Coquille épaisse robuste spiralée, la dernière spire est très grande
Coquille en général lisse, parfois côtelée, 4 cm de longueur
Apex pointu et ouverture ovale obturée par un opercule corné
Canal siphonal court et profond
Labre épais et denté chez les adultes
Couleur variable : blanc, jaune, gris, brun
Pourpre, bigorneau blanc, brelin, perceur, bigorneau perceur, pilau
Common dogwhelk, atlantic dogwinkle (GB), Nordische Purpurschnecke, Steinchen (D), Piedrecita purpura (E), Purperslak (NL), Nucela purpurea (P), Purpursnegl (N)
Thais lapillus Linnaeus, 1758
Buccinum lapillus Linnaeus, 1758
Buccinum filosum Gmelin, 1791
Nucella theobroma Röding
Nassa rudis Röding, 1798
Nassa ligata Röding, 1798
Purpura imbricata Lamarck, 1822
Purpura bizonalis Lamarck, 1822
Purpura buccinoidea de Blainville, 1829
Nucella lapillus var major Jeffreys, 1867
Nucella lapillus var minor Jeffreys, 1867
Purpura lapillina Locard, 1886
Purpura lapillus
Purpura celtica Locard, 1886
Atlantique Nord, Manche, mer du Nord
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-OuestOn trouve le pourpre petite pierre en Atlantique Nord depuis l'Arctique jusqu'à Gibraltar, et des côtes est du Canada (Estuaire moyen et maritime du Saint Laurent, Haute Côte Nord, Gaspésie) jusqu'à New York.
Cette espèce est bien présente en Manche et notamment très abondante en Bretagne.
Il s'agit d'une espèce fort commune des substrats rocheux depuis la zone intertidale*, où on la trouvera essentiellement, et jusqu'à 40 mètres de profondeur, parfois plus.
Nucella lapillus est un gastéropode dont la coquille est épaisse et enroulée sur elle-même. On dénombre jusqu'à cinq tours de spire, la spire terminale représentant les trois quarts de la longueur de la coquille qui, chez l'adulte, est d'environ quatre centimètres.
On note la présence d'un canal siphonal* court et profond. L'ouverture ovale est fermée par un opercule* corné.
Le rebord externe, le labre*, est incurvé et lisse chez les jeunes individus et épais et crénelé à l'intérieur chez les adultes.
La coloration est très variée et va du blanc au jaune en passant par le gris et le brun, avec parfois des bandes colorées épaisses sur l'extérieur. L'intérieur peut prendre différentes teintes : orange, violet, blanc, et la zone crénelée est blanche.
On rencontre deux formes : l'une lisse et l'autre côtelée. Il n'y a pas en général de protubérances ni d'épines mais on observe chez certains individus quelques excroissances très fines ressemblant à des écailles (spécimen rencontré sur substrat* calcaire de la côte normande).
On pourra confondre Nucella lapillus avec le cormaillot (Ocenebra erinacea), dont l'allure et le profil sont fort semblables, néanmoins ce dernier est reconnaissable à sa coquille parcourue de rainures plus profondes.
Nucella lapillus est un prédateur carnivore et perceur.
Il se nourrit principalement de moules et autres bivalves mais également de balanes et de patelles. Pour cela il perfore la coquille de ses victimes d'un trou parfaitement rond à l'aide de sa radula* et d'un acide qu'il sécrète. Ensuite il injecte des sucs digestifs pour prédigérer les tissus de sa proie qu'il n'a plus qu'à aspirer à l'aide de sa trompe. Ce "repas" dure entre 6 et 24 heures !
Le régime alimentaire a une influence directe sur la coloration de la coquille (voir "divers biologie").
Les sexes sont séparés (espèce gonochorique*). L'accouplement a lieu au printemps et la fécondation est interne.
S'ensuit une ponte d'œufs encapsulés dans de petites outres rondes d'environ 7 à 8 mm de hauteur. Chaque femelle en dépose une quinzaine et les pontes des différentes femelles sont regroupées. Ces outres sont cylindriques, jaunes ou rosées, et fixées par paquets dans les crevasses ou sous les rochers. Chacune d'elles contient quelques centaines d'œufs mais un tout petit nombre seulement parviendra à maturité.
Le jeune pourpre naît parfaitement formé et mène immédiatement une vie benthique*.
La maturité sexuelle est atteinte pendant la troisième année.
La longévité des pourpres est de l'ordre de 5 à 6 ans.
Cette espèce se rencontre surtout là ou abondent les moules et les balanes.
Balanes, spirorbes et quelques algues parviennent à se fixer sur les coquilles des pourpres.
Si l'alimentation est à base de balanes, les coquilles revêtent une livrée blanche ou jaune ; si elle est à base de moules, la coloration tend vers le crème ou le brun avec ou sans bandes brunes.
Nucella lapillus est la proie de crustacés comme le homard, le tourteau, le crabe vert, d'échinodermes comme les étoiles de mer, d'oiseaux comme le bécasseau, l'eider, le pipit, ou le tourne-pierre, et aussi de poissons comme le lieu.
Nucella lapillus est menacée par l'étain tributyle (TBT) contenu dans les peintures antifouling des bateaux qui agit sur son système hormonal. Les femelles peuvent développer des caractères mâles ou devenir stériles, ce qui tend à menacer les populations européennes. Ce phénomène a été baptisé "pseudo-hermaphrodisme" ou "imposex"*.
C'est le premier indicateur de pollution : dès que la concentration de ce produit atteint un nanogramme par litre d'eau de mer, certaines femelles acquièrent un pénis et deviennent stériles.
La pullulation des pourpres dans les moulières peut avoir une incidence économique néfaste très importante auprès des mytiliculteurs.
Jadis on extrayait une substance de ce coquillage : la pourpre, une teinture. Au VIIème siècle cette teinture était utilisée pour coloriser les parchemins et les enluminures des livres sacrés. Ce n'est qu'au XVIIIème siècle qu'elle a servi à teindre les tissus.
Cette matière collante et fileuse est produite par une glande située sur la partie interne du manteau entre le rectum et la branchie (glande hypobranchiale). Elle est d'un brun jaunâtre qui vire au vert à la lumière puis au bleu et au violet qui est sa teinte définitive et inaltérable. Dans le même temps une forte odeur s'en dégage. On pense qu'elle aurait un pouvoir anesthésiant pour les proies et un goût détestable qui la protègeraient de ses prédateurs.
Ce mollusque peut être considéré comme l'équivalent nordique du murex épineux de Méditerranée.
Nucella lapillus est inscrite à la liste OSPAR Annexe V : espèce menacée et/ou en déclin dans les zones II, III, et IV (des côtes de la Norvège au détroit de Gibraltar).
Pourpre, à cause de la substance qui peut être extraite de l'animal et qui servait jadis à teindre papiers et tissus (voir le paragraphe "Informations complémentaires"),
petite pierre est la traduction exacte de lapillus.
Nucella : du latin [nux] = noix, nucella = petite noix,
lapillus : du latin [lapillus] = petite pierre, petit caillou.
Le nom scientifique fait référence à la forme et à la texture résistante de la coquille.
Numéro d'entrée WoRMS : 140403
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Neogastropoda | Néogastéropodes | Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea. |
Famille | Muricidae | Muricidés | Coquille spiralée, de forme et de taille variables (13 mm à 300 mm environ), souvent ventrue avec un apex court ; en général de fortes varices qui, selon la forme du bord du manteau ont l'aspect de bourrelets, bosses, plis, épines et peuvent être ramifiées, écailleuses ou tuberculées. La croissance est périodique. La disposition et le nombre de ces varices est caractéristique de chaque espèce. Le canal siphonal est court ou très long, ouvert ou partiellement fermé. D'après Lindner 2011:97. |
Sous-famille | Ocenebrinae | Ocenebrinés | |
Genre | Nucella | ||
Espèce | lapillus |
Un gastéropode caractéristique
Voici Nucella lapillus, un gastéropode très fréquent sur l'estran* breton. Observez le dernier tour de spire, très large et dont la longueur équivaut aux trois quarts de la longueur totale, ainsi que l'apex* pointu de la coquille.
Landrellec (22), estran
09/07/2008
Forme côtelée
Cet individu de la côte normande présente un relief atypique : sa coquille montre des excroissances qui lui confèrent un aspect côtelé.
Saint-Valéry-en-Caux (76), estran
10/2007
Coquille quadrillée
Cet individu arbore une jolie coquille aux motifs quadrillés peu habituels.
Cap Fréhel, Saint-Cast (22), estran
08/05/2008
Blanc
Un individu blanc se délecte de balanes au retour de la marée.
Port de Ploumanac'h (22), estran
06/2008
Jaune
Cet individu jaune a été trouvé plutôt haut sur l'estran. Il est apparemment capable d'attendre longtemps le retour de la marée.
La Grève blanche, Trégastel (22), estran
05/2008
Bicolore
Un spécimen plutôt original ! Sa coquille présente deux couleurs.
Paimpol (22), estran
05/2008
Opercule et canal siphonal
Observez l'ouverture du dernier tour de spire : le canal siphonal* est bien visible à l'extrême gauche, et l'ouverture de la coquille est protégée par un opercule* corné de couleur rouge sombre.
Baie de Saint-Brieuc (22), estran
06/2008
En Normandie
Deux individus grisâtres rampent ici sur l'estran normand, peut-être à la recherche de balanes et de bivalves.
Saint-Valéry-en-Caux (76), estran
10/2007
En plongée
Immergés, les pourpres se mettent en chasse. Cet individu est accompagné du cortège animal classique de la côte de granite rose : les balanes, dont il se nourrit, et sa cousine, la gibbule ombiliquée.
Trégastel (22), 4 m
29/06/2008
Victime ?
Les pourpres se délectent de bivalves dont ils percent la coquille au moyen de leur puissante radula. Observez ici le trou laissé sur la valve du haut de ce bivalve : il pourrait bien s'agir de la trace laissée par l'assaut d'un pourpre ! Le plongeur photographe, David Borg, signale un grand nombre d'individus aux alentours du bivalve...
Presqu'île Renote (22), 9 m
28/06/2008
Un prédateur perceur
Le pourpre est capable de percer les coquilles de moules (comme ici) et il en aspirera le contenu.
Belle Ile (56), 2 m, en apnée
10/2008
Attaque ?
Les pourpres s'attaquent parfois à d'autres gastéropodes comme les patelles. Que fait donc cet individu, rampant sur un bigorneau ? Ce dernier était très actif et semblait vouloir échapper au pourpre...
Trégastel (22), estran
07/2008
Epibiose
La coquille du pourpre peut être colonisée par des hydraires, des spirorbes et, comme ici, des balanes.
Trébeurden (22), estran
07/2008
Ponte
Juste avant l'arrivée du printemps, ponte "massive" sur la zone estran.
Saint Malo (35), Plage Solidor, estran
02/02/2013
Ponte
Au printemps, les pourpres déposent leur œufs sur substrat rocheux et souvent parmi les algues sous forme de petites capsules blanches à jaunes.
Île Tatihou (50), estran
09/2005
Eclosions
Les jeunes pourpres ont éclos ! Les capsules, ici teintées de pourpre, sont toutes perforées.
Roscoff (29), estran
25/04/2008
Rédacteur principal : Christian SCOUPPE
Vérificateur : Frédéric ZIEMSKI
Responsable historique : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Yves MÜLLER