Fuseau de Tarente

Pseudofusus rostratus | (Olivi, 1792)

N° 5598

Méditerranée et côtes atlantiques proches

Clé d'identification

Coquillage brun-roux de forme allongée (3 à 6 cm de longueur)
Ouverture semi-circulaire
Cordons primaires longitudinaux, séparés par des cordons secondaires
Rostre long
Corps rouge orangé

Noms

Autres noms communs français

Fusinus rostré

Noms communs internationaux

Rostrate whelk, rostrate neptune, beaked Fusus (GB), Conochia (I), Zierliche Spindelschnecke, Geschnäbeltes Spindelhorn (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Plus de 70 synonymes dont :
Fusinus rostratus (Olivi, 1792)
Gracilipurpura rostrata (Olivi, 1792)
Murex rostratus Olivi, 1792
Trophon rostratus (Olivi, 1792)
Fusinus sanctaeluciae (von Salis-Marschlins, 1793)
Fusinus strigosus Lamarck, 1822
Fusinus carinatus (Roemer, 1836)
Fusus fragosus Reeve, 1848
Fusus lateroides (Monterosato, 1891)
Pseudofusus rostratus var. lateroides Monterosato, 1891

Distribution géographique

Méditerranée et côtes atlantiques proches

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises)

L’espèce est principalement présente en Méditerranée et sur les côtes de l'Atlantique Nord-Est proches (Maroc, Canaries et Portugal notamment).
Elle a été importée accidentellement en baie de Saint-Brieuc et en baie de Morlaix, où elle est désormais solidement installée.

Biotope

Pseudofusus rostratus est surtout connu pour fréquenter les fonds sédimentaires et détritiques circalittoraux*, y compris à des profondeurs importantes (plus de 800 m en Méditerranée), même si l’espèce ne dédaigne pas les très petits fonds, comme dans la lagune de Venise.

En Manche, cette espèce est préférentiellement rencontrée sur les fonds de maërl*. En Baie de Saint-Brieuc on peut la rencontrer aussi occasionnellement sur l’estran*, sur substrat* rocheux.
En Méditerranée, elle constitue un hôte classique du coralligène* méditerranéen.

Description

Ce gastéropode de 3 à 6 cm de longueur, possède une coquille allongée en forme de fuseau. Les tours sont nettement bombés et les sutures* très profondes. Les sculptures se présentent sous forme de côtes spirales étroites, visibles sur l’ensemble des tours, de cordons primaires très marqués et de cordons secondaires régulièrement espacés entre les cordons primaires.
Chez certains individus, particulièrement ceux rencontrés dans la partie orientale de la mer Méditerranée, une carène* est présente.
L’ouverture de la coquille, de forme semi-circulaire, est prolongée par un siphon*, grêle et très long (plus long que l’ouverture elle-même). Le bord columellaire* est légèrement détaché.

La coquille est de couleur beige à brun roussâtre.

Il convient de noter que les coquilles de forme aberrante sont bien connues chez cette espèce et font la joie des collectionneurs. Il existe des formes albinos.

L’opercule* corné est de forme ovale.

Le manteau* de l’animal est d'une très belle couleur rouge orangé.

L’article de Paolo Russo (2014), cité dans la bibliographie, présente les nombreuses morphologies de cette espèce.

Espèces ressemblantes

Pseudofusus rostratus peut assez facilement être confondu avec d’autres espèces de la famille des Fasciolariidés (Fusinus parvulus par exemple, qui n’est pas rencontré dans les eaux françaises), voire des Muricidés, comme Hadriana craticulata.

Chez les Fasciolariidés (famille de notre espèce), le canal siphonal* est rectiligne et prolonge directement la columelle*.
Chez Hadriana craticulata, le canal siphonal est oblique et recourbé dorsalement.
On peut également confondre cette espèce avec Fusinus syracusanus, qui présente des bandes alternées claires et sombres, alors que la coloration de la coquille de Pseudofusus rostratus est uniforme.
Il est également possible de le distinguer de Trophonopsis muricata, dont le canal siphonal est plus court et la forme de l’ouverture est davantage ovoïde.

Alimentation

Pseudofusus rostratus est un prédateur qui se nourrit d’autres gastéropodes, de bivalves ou de vers polychètes. Il n’est pas capable de perforer la coquille de ses proies.

Reproduction - Multiplication

L’espèce est gonochorique*. La fécondation* est interne. Peu de choses sont connues sur les spécificités de la reproduction de cette espèce.
Les femelles pondent leurs œufs dans des capsules ovigères* fixées au substrat* contenant chacune quelques embryons*. Chaque capsule ovigère coriace est isolée, non pédonculée, circulaire, aplatie, plan-convexe, à bord irrégulier, offrant parfois un prolongement en rapport avec la forme du substrat. Cette capsule s’ouvre par le centre de sa face convexe.
Ce sont de petits individus semblables à l’adulte qui s’échappent de la capsule.

Vie associée

En Méditerranée (Naples), des colonies de l’hydrozoaire Pachycordyle napolitana Weismann, 1883 ont été trouvées sur la coquille (Schuchert, 2004).

Divers biologie

L’espèce a été découverte dans le nord de la Bretagne hors de sa zone naturelle de reproduction en octobre 2007, en baie de Morlaix, sur fond de maërl* entre 9 et 10 m de profondeur. Peu de temps après, en septembre 2009, on l'observait à la pointe du Roselier en baie de Saint-Brieuc.
Dorénavant l’espèce est considérée comme courante par certains. En novembre 2017, un individu a été trouvé à Penvénan, à mi-chemin entre la baie de Morlaix et la baie de Saint-Brieuc, ce qui semble témoigner de la colonisation progressive des côtes bretonnes par cette espèce.

Cette introduction accidentelle est liée à l’activité conchylicole, particulièrement importante dans les deux premières zones de découverte de cette espèce. L’ostréiculture est à l’origine de l’importation accidentelle d’un grand nombre d’espèces, dont certaines sont invasives : Sargassum muticum, Caulacanthus okamurae, Polysiphonia morrowii, Ocenebrellus inornatus, Ruditapes philippinarum, Rapana venosa, Gibbula albida, etc.
Si Pseudofusus rostratus ne semble pas poser de problème dans les biocénoses* locales, il est encore trop tôt pour affirmer que l’espèce a su trouver sa place.

Informations complémentaires

L’espèce a initialement été décrite par le naturaliste italien Giuseppe Olivi (1769-1795), en 1792, sous le nom Murex rostratus. Elle a ensuite été placée dans le genre Fusinus pendant de très longues années, jusqu’à ce que les travaux de Vermeij et Snyder, en 2018, réhabilitent le genre Gracilipurpura, auparavant considéré comme un simple sous-genre, auquel était rattachée cette espèce. Comme Fusinus strigosus, espèce type du genre Gracilipurpura au moment de sa création par le zoologiste français Félix Pierre Jousseaume (1835-1921), a été mis en synonymie avec Gracilipurpura rostrata, cette dernière espèce est désormais considérée comme l’espèce type de son genre (elle est par ailleurs la seule espèce encore vivante de ce genre, comportant plusieurs espèces fossiles).
Les travaux récents de phylogénie* moléculaire des Fusininés méditerranéens, réalisés par Guilia Fassio & al. (2022), ont mis en évidence le fait que le nom de genre Gracilipurpura créé par Jousseaume s’appliquait en fait à un Ocenebriné, et non à un Fusininé. Ces auteurs ont donc retenu le nouveau nom Pseudofusus rostratus pour cette espèce, revenant ainsi aux conclusions établies par Monteserato en 1884. Ce nom scientifique doit donc désormais être utilisé pour décrire cette espèce.

L’espèce est bien connue comme fossile depuis le Miocène (-23 à -5 millions d’années).

Origine des noms

Origine du nom français

Le nom “Fuseau de Tarente” a été utilisé en 1843 par le naturaliste français Jean-Baptiste de Monet de Lamarck (1744-1821), dans son Histoire des animaux sans vertèbres, pour désigner Fusinus strigosus, espèce désormais synonyme de Pseudofusus rostratus. Il avait utilisé ce nom en précisant que l’espèce était présente dans le golfe de Tarente, dans le sud-est de l’Italie.

Origine du nom scientifique

Pseudofusus : du grec [pseudo] = faux et du latin [fusus] = fuseau. Le genre Fusus comprend d'autres gastéropodes proches.

rostratus : directement issu du latin [rostratus] = muni d’un bec ou d’un rostre (le canal siphonal).

Gracillipurpura : construit à partir des racines latines [gracilis] = grêle et [purpura] = pourpre, le genre Purpura étant déjà un genre de gastéropodes désigné par le naturaliste français Jean-Guillaume Brugière (1749-1798) dans son Encyclopédie méthodique ou par ordre de matières. Histoire naturelle des vers. Ce genre a été créé en 1880 par Félix Pierre Jousseaume qui n’a pas fourni d’explication détaillée sur les raisons le conduisant à désigner ainsi le genre nouvellement créé.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 448958

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Caenogastropoda Caenogastropodes
Ordre Neogastropoda Néogastéropodes Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea.
Famille Fasciolariidae Fasciolariidés

Coquille de taille variable de 15 mm à 600 mm de haut) plus ou moins fusiforme; tours rarement lisses, le plus souvent des stries en spirale et des côtes axiales. Ouverture munie d'un canal siphonal plus ou moins long, souvent légèrement courbé à gauche. Columelle plissée ou non. Opercule corné, à nucléus terminal.Lindner 2011:106.

Sous-famille Fusininae Fusininés
Genre Pseudofusus
Espèce rostratus

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