivalves sont également morts en grande quantité : Arca noae (arche de Noé), Barbatia barbata (arche barbue) et Lima lima (lime écailleuse).
Bien que comestible, la chair du spondyle est plus ou moins appréciée du fait de sa saveur amère. Sa pêche est occasionnelle et artisanale : chaluts de fond, dragues. Les prises en plongée sous-marine sont rares. Consommé frais il n’apparaît que très rarement sur les marchés des pays riverains de la mer Adriatique (Italie, Croatie) ; en Corse il n’est ramassé et consommé que par quelques initiés.
Cette espèce fait l’objet également de récolte pour les collectionneurs. Cet attrait n’est pas nouveau puisque que l’on a retrouvé dans des fouilles archéologiques en Grèce des restes de valves supérieures seules
Des fouilles archéologiques sur les côtes méditerranéennes (mer Egée notamment) ont permis de montrer que des coquilles fossiles de Spondylus gaederopus avaient, durant la période du Néolithique soit il y a 5 000 ans environ, été utilisées pour faire des ornements, des bracelets ou des boucles de ceintures.
Spondyle est la francisation du nom scientifique Spondylus.
pied-d’âne : le pied de cet équidé en forme de U, étroit, plus long que large rappelle la coquille du spondyle.
Spondylus : du grec [spondylos] = vertèbre, nom donné par analogie à une charnière parfaitement bien articulée comme les vertèbres des animaux.
gaederopus : du grec [gáderos] latinisé en [gaederos] = âne et du latin [pēs] = pied. En rapport avec la ressemblance de cette coquille avec la corne du pied de l’âne que les grecs appelaient Gaideron.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda | Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes | Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire. |
Sous-classe | Pteriomorphia | Ptériomorphes | Muscle adducteur postérieur développé, antérieur réduit. |
Ordre | Pectinida | Pectinides | |
Famille | Spondylidae | Spondylidés | |
Genre | Spondylus | ||
Espèce | gaederopus |
Epines dressées sur la valve supérieure
La valve supérieure (ou gauche), sorte de couvercle mobile, est ornée d’une douzaine de côtes radiales sur lesquelles se dressent des épines plus ou moins longues aux formes irrégulières.
Agay (83), 9 m
24/08/2013
Valve inférieure soudée au substrat
La valve inférieure (ou droite), creuse et plus volumineuse, est soudée solidement au substrat.
Agay (83), 9 m
24/08/2013
Totalement recouvert de l'éponge encroûtante orange-rouge
L’éponge encroûtante orange-rouge Crambe crambe recouvre le plus souvent la coquille du spondyle et il est difficile de distinguer la coquille du bivalve.
Faranellas, Estartit, Costa Brava, Espagne, 20 m
17/09/2010
Camouflage
La valve supérieure de la coquille du spondyle pied-d’âne est la plupart du temps colonisée par de nombreux organismes invertébrés qui lui assurent un camouflage et une relative protection. Ici une éponge du genre Hemimycale.
Cap d’Antibes (06), 12 m
09/08/2008
Jeune individu
Sur ce jeune spondyle, les épines en formation, de couleur violette, sont très fines.
Cap d'Antibes (06), 17 m
29/09/2017
Coquille inéquivalve
Le spondyle pied-d’âne possède une coquille inéquivalve, épaisse et lourde de forme ovalaire.
N/A
N/A
Mortalité
Coquille d’un individu mort, la valve supérieure est colonisée par une éponge.
Cap d'Antibes (06), 20 m
07/09/2008
Collections
Les coquillages marins sont exposés dans des salle dites de « conchyliologie ». La variété des formes et des couleurs de ces mollusques rend compte de l’extraordinaire richesse de la faune marine.
Collections du Musée National d'Histoire Naturelle à Mdina sur l'île de Malte.
25/02/2016
Couleur pourpre
La valve supérieure est toujours de couleur pourpre, rouge violacé ou violette.
Échantillon récolté en épave le 22/09/1981. "Les collections et prélèvements de coquilles sont à considérer uniquement à visée scientifique".
Le Rascoui, cap d’Antibes (06), 10 m
01/11/2017
Charnière
La charnière porte 2 fortes dents ou boutons sur chaque valve et un ligament robuste entre celles-ci.
Le Rascoui, Cap d'Antibes (06), 10 m. Coquille récoltée en épave.
"Les collections et prélèvements de coquilles sont à considérer uniquement à visée scientifique".
01/11/2017
Empreinte musculaire
Un unique muscle adducteur positionné de façon presque centrale laisse une empreinte circulaire à l’intérieur de la coquille.
Cap d'Antibes (06), 6 m
08/08/2008
Valve inférieure
La valve inférieure (ou droite), ici de couleur blanche, est creuse et plus volumineuse. Elle peut, parfois, porter des épines concentrées seulement sur les bords mais les spécimens dépourvus d’épines, comme ici, ne sont pas rares.
Échantillon récolté en épave. "Les collections et prélèvements de coquilles sont à considérer uniquement à visée scientifique".
Le Rascoui, cap d’Antibes (06), 10 m
01/11/2017
Rédacteur principal : Philippe LE GRANCHÉ
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Kersting D-K, Garci-MarchJ.R., Templado J., 2006, Evaluation of Spondylus gaederopus Linneo, 1758 mass mortality event in the Columbretes Islands Marine Reserve (Western Mediterranean, Spain), International Congress on Bivalvia Universitat Autònoma de Barcelona, Bellatera, Catalunya, Spain, 22-27.
Meinesz A., Mercier D., 1983, Sur les fortes mortalités de spondyles (Spondylus gaederopus Linné) observées sur les côtes de Méditerranée, Travaux scientifiques, Parc national, Port-Cros, 9, 89-95.
Payraudeau B.C., 1826, Catalogue descriptif et méthodique des Annélides et des Mollusques de l'île de Corse ; avec huit planches représentant quatre-vingt-huit espèces, dont soixante-huit nouvelles, ed.Béchet, Paris, 218p.
Risso A., 1826, Histoire naturelle des principales productions de l'Europe Méridionale et particulièrement de celles des environs de Nice et des Alpes Maritimes, Levrault, Paris, 4, 439p.
La page de Spondylus gaederopus sur le site de référence de DORIS pour les mollusques : MolluscaBase
La page de Spondylus gaederopus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN