Caulacanthe d'Okamura

Caulacanthus okamurae | Yamada, 1933

N° 5556

Asie et Indopacifique, introduite en Europe et en Amérique du Nord-Ouest

Clé d'identification

Algue formant un tapis dense, de couleur rouge à brune, de quelques centimètres d'épaisseur dans la zone moyenne à basse de l'estran
Thalle constitué de branches fines, cylindriques, ramifiées de manière irrégulière à pseudo-dichotome
Dernières ramifications courtes, incurvées, ressemblant à des épines
Rameaux du thalle s'entremêlant souvent en pompons

Noms

Noms communs internationaux

Okamura's pom-pom weed (GB)

Synonymes du nom scientifique actuel

Distribution géographique

Asie et Indopacifique, introduite en Europe et en Amérique du Nord-Ouest

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française], ● Indo-Pacifique, ● Atlantique Nord-Ouest

Cette espèce est originaire de l’Indo-Pacifique (Corée, Chine et Japon notamment). Elle a été introduite en Europe et en Amérique du Nord (côte Pacifique) dans la seconde moitié du XXe siècle.
L’introduction en Bretagne est probablement liée à l’utilisation de naissain d’huîtres Magallana gigas en provenance d’Asie.

Biotope

Caulacanthus okamurae se rencontre dans la zone moyenne à basse de l’estran (jusqu’à la zone à Fucus serratus), sur les côtes rocheuses exposées ou en zone plus abritée.
Les colonies les plus facilement observables recouvrent les moules.
En Méditerranée, l’espèce se développe au niveau de l’eau sur les rochers et les moules.

L’espèce est photophile* et ne sera donc rencontrée que dans les zones bien exposées au soleil.

L’algue peut se fixer sur des substrats* durs artificiels, notamment lorsqu’ils sont vierges.

Description

Algue de couleur rouge à brune, pouvant former un tapis dense, de quelques centimètres d’épaisseur (3 cm au maximum), dans la zone moyenne à basse de l’estran. Les jeunes individus présentent une couleur plus rouge que les individus plus âgés. Par ailleurs, la couleur a tendance à s’assombrir avec la déshydratation.

Le thalle* est constitué de rameaux cylindriques fins (0,15 à 0,3 mm de diamètre), ramifiés de manière irrégulière à pseudo-dichotome*, les dernières ramifications, courtes et incurvées, ressemblant à des épines.

La base du thalle est constituée de rameaux rampants fixés au substrat* par de nombreux stolons*. Le support de l’algue peut être extrêmement varié : il peut s’agir de la roche, de moules mais aussi d’algues (Fucus par exemple) ou encore de graviers, que les stolons agglomèrent entre eux.
Les rameaux du thalle s'entremêlent souvent en pompons.

La structure du thalle est uni-axiale (la cellule axiale est toujours visible au centre des coupes transversales). La cellule apicale saillante est à cloisonnement oblique.

Espèces ressemblantes

Caulacanthus okamurae ressemble fortement à Caulacanthus ustulatus, une espèce européenne rencontrée sur la côte atlantique au sud de Biarritz et en Méditerranée. La ressemblance entre ces deux espèces est tellement forte que seules les analyses génétiques et les études au microscope ont permis de les distinguer.
Dans les régions où les deux espèces cohabitent, il est cependant possible de les reconnaître : les rameaux de Caulacanthus ustulatus sont plus épais et leur couleur tire davantage sur le brun (Bárbara et al. 2019).
La particularité relative au diamètre des rameaux est connue de longue date, mais ce seul critère ne justifiait pas, pour de nombreux experts, qu’on élève Caulancathus okamurae au rang d’espèce.

On peut par ailleurs confondre, au premier regard, Caulacanthus okamurae avec certains Gelidium poussant dans les mêmes niveaux, voire avec Ceramium shuttleworthianum. L’examen du thalle, et en particulier la présence des épines très caractéristiques de Caulacanthus okamurae permet d’éliminer le risque de confusion.
En Méditerranée, l’espèce peut aussi être confondue avec le Feldmannophycus rayssiae (Feldmann & G.Feldmann) H.Augier & Boudouresque qui morphologiquement est très proche mais qui se rencontre plus en profondeur et produit des carpospores* terminales en chaînes. Les deux espèces de Caulacanthus et le Feldmannophycus se distinguent clairement entre eux par leurs marqueurs génétiques et par l’organisation de leurs cystocarpes* (Verlaque et al., 2015).

Alimentation

Comme toutes les algues, Caulacanthus okamurae est autotrophe* photosynthétique*. L'algue tire son énergie de la lumière solaire, et grâce à l'absorption d'eau, de dioxyde de carbone et des sels minéraux dissous dans l’eau, elle fabrique les matières organiques nécessaires à son développement.

Reproduction - Multiplication

Le cycle de vie repose sur le mode de reproduction trigénétique classique des Floridéophycées, avec une succession de gamétophytes*, de carposporophytes* et de tétrasporophytes*.

Chez les gamétophytes dioïques*, les individus mâles et femelles sont similaires. Après fécondation, des cystocarpes* sont visibles durant deux mois, à l’extrémité des rameaux. Ces cystocarpes qui ont une cellule de fusion latérale par rapport à l’axe central, produisent des carpospores* terminales simples qui germeront pour donner des tétrasporophytes.

Les organes de reproduction, rarement observés in situ sont facilement obtenus en culture (il faut une température supérieure à 19 °C.). Dans les eaux d’origine de Caulacanthus okamurae, la rareté des organes reproducteurs serait liée à la fréquence des typhons, qui arrachent les extrémités des algues, poussant en zone peu profonde (Choi et al., 2001).

Vie associée

Une étude écologique réalisée en Californie, dans un contexte qui est donc un peu différent du nôtre, a montré que l’implantation de Caulacanthus okamurae avait un impact perceptible sur l'écosystème*. L’étude a mis ainsi en évidence une diminution des balanes et des gastéropodes (ces derniers voyant disparaître leur nourriture de base) mais également une augmentation de la diversité algale et des populations de copépodes et d’ostracodes, profitant de l’accroissement des refuges disponibles créés par cette algue. Il serait intéressant de conduire une telle étude en Europe, comme ceci avait été largement fait après l’arrivée de Sargassum muticum sur nos côtes.

Divers biologie

La plage optimale de croissance pour cette espèce est comprise entre 13 °C et 27 °C, avec un optimum à 23 °C, température assez éloignée de celle des eaux bretonnes.

Informations complémentaires

Les premières observations en Bretagne ont été effectuées en 1986 dans le port de Carantec (Finistère nord). A cette époque, il avait été considéré, sur la base de critères morphologiques et anatomiques, que les individus prélevés appartenaient à l’espèce Caulacanthus ustulatus, espèce indigène rencontrée jusqu’alors au sud de Biarritz. Des analyses génétiques ont montré que les populations présentes sur les côtes bretonnes étaient plus proches des souches asiatiques que des souches européennes de Caulacanthus ustulatus (Rueness & Rueness, 2000). Ce n’est que récemment qu’il a été admis que l’espèce concernée était en réalité Caulacanthus okamurae, ces deux espèces ayant longtemps été considérées comme conspécifiques. Des études génomiques récentes (Hartnell College Genomic Group et al., 2020) ont confirmé la distance séparant le génome mitochondrial des deux espèces. Il existe par ailleurs des différences morphologiques constantes : Caulacanthus ustulatus a des rhizoïdes* internes à la base et ses cystocarpes* ont une cellule de fusion axiale, mais ces critères nécessitent une étude au microscope (Verlaque et al., 2015).

Origine des noms

Origine du nom français

La proposition de nom français est une traduction du nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Le nom du genre (Caulacanthus) provient de la contraction du latin [caulis] = tige et du grec [acantha] = épine. Allusion directe à la forme du thalle, composée de rameaux à l’allure épineuse. Yukio Yamada a nommé cette espèce en hommage à Kitara Okamura (1867-1935), éminent phycologue japonais, qui avait initialement identifié cette algue comme appartenant à l’espèce Endocladia complanata Harvey.

ustulatus : du latin [ustulatus] = brûlé, brun, certainement en référence à la couleur rouge à brune.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 496188

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Rhodobionta / Rhodophyta Rhodobiontes Algues rouges, pour la plupart marines.
Classe Florideophyceae Floridéophycées

Thalle élaboré formé de fins filaments branchés ou en lames.

Sous-classe Rhodymeniophycidae Rhodyméniophycidées
Ordre Gigartinales Gigartinales Intérieur du thalle presque toujours filamenteux, uni ou pluriaxial, souvent avec des incrustations calcaires. Organes fructificateurs en coussinets sur le thalle.
Famille Caulacanthaceae Caulacanthacées
Genre Caulacanthus
Espèce okamurae

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