La plus grande étoile-peigne métropolitaine (jusqu'à 60 cm d'envergure)
Face dorsale bombée
Nombreuses paxilles rouge orangé à brun pâle sur la face dorsale
Une rangée latérale de fortes épines pointues blanchâtres
Etoile d'ordinaire nocturne, enfouie le jour
Etoile à peignes
Red comb-(sea)star (GB), Stella di mare pettine, stella pettine maggiore (I), Estrella de arena anaranjada (E), (Roter) Kamm Seestern, Roter Kammstern, Mittelmeer Kammstern (D)
Asteracanthion tenuispinus
Asterias savaresi
Asterias tenuispina
Asterias aranciaca Linnaeus, 1758
Asterias aurantiaca Tiedemann, 1816
Astropecten crenaster Dujardin & Hupé, 1862
Astropecten perarmatus Perrier, 1869
Astropecten meridionalis Studer, 1876
Astropecten antarcticus Studer, 1876
Astropecten gruveli Koehler, 1912
Dans la littérature scientifique, l'orthographe du nom d'espèce varie : auranciacus (un "u" s'est intercalé), aurantiacus (en plus du "u", le "c" est remplacé par un "t"), et même aurantciacus (cf. ITIS) !
Méditerranée, océan Atlantique proche
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]On trouvera la grande étoile-peigne dans l'ensemble du bassin méditerranéen. Sa distribution s'étend aux côtes portugaises et aux côtes ouest africaines jusqu'en Sierra-Leone.
Cette espèce affectionne presque exclusivement les fonds sableux, plus rarement les herbiers de posidonies et de zostères, depuis la surface jusqu'à une centaine de mètres de profondeur. Enfouie le jour, elle s'extirpe du sable dès la tombée de la nuit pour chasser. C'est donc la nuit et sur fond sableux qu'il faudra plonger si on veut avoir une chance d'observer cette espèce !
Astropecten aranciacus est la plus grande espèce d'étoile-peigne que l'on pourra rencontrer sur le littoral métropolitain. Elle peut atteindre une envergure de soixante centimètres !
La face dorsale, bombée et percée d'une unique plaque madréporique excentrée, est parsemée d'une multitude de petites pièces squelettiques appelées paxilles* dont la couleur varie du rouge orangé au brun pâle. La face dorsale est de plus totalement dépourvue de pédicellaires*.
Sur le bord supérieur des bras, et sur toute la périphérie de l'étoile, on observe une rangée de plaques, dites supramarginales (car situées au dessus du bord de l'étoile). Elles sont de couleur brune, granuleuses, et portent deux rangées de petites épines. A l'aisselle de chaque bras, elles n'en portent qu'une seule.
Sur le bord inférieur des bras, on observe une autre rangée de plaques, dites inframarginales (car situées en dessous du bord de l'étoile). Elles portent une rangée de fortes épines très rigides et pointues, dont la disposition alignée évoque un peigne. Ces piquants couleur chair, qui mesurent de un à deux centimètres, sont annelés de rouge puis de blanc à leur base. Les plaques inframarginales portent jusqu'à 5 épines supplémentaires (habituellement 2 à 3), beaucoup plus petites, parfois aplaties. La face ventrale et les pieds ambulacraires*, dépourvus de ventouses, sont jaunâtres.
Il est très rare d'observer une grande étoile peigne avec un nombre de bras différent de 5.
En Méditerranée, il existe 5 autres espèces du genre Astropecten.
Elles diffèrent par la disposition de leurs piquants, et par leur taille. Citons:
Astropecten bispinosus (étoile-peigne hérissée) : les bras sont plus effilés, le disque central est étroit, et le long des bras les piquants sont érigés vers le haut. La face latérale des plaques marginales est nue ;
Astropecten irregularis (étoile-peigne commune) : couleur jaune orangé à brune, 20 cm maximum. Une tache oculaire rose violacé à l'extrémité de chaque bras. Absence de piquants sur les plaques supramarginales (pour les individus méditerranéens uniquement) ;
Astropecten jonstoni (étoile-peigne de Johnston) : les cinq bras sont parfaitement triangulaires. Le disque central est large. Couleur grise parfois bleutée, les plaques supramarginales forment un contour bleu-vert net. La base des piquants est annelée d'orange. La taille ne dépasse pas les 8 centimètres ;
Astropecten platyacanthus (étoile-peigne à piquants plats) : espèce jumelle de A. bispinosus. Les bras sont plus effilés, le disque central est étroit, une rangée de piquants érigés vers le haut, une autre rangée de piquants souvent rabattus le long des bras. La face latérale des plaques marginales est hérissée de courtes et fortes épines ;
Astropecten spinulosus (petite étoile-peigne) : comme son nom vernaculaire l'indique, sa taille dépasse rarement les 8 centimètres, et elle arbore toujours une couleur brun chocolat. C'est en outre la seule espèce du genre à posséder de vrais podia terminés en ventouse.
Prédateur très vorace, la grande étoile-peigne a un régime carnivore. Elle se nourrit de gastéropodes, de bivalves, de vers et d'oursins des sables (Echinocardium) dont elle est très friande.
Grâce à ses pieds ambulacraires* nombreux et disposés sur 4 rangées par bras, elle parvient à déceler la présence des proies enfouies, et est capable de les extirper de leur cachette. Elle creuse alors le sable en le rejetant latéralement. Les petits organismes (vers, gastéropodes) sont piégés par les bras de l'étoile puis acheminés vers la bouche par les podia*. Quand les proies sont plus volumineuses (bivalves, oursins), elle dévagine son estomac afin de déverser des enzymes digestives, et elle n'a plus qu'à aspirer le contenu de sa victime, préalablement liquéfié.
La reproduction est sexuée. Elle fait intervenir des gamètes* des deux sexes. Les étoiles se redressent alors sur leurs bras, et émettent en pleine eau des nuages de semence. La fécondation donne une larve* dipleurula, qui rejoint la microfaune du plancton*. Après quelques semaines, la larve subit une métamorphose. Alors que la grande majorité des larves d'Astérides passent par deux stades larvaires supplémentaires, dits bipinnaria puis brachiolaria, les étoiles du genre Astropecten n'ont pas de phase brachiolaria, ce qui est un caractère primitif du groupe. La larve bipinnaria tombe sur le fond et se transforme directement en une minuscule étoile-peigne, qui ne tardera pas à s'enfouir.
Les étoiles-peigne ont par ailleurs la capacité de régénérer efficacement tout ou partie d'un membre abîmé ou amputé (voir photos).
La grande étoile-peigne est capable de parcourir une distance de 25 m pendant la nuit pour se nourrir. Après quelques jours, elle revient précisément à son point de départ ! De retour, et grâce à ses pieds ambulacraires, elle s'enfouit dans un mouvement de rotation qui laisse une trace spiralée à la surface du sédiment, une sorte de moule externe !
Les étoiles-peigne sont fréquemment vendues séchées dans les boutiques pour touristes !
Après une tempête, on peut en retrouver dans la laisse de mer.
Grande étoile-peigne : "étoile-peigne" est la traduction directe de Astropecten, c'est de plus une des plus grandes espèces que l'on pourra rencontrer sur nos côtes, avec une envergure pouvant atteindre les soixante centimètres !
Astropecten : du grec [aster] = étoile, et du latin [pecten] = peigne, les rangées de piquants alignés évoquant des peignes,
aranciacus : du latin [aurantium] = orangé, à cause de la couleur orange de cette étoile.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Asterozoa | Astérozoaires | Echinodermes de forme étoilée. Les bras, simples et parfois absents, sont en nombre variable, et contiennent des organes. |
Classe | Asteroidea | Astérides | Organismes en forme d’étoile, libres. 5 à 50 bras, squelette réduit, estomac dévaginable. Ce sont les étoiles de mer. |
Ordre | Paxillosida | Paxillosides | Face dorsale recouverte de paxilles*. |
Famille | Astropectinidae | Astropectinidés | Ce sont les étoiles peigne, dont les bras sont bordés de piquants rigides. |
Genre | Astropecten | ||
Espèce | aranciacus |
La grande étoile-peigne
Voici la grande étoile-peigne, une des plus grandes espèces que l'on puisse trouver sur le littoral métropolitain, avec une envergure atteignant parfois les 60 centimètres !
Iles Naxos (Grèce), 6 m
08/09/2008
Un peu de vocabulaire
Schéma de la coupe transversale d'un bras d'étoile-peigne.
1- Papule respiratoire
2- Paxille
3- Epine supramarginale
4- Plaque supramarginale (ou marginale dorsale)
5- Piquants de la face latérale des plaques supramarginales
6- Plaque ambulacraire
7- Plaque adambulacraire
8- Plaque inframarginale (ou marginale ventrale)
9- Epines inframarginales
10 et 14- Podia
11, 12, et 13- Epines adambulacraires
N/A
N/A
50 cm de diamètre !
Cet individu mesurait une cinquantaine de centimètres (source : Stéphane Elliott). Observez le bombement dorsal.
Plage de la promenade des anglais, Nice (06), 10 m, de nuit
05/2006
Gros plan de la surface dorsale
Un gros plan sur la grande étoile-peigne nous permet d'observer la moucheture dorsale de paxilles rouges, la rangée de plaques supramarginales, ainsi que ses rangées d'épines rigides disposées comme le long d'un peigne. Observez la double rangée de petites épines portées par les plaques supramarginales : à l'aisselle de chaque bras, il n'y a qu'une épine par plaque.
Provence, de nuit
2000
Corps épais et bombé
Une vue rasante de cette étoile met en évidence le bombement dorsal.
La Love, Antibes (06), 20 m, de nuit
08/08/2007
Plaque madréporique
Sur la face dorsale, excentrée, la plaque madréporique de l'étoile-peigne, qui constitue la crépine par laquelle l'animal régule la quantité d'eau contenue dans son sytème aquifère.
Sec de la Gabinière, Port Cros (83), 30 m
01/07/2006
Face orale
La face orale (ventrale) de l'étoile-peigne est uniformément jaunâtre. Observez les cinq sillons ambulacraires, ainsi que les petites épines qui les bordent. Les podia de cette espèce, alignés sur 4 rangées par bras, sont dépourvus de ventouses.
Le Rascoui, Antibes (06), 15 m, de nuit
13/08/2006
En quête de nourriture
L'étoile-peigne, d'ordinaire de nuit, effectue un trajet pouvant aller jusqu'à 25 mètres, pour trouver de la nourriture. Rassasiée, elle retournera s'enfouir d'où elle vient, à l'endroit initial !
Antibes (06), 10 m, de nuit
08/2007
C'est l'heure du repas !
Un peu avant la tombée de la nuit, l'étoile s'extirpe du sable, en quête de nourriture...
Plage de Voilier, Antibes (06), de nuit
02/08/2006
Un bivalve au menu
L'étoile-peigne a ici attrapé un petit bivalve. Son estomac dévaginé aspirera bientôt son contenu !
Calanque de Pinarellu, Corse (2B), 6 m
26/07/2008
Retournement
Une étoile-peigne sur la face dorsale est capable de se retourner dans le bon sens !
Cagnes-sur-mer (06), 10 m
08/06/2007
Enfouissement
Rassasiée, l'étoile s'enfouit dans un mouvement de rotation qui laisse une trace spiralée à la surface du sédiment.
La Ciotat (13), 36 m, de nuit
27/12/2006
Quatre bras
Une observation très rare concernant la grande étoile-peigne : un individu à 4 bras !
Sec de la Gabinière, Port Cros (83), 30 m, de nuit
01/07/2006
Régénération
Comme bon nombre d'échinodermes, Astropecten aranciacus a la faculté de régénérer des fragments amputés. Les extrémités régénérées des bras apparaissent ici en gris.
Banyuls (66), 15 m, de nuit
11/09/2005
Repousse d'un bras sectionné
Gros plan sur un bras de l'étoile de la photo précédente.
Banyuls (66), 15 m, de nuit
11/09/2005
Laisse de mer : face dorsale
Gros plan latéral sur le test de la grande étoile-peigne. Observez la plaque madréporique, les nombreuses paxilles, ces pièces squelettiques dorsales, ainsi que les plaques supramarginales alignées sur le pourtour de l'étoile, et porteuses de leurs rangées d'épines.
Côte Bleue (13)
07/2007
Rédacteur principal : Frédéric ZIEMSKI
Rédacteur : Delphine COELHO-MANDES
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Roberto PILLON
Responsable historique : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Samuel JEGLOT