Algue libre, semblable à des débris coralliens
En forme d'arbuscule sphérique et mamelonné
Aspect pierreux, calcifié
Couleur rose-violet, extrémités blanchies
Lithothamne, merl, maerl, maërle
Maerl (GB, E, P, NL), Knollige Kalkalge (D), Vorterugl (N)
Lithothamnium calcareum et Lithothamnion calcareum (Pallas) Areschoug 1852, sont deux synonymes qui sont encore fréquemment utilisés dans la littérature naturaliste.
Citons aussi :
Millepora calcarea Pallas 1766
Millepora polymorpha Linnaeus 1767
Apora polymorpha (Linnaeus) Gunnerus 1768
Melobesia calcarea (Pallas) Harvey 1849
Melobesia compressa M'Calla 1849
Spongites calcarea (Pallas) Kützing 1849
Lithothamnion polymorphum (Linnaeus) Areschoug 1852
Lithophyllum calcareum (Pallas) Foslie 1898
Eleutherospora polymorpha (Linnaeus) Heydrich 1900
Paraspora calcarea (Pallas) Heydrich 1908
Mer du Nord, Manche, océan Atlantique, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Phymatolithon calcareum est répandu de l’Atlantique Nord-Est (de la Scandinavie au Portugal) jusqu’en Méditerranée.
On trouvera cette algue depuis les cuvettes de l’étage médiolittoral* jusque dans les étages infralittoral* et circalittoral*. Elle se développe sur des supports minéraux (graviers, cailloux), animaux (bivalves), ou encore végétaux (thalles* de maërl mort).
En fonction de la clarté des eaux, Phymatolithon calcareum se développe entre -9 et -28 mètres en Norvège, entre -10 et -13 mètres en Grande-Bretagne, jusqu'à -30 mètres sur les côtes bretonnes, avec une présence marquée aux environs de -10 mètres, et enfin de -30 à -60 mètres en Méditerranée.
Phymatolithon calcareum est une des rares algues ayant une vie non fixée. Même si au stade juvénile elle forme de minces croûtes que l’on peut observer sur des débris coquilliers, des graviers ou des cailloux, elle finit, à maturité, par se détacher de son support et par prendre la formed’arbuscules grossièrement sphériques et mamelonnés vivant à l’état libre, semblables à des débris coralliens. Les fines branches mesurent entre 2 à 4 mm pour une envergure de 6 à 7 cm, et leur extrémité est souvent blanchie. Sa couleur rose-violet liée à la présence de phycocyanine vire au blanc-jaunâtre chez l’individu mort. Cette algue à l’aspect pierreux fortement calcifiée contient entre 45 % et 80 % de carbonate de calcium mais aussi du carbonate de magnésium, une trentaine d’oligo-éléments, de vitamines, de phytohormones et d’acides aminés.
Le maërl est en fait une accumulation d’algues calcaires corallinacées composée en majorité de Phymatolithon calcareum et de Lithothamnium corallioides. Toutefois 8 autres espèces appartenant aux genres Lithothamnium, Lithophyllum, Phymatholithon ou Corallina peuvent appartenir au banc de maërl mais en bien plus faible proportion.
Cette espèce serait divisée en 4 sous-espèces:
Phymatolithon calcareum forma compressum (M'Calla),
Phymatolithon calcareum forma crassa Lemoine, la plus répandue, notamment en Bretagne,
Phymatolithon calcareum forma squarrulosum Foslie,
Phymatolithon calcareum forma subvalida Lemoine.
Comme toutes les algues, il s'agit d'un organisme autotrophe* qui tire son énergie de la photosynthèse* grâce à l’absorption de la lumière du jour, du dioxyde de carbone et des sels minéraux contenus dans l’eau. Elle fabrique ainsi les matières organiques nécessaires à son développement.
La reproduction peut se faire :
- par voie végétative (asexuée) : la fragmentation des arbuscules engendre des nouveaux individus (principe du bouturage).
- par le biais des spores (sexuée). Ce cycle est fort complexe, et est résumé ici.
Les bancs de maërl constituent l’un des habitats les plus riches et les plus diversifiés d’Europe. Saint-Jacques, palourdes et pétoncles s’y alimentent, lieux et bars viennent y brouter, les ormeaux y nichent et les seiches y pondent. On peut identifier jusqu'à 60 espèces de macro-algues, 160 espèces d’annélides et 130 espèces de mollusques et de crustacés. La structure cavitaire du maërl permet à des organismes de toutes tailles de circuler dans les galeries, de s’y cacher ou de creuser dans ce substrat* meuble.
Les bancs de maërl sont menacés :
- par la pêche à la drague où les dragues à pectinidés causent des dommages sur les espèces sessiles et peu mobiles,
- par le dragage à l’aide des suceuses qui en rejetant à la mer l’eau de surverse chargée de fines particules engendrent une turbidité néfaste au développement des thalles,
- par l’aquaculture : les cages de truites déposées sur un banc de maërl causent au bout de 6 mois un déséquilibre du peuplement dû aux dépôts d’os de poissons, de matières fécales et des granules alimentaires,
- par l’envasement suite à la construction de barrages,
- par l’espèce invasive Crepidula fornicata qui recouvre les thalles de maërl vivant,
- par les phénomènes naturels, les fortes tempêtes provoquant l’enfouissement sableux des bancs.
Phymatolithon calcareum est utilisé :
- en diététique pour traiter des carences minérales alimentaires,
- en médecine pour prévenir l'ostéoporose,
- en chirurgie pour les implants de greffes en chirurgie osseuse,
- en cosmétique,
- en pharmacie pour lutter contre les acidités gastriques,
- dans le domaine de la nutrition animale et dans le traitement des litières animales,
- dans le traitement des étangs pour neutraliser l’acidification, l’envasement et l’eutrophisation,
- dans le traitement de l’eau pour la potabilisation et la dénitrification des eaux de consommation et aussi pour la décontamination des eaux radioactives,
- en agriculture car il améliore les qualités physiques, chimiques et biologiques du sol, et améliore également sa perméabilité et son aération : il constitue de ce fait un excellent amendement.
Certains bancs de maërl ont plus de 8000 ans, leur vitesse de croissance n’excédant pas plus de 0,5 mm par an, le maërl est considéré comme une ressource non renouvelable soumise au code minier avec à ce jour l’obligation de ne pas extraire plus de 500 000 tonnes par an. Cet habitat figure sur la liste de la Directive Européenne Habitats, Faune, Flore d’intérêt communautaire et les 2 espèces de Lithothamne ne devraient pas être exploitées. A court terme, l’exploitation aboutira à une destruction du milieu, à la disparition de la faune associée et à l’instabilité des plages. En Bretagne 5 bancs sont exploités à l’intérieur de la zone Natura 2000 et 3 représentent 80 % des 500 000 tonnes prélevées par an. Des arrêtés préfectoraux du Finistère ont décrété la cessation de toute exploitation pour 2011 du site des Glénan. Le Ministère de l’Environnement estime que l’on pourrait trouver des substituts tels que les sédiments calcaires marins ou les coquillages broyés.
Maërl est un mot d'origine bretonne qui vient de "marle" ou "marne" , du verbe marner = amender la terre avec de la marne. La marne est une roche détritique contenant du calcaire et de l'argile. Le maërl entre dans la composition de cette roche.
Phymatolithon : du grec [phymat-] = tumeur, excroissance et [lithos] = pierre, caillou : ce nom décrit sa consistance pierreuse et sa forme mamelonnée ;
calcareum : du latin [calca] = chaux, calcaire.
Le nom scientifique fait donc référence à la composition chimique et à la texture minérale de l'algue.
Numéro d'entrée WoRMS : 145199
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Rhodobionta / Rhodophyta | Rhodobiontes | Algues rouges, pour la plupart marines. |
Sous-embranchement | Eurhodophytina | Eurhodophytinés | |
Classe | Florideophyceae | Floridéophycées | Thalle élaboré formé de fins filaments branchés ou en lames. |
Sous-classe | Corallinophycidae | Corallinophycidées | |
Ordre | Corallinales | Corallinales | Calcification très importante qui donne au thalle un aspect minéral. |
Famille | Lithothamniaceae | Lithothamniacées | |
Genre | Phymatolithon | ||
Espèce | calcareum |
Thalle breton
Non, ce n'est pas un gravier, ni un débris de corail, mais bel et bien un thalle d'algue à part entière ! Le maërl est une algue calcaire non fixée qui se présente sous une forme mamelonnée hérissée de petites branches courtes, de couleur rose à mauve.
Trébeurden (22), 10 m
09/07/2007
Thalle méditerranéen
Voici un thalle de Méditerranée, qui arbore une forme mamelonnée et une couleur mauve caractéristiques.
Epave du Vapeur, Hyères (83), 32 m
09/08/2008
Fond de maërl en Loire Atlantique
Par endroits, le maërl est présent en de telles quantités que son épaisseur peut atteindre plusieurs mètres.
Le Croisic (44), 30 m
05/2006
A la surface
Le maërl peut être trouvé dans la zone de balancement des vagues, près du bord, comme ici près de Marseille. Il est souvent trouvé parmi les graviers et les débris coquilliers.
Carro (13)
08/2007
Thalle ramifié
Ce thalle de maërl présente un aspect clairement ramifié.
Plouguerneau (29)
19/10/2008
Un biotope à part entière
Le fond de maërl sert de refuge pour quantités de mollusques, de crustacés et de vers. Ici des girelles (Coris julis) et une bonellie (Bonellia viridis) recherchent de la nourriture.
Barge de Carro (13), 33 m
22/07/2006
Morts
Le maërl est composé essentiellement de l'espèce Phymatolithon calcareum, mais aussi de Lithothamnium corallioides, une espèce plus finement branchue. Ces thalles, morts, appartiennent vraisemblablement à cette dernière.
Saint-Cast le Guildo (35), 20 m
11/06/2000
Rédacteur principal : Sylvie KUBALA
Vérificateur : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
Mendoza M.L. & Cabioc'h J., 1998, Étude comparée de la reproduction de Phymatolithon calcareum (Pallas) Adey & McKibbin et Lithothamnion corallioides (P. & H. Crouan) P. & H. Crouan (Corallinales, Rhodophyta), et reconsidérations sur la définition des genres, Canadian Journal of Botany, 76, 1433-1445.
La page sur Phymatolithon calcareum sur le site de référence de DORIS pour les algues : algaeBASE