Mérou-camouflage

Epinephelus polyphekadion | (Bleeker, 1849)

N° 4837

Indo-pacifique, mer Rouge

Clé d'identification

Silhouette relativement élancée, longueur moyenne 60 cm, maximum 90 cm
Robe variable généralement brun foncé marbrée de taches blanc crème
Selle noire sur le pédoncule caudal
Taches noires au-dessus de la lèvre supérieure et au niveau des narines
Petites taches sombres séparées entre elles par un réseau de fines lignes claires
Caudale et pectorales arrondies, rayons mous de la dorsale et de l'anale assez élevés

Noms

Autres noms communs français

Loche crasseuse (Nouvelle-Calédonie), Loche marbrée, apuku, apukupuku, lapu-lapu, tarao (Polynésie française), P'tit lapin (La Réunion), Fapuku (Wallis-et-Futuna), Mérou marbré

Noms communs internationaux

Camouflage grouper, camouflage cod, blue-tailed cod, flowery grouper, marbled grouper, small-toothed cod, snout-spot grouper (GB), Mero disfrazado (E), Zackenbarsch (D), Garoupa mascarada (P)

Synonymes du nom scientifique actuel

Serranus polyphekadion Bleeker, 1849
Serranus goldmanni Bleeker, 1855
Epinephelus goldmani (Bleeker, 1855)
Serranus microdon Bleeker, 1856
Epinephelus microdon (Bleeker, 1856)
Epinephelus dispar (Playfair, 1867)

Distribution géographique

Indo-pacifique, mer Rouge

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]

Le mérou-camouflage vit dans les eaux tropicales et subtropicales de la zone indo-pacifique, depuis l'Afrique de l'Est à l'ouest jusqu'à la Polynésie française à l'est. Il est notamment présent en mer Rouge. Pour les eaux françaises, on le retrouve à Mayotte, La Réunion, Wallis-et-Futuna, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie.

Biotope

Le mérou-camouflage vit en eaux claires, dans les atolls* ou sur les pentes externes des récifs. On peut le rencontrer entre 2 et 46 m de profondeur.

Description

Le mérou-camouflage, de forme relativement élancée, mesure en général environ 60 cm ; le maximum reporté est de 90 cm. La robe variable est généralement brun foncé, marbrée de taches blanc crème. Ces taches claires, parfois jointives, peuvent évoquer des bandes inclinées d'arrière en avant, plus ou moins visibles selon les individus. Une selle noire marque de façon plus ou moins prononcée la partie supérieure du pédoncule* caudal. Deux taches noires peuvent être visibles au-dessus de la lèvre supérieure et au niveau des narines.

En s'approchant du poisson, on découvre de petites taches sombres formant des structures géométriques rappelant un nid d'abeilles, séparées entre elles par un réseau de fines lignes claires. Ce réseau recouvre l'intégralité du corps chez certains de ces mérous, tandis qu'il est très estompé sur la tête d'autres représentants de l'espèce.

L'ensemble des nageoires comporte ces mêmes motifs géométriques. La caudale et les pectorales sont arrondies, les rayons mous de la dorsale et de l'anale assez élevés.

Durant la reproduction, les mâles deviennent gris pâle et perdent temporairement leur tenue de camouflage, ce qui permet de les distinguer des femelles.

Espèces ressemblantes

Le mérou-camouflage peut être confondu avec d'autres espèces de mérous au sein de son aire de répartition, parmi lesquelles :

- Le mérou marron Epinephelus fuscoguttatus : la silhouette est plus large et trapue et le front bombé.

- Le mérou-malabar Epinephelus malabaricus : les nombreux petits points noirs ponctuant le corps sont nettement séparés les uns des autres et ne forment pas de réseau en nid d'abeilles.

- Le mérou-patate Epinephelus tukula : les taches sombres patatoïdes des flancs sont nettement séparées sur la robe claire dominante.

- La loche géante Epinephelus lanceolatus : la taille est nettement supérieure puisque ce poisson mesure en moyenne 2 m, les nageoires sont jaunes ponctuées de points noirs.

Alimentation

Le mérou-camouflage a un régime alimentaire carnivore : il se nourrit principalement de crustacés (crabes Portunidés) et de poissons, plus ponctuellement de céphalopodes et de gastéropodes.

Reproduction - Multiplication

Le mérou-camouflage est une espèce gonochorique* (les sexes sont séparés) ; l'hermaphrodisme* soupçonné par certains scientifiques n'a pas été démontré à ce jour. La maturité sexuelle est atteinte au bout de quatre ans environ, pour une taille moyenne voisine de 30 cm.

Ces poissons se regroupent en certains lieux bien précis pour se reproduire : ces rassemblements peuvent voir converger plusieurs centaines, voire milliers d'individus. Deux sites sont réputés pour concentrer environ 20 000 individus, sur l'île de Pohnpei en Micronésie et dans l'archipel des Tuamotu en Polynésie française. Ces regroupements ont lieu durant plusieurs jours à chaque période de pleine lune, à des périodes annuelles variant selon la zone géographique : entre novembre et février aux Seychelles, entre février et avril en Micronésie, entre avril et mai au Japon, juin et juillet en Polynésie etc.

Les jours précédant la pleine lune voient coïncider des comportements agressifs entre les mâles et de cour vis-à-vis des femelles convoitées par ces derniers. Il est probable que s'établisse alors une hiérarchie entre mâles et des couples territoriaux. Le jour de la ponte, les femelles se positionnent très près du fond tandis que les mâles stationnent sur une strate légèrement supérieure. Les gamètes* sont expulsés par le mâle et la femelle au cours d'un fulgurant mouvement d'ascension simultanée, permettant la fécondation des ovules* en pleine eau. Un mâle dominant se colle contre la femelle, tandis que d'autres mâles suivent le couple de très près pour tenter de contribuer eux aussi à la fécondation. Une étude acoustique a montré la synchronisation de ces mouvements grâce à l'émission de séries de signaux sonores de type "boum".

La reproduction du mérou-camouflage, dans la passe de Fakarava en Polynésie française, a fait l'objet du film documentaire "Gombessa 2 - Le mystère mérou" diffusé en 2015.

Vie associée

La saison de reproduction de ces mérous coïncide avec une plus forte concentrations de leurs prédateurs naturels que sont les requins gris de récif dans la passe sud de Fakarava. Ces derniers profitent du frai* pour chasser en meute durant la nuit, sujet superbement illustré au travers du documentaire "Gombessa 4 - 700 requins dans la nuit" diffusé en 2018.

Quatre espèces de vers plathelminthes monogènes Diplectanidés ont été retrouvées sur les branchies de mérous-camouflages évoluant en liberté en Nouvelle-Calédonie.

Les poissons d'élevage sont généralement porteurs d'ectoparasites*.

Divers biologie

La longévité maximale reportée est de 42 ans.

Informations complémentaires

Le mérou-camouflage peut être porteur de la ciguatera*.

Il fait l'objet d'une aquaculture industrielle dans certains pays où on le trouve notamment hybridé avec le mérou marron ou la loche géante.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Le mérou-camouflage a été considéré comme VU soit "vulnérable" dans la plus récente évaluation de la liste rouge mondiale publiée par l'UICN* en 2016, contre Near Threatened signifiant "quasiment menacé" en 2006 ; ceci représente une dégradation du statut de durabilité de l'espèce.

Ce mérou fait en effet l'objet d'une surpêche durant les rassemblements liés à la reproduction ; il est notamment exporté vers Hong-Kong, pour alimenter les marchés de poissons vivants de divers pays asiatiques (diminution quantitative des importations de 71% uniquement liée à la pression de pêche entre 1999 et 2016). On estime que les effectifs globaux ont chuté de plus de 30 % depuis les années 1940.

Pour pallier cela, des mesures sont préconisées, telles que la réduction de l'effort de pêche sur les rassemblements en période de frai*, des contrôles sur les tailles et l'instauration de quotas à l'exportation, ainsi qu'un renforcement des contrôles dans les zones de protection. Certaines de ces mesures sont d'ores et déjà appliquées localement avec un succès mitigé, du fait de périodes mal ciblées ou de manques de contrôles concernant leur bonne mise en application.

Le rassemblement observé dans l'archipel des Tuamotu en Polynésie française, au niveau de la passe sud de Fakarava, demeure l'un des derniers regroupements en bonne santé au niveau mondial, grâce aux mesures de protection dont il fait l'objet.

Origine des noms

Origine du nom français

Mérou : le mot vient de l’espagnol [mero], d’origine obscure, qui signifie « vieille de mer, mérou ». On trouve le mot espagnol francisé en 1752 dans la quatrième édition du Traité de l'orthographe franc̜oise, en forme de dictionnaire (Tome 2, p. 382) de P. Restaut, avec la définition suivante : « Méro : sorte de poisson ».

camouflage : en référence à la robe de ce poisson qui lui permet de se fondre facilement dans son environnement.

Origine du nom scientifique

Epinephelus : du grec [epi] = sur et [nephelus] = nuage, "couvert de nuages". Ce mot décrit une livrée portant des taches contrastées, irrégulières, disposées de manière désordonnée sur tout le corps.

polyphekadion : du grec [polus] = beaucoup et [phekadion] = points en forme de lentille en référence aux motifs géométriques en nid d'abeilles.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 218197

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Super classe Osteichthyes Ostéichthyens Vertébrés à squelette osseux.
Classe Actinopteri
Sous-classe Neopterygii Teleostei Néoptérygiens Téléostéens Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées.
Super ordre Acanthopterygii Acanthoptérygiens Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens.
Ordre Perciformes Perciformes Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales.
Famille Serranidae Serranidés 1 à 3 épines sur l’arrière de l’opercule.
Genre Epinephelus
Espèce polyphekadion

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