Silhouette relativement élancée, longueur moyenne 60 cm, maximum 90 cm
Robe variable généralement brun foncé marbrée de taches blanc crème
Selle noire sur le pédoncule caudal
Taches noires au-dessus de la lèvre supérieure et au niveau des narines
Petites taches sombres séparées entre elles par un réseau de fines lignes claires
Caudale et pectorales arrondies, rayons mous de la dorsale et de l'anale assez élevés
Loche crasseuse (Nouvelle-Calédonie), Loche marbrée, apuku, apukupuku, lapu-lapu, tarao (Polynésie française), P'tit lapin (La Réunion), Fapuku (Wallis-et-Futuna), Mérou marbré
Camouflage grouper, camouflage cod, blue-tailed cod, flowery grouper, marbled grouper, small-toothed cod, snout-spot grouper (GB), Mero disfrazado (E), Zackenbarsch (D), Garoupa mascarada (P)
Serranus polyphekadion Bleeker, 1849
Serranus goldmanni Bleeker, 1855
Epinephelus goldmani (Bleeker, 1855)
Serranus microdon Bleeker, 1856
Epinephelus microdon (Bleeker, 1856)
Epinephelus dispar (Playfair, 1867)
Indo-pacifique, mer Rouge
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Le mérou-camouflage vit dans les eaux tropicales et subtropicales de la zone indo-pacifique, depuis l'Afrique de l'Est à l'ouest jusqu'à la Polynésie française à l'est. Il est notamment présent en mer Rouge. Pour les eaux françaises, on le retrouve à Mayotte, La Réunion, Wallis-et-Futuna, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie.
Le mérou-camouflage vit en eaux claires, dans les atolls* ou sur les pentes externes des récifs. On peut le rencontrer entre 2 et 46 m de profondeur.
Le mérou-camouflage, de forme relativement élancée, mesure en général environ 60 cm ; le maximum reporté est de 90 cm. La robe variable est généralement brun foncé, marbrée de taches blanc crème. Ces taches claires, parfois jointives, peuvent évoquer des bandes inclinées d'arrière en avant, plus ou moins visibles selon les individus. Une selle noire marque de façon plus ou moins prononcée la partie supérieure du pédoncule* caudal. Deux taches noires peuvent être visibles au-dessus de la lèvre supérieure et au niveau des narines.
En s'approchant du poisson, on découvre de petites taches sombres formant des structures géométriques rappelant un nid d'abeilles, séparées entre elles par un réseau de fines lignes claires. Ce réseau recouvre l'intégralité du corps chez certains de ces mérous, tandis qu'il est très estompé sur la tête d'autres représentants de l'espèce.
L'ensemble des nageoires comporte ces mêmes motifs géométriques. La caudale et les pectorales sont arrondies, les rayons mous de la dorsale et de l'anale assez élevés.
Durant la reproduction, les mâles deviennent gris pâle et perdent temporairement leur tenue de camouflage, ce qui permet de les distinguer des femelles.
Le mérou-camouflage peut être confondu avec d'autres espèces de mérous au sein de son aire de répartition, parmi lesquelles :
- Le mérou marron Epinephelus fuscoguttatus : la silhouette est plus large et trapue et le front bombé.
- Le mérou-malabar Epinephelus malabaricus : les nombreux petits points noirs ponctuant le corps sont nettement séparés les uns des autres et ne forment pas de réseau en nid d'abeilles.
- Le mérou-patate Epinephelus tukula : les taches sombres patatoïdes des flancs sont nettement séparées sur la robe claire dominante.
- La loche géante Epinephelus lanceolatus : la taille est nettement supérieure puisque ce poisson mesure en moyenne 2 m, les nageoires sont jaunes ponctuées de points noirs.
Le mérou-camouflage a un régime alimentaire carnivore : il se nourrit principalement de crustacés (crabes Portunidés) et de poissons, plus ponctuellement de céphalopodes et de gastéropodes.
Le mérou-camouflage est une espèce gonochorique* (les sexes sont séparés) ; l'hermaphrodisme* soupçonné par certains scientifiques n'a pas été démontré à ce jour. La maturité sexuelle est atteinte au bout de quatre ans environ, pour une taille moyenne voisine de 30 cm.
Ces poissons se regroupent en certains lieux bien précis pour se reproduire : ces rassemblements peuvent voir converger plusieurs centaines, voire milliers d'individus. Deux sites sont réputés pour concentrer environ 20 000 individus, sur l'île de Pohnpei en Micronésie et dans l'archipel des Tuamotu en Polynésie française. Ces regroupements ont lieu durant plusieurs jours à chaque période de pleine lune, à des périodes annuelles variant selon la zone géographique : entre novembre et février aux Seychelles, entre février et avril en Micronésie, entre avril et mai au Japon, juin et juillet en Polynésie etc.
Les jours précédant la pleine lune voient coïncider des comportements agressifs entre les mâles et de cour vis-à-vis des femelles convoitées par ces derniers. Il est probable que s'établisse alors une hiérarchie entre mâles et des couples territoriaux. Le jour de la ponte, les femelles se positionnent très près du fond tandis que les mâles stationnent sur une strate légèrement supérieure. Les gamètes* sont expulsés par le mâle et la femelle au cours d'un fulgurant mouvement d'ascension simultanée, permettant la fécondation des ovules* en pleine eau. Un mâle dominant se colle contre la femelle, tandis que d'autres mâles suivent le couple de très près pour tenter de contribuer eux aussi à la fécondation. Une étude acoustique a montré la synchronisation de ces mouvements grâce à l'émission de séries de signaux sonores de type "boum".
La reproduction du mérou-camouflage, dans la passe de Fakarava en Polynésie française, a fait l'objet du film documentaire "Gombessa 2 - Le mystère mérou" diffusé en 2015.
La saison de reproduction de ces mérous coïncide avec une plus forte concentrations de leurs prédateurs naturels que sont les requins gris de récif dans la passe sud de Fakarava. Ces derniers profitent du frai* pour chasser en meute durant la nuit, sujet superbement illustré au travers du documentaire "Gombessa 4 - 700 requins dans la nuit" diffusé en 2018.
Quatre espèces de vers plathelminthes monogènes Diplectanidés ont été retrouvées sur les branchies de mérous-camouflages évoluant en liberté en Nouvelle-Calédonie.
Les poissons d'élevage sont généralement porteurs d'ectoparasites*.
La longévité maximale reportée est de 42 ans.
Le mérou-camouflage peut être porteur de la ciguatera*.
Il fait l'objet d'une aquaculture industrielle dans certains pays où on le trouve notamment hybridé avec le mérou marron ou la loche géante.
Le mérou-camouflage a été considéré comme VU soit "vulnérable" dans la plus récente évaluation de la liste rouge mondiale publiée par l'UICN* en 2016, contre Near Threatened signifiant "quasiment menacé" en 2006 ; ceci représente une dégradation du statut de durabilité de l'espèce.
Ce mérou fait en effet l'objet d'une surpêche durant les rassemblements liés à la reproduction ; il est notamment exporté vers Hong-Kong, pour alimenter les marchés de poissons vivants de divers pays asiatiques (diminution quantitative des importations de 71% uniquement liée à la pression de pêche entre 1999 et 2016). On estime que les effectifs globaux ont chuté de plus de 30 % depuis les années 1940.
Pour pallier cela, des mesures sont préconisées, telles que la réduction de l'effort de pêche sur les rassemblements en période de frai*, des contrôles sur les tailles et l'instauration de quotas à l'exportation, ainsi qu'un renforcement des contrôles dans les zones de protection. Certaines de ces mesures sont d'ores et déjà appliquées localement avec un succès mitigé, du fait de périodes mal ciblées ou de manques de contrôles concernant leur bonne mise en application.
Le rassemblement observé dans l'archipel des Tuamotu en Polynésie française, au niveau de la passe sud de Fakarava, demeure l'un des derniers regroupements en bonne santé au niveau mondial, grâce aux mesures de protection dont il fait l'objet.
Mérou : le mot vient de l’espagnol [mero], d’origine obscure, qui signifie « vieille de mer, mérou ». On trouve le mot espagnol francisé en 1752 dans la quatrième édition du Traité de l'orthographe franc̜oise, en forme de dictionnaire (Tome 2, p. 382) de P. Restaut, avec la définition suivante : « Méro : sorte de poisson ».
camouflage : en référence à la robe de ce poisson qui lui permet de se fondre facilement dans son environnement.
Epinephelus : du grec [epi] = sur et [nephelus] = nuage, "couvert de nuages". Ce mot décrit une livrée portant des taches contrastées, irrégulières, disposées de manière désordonnée sur tout le corps.
polyphekadion : du grec [polus] = beaucoup et [phekadion] = points en forme de lentille en référence aux motifs géométriques en nid d'abeilles.
Numéro d'entrée WoRMS : 218197
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopteri | ||
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Famille | Serranidae | Serranidés | 1 à 3 épines sur l’arrière de l’opercule. |
Genre | Epinephelus | ||
Espèce | polyphekadion |
Mérou brun marbré de blanc
Ce mérou-camouflage polynésien semble curieux et bien peu farouche vis-à-vis du plongeur qui l'observe.
Atoll de Rangiroa, archipel des Tuamotu, Polynésie française (98), 30 m
20/02/2021
De face
Vu de face, on peut observer la bouche large et massive bordée de lèvres épaisses, typique des mérous du genre Epinephelus.
Maldives, 25 m
14/04/2012
De profil
De profil, le mérou-camouflage présente une robe alternant des bandes inclinées brunes et crème.
Ilet aux canards, Nouvelle-Calédonie (988), 2 m
25/02/2018
Gros plan sur la bouche
On peut observer les petites dents pointues dirigées vers l'intérieur de la gueule, permettant d'empêcher toute retraite à une proie, aussi glissante soit-elle. La double structure géométrique du camouflage se dévoile sur cette photo : de grandes taches brun foncé et brun clair sont visibles, elles-mêmes parcourues d'un réseau de petites taches plus ou moins foncées formant un nid d'abeilles.
Maldives, 25 m
14/04/2012
De dessus
Le motif général constitué de marbrures inclinées, blanches et brunes alternées, est bien visible sur cette vue plongeante.
Passe sud, atoll de Fakarava, archipel des Tuamotu, Polynésie française (98), 15 m
21/08/2019
Livrée claire
Chez cet individu de Nouvelle-Calédonie, la livrée brune est relativement pâle.
Ile des Pins, Nouvelle-Calédonie (988), 25 m
06/04/2017
Réfugié dans le corail
Chez cet mérou-camouflage campé sous un surplomb corallien, on note la nette atténuation du motif en nid d'abeilles sur la partie supérieure du corps.
Passe sud, atoll de Fakarava, archipel des Tuamotu, Polynésie française (98), 15 m
23/08/2019
Jeune
Ce juvénile, même s'il est légèrement moins large en proportions, présente d'ores et déjà la robe propre aux adultes. Il évolue à faible profondeur.
Passe sud, atoll de Fakarava, archipel des Tuamotu, Polynésie française (98), 10 m
24/08/2019
Taches brunes estompées
En l'absence d'éclairage artificiel, on reconnaît néanmoins la physionomie générale de cet adulte et le nid d'abeilles caractéristique de la robe. Les bandes brun sombre sont ici très peu visibles ; tout au plus aperçoit-on des taches sombres peu marquées sur les flancs. La ponctuation ressort nettement sur les nageoires.
Passe en S, Mayotte (976), 6 m
17/03/2012
Motifs géométriques
Cette photo prise en lumière naturelle permet de visualiser les motifs géométriques en nid d'abeilles ornant le corps de l'animal.
Passe en S, Mayotte (976), 6 m
17/03/2012
Taches brunes bien marquées
Les variations de robes pouvant induire en erreur sur l'identification, la silhouette relativement élancée et la configuration des nageoires du mérou-camouflage demeurent un indicateur fiable.
Passe en S, Mayote (976), 6 m
17/03/2012
En Nouvelle-Calédonie
Cet individu stationne près d'un fond corallien néo-calédonien assez "pelé".
Nouméa, Nouvelle-Calédonie (988), 15 m
17/05/2017
A la station de nettoyage
Cet mérou profite des services d'un petit labre nettoyeur, en compagnie de marignans ombrés.
Atoll de Rangiroa, archipel des Tuamotu, Polynésie française (98), 30 m
20/02/2021
Rédacteur principal : Gaël MODRAK
Vérificateur : Valérie CARO
Responsable régional : Gaël MODRAK
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La page d'Epinephelus polyphekadion sur le site de référence de DORIS pour les poissons : Fishbase
La page d'Epinephelus polyphekadion dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN