Mérou de grande taille pouvant atteindre 1,2 m de longueur
Corps robuste très trapu, robe à dominante blanc crème ponctuée de points plus foncés
Cinq séries verticales de taches brun foncé irrégulières
Bouche large, lèvres charnues bien développées
Yeux positionnés très haut et en avant de la tête
Front bombé à l'arrière des yeux
Petite selle noire à l'avant du pédoncule caudal
Mérou marbré, mérou marion, vieille grabe, vieille loutre, vielle machatta, vieille crabbe
Brown-marbled grouper, black-rock cod, black-spotted grouper, blotch grouper, blotchy grouper, carpet cod, flowery cod, tiger grouper, marble grouper (GB), Mero manchado (E), Stierkopf-Zackenbarsch (D), Garoupa manchada (P)
Perca summana fuscoguttata Forsskål, 1775
Serranus fuscoguttatus (Forsskål, 1775)
Serranus horridus Valenciennes, 1828
Serranus taeniocheirus Valenciennes, 1830
Serranus lutra Valenciennes, 1832
Epinephelus lutra (Valenciennes, 1832)
Indo-Pacifique tropical et subtropical
Zones DORIS : ○ [Mer Rouge], ● Indo-PacifiqueLe mérou marron est présent dans l'ensemble de l'océan Indien, incluant la mer Rouge et les Mascareignes*. Sa présence est également mentionnée dans le Pacifique Ouest depuis les côtes du Japon jusqu'à l'Australie, incluant la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française. Il semble en revanche absent du golfe Persique et des iles d'Hawaï.
Le mérou marron vit dans les eaux claires et riches des récifs coralliens tropicaux, depuis la surface jusqu'à 70 m de profondeur. Les jeunes individus sont plutôt localisés dans les herbiers.
Le mérou marron possède un corps robuste et très trapu. La robe à dominante blanc crème est ponctuée de points plus foncés. Cinq séries verticales de taches brun foncé irrégulières marbrent les flancs du poisson. Ces parties sombres sont également constellées de petits points plus foncés (Heemstra, 1993). L'ensemble de cette livrée confère à ce poisson un camouflage efficace lorsqu'il est positionné dans le récif. On observe une petite selle noire à l'avant du pédoncule* caudal, à la terminaison de la nageoire dorsale.
A l'instar des autres mérous, la bouche large légèrement supère* est entourée de lèvres charnues bien développées. Les yeux sont positionnés très haut et en avant de la tête, les faisant dépasser de la silhouette du poisson observé de profil. A l'arrière des yeux, le front bombé accentue le caractère massif de la morphologie.
Les
nageoires de ce poisson sont de teinte dominante brun foncé, dans le prolongement de la robe. Les
nageoires pectorales et caudale sont arrondies et larges. Les premiers rayons durs
de la nageoire dorsale sont bien visibles lorsqu'ils sont dressés et rattachés aux rayons mous, plus hauts, qui les suivent.
Le mérou marron peut être confondu avec d'autres espèces de grands mérous présents sur la zone indopacifique, parmi lesquels :
- Le mérou camouflage Epinephelus polyphekadion : la silhouette est moins haute. Les taches noires moins clairsemées que
chez le mérou marron forment des motifs géométriques rappelant un nid
d'abeilles au niveau du ventre ; on observe une grosse selle noire bien
visible sur le pédoncule caudal. C'est l'espèce avec laquelle le mérou
marron peut le plus facilement être confondue.
- Le mérou patate Epinephelus tukula : la tête est plus pointue et les tâches sombres ovoïdes sont nettement séparées sur la robe claire dominante.
- La loche géante Epinephelus lanceolatus : la tête est plus ramassée et le corps brun sombre est constellé de petites taches blanches.
- Le mérou nébuleux Epinephelus erythrurus : la robe ne comporte pas de points sombres et la taille est plus modeste, ce dernier est absent des zones couvertes par DORIS.
Le mérou marron fait par ailleurs l'objet de nombreuses hybridations visant à bénéficier des qualités reproductrices des femelles de l'espèce (Sun, 2016).
Le mérou marron est carnivore : il se nourrit de poissons, de crabes et de céphalopodes.
Comme la plupart des mérous, le mérou marron est hermaphrodite* protogyne* (il naît femelle puis peut devenir mâle). Il est probablement monandrique* (couple constitué d'un mâle et d'une femelle). L'ensemble des poissons naissant femelles, une partie d'entre elles seulement deviennent des mâles en fonction des besoins pour assurer la reproduction. Les premiers mâles apparaissent vers 11 ans pour une taille de 80 cm environ. A ce stade, l'ensemble des individus sont matures (en moyenne, la maturité sexuelle apparaît entre 4 et 9 ans pour une taille comprise entre 40 et 60 cm).
À certaines périodes de l'année et en certains lieux, les mérous se rassemblent pour
se reproduire (de novembre à janvier sur la Grande Barrière en Australie). Ils nagent rapidement en eau libre afin d'évacuer les
gamètes* pour la fertilisation*. Les œufs migrent sous forme de
zooplancton* avec les courants.
La ponte a probablement lieu en début de nuit durant quelques heures seulement, ce qui demanderait à être confirmé par des observations in situ. Des comportements indiquent que la reproduction est imminente, tels des agressions et morsures entre mâles, des changements de couleurs rapides, une cour pratiquée entre les individus de sexes opposés et la présence de femelles gravides* reconnaissables à leur ventre gonflé (Pet, 2006).
Une étude conduite dans une passe des Seychelles a montré que ces rassemblements se produisent de façon répétable temporellement et spatialement chaque année, quelques jours avant la nouvelle lune et que les poissons se dispersent ensuite rapidement (Robinson, 2008).
Le mérou marron et ses hybrides peuvent être infectés par le virus de la nécrose nerveuse ou bétanodavirus. Celui-ci peut engendrer une mortalité quasi intégrale de ces poissons en aquaculture (Yu, 2019).
Une autre étude conduite dans la baie de Lampung, en Indonésie, a mis en évidence la présence de nombreux parasites, tant sur les poissons d'élevage que les poissons sauvages capturés, susceptibles de provoquer des épidémies : protozoaires, champignons, vers tels que Digènes (Allopodocotyle epinepheli), Monogènes (Pseudorhabdosynochus epinepheli, Pseudorhabdosynochus lantauensis, Capsalidae gen. et sp. indet. et Benedenia epinepheli), nématodes (Raphidascaris sp.), acanthocéphales et crustacés (Rückert, 2010).
Le mérou marron peut être porteur de la ciguatera*.
Il fait l'objet d'une aquaculture intensive dans certains pays. C'est notamment le cas de la province de Guangxi en Chine qui élève des mérous hybrides issus d'un croisement entre des individus E. fuscoguttatus femelles et E. lanceolatus mâles (Qing, 2019).
La stratégie reproductive de rassemblement le rend très vulnérable à
certaines techniques de pêches, parfois aussi dévastatrices
qu'anachroniques (pêche à la dynamite). Qui plus est, les gros individus
femelles connaissent leur fertilité maximale entre 10 ans et la fin de
leur vie qui dépasse 40 ans. La capture des gros individus est donc très
dommageable à l'efficacité de la reproduction de cette espèce, rendant
certaines stratégies de préservation telles que la fixation de tailles
minimales de captures particulièrement inefficaces, voire
contre-productives (Pears, 2006).
Le mérou marron est classé comme VU (vulnérable) dans la liste rouge de l'UICN* (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) depuis 2016, ce qui représente une dégradation par rapport à son précédent classement de 2014 : NT (Near Threatened soit quasiment menacé). Il s'agit d'un poisson dont la survie est menacée par la pêche et la dégradation de son habitat.
Il a été démontré que la densité de ce poisson au sein des aires où il est protégé est 10 fois supérieure à celle des zones où il ne l'est pas. Des mesures de préservation sont en place, visant à limiter les impacts de la pêche, notamment aux abords des sites de concentration durant la période de reproduction annuelle. Malgré des interdictions de pêche ou de vente plus ou moins étendues sur ces sites ou des limitations de taille de capture, la pêche de subsistance continue d'être pratiquée et l'étendue des zones de protection demeure sans doute insuffisante.
Mérou : le mot vient de l’espagnol [mero], d’origine obscure, qui signifie « vieille de mer, mérou ». On trouve le mot espagnol francisé en 1752 dans la quatrième édition du Traité de l'orthographe franc̜oise, en forme de dictionnaire (Tome 2, p. 382) de P. Restaut, avec la définition suivante : « Méro : sorte de poisson ».
marron : en référence à la teinte dominante.
Epinephelus : du grec [epi] = sur et [nephelus] = nuage, "couvert de nuages". Ce mot décrit une livrée portant des taches contrastées, irrégulières, disposées de manière désordonnée sur tout le corps.
fuscoguttatus : du latin [fuscus] = noir, sombre et [guttatus] = tacheté, moucheté, ce qui décrit la robe mouchetée de petites taches sombres.
Numéro d'entrée WoRMS : 218218
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Classe | Actinopteri | ||
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Famille | Serranidae | Serranidés | 1 à 3 épines sur l’arrière de l’opercule. |
Genre | Epinephelus | ||
Espèce | fuscoguttatus |
Gros mérou à la silhouette ramassée
Le mérou marron est un mérou de grande taille à la silhouette trapue aux motifs bruns et blanchâtres.
Cairns, Australie, 20 m
21/11/2015
De profil
Ce mérou marron adulte présente l'ensemble des caractéristiques typiques de l'espèce. Une robe claire, des séries de taches foncées formant 5 marbrures verticales discontinues et des points plus sombres. On remarque également la discontinuité bien visible formant un bombé à l'arrière du front.
West Ridge, Sipadan, Bornéo, Malaisie, 25 m
14/05/1999
De nuit
Ce mérou marron s'est réfugié sous une table de corail pour passer la nuit à l'abri de ses prédateurs. On note le remarquable camouflage que lui procure sa robe dans cet environnement corallien.
Jetty Hoga, Moga Island, Sulawesi, Indonésie, 10 m de nuit
29/05/2018
De dessus
Ce mérou marron s'est réfugié dans une grande gorgone au sein de laquelle ses motifs lui permettent de passer relativement inaperçu. Vu de dessus, on remarque les 5 bandes sombres irrégulières caractéristiques de l'espèce.
Menjangan, Bali, Indonésie, 20 m
29/12/2011
Sur le sable
La robe étonnamment claire de cet individu ne facilite pas son identification en tant que mérou marron. Toutefois, les petites ponctuations sombres et la forme bombée à l'arrière de l'œil orientent malgré tout vers cette espèce.
Passe de Boulari, Nouvelle-Calédonie (98), 15 m
24/03/2019
Nettoyage
Cet individu est sans doute affairé à la station de nettoyage, comme en témoigne ce labre nettoyeur affairé au-dessous de lui.
Mérou Palace, Passe en S, Mayotte (978), 20 m
14/10/2017
Déparasitage des ouïes
Le comportement de ce mérou posé sur le fond laisse penser qu'une opération de nettoyage est en cours au voisinage de la bouche, probablement par une crevette invisible sur la photo.
Passe en S, Mayotte (978), 12 m
10/12/2011
Bâillement ?
Ce comportement qui rappelle le bâillement, typique chez les serranidés, serait en réalité un signal visuel indiquant aux labres nettoyeurs qu'il est tout disposé à se faire nettoyer la bouche.
Passe en S, Mayotte (978), 12 m
11/11/2011
Jeu de cache-cache
Lorsqu'il est immobile au sein du récif et en l'absence d'éclairage, le mérou marron n'a rien à envier au camouflage d'un poisson-scorpion, grâce à l'alternance de motifs irréguliers sombres et clairs de sa robe.
Passe de Boulari, Nouvelle-Calédonie (98), 10 m
24/03/2019
Opération de séduction
En période de reproduction, le mérou marron paraît afficher ostensiblement ses intentions envers le partenaire avec lequel il va s'accoupler. Cette parade nuptiale se conclura en début de nuit, à une heure à laquelle le plongeur diurne ne pourra plus l'observer.
Mérou Palace, Passe en S, Mayotte (978), 10 m
14/10/2017
Prélude à la reproduction nocturne
Voici vraisemblablement un comportement de cour du mérou brun en période de reproduction.
Mérou Palace, Passe en S, Mayotte (978), 10 m
27/11/2010
Vidéo : T'as d'beaux yeux tu sais ?
Cette vidéo montre un comportement très particulier du mérou pendant la période de reproduction, probablement de cour entre deux gros individus.
Passe en S, Mayotte (978), 20 m
14/10/2017
Espèce ressemblante
Il n'est pas aisé de différencier le mérou marron du mérou camouflage Epinephelus polyphekadion présenté sur cette photo. L'absence de bombé derrière l'œil, conférant une silhouette moins haute et trapue au mérou camouflage, est un bon indice. La selle noire située au niveau du pédoncule caudal est de plus grande taille chez E. polyphekadion.
Mayotte (978)
09/03/2017
Rédacteur principal : Gaël MODRAK
Vérificateur : Valérie CARO
Responsable régional : Gaël MODRAK
Heemstra P.C., RandallJ.E., 1993, FAO Species Catalogue. Vol. 16. Groupers of the world (family Serranidae, subfamily Epinephelinae). An annotated and illustrated catalogue of the grouper, rockcod, hind, coral grouper and lyretail species known to date, FAO Fisheries Synopsis,125(16), 157-158.
Kohno H., Diani S., Supriatna A., 1993, Morphological Development of Larval and Juvenile Grouper, Epinephelus fuscoguttatus, Japanese Journal of Ichthyology, 40(3), 307-316.
Pears R.J., Choat J.H., Mapstone B.D., Begg G.A., 2006, Demography of a large grouper, Epinephelus fuscoguttatus, from Australia’s Great Barrier Reef: implications for fishery management, Marine Ecology Progress Series, 307, 259-272.
Pears R.J., Choat J.H., Mapstone B.D., Begg G.A., 2007, Reproductive biology of a large, aggregation-spawning serranid, Epinephelus fuscoguttatus (Forsskål) : management implications, Journal of Fish Biology, 71, 795-817.
Pet J.S., Mous P.J., Rhodes K., Green A., 2006, Introduction to monitoring of spawning aggregations of three grouper species from the Indo-Pacific. A manual for field practitioners. Version 2.0., Nature Conservancy Coral Triangle Center, Sanur, Bali, Indonesia, 98 p.
Robinson J, Aumeeruddy R., Jörgensen L., Öhman M.C., 2008, Dynamics of camouflage (Epinephelus polyphekadion) and brown marbled grouper (Epinephelus fuscoguttatus) spawning agregations at a remote reef site, Seychelles, Bulletin of marine science, 83(2), 415-431.
Rückert S., Klimpel S., Palm H.W., 2010, Parasites of cultured and wild brown-marbled grouper Epinephelus fuscoguttatus (Forsskål, 1775) in Lampung Bay, Indonesia, Aquaculture research, 41, 1158-1169.
Sun Y., Guo C.-Y., Wang D.-D., Li X.F., Xiao L., Zhang X., You X., Shi Q., Hu G.-J., Fang C., Lin H.-R., Zhang Y., 2016, Transcriptome analysis reveals the molecular mechanisms underlying growth superiority in a novel grouper hybrid (Epinephelus fuscogutatus♀ × E. lanceolatus♂), BMC Genetics, 17, 24.
Yang Y., Wang T., Chen J., Wu L., Wu X., Zhang W., Luo J., Xia J., Meng Z., Liu X., 2021, Whole-genome sequencing of brown-marbled grouper (Epinephelus fuscoguttatus) provides insights into adaptive evolution and growth difference, Molecular Ecology Resources, 22, 711–723.
Yu Q., Liu M., Wei S., Xiao H., Wu S., Qin X., Shi D., Li S., Wang T., Li P., 2019, Isolation of Nervous Necrosis Virus from Hybrid Grouper (Epinephelus fuscoguttatus ♀ x Epinephelus lanceolatus ♂) Cultured in Guangxi, China, Fish Pathology, 54(1), 16-19.
La page d'Epinephelus fuscoguttatus sur le site de référence de DORIS pour les poissons : Fishbase
La page d'Epinephelus fuscoguttatus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN