Coquille allongée, largement arquée et assez étroite
Bord antérieur arrondi, postérieur tronqué obliquement
Coquille équivalve et inéquilatérale
Périostracum vernissé brun-jaunâtre à jaune-verdâtre
Longueur entre 80 et 130 mm
Intérieur de la coquille blanc avec des nuances de violet
Siphons courts
Siphons présentant une couronne de tentacules
Couteau courbe, couteau-silique, couteau arqué. Attention ces deux derniers noms ont également été utilisés pour d'autres espèces de Pharidés : Ensis siliqua et Ensis magnus.
D’autres noms, régionaux, sont parfois utilisés mais ces noms ne sont pas spécifiques au couteau-sabre mais à l’ensemble des Solénidés trouvés sur nos côtes : rasoir, manche de coutieu (Nord), couté, mançot, manchot (Cotentin), kountellec (Bretagne), pied de couteau, coutelée, coutoye (côte Atlantique), dille (bassin d’Arcachon), nacre, couteu, cutseu (côtes française méditerranéenne), manico di coltello (Corse)
Pod razor shell, sword razor shell, curved razor shell, sabre razor, common razor shell, curvate Jackknife clam, curvate razor-fish (GB), Capa lunga, capa da deo, cannolicchio curvo (I), Muergo, navaja curvada, navalla curva (E), Schwertförmige Scheidenmuschel, Schwertförmige Messerscheide, Schwertmuschel (D), Slanke kleine zwaardschede, Brede kleine zwaardschede, Glanzende zwaardschede (NL)
Solen ensis Linnaeus, 1758
Ensatella europaea Swainson, 1840
Ensis phaxoides Van Urk, 1964
Ensis sicula Van Urk, 1964
Mer du Nord, Manche, Atlantique Nord-Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Le couteau-sabre est présent sur toutes les côtes européennes : en mer du Nord, en Manche, en Atlantique Nord-Est, de la Norvège au nord jusqu’aux côtes marocaines au sud. On le rencontre également dans toute la Méditerranée.
Le couteau-sabre est une espèce benthique* qui vit enfouie verticalement dans les fonds de sable fin, voire de sable vaseux, à une profondeur de 20 à 30 m. Il ne dédaigne pas les zones où poussent les herbiers de phanérogames marines.
Il est présent de la zone de balancement des marées jusqu’à 80 m de profondeur environ.
Le couteau-sabre possède une coquille allongée, largement arquée et assez étroite. Sa structure est fine et fragile. Les marges dorsales et ventrales sont parallèles ; le bord antérieur est arrondi alors que le postérieur est tronqué obliquement. Les valves sont entrebâillées aux deux extrémités. La coquille équivalve* et inéquilatérale* est de couleur blanc-jaunâtre à brun pâle, barrée en diagonale de lignes de croissance brunes à pourpres. Elle est recouverte d’un fin périostracum* vernissé brun-jaunâtre à jaune-verdâtre.
La longueur de cette coquille oscille entre 80 et 130 mm et sa largeur entre 10 et 19 mm. On notera que sa taille est plus grande en Manche et dans l’océan Atlantique Nord-Est qu’en Méditerranée.
Le ligament* de la charnière est corné et situé proche du bord antérieur. La valve gauche possède 2 courtes dents cardinales* et 2 dents latérales en forme de lames situées l’une au-dessus de l’autre. La valve droite dispose d'une dent cardinale courte et d'une seule dent latérale laminaire. L’intérieur de la coquille est blanc avec des nuances de violet. Les empreintes des muscles adducteurs* et de la ligne palléale* sont bien visibles.
Le pied, de couleur brune, permet à l’animal de s’enfoncer rapidement dans le sédiment.
Comme toutes les espèces du genre Ensis, les siphons* inhalant* et exhalant* sont courts et soudés sauf aux extrémités où ils sont séparés par un intervalle assez profond. Ils sont tachetés de brun-rouge. Les siphons présentent une couronne de fins tentacules* pointus et de plus grands en forme de spatule.
Ensis leei : sa courbure est moins accentuée et la largeur de la coquille nettement plus importante. Il est absent de l’Atlantique Nord-Est et de la Méditerranée.
Ensis magnus : sa courbure est moins accentuée et la largeur de la coquille plus importante Sa longueur est également supérieure. L’empreinte du muscle adducteur* antérieur est plus courte. Les deux extrémités sont tronquées obliquement. Il est absent de Méditerranée.
Ensis siliqua : la forme de ce couteau est plus rectiligne et la ligne palléale* droite. L’empreinte du muscle adducteur antérieur est nettement plus petite. Il est absent de Méditerranée.
Solen marginatus : la coquille est droite et le périostracum* brun clair. Une seule dent cardinale* sur chaque valve ; pas de dent latérale. L’extrémité des 2 valves présente un sillon caractéristique perpendiculaire à l’axe longitudinal.
Le régime alimentaire de ce mollusque suspensivore* est composé de phytoplancton* et de matières organiques en suspension. L'absorption de la nourriture se fait grâce aux deux siphons* qui affleurent à la surface du sédiment. L’un, inhalant*, permet l’entrée d’eau dans la cavité palléale* ; cette eau est filtrée sur les branchies par le mollusque qui en retient les particules alimentaires puis est expulsée vers l’extérieur par l’autre siphon exhalant*.
La reproduction des couteaux se fait dans l’eau. C’est une espèce gonochorique* sans dimorphisme* sexuel. La maturité sexuelle est atteinte dès la première année.
Chez cette espèce ovipare*, les cellules reproductrices ou gamètes* mâles sont libérées dans l’eau de mer au printemps (avril-mai) par le siphon* exhalant*. Elles pénètrent dans la femelle par le siphon inhalant* et les ovules* sont fécondés dans les branchies. Les embryons* sont libérés dans l’eau, se développent en une larve* trochophore*, grandissent, puis se métamorphosent en une larve véligère* capable de nager grâce à une couronne ciliée, le velum*. Ces larves sont transportées par les courants ; après une courte vie planctonique* (2 à 3 semaines) elles se posent sur le fond en dessous du niveau des basses mers et adoptent une vie benthique* en s’enfouissant verticalement.
Le puits creusé dans le sédiment par Ensis ensis est courbe.
Comme la plupart des couteaux, cette espèce figure dans les captures occasionnelles de la pêche artisanale dans pratiquement toute son aire de répartition. Cependant, en Méditerranée centrale et orientale (Sicile, mer Adriatique, Chypre) elle peut être pratiquée de façon industrielle ou semi-industrielle.
La qualité de la chair de cette espèce comestible est diversement appréciée selon les régions, considérée parfois comme ferme ou caoutchouteuse. On l'utilise également comme appât ou esche pour la pêche à la ligne, à la traîne ou dans les vagues (surf-casting). Il est destiné essentiellement pour la pêche des sparidés (sars, daurades…) ou des moronidés (bar commun Dicentrarchus labrax).
La pêche amateur se pratique de différentes façons : à la fourche, à la bêche, à la gouge à couteaux ou à la baleine de parapluie. Le plus spectaculaire reste la pêche à la main avec du gros sel. On en répand une pincée sur la trace en forme de 8 laissée sur le sable, à marée basse, par les siphons du couteau ; ce dernier croyant le flux venir remonte à la surface où une main rapide doit le saisir.
La pêche industrielle s’effectue au moyen de chaluts de fond ou de dragues.
Ce couteau est un met de choix pour de nombreux poissons cartilagineux comme la petite roussette Scyliorhinus canicula ou plats de la famille des Pleuronectidés tel Limanda limanda. Il est consommé également, notamment en Méditerranée, par des étoiles de mer des genres Astropecten spp. (Astropecten aranciacus, Astropecten bispinosus,…). Il est une source de nourriture également pour les oiseaux marins, notamment les goélands (Larus spp.) qui le pêchent à marée basse.
Cette espèce, autrefois largement répandue, s’est considérablement raréfiée à cause de sa surexploitation et de la compétition avec l’espèce invasive Ensis leei.
La réglementation de la pêche maritime à pied de loisir est éditée par la DIRN NAMO (Direction Interrégionale de la Mer Nord Atlantique – Manche Ouest). L’arrêté publié le 28 août 2017 (modifié le 22 septembre 2017) porte sur les engins de pêche, la taille des captures et les zones de pêche. Pour le couteau-sabre cette réglementation est la même que pour tous les autres couteaux des genres Ensis spp. et Pharus legumen. La taille minimum est de 10 cm et la période de pêche subsiste toute l’année pour toutes les régions côtières françaises. S’il n’y a aucune quantité requise pour la Manche, elle est de 5 douzaines en Bretagne et dans les Pays de la Loire, dans la limite de 3 kg par pêcheur et par jour.
Il n'y a pas de réglementation pour la Méditerranée sauf dans le département des Bouches-du-Rhône où le quota est fixé à 1kg de couteau par jour et par personne.
Couteau : la forme de ce bivalve fait penser au manche d'un couteau.
sabre : en rapport à la ressemblance avec l’arme blanche dont la lame est plus ou moins recourbée.
Ensis : mot latin = épée, glaive.
Numéro d'entrée WoRMS : 140733
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda | Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes | Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire. |
Sous-classe | Heterodonta | Hétérodontes | Charnière à dents dissociées. Siphon bien développé permettant aux organismes de se nourrir et de respirer tout en restant enfouis. |
Super ordre | Imparidentia | Imparidenties | |
Ordre | Adapedonta | Adapédontes | |
Famille | Pharidae | Pharidés | Coquille étroite. Charnière à une dent de chaque côté. |
Genre | Ensis | ||
Espèce | ensis |
Sur le sable
Ensis ensis vit sur les fonds sableux de l’étage infralittoral.
Nord presqu'île du Cotentin (50), infralittoral
29/03/2021
Intérieur des valves
L’intérieur de la coquille est blanc avec des nuances de violet.
La Tonne, île Pomègues, archipel du Frioul, Marseille (13), 19 m, sur un fond de sable
10/02/2021
Description en image
Pour mieux comprendre.
La Tonne, île Pomègues, archipel du Frioul, Marseille (13), 19 m, sur un fond de sable
10/02/2021
Charnière
Morphologie de la charnière avec la position des dents.
La Tonne, île Pomègues, archipel du Frioul, Marseille (13), 19 m, sur un fond de sable
10/02/2021
Stries de croissance annuelles
Les arrêts de croissance annuelle forment des stries marquées permettant de connaître l'âge de ce bivalve. Ces individus sont dans leur quatrième année. A noter que les valves droites sont incomplètes (brisées).
Anse de Carteau, Port-Saint-Louis-du-Rhône (13), coquilles issues de la pêche commerciale (Les Viviers de Carteau)
20/03/2021
Coquilles fragiles
La coquille d’Ensis ensis est fine et fragile. A noter que les valves droites sont incomplètes (brisées).
Anse de Carteau, Port-Saint-Louis-du-Rhône (13), coquilles issues de la pêche commerciale (Les Viviers de Carteau)
20/03/2021
Petit couteau arqué
Le couteau-sabre est de petite taille, il mesure environ 11 cm de long. Il est présent sur toutes les côtes européennes, comme ici en Camargue où il cohabite avec une autre espèce aux coquilles rectilignes, le petit couteau-silique Ensis minor.
Anse de Carteau, Port-Saint-Louis-du-Rhône (13), coquilles issues de la pêche commerciale (Les Viviers de Carteau)
20/03/2021
Dessin ancien vu du côté droit
Sur ce dessin de grandeur naturelle, l’animal est dans sa coquille et l’on observe : a. le pied, b. le bourrelet antérieur du manteau, c. le siphon branchial, d. le siphon anal, e-f. la région dorsale de la coquille, g-h. la région ventrale.
"Histoire naturelle des Mollusques", Tome premier, mollusques Acéphalés, Atlas par G.P. Deshayes. Planche XI, fig. 1
Reproduction de documents anciens
1844
Illustration ancienne vue du côté droit
Cette illustration met en évidence le fin périostracum vernissé brun-jaunâtre.
N° 3, planche 1 de l'ouvrage " Conchologia Iconica : illustrations of the shells of molluscous animals", vol. XIX, chapitre : Monograph of the genus Solen de G.B. Sowerby édité chez L. Reeve & Co., Londres.
Reproduction de documents anciens
1874
Dessin de la coquille droite
On distingue parfaitement le ligament externe qui se trouve dans le plan sagittal et proche du bord antérieur.
Dessin colorié n° 10 de la planche XLVII dans "Illustrations of the Conchology of Great Britain and Ireland" du Captain Thomas Brown, édité chez Smith, Elder & Co., Londres
Reproduction de documents anciens
1844
Extrémité antérieure des valves
Sur cette gravure ancienne on distingue, vue de dedans : a. l’impression musculaire antérieure, b. la dent cardinale de la valve gauche, c. la dent cardinale de la valve droite, d, e. dents postérieures en crochet.
"Histoire naturelle des Mollusques", Tome premier, mollusques Acéphalés, Atlas par G.P. Deshayes. Planche XI, fig. 4
Reproduction de documents anciens
1844
Les siphons
Représentation, sous un grossissement de quatre fois environ, des siphons de l’animal vivant : a. extrémité postérieure de la coquille, b. épiderme recouvrant une portion notable du manteau, c. siphon branchial, d. siphon anal, e. premier rang des tentacules s’élevant à la base des siphons ; parmi ces tentacules, quelques-uns, placés entre les deux siphons f. sont plus grands que les autres, g. membrane mince, formant le pourtour du siphon anal, h. grands tentacules spatuliformes, faisant partie du bord du siphon branchial, et recourbés au-dessus de l’ouverture.
"Histoire naturelle des Mollusques", Tome premier, mollusques Acéphalés, Atlas par G.P. Deshayes. Planche XI, fig. 4
Reproduction de documents anciens
1844
Comparaison
Cette planche représente les 3 espèces principales de couteaux des côtes françaises et permet ainsi d'observer leurs différentes formes. Famille des Solenidés = famille des Pharidés, Solen ensis = Ensis ensis, Solen siliqua = Ensis siliqua.
Planche coloriée extraite de l’ouvrage de Ph. Dautzenberg : "Atlas de poche des coquilles des côtes de France"
Reproduction de documents anciens
1913
Enfouissement
Cette planche montre les étapes successives de l'enfouissement dans le sable d'un couteau.
Figure 7 dans l’ouvrage « The Seas : our knowledge of life in the sea and how it is gained» de F.S. Russell et C.M. Yonge
Reproduction de documents anciens
1928
Rédacteur principal : Philippe LE GRANCHÉ
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Van Urk, 1964, The genus Ensis in Europe, Basteria, 28, 1, 2, 13-44.
Von Cosel R., 2009, The razor shells of the eastern Atlantic, part 2. Pharidae II: the genus Ensis Schumacher, 1817 (Bivalvia, Solenoidea), Basteria, 73, 1, 3, 9-56.
La page d’Ensis ensis sur le site de référence de DORIS pour les mollusques : MolluscaBase
La page d’Ensis ensis dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN