Algue rouge vif à rouge sombre (hauteur maximale : 30 cm)
Un axe principal fin et des ramifications secondaires alternes polysiphonés
Allure globalement pyramidale sur les thalles développés
Présence de poils colorés persistants (trichoblastes) sur chaque articulation
A la loupe : axes polysiphonés constitués d’une cellule axiale et de 7 cellules péricentrales, sans aucune cortication
Tétrasporocystes en séries spiralées
Julgransalg (SE)
Fucus byssoides Goodenough & Woodward, 1797
Conferva byssoides (Goodenough & Woodward) Smith, 1799
Conferva byssoides (Goodenough & Woodward) F.Weber & Mohr, 1804
Ceramium byssoides (Goodenough & Woodward) C.Agardh, 1811
Hutchinsia byssoides (Goodenough & Woodward) C.Agardh, 1817
Brongniartella elegans Bory, 1822
Polysiphonia byssoides (Goodenough & Woodward) Grev., 1824
Polysiphonia solierii J.Agardh, 1842
Polysiphonia lyngbyei Kütz., 1843
Polysiphonia bangi Kütz., 1849
Lophothalia byssoides (Goodenough & Woodward) J.Agardh, 1890
Brongniartella byssoides (Goodenough & Woodward) F.Schmitz, 1893
L’espèce est rencontrée sur les côtes de l’Atlantique Nord-Est, depuis les Canaries jusqu’en Suède, ainsi qu’en Méditerranée.
Cette algue pousse sur tout substrat* dur (roches, galets, coquillages, etc.) et parfois en épiphyte*. Elle fréquente l’étage infralittoral* et peut également être rencontrée dans le haut de l’étage circalittoral*. Elle n’a pas de préférence quant à l’agitation des eaux puisque l’on peut l’observer en zone abritée comme en milieu battu. Elle est de fait considérée comme une espèce caractéristique de pas moins de 34 habitats allant du banc de maërl* à la forêt de laminaires.
Cette algue rouge vif s’assombrit avec l’âge. Son thalle*, d’une hauteur maximale de 30 cm, est constitué d’un axe principal très souple de moins d’un millimètre de diamètre et de rameaux alternes, organisés en spirale. Leur longueur décroit avec la distance à la base du thalle, sauf en partie basse du thalle, ce qui lui donne une allure grossièrement pyramidale. Les rameaux secondaires peuvent eux-mêmes donner naissance à des ramifications d’ordre 3, voire 4 sur les thalles les plus développés. L’axe principal et les rameaux secondaires sont articulés. Chaque article ou segment est constitué d’un axe central entouré de 7 cellules péricentrales allongées (en forme de tube). Il produit chacun un trichoblaste* coloré, monosiphoné*, divisé de façon presque dichotomique 1 à 3 fois. L’ensemble donne une allure très particulière, presque laineuse, au thalle.
A la loupe binoculaire, on peut constater que les cellules de l’axe principal et des ramifications ne présentent aucune cortication*.
Le thalle est fixé au substrat par des rhizoïdes* qui sont dépourvus de trichoblastes.
Vertebrata byssoides peut être confondue avec certaines espèces de Dasya sp., et Heterosiphonia, dont les rameaux présentent une certaine cortication*, ce qui permet la distinction certaine sous une loupe binoculaire.
La confusion est également possible avec Spondylothamnion multifidum. L’axe principal de cette algue est monosiphoné*, alors qu’il est polysiphoné* chez Vertebrata byssoides.
Enfin, l’algue exotique Dasysiphonia japonica peut également être source de confusion. Cette algue présente une cortication sur les rameaux les plus anciens, et les rameaux sont constitués de 4 cellules périaxales, contre 7 chez Vertebrata byssoides.
Comme toutes les algues, Vertebrata byssoides est autotrophe* photosynthétique*. L'algue tire son énergie de la lumière solaire, et grâce à l'absorption d'eau, de dioxyde de carbone et des sels minéraux dissous dans l’eau, elle fabrique les matières organiques nécessaires à son développement.
Le cycle de vie de Vertebrata byssoides repose sur le mode de reproduction trigénétique* classique des Floridéophycées, avec une succession de gamétophytes*, de carposporophytes et de tétrasporophytes*.
Vertebrata byssoides est une espèce dioïque*, les thalles des deux sexes présentant une allure similaire. Les cystocarpes* sont sessiles*, légèrement urcéolés (en forme de cruche renflée). Les organes mâles (spermatocyste) sont groupés en bouquets spiralés sur des rameaux latéraux courts. Ils sont insérés, seuls ou en paires, sur chaque segment. Cylindriques à sommet arrondi, ils mesurent 125-150 µm à 40-50 µm. Les tétrasporanges sont portés en longues séries spiralées sur les deux derniers ordres de ramification, à raison d’un tétrasporange par article. La partie prostrée du thalle* est pérennante* tandis que la partie dressée ne commence à être visible qu’au printemps.
Vertebrata byssoides est considérée comme caractéristique de 34 habitats et peut donc se trouver associée à de très nombreuses espèces. En phytosociologie, Vertebrata byssoides fait partie de l’association "Apoglosso ruscifolii – Hypoglossetea hypoglossoidis": Végétation algale benthique, supportant l'ombrage, et se développant de l'étage infralitoral* inférieur au circalittoral*, avec quelques enclaves en situations écologiques particulières (grottes médiolittorales* par exemple). Dans ce cadre, elle est couramment associée aux algues Aploglossum ruscifolium, Asparagopsis armata, Bonnemaisonia asparagoides, Cladostephus spongiosus, Dictyopteris polypodioides, Halurus equisetifolius, Halurus flosculosus, Hyploglossum woodwardii, Lomentaria articulata, Mesophyllum lichenoides, Phymatolithon calcareum, Pleonosporium borerri, Plocamium cartilagineum, Polyneura bonnemaisoni, Pterothamnion plumula, Rhodophyllis divaricata, Rhodymenia pseudopalmata, Scinaia furcellata, Sphaerococcus coronopifolius, Spondylothamnion multifidum et Sporochnus pedunculatus.
Des études en laboratoire ont montré que l’éclairage optimum pour la reproduction de Vertebrata byssoides est d’une centaine de lux (ce qui correspond à moins d’un pour cent du niveau d’éclairement moyen en plein jour).
Vertebrata byssoides présente une activité antibactérienne significative, comme toutes les Rhodomelaceae. Cette activité est plus importante au printemps, période de croissance active de l’algue, que durant les autres saisons. Cette algue présente par ailleurs une activité antioxydante très importante, équivalente à l’activité de certains antioxydants du commerce (comme l’acide ascorbique ou l’alpha-tocophérol). Enfin, Vertebrata byssoides présente une importante activité cytotoxique. Combinée à ses propriétés antioxydantes, cette propriété pourrait faire de cette algue un futur candidat pour la découverte d’une substance active anticancéreuse.
L’espèce a initialement été décrite, en 1797, par Samuel Goodenough (1743-1827) et Thomas J. Woodward (1745-1820) sous le nom de Fucus byssoides. A cette époque, de nombreuses algues étaient rattachées au genre Fucus créé peu de temps auparavant par Carl von Linné (1707-1778). Elle a ensuite été rattachée au genre Conferva, qui n’était pas moins fourre-tout que le genre initial, puis Polysiphonia. Puis elle a été rattachée en 1893 par Carl Johann Friedrich Schmitz (1850-1895) au genre Brongniartella jusqu'à ce que Pilar Díaz-Tapia et al. (2017) aient démontré, à partir d’une analyse phylogénétique fondée sur les gènes 18S et rbcL, qu'elle devait être replacée dans le genre Vertebrata qui constituait un groupe monophylétique parmi les Polysiphoniae, contrairement au genre Brongniartella. Le Dr Otto Kuntze (1843-1907) l'avait déjà fait en 1891 mais n'avait pas été suivi à l’époque par la communauté scientifique. Tous les membres du genre Vertebrata présentent une synapomorphie (un état dérivé partagé) caractéristique : la présence de trichoblastes* multinucléés.
Vertebrata plumeuse : traduction du nom scientifique.
Le nom de genre Vertebrata a été créé en 1821 par Samuel Frederick Gray (1766-1828) en référence directe à la ressemblance que présentait selon lui l’axe central des espèces du genre avec une colonne vertébrale (des segments constitués de plusieurs tubes au centre duquel se trouve un axe central opaque – dont on peut supposer qu’il faisait la similitude avec la moelle épinière).
Le genre Brongniartella, encore largement présent dans la littérature pour désigner cette algue, a été ainsi nommé en 1822 par Jean Baptiste Bory de St. Vincent (1778-1846) en l’honneur d'Adolphe Brongniart, naturaliste français (1801-1876) et l’un des membres fondateurs de la Société botanique de France.
Le nom d’espèce byssoides provient du latin [byssus] = lin très fin, coton et du suffixe grec [oïd-] = à l’aspect de.
Numéro d'entrée WoRMS : 631828
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Rhodobionta / Rhodophyta | Rhodobiontes | Algues rouges, pour la plupart marines. |
Classe | Florideophyceae | Floridéophycées | Thalle élaboré formé de fins filaments branchés ou en lames. |
Sous-classe | Rhodymeniophycidae | Rhodyméniophycidées | |
Ordre | Ceramiales | Céramiales | Structure toujours uniaxiale. |
Famille | Rhodomelaceae | Rhodomelacées | |
Genre | Vertebrata | ||
Espèce | byssoides |
Vertebrata byssoides
Vue générale du thalle
Les Noirs, Saint-Quay-Portrieux (22), 12 m
24/04/2022
Rédacteur principal : Christophe QUINTIN
Vérificateur : Marc VERLAQUE
Responsable régional : Yves MÜLLER
Boney A., Corner E., 1963, The effect of light on the growth of sporelings of the red algae Antithamnion plumula and Brongniartella byssoides, Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 43(2), 319-325.
Bory de Saint-Vincent J.B.G.M., 1822, Brongniartelle. Brongniartella. Bot. crypt. (Céramiaires). Dictionnaire classique d’histoire naturelle, 516-517.
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Gray S.F., 1821, A NATURAL ARRANGEMENT OF BRITISH PLANTS, Volume I, Baldwin, London, i-xxvii, 1-821.
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La page de Vertebrata byssoides dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN.
La page sur Vertebrata byssoides sur le site de référence de DORIS pour les algues : AlgaeBase