Aspect d'un sac à deux ouvertures (siphons inhalant et exhalant) de grande taille
Couleur blanc-cassé, plus ou moins translucide, nacrée
Présence de tubercules sur les siphons et sur le reste de la tunique
Siphon inhalant comportant 8 lobes, siphon exhalant comportant 6 lobes
Forte contractilité
Papille terminale du canal génital blanche coiffée de rouge
Cione type A
Cione Pacific type, cione species A
Ciona intestinalis species A
Méditerranée, golfe de Gascogne, Manche, mer du Japon (indigène), sud Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Amérique du Sud (Est & Ouest), Pacifique Nord-Est
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Cette espèce est originaire du Pacifique Nord-Ouest (côtes asiatiques) mais elle aurait été introduite dans tous les océans dont : mer du Japon (indigène), sud Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Méditerranée, golfe de Gascogne, Manche, Amérique du Sud (Est et Ouest), Pacifique Nord-Est (excepté l'océan Antarctique). Elle est largement présente en Méditerranée et, dans une moindre mesure en Manche Ouest (Bretagne et sud Angleterre). Il n'y aurait qu'une seule zone clairement établie où cette espèce coexisterait (sympatrie*) avec Ciona intestinalis : la Manche occidentale et la Bretagne Sud du fait de son introduction récente au début du XXIème siècle. Une seconde zone sympatrique* pourrait exister en mer Jaune (Chine).
La majorité des observations de cette espèce se font dans les zones portuaires et les étangs littoraux (milieux pollués et dessalés) sur des substrats* artificiels comme les quais, la coque des navires, les bouées et les cordages. Ciona robusta est une espèce plutôt d'eaux tempérées chaudes (entre 14 et 25 °C au Japon et 12 et 28 °C en Méditerranée). Il y a trop peu de données pour définir les préférences de salinité de cette espèce.
La cione robuste est une ascidie solitaire de grande taille, qui peut former des populations denses. Elle a l'aspect d'un sac à deux ouvertures qui peut atteindre une dizaine de centimètres de hauteur (taille maximale : 20 cm). Elle est de section presque cylindrique. Son corps lisse et gélatineux est fortement contractile, des tubercules dispersés sur la tunique sont présents, souvent plus visibles près des siphons.
La couleur est blanc à blanc-cassé blanchâtre plus ou moins translucide (nacrée). Le siphon inhalant* situé au sommet présente 8 lobes, alors que le siphon exhalant*, proche, latéral et plus court, n'a que 6 lobes. Les deux siphons n'ont pas de pigment vif ni de marge colorée, bien qu'une teinte blanc pâle ou jaune soit parfois visible. Ils montrent de minuscules points rougeâtres (8 pour le siphon inhalant et 6 pour le siphon exhalant).
Le corps montre souvent par transparence cinq bandes musculaires longitudinales et les différents organes sous la tunique. L'anse intestinale, les gonades et les testicules sont souvent visibles au pied du tube. Le gonoducte* et le spermiducte* accolés forment un long fil blanc à orange pâle sur les 3/4 de la longueur, ils se terminent par une papille blanche coiffée de rouge.
De courts rhizoïdes* fixent cette ascidie au substrat.
Auparavant Ciona intestinalis formait un complexe d'espèces dans lequel on distinguait d'abord un type A (Pacific type) et un type B (British type), puis un type C à Banyuls-sur-mer et enfin un type D en mer Noire. La distinction de ces différents types s'est faite à partir de l'analyse de l'A.D.N. (l'acide désoxyribonucléique, support de l'information génétique). Ciona robusta (type A) a été nettement séparée de C. intestinalis (type B) en 2015 (les tubercules sur la tunique de C. robusta constituent un caractère décisif). Les types C et D n'ont pas encore été décrits.
Une confusion est possible avec 2 espèces proches. Seule une dissection de l'animal peut garantir une bonne identification :
- Ciona edwardsi Roule, 1884, de couleur jaune, est souvent solitaire. On la trouve sur toutes les côtes européennes, principalement en Méditerranée à des profondeurs supérieures à 5 m.
- Ciona roulei Lahille, 1887, de couleur rouge (plus particulièrement au niveau des siphons) fréquente la Méditerranée.
C. robusta, C. edwardsi et C. intestinalis type C ont toutes été observées ou décrites dans la zone nord-ouest du bassin méditerranéen.
C. intestinalis (type B)(Atlantique NE) et C. roulei (exclusivement NO bassin méditerranéen) sont très proches génétiquement.
Ciona robusta est très proche de C. savignyi (espèce présente plutôt dans le Pacifique, plus particulèrement dans les zones portuaires) mais cette dernière possède des taches ou points de pigment blanc sur le corps ainsi que d'autres caractères anatomiques (accessibles aux spécialistes) qui les différencient.
La cione est un filtreur* actif interne. L'eau est aspirée par le siphon inhalant ou siphon buccal. Elle est filtrée dans un pharynx* branchial* criblé de petites fentes et passe par une vaste cavité péribranchiale appelée atrium* avant de ressortir par le siphon exhalant ou siphon cloacal*. Sur la face médio-ventrale du pharynx on trouve une gouttière ciliée et glandulaire, l'endostyle*, tandis que la face médio-dorsale porte une rangée saillante de languettes ciliées, le raphé. Les sécrétions muqueuses de l'endostyle engluent les particules alimentaires que l'eau amène dans le pharynx. Ces dernières s'accumulent dans le raphé dorsal et sont entraînées par les battements ciliaires jusqu'à l'estomac. Les déchets sont évacués par l'anus situé dans le siphon cloacal.
Elle se nourrit de phytoplancton*, de bactéries et de matière organique en suspension.
La cione est une espèce hermaphrodite* ovipare* (hermaphrodite simultanée avec une légère protandrie*, des gènes d'incompatibilité empêchent l'autofécondation). La reproduction peut avoir lieu toute l'année. La fécondation est externe et a lieu dans la colonne d'eau. Ovaires et testicules débouchent dans le cloaque, chez C. robusta la papille terminale du spermiducte est rouge et le gonopore par lequel sont expulsés les ovocytes est incolore. La reproduction sexuée de cette espèce ovipare produit un stade larvaire* libre appelé têtard qui comprend une région antérieure élargie ou corps à laquelle fait suite une longue queue aplatie transversalement. Elle est entourée par une tunique dépourvue d'éléments cellulaires et constituée de cellulose. La queue est soutenue par une corde dorsale. Le tube nerveux caudal se prolonge dans le corps et s'y dilate en une vésicule cérébrale.
La vie libre de la larve est de courte durée. Quelques heures après son éclosion, la larve tombe sur un support auquel elle se fixe par des papilles adhésives de son extrémité antérieure. Elle subit alors une métamorphose régressive au cours de laquelle la queue et la vésicule cérébrale disparaissent.
Son développement rapide explique que cette espèce peut former des populations très denses en quelques mois (de 300 individus au m² en Californie à 3500/m² en Méditerranée).
Les larves de C. robusta sont différentes de celles de C. intestinalis.
Les tuniques des ciones peuvent être plus ou moins recouvertes d'autres ascidies encroûtantes comme les botrylles et les botrylloïdes.
Espèce commune. Bien que solitaire, cette espèce peut parfois constituer des populations très denses.
Cette espèce est parfois utilisée en tant qu'appât de pêche. Elle fait partie des salissures marines (biofouling*).
Elle est consommée par des poissons et des crabes.
Cette ascidie est un modèle d'étude très utilisé en biologie moléculaire fondamentale et surtout en biologie du développement des cordés. L'information génétique (l'A.D.N. ou acide désoxyribonucléique) de cette espèce est une des premières a avoir été étudiée (séquencée) en 2002.
Cione robuste est la traduction directe de Ciona robusta.
Ciona : du grec [kion] = colonne, pilier, les ciones sont, en général, dressées perpendiculairement par rapport au substrat
robusta : du latin [robusta] = de rouvre (espèce de chêne, du latin [robur] ), de chêne, solide, dur, fort, résistant. Selon les auteurs Hoshino & Tokioka, 1967, les individus récoltés sur des structures ostréicoles et des réservoirs d'élevages de poissons (piscicoles) et étudiés étaient plus épais et plus durs que les individus de l'espèce Ciona intestinalis présents également sur le site.
Numéro d'entrée WoRMS : 252565
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Phlebobranchia | Phlébobranches | Le sac branchial* a des sinus longitudinaux qui portent ou non des papilles internes mais qui ne sont jamais plissés. Ascidies essentiellement solitaires. Gonades* situées sur l’anse du tube digestif ou à proximité. |
Famille | Cionidae | Cionidés | Manteau gélatineux et fin. Cœur en forme de « V ». Un seul genre (Ciona) et 5 espèces en Europe. |
Genre | Ciona | ||
Espèce | robusta |
Ascidie blanchâtre, nacrée
Les tubercules autour des siphons sont bien visibles.
Etang de Thau (34)
16/04/2006
Tubercules sur les siphons
Critère le plus pertinent, bien que parfois difficile à observer, pour identifier Ciona robusta par rapport à Ciona intestinalis (absente ? de Méditerranée).
Balaruc les Bains, Thau (34), 0,5 m
07/10/2006
En Bretagne Nord
Le siphon principal de cette ascidie comporte à son ouverture 8 petits points orange, son ouverture semble opaque et sa tunique assez épaisse et bosselée ce qui indique plus Ciona robusta que C. intestinalis.
Landrellec, Bretagne, estran
10/10/2010
Forts tubercules sur la tunique
Les tubercules sur la tunique de Ciona robusta constituent un caractère décisif.
Ponton, Thau (34), 5 m
16/04/2007
Coloration du gonoducte et du spermiducte
Le bout du canal génital est visible à travers le siphon exhalant. Chez Ciona robusta la papille terminale du spermiducte* est rouge et le gonopore*, situé juste au-dessous et par lequel sont expulsés les ovocytes est incolore. Chez Ciona intestinalis la papille terminale du spermiducte est incolore et l'extrémité du gonopore est le plus souvent orange ou parfois incolore.
Noter aussi les tubercules autour des siphons inhalant et exhalant, absents chez Ciona intestinalis.
Etang de Thau (34), 4 m
09/2004
En Manche Ouest
Les critères d'identification de Ciona robusta, tubercules sur les siphons et canal génital blanc coiffé d'un point rouge, sont bien visibles.
Bretagne, Saint Quay Portrieux , sous ponton, zone portuaire 1 m
21/09/2013
Tunique nacrée et organes internes
Une ascidie transparente qui laisse entrevoir sa structure interne, en particulier son canal génital.
Languedoc-Roussillon, Thau, 5 m
28/6/2009
Tubercules autour des siphons
La tunique est blanc nacré.
Bassin de Thau (34), le Ponton, 5 m
26/09/2011
Papille génitale rouge à son extrémité
Le long canal génital blanc est visible par transparence, il se termine par une papille à l'extrémité rouge chez Ciona robusta.
A gauche une autre ascidie commune à Thau Pyura dura.
Ponton, Thau (34), 5 m
07/10/2006
Jeune individu translucide
De droite à gauche : gonades orangées, fèces brunes, pharynx laiteux (sac branchial) et long conduit génital blanc-crème sont bien visibles par transparence sur cette jeune cione robuste. En revanche les tubercules sont absents ici.
Etang de Thau (34)
26/10/2016
Tubercules et papille terminale rouge
Deux critères fiables pour identifier in situ Ciona robusta.
Vise, thau (34), 8 m
07/10/2006
Anse intestinale
Sur cet individu contracté les branchies et l'anse intestinale sont bien visibles à travers la tunique translucide. Les deux siphons sont regroupés vers le haut. La papille terminale du spermiducte* et du gonoducte* est visible par transparence (point rouge au bout d'un filet blanc).
Résurgence de la Bise, Balaruc-les-bains (34), étang de Thau, 18 m
08/10/2005
Populations très denses
Une grande concentration de Ciona robusta était présente au mois d'octobre dans cette zone à dominante maritime de l'étang de Thau (cette zone est proche d'un canal reliant la mer à l'étang).
Sous le ponton Lafarge, Thau est (34), 6 m
07/10/2006
Individus contractés
L'individu de gauche est partiellement contracté et celui de droite complètement contracté.
Bassin de Thau (34), 3 m
07/10/2006
Organes internes
La tunique de ces ciones observées sous une plaque en épave (à l'ombre) est bien transparente. Elle laisse voir l'anse intestinale, les gonades et testicules, le long canal génital blanc et sa papille terminale.
Pointe Longue, Sète (34), 1 m
12/06/2016
Anse intestinale et fèces
Les fèces sont expulsées par le siphon cloacal.
Bassin de Thau (34), le Ponton, 5 m
26/09/2011
Sous un suplomb
Ce petit groupe de ciones robustes montre des tubercules bien développés sur les siphons.
Etang de Thau (34), 5 m
13/10/2012
Ciona sp. juvénile
Rencontrée sous une pierre, cette toute petite cione (15 mm) représente sans doute un jeune individu. Bien que la papille génitale rouge et blanche soit bien visible, il est difficile de préciser l'espèce avec certitude, Ciona robusta ou autre ?
Calanque de Robinson Crusoe, Anthéor (83), 4 m
30/08/2014
Rédacteur principal : Yves MÜLLER
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable régional : Yves MÜLLER
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Bouchemousse S., 2015, Dynamique éco-évolutive de deux ascidies congénériques et interfertiles, l'une indigène et l'autre introduite, dans leur zone de sympatrie. Biodiversité. Université Pierre et Marie Curie - Paris VI, 263 p.
Brunetti R., Gissi C., Pennati R., Caicci F., Gasparini F., Manni L., 2015, Morphological evidence that the molecularly determined Ciona intestinalis type A and type B are different species: Ciona robusta and Ciona intestinalis, Journal of Zoological Systematics and Evolutionary Research,1-8.
Hoshino Z., Tokioka T. 1967, An unusually robust Ciona from the northeastern coast of Honsyu island, Japan, Publications of the Seto Marine Biological Laboratory, 15, 275-290.
Sato A., Satoh N., Bishop J.D.D, 2012, Field identification of "types" A and B of the ascidian Ciona intestinalis in a region of sympatry, Marine Biology, 159, 1611-1619.