Muraille constituée de 6 plaques
Plaques ornées de côtes marquées chez les jeunes individus
Rostre très large
Ouverture se présentant sous la forme d'un losange presque parfait
Balane, gland de mer (pour toutes les espèces de balanes)
Northern rock barnacle, common rock barnacle, common barnacle, barnacle, acorn barnacle (GB), Seepocke, Gemeine Seepocke (D), Gewone zeepok (NL), Lavvandsrur (DK), Fjærerur, fjørerur (NO)
Balanus balanoides Linnaeus, 1767
Lepas balanoides Linnaeus, 1767
Atlantique Nord-Est et Nord-Ouest et Pacifique Nord-Est
Zones DORIS : ● Atlantique Nord-Ouest, ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Semibalanus balanoides est une espèce d'affinité septentrionale. Elle est présente dans l'Atlantique Nord-Est du Spitzberg au nord-ouest de l'Espagne. Sa limite sud de répartition se situe actuellement vers La Rochelle, même si des colonies résiduelles peuvent être rencontrées dans le bassin d'Arcachon ou, plus au sud, dans certaines rias des côtes de Galice. Le réchauffement climatique tend à faire remonter cette limite vers le nord.
L'espèce a également colonisé, par des vecteurs anthropiques*, les côtes de l'Atlantique Nord-Ouest (Saint-Laurent et Nouvelle Angleterre) et du Pacifique Nord-Est.
Semibalanus balanoides se rencontre sur les rochers de la zone de balancement des marées, où elle est classiquement rencontrée avec Chthamalus montagui et Austrominius modestus, dans les zones où ces espèces existent. Elle occupe un niveau légèrement inférieur à celui occupé par Chthamalus montagui, sa préférence se situant vers la mi-marée. Elle apprécie les milieux battus mais peut également être rencontrée dans les estuaires, tant que la salinité reste suffisamment marquée (supérieure à 20 pour mille). Outre les rochers, cette espèce peut se rencontrer, comme les autres balanes, sur tout type de substrat* dur artificiel (pieux, quais, bouées, etc.).
L'espèce supporte très bien les périodes de gel lors de son émersion. Son extension au nord est limitée par l'apparition de la banquise, aux effets mécaniques importants.
Semibalanus balanoides peut être rencontrée dans l'étage infralittoral*, mais la prédation plus intense et la compétition avec d'autres espèces (moules, autres balanes) ne permettent pas à l'espèce de se développer de manière importante dans cette zone.
Semibalanus balanoides est une balane qui peut atteindre 15 mm de diamètre (voire 20 mm selon certains auteurs). Elle se présente sous une forme grossièrement conique. La muraille est constituée de 6 plaques, de couleur gris sale, pouvant tirer sur le jaune. Le rostre* (voir schéma) est particulièrement large. Ces plaques peuvent présenter des côtes (sillons longitudinaux) marquées chez les jeunes individus. Le rostre est large.
L'ouverture est losangique et l’orifice est large. Les sutures entre terga* et scuta* forment un angle non droit à leur jonction.
La base est membraneuse (mais pour la voir, il faut arracher l’animal de son substrat).
Le corps de l’animal n’est pas visible, car dissimulé sous la muraille.
La détermination des Cirripèdes peut sembler difficile au premier abord car toutes les espèces se ressemblent. Semibalanus balanoides est assez facilement identifiable, pour les individus bien formés, grâce à son rostre large (celui de Chthamalus montagui étant beaucoup plus étroit. ) et par le nombre de plaques (seulement 4 chez Austrominius modestus, et 6 chez Semibalanus balanoides).
Semibalanus balanoides est un animal filtreur* se nourrissant de plancton* et de particules organiques qu'il capture avec ses pattes modifiées portant de nombreuses soies* (les cirres*). L'espèce sort ses cirres de manière continue en présence de courant, et de manière alternative en eaux calmes.
L'espèce est hermaphrodite* simultanée. La fécondation croisée est obligatoire. La fécondation est interne, ce qui nécessite que les deux balanes actrices soient proches l’une de l’autre (3 à 5 cm au maximum). Le pénis, qui peut atteindre 7 cm de long, est déployé par l’opercule*. Le pénis utilisé est éliminé lors de la mue suivante et remplacé par un nouveau pénis. La fécondation a lieu en fin d'automne (octobre/novembre).
Les œufs se développent au sein de la muraille, sous forme de deux masses distinctes, positionnées de part et d’autre du corps de l’animal.
L’éclosion
libère des larves* nauplius* qui sont expulsées dans l’environnement.
Ce phénomène serait initié par un accroissement de la turbidité de l'eau (synonyme de l'apparition d'un bloom* phytoplanctonique*, source de nourriture des futures larves). Les nauplii, dont la vie est planctonique*, vont connaître 5 stades de
transformation successifs (mues*) avant de se transformer en larve cypris*. La
durée de la phase planctonique dépend de plusieurs paramètres, dont la
température de l’eau et la salinité.
Le stade 1 de la larve nauplius
est toujours très court (moins de 24 heures). La larve cypris* présente
une carapace bivalve, donnant une allure totalement différente à la
larve. Celle-ci se fixe rapidement sur un support (les cypris ne se
nourrissent pas).
Les cypris disposent d’organes sensoriels sur les
antennules*, qui leur servent à explorer les surfaces avant fixation.
Une fois posée (mais non fixée) sur un support rigide, la larve
recherche des congénères ou d’autres balanes avec ses antennules.
Il a été montré que la couverture algale a une influence sur la réussite de la fixation des larves. En effet, la fronde des algues, en balayant la roche, gêne la fixation. Ce phénomène est plus sensible avec le fucus denté (Fucus serratus) qu'avec le fucus vésiculeux (Fucus vesiculosus), dont les frondes ont tendance à flotter. Ce phénomène contribue à la localisation préférentielle de Semibalanus balanoides vers la zone de mi-marée, au-dessus de la zone à Fucus serratus.
La maturité sexuelle est atteinte au bout d'une à deux années.
Semibalanus balanoides peut être parasité par le crustacé isopode Hemioniscus balani. Ce crustacé est un parasite* fréquent des balanes. Il se nourrit exclusivement des gonades* femelles de ses hôtes, ce qui les prive du versant femelle de leur reproduction (les balanes infectées peuvent cependant toujours émettre du sperme). La littérature mentionne un taux de parasitisme de 100 % dans certaines populations.
Les larves* cypris* de Semibalanus balanoides résistent de manière importante au gel. Elles sont ainsi capables de survivre après avoir été emprisonnées 4 semaines dans la glace. Les cypris qui ont été emprisonnées dans la glace pendant une période de 2 semaines présentent un taux de succès dans la fixation au substrat supérieur aux larves qui n'ont pas subi de gel.
Dans les eaux françaises, le niveau de recrutement est étroitement lié à la rigueur de l'hiver (les bonnes années de reproduction sont les années avec des hivers rigoureux).
La durée de vie des individus dépend de leur positionnement sur la côte. Les individus proches du niveau de basse mer vivent environ 3 ans, tandis que les individus situés près du niveau moyen de pleine mer peuvent vivre jusqu'à 7 ans. Cette différence de durée de vie est notamment due au rythme d'alimentation et, corrélativement, à la vitesse de croissance.
Le principal prédateur de Semibalanus balanoides est, comme les autres balanes, le mollusque gastéropode pourpre petite pierre (Nucella lapillus). Le nudibranche Onchidoris bilamellata est également un consommateur de balanes, tout comme le mordocet (Lipophrys pholis).
Comme tous les crustacés, le corps de la balane, contenu dans la muraille, mue* normalement en produisant des exuvies* que l’on retrouve d’ailleurs dans le plancton* (on observe surtout le panache des cirres*). Par contre, comme la muraille n’est pas soudée au substrat*, toutes les plaques calcaires ont une croissance semblable à celle de la coquille des mollusques par ajout de couches successives sur le bord inférieur des plaques. Ainsi la croissance en taille (volume) n’est pas limitée.
Des Semibalanus balanoides ont été observés sur l'épithélium* de baleines à bosse (Megaptera novaeangliae).
Balane est la francisation du nom latin.
Balanus et balanoides proviennent de la même racine grecque ancienne [balan-], qui signifie gland (ou en forme de gland), allusion à la forme de la muraille de cette espèce ou le fait qu'elles vivent enfermées (comme dans un gland). Le suffixe [-oïde] signifie "ressemblant à".
Henry Pilsbry n'a pas expliqué, lors de la création du genre Semibalanus, pourquoi il avait utilisé le préfixe semi du latin [semi-] = demi, pour séparer les espèces concernées de celles du genre Balanus.
Numéro d'entrée WoRMS : 106210
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Super classe | Multicrustacea | ||
Classe | Thecostraca | Thécostraces | |
Sous-classe | Cirripedia | Cirripèdes | |
Super ordre | Thoracicalcarea | Thoracicalcaires | |
Ordre | Balanomorpha | Balanomorphes | |
Famille | Balanidae | Balanidés | |
Sous-famille | Semibalaninae | ||
Genre | Semibalanus | ||
Espèce | balanoides |
Balane blanche à 6 plaques et côtes marquées chez les jeunes spécimens
Semibalanus balanoides (blanchâtre, à 6 plaques et à côtes marquées) et Austrominius modestus (petite, à 4 plaques et grises) sont ici mélangés.
Semibalanus balanoides est commun sur le médiolittoral abrité, son ouverture est en forme de losange bien dessiné.
Agon-Coutainville (50), estran
17/08/2012
Quelques Semibalanus balanoides et Austrominius modestus
Des individus en bon état sont mélangés avec Austrominius modestus.
Agon-Coutainville (50), estran
17/08/2012
Noms des plaques d'une balane
Les différentes plaques composant la muraille d'une balane (ici Semibalanus balanoides avec, à droite, Austrominius modestus ).
Binic (22), estran
2021
Dessin de Semibalanus balanoides
Dessin de Charles Darwin
Darwin 1854, planche VII, fig 2a
Reproduction de documents anciens
1854
sur l'estran à Mingan
Les différentes plaques de la muraille sont visibles.
Mingan, Côte Nord, Québec, Canada, estran
04/09/2020
Sur un galet
Avec d'autres balanes de plus petite taille et des littorines (Littorina littorea)
Saint Andrew, Nouveau Brunswick, Canada, estran
27/08/2017
Sur un rocher
Sur ces individus, la muraille est élevée.
Saint Andrew, Nouveau Brunswick, Canada, estran
27/08/2017
En Ecosse
De nombreux individus avec Austrominius modestus
Plockton, Loch Carron, Highland, Ouest de l'Ecosse, estran
24/08/2018
Rédacteur principal : Christophe QUINTIN
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Yves MÜLLER
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La page de Semibalanus balanoides dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN