Corps rose pâle, translucide, de 12 à 15 mm de long
Corps effilé vers l’arrière et terminé par une queue pointue
Cérates rose à marron avec faces antérieures et extrémités largement blanches
Epaisse ligne blanche médiane sur la tête s'arrêtant aux cérates et reprenant sur la queue
Rhinophores annelés rose plus soutenu avec court bourgeon final blanc
Marion's facelina (GB), Facelina de Marion (I), Marioni deniztavsani (Turquie)
Facelina marioni Vayssière, 1888
Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]L'espèce est probablement endémique de Méditerranée et s'y rencontre notamment dans sa partie occidentale.
On trouve généralement la faceline de Marion sur des substrats rocheux, en zones peu profondes (3-15 m) et peu éclairées : versants et tombants orientés au nord, surplombs, etc.
Le corps de ce nudibranche est mou, allongé, effilé notamment vers l’arrière. L’adulte mesure 12 à 15 mm de long.
La faceline de Marion est globalement rose pâle, relativement translucide. Elle possède une ligne blanche médiane bien marquée et nette qui part entre les 2 rhinophores* (parfois accompagnée de très petites ponctuations blanches à ce niveau) et s’estompe avant la moitié du dos. Puis la ligne blanche reprend sur l'arrière du corps jusqu'au bout de la queue.
L’avant du corps porte notamment 2 paires d’appendices bien visibles :
La première paire (la plus antérieure) est composée de deux tentacules oraux relativement fins, longs, lisses, dirigés vers le bas. Ces organes sensoriels sensibles au toucher sont, chez Facelinopsis marioni, roses avec les extrémités blanchâtres.
Les 2 appendices suivants, un peu plus courts que les précédents, se trouvent sur la tête même de l'animal et sont dressés comme des cornes : ce sont les rhinophores. Ceux-ci, rose soutenu, souvent un peu plus sombres que le corps, montrent un petit nombre de lamelles (6 à 10). Puis, au-dessus de cette partie lamellée épaisse, un petit, fin et court bourgeon blanc dépasse.
Derrière les rhinophores, deux points noirs, minuscules, sont néanmoins visibles. Il s'agit des taches oculaires.
De nombreuses papilles dorsales, les cérates*, assez épais et courbes, sont visibles sur le dos. Implantés par groupes peu discernables en plongée, ils prennent naissance de chaque côté du dos et, allant vers la médiane du corps, sont plus ou moins couchés vers l'arrière. Ces cérates sont rose vif à rouge-brun (parfois marron à orangé) mais la face avant de ces appendices porte une large bande blanche opaque bien définie, du premier tiers jusqu'à l'apex*, qui, lui, est complètement recouvert de cette couleur blanche. S'il n'y porte pas attention, le plongeur distrait peut penser les cérates entièrement blancs. Mais s'il regarde de près, il pourra voir la glande hépatique rouge-brun par transparence.
Après le bloc cératal (l'ensemble des cérates), le corps se termine sur une queue nue (outre la reprise de la ligne blanche) assez longue et effilée, se terminant en pointe.
On trouve en Méditerranée plusieurs éolidiens de couleur proche (autour du rose) et pouvant éventuellement faire penser à Facelinopsis marioni même si les larges marques blanches de celle-ci lèvent facilement le doute.
Citons entre autres :
Comme la plupart des éolidiens, la faceline de Marion est une prédatrice d'hydraires dont elle mange les polypes*.
Les facelines de Marion sont hermaphrodites* synchrones (simultanément mâle et femelle) mais un même individu ne peut pas s’autoféconder et il y a donc nécessité de copulation avec un partenaire. Les organes génitaux se situant sur le flanc droit de l’animal, les deux partenaires doivent se placer tête-bêche "collés" par leurs flancs droits pour échanger leurs spermes respectifs. Puis chacun ira pondre ses œufs dans un endroit adéquat, souvent proche d’une espèce-proie.
La ponte des éolidiens constitue généralement une spirale enroulée sur une branche d'hydraire. Chaque espèce de nudibranche montre une forme et une couleur particulière. Nous manquons encore d'éléments pour caractériser celle de Facelinopsis marioni.
Lorsqu’ils mangent les polypes de cnidaires, les éolidiens conservent intactes les cellules urticantes (cnidocytes*) de leurs proies par un phénomène encore mal connu (il est possible qu'il s'agisse de cnidocytes embryonnaires). Ces cnidocytes intacts, peut-être immatures encore, quittent le tube digestif dont des extensions s'engagent dans les papilles dorsales, pour s’accumuler dans des zones spécifiques à l’extrémité des cérates : les cnidosacs*. Elles deviennent dès lors armes de défense pour le nudibranche ! Lorsqu’un prédateur tente de manger la limace, il prend une décharge de cellules urticantes dans la bouche, recrache généralement sa proie et n’y revient pas.
La couleur plus claire de l’extrémité des cérates, ainsi que la couleur vive et colorée de son corps sont ainsi devenues signaux de toxicité du nudibranche pour ses prédateurs potentiels. Ces couleurs d’avertissement sont appelées couleurs aposématiques*. Elles sont d’ailleurs parfois copiées par des espèces non toxiques qui profitent de la méfiance des prédateurs à leur égard (mimétisme batésien*).
Ces cérates sont implantés en plusieurs groupes de chaque côté du dos. Le nombre de groupes change probablement selon la taille de l'animal (un animal de 8 mm étudié par [Schmekel & Portmann 1982] portait par exemple 4 groupes de cérates). Mais on peut dire que l'anus se trouve toujours au niveau du second groupe et que le gonopore* se situe à droite, dans l'espace entre le premier et le second groupe de papilles.
Contrairement aux autres sous-ordres de nudibranches, les éolidiens n’ont pas de branchies ; la respiration se fait à travers le tégument*, notamment au niveau des cérates.
Les taches oculaires ne sont pas des yeux à proprement parler. Il s'agit de cellules pigmentées reliées aux centres nerveux et ne permettant sans doute qu'une distinction sombre/clair, ombre/lumière…
L’animal, comme beaucoup de mollusques opisthobranches, possède dans la bouche une radula*, sorte de râpe dentelée mobile, munie de denticules acérés, qui lui sert à attaquer les polypes d’hydraires lui servant de proies. L'observation de cette radula, lors d'une dissection et grâce à des appareils optiques, est un élément fondamental dans la classification des nudibranches car chaque espèce possède une conformation et une organisation spécifique de cet appareil buccal. Ainsi, la radula de Facelinopsis marioni est principalement composée de dents en forme de fer à cheval avec une cuspide* proéminente et 6 denticules sur chaque côté.
Faceline de Marion : traduction du nom scientifique.
Facelinopsis : mot composé de deux parties. [faceli-] est extrait du nom de genre Facelina, celui-ci venant du latin en désignant un aspect marqué de lignes. Le suffixe [-opsis] est généralement utilisé principalement pour indiquer une ressemblance. Ici : "qui ressemble à une faceline, qui a l'aspect d'une faceline".
Le genre Facelinopsis a été créé par Alice Pruvot-Fol en 1954 qui notait quelques légères différences avec les espèces du genre Facelina.
marioni : espèce dédiée par Albert Vayssière à Antoine-Fortuné Marion (1846-1900), naturaliste français qui fut notamment, à partir de 1872, directeur du Laboratoire de Zoologie Marine de Marseille. Vayssière y fut l'élève de Marion avant d'en devenir à son tour directeur en 1921.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Cladobranchia | Cladobranches | |
Famille | Facelinidae | Facelinidés | Eolidiens au corps grêle, aux cérates groupés en faisceaux, sans pédoncule. En général tentacules pédieux, rhinophores à lamelles ou annelés. |
Genre | Facelinopsis | ||
Espèce | marioni |
Une robe remarquable
La robe de cet éolidien (rose à rouge, ligne blanche nucale, avant des cérates blanc opaque) est suffisamment remarquable pour que les risques de confusions soient restreints.
Cap d'Antibes (06), de nuit
03/02/2009
Une ligne sur la tête
Une caractéristique de la faceline de Marion est la ligne blanche bien visible qui démarre entre les rhinophores et qui va vers l'arrière de l'animal. Elle s'estompe en général avant la moitié du dos puis se termine sur la queue pointue.
Alpes Maritimes (06), de nuit
27/02/2009
Rinophores lamellés
Les rhinophores* épais de la faceline de Marion montrent un petit nombre de lamelles roses puis se terminent par un court bourgeon blanc.
On distingue également sur ce cliché, derrière les deux rhinophores, les deux points noirs des taches oculaires.
Banyuls-sur-mer (66), 4 m
26/03/2011
Y a même des taches de rousseur !
Cet individu montre quelques points blancs répartis sur la tête et le museau !
Les cérates sont extrêmement sombres...
Banyuls-sur-mer (66), 4 m
26/03/2011
Des marques blanches opaques et épaisses
Les bandes blanches qui marquent les cérates et la tête de Facelinopsis marioni sont larges et bien opaques ! Rien à voir avec les délicates lignes blanches de Flabellina lineata. Par ailleurs, aucun des éolidiens roses du genre Flabellina n'a de ligne blanche aux mêmes endroits. La confusion avec la faceline de Marion est donc peu probable.
Cap d'Antibes (06), de nuit
03/02/2009
Nuances de couleurs I
La faceline de Marion peut montrer quelques variances de couleurs à quelques endroits. Ici, si le corps est bien rose translucide, on peut observer que les rhinophores sont d'un rose vif plus soutenu. On peut également voir par transparence la couleur orange des capsules ovigères* sur toute la longueur des cérates.
Cap d'Antibes (06), de nuit
16/03/2009
Nuances de couleurs II
De rose ou orange, les cérates peuvent également apparaître brun très sombre à pourpre. Ces variations de couleurs sont-elles dépendantes du régime alimentaire du nudibranche ?
Alpes-Maritimes, de nuit
27/02/2009
Parmi les éolidiens roses
Facelinopsis marioni vient se joindre aux autres éolidiens roses de Méditerranée, comme Flabellina affinis, Flabellina ischitana ou Flabellina pedata. Heureusement, des éléments bien visibles permettent à coup sûr de sortir notre petite faceline de Marion du lot !
Cap d'Antibes (06), de nuit
03/02/2009
Cérates blancs ?
S'il n'y prend garde durant la plongée, le plongeur inattentif décrira facilement un individu rose avec des cérates blancs !
Méditerranée
N/A
Biotope
La faceline de Marion se rencontre plutôt sur des endroits sombres, comme des versants exposés nord ou des surplombs.
Alpes-Maritimes, de nuit
27/02/2009
Nourriture
On aperçoit sur la droite de l'animal des polypes d'hydraires dont se nourrit la faceline de Marion.
Cap d'Antibes (06), de nuit
03/02/2009
En Languedoc-Roussillon
Sur l'ouest des côtes méditerranéennes françaises...
Banyuls-sur-mer (66), 4 m
26/03/2011
Sur la Côte d'Azur
La faceline de Marion semble pour l'heure endémique de Méditerranée.
On voit ici un individu vaquer sous un thalle de dictyote.
Alpes-Maritimes, de nuit
27/02/2009
Rédacteur principal : Magali PERRIN
Rédacteur : Alain-Pierre SITTLER
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
La page sur Facelinopsis marioni dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN