Coquille turriculée
Sculpture de gros tubercules
Opercule corné
Cérithe commun, cérithe vulgaire, cornet, cornuchon
Common cerithe, common needle whelk (GB), Torretta comune, torricella, caragol longo (I), Pada común (E), Gemeine Seenadelschnecke, Nadelschnecke, gemeine Hornschnecke (D)
Murex alucoides Olivi, 1792
Thericium vulgatum (Bruguière, 1792)
Cerithium rupestre Risso, 1826
Cerithium aluchensis Brusina 1870
Cerithium inscriptum Monterosato, 1884
Cerithium bourguignati Locard, 1886
Cerithium servaini Locard, 1886
Cerithium subvulgatum Locard, 1886
Cerithium compositum Locard & Caziot, 1900
Thericium nigronodosum F. Nordsieck, 1974
Thericium caputornatum F. Nordsieck, 1982
Cerithium payraudeauti Gaglini, 1992
Quelques 37 synonymes et variétés de cette espèce polymorphe ont été donnés à Cerithium vulgatum. Nous n’en retiendrons, ici, que les principaux .
Méditerranée, Atlantique proche
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Cette espèce est commune dans toute la Méditerranée. Elle est présente également dans l’archipel des Canaries.
Il semble que le cérithe-goumier ait vécu à une époque peu lointaine sur les côtes atlantiques ; des coquilles roulées ou brisées ont été retrouvées sur les plages de La Baule et de ses environs.
Philippe Dautzenberg précisait en 1913 dans son ouvrage « Atlas de poche des coquilles des côtes de France » : « Elle parait avoir vécu également à une époque peu reculée sur le littoral de l’Océan, puisqu’on en rencontre constamment de nombreux exemplaires brisés et roulés sur les plages de la Baule, entre le Pouliquen et le Pornichet, sans qu’il en ait cependant été recueilli jusqu’à ce jour un seul exemplaire vivant dans ces parages ».
Cerithium vulgatum fréquente les fonds sédimentaires (sableux ou vaseux) recouverts d’algues, souvent à proximité de substrats durs. Il vit en eau peu profonde (étages médiolittoral* et infralittoral*).
La coquille de ce cérithe est turriculée*, assez allongée, avec 10 à 12 tours de spire* peu bombés munis de tubercules* et de varices* axiales* du sommet à l’ouverture. L’apex* est très pointu, parfois émoussé. L’ouverture est échancrée et l’on note la présence d’un opercule* corné de forme ovale et spiralé. Cette ouverture se termine par un court canal siphonal*. La columelle* est sinueuse. Le bord externe ou labre* est arrondi, il est souvent dentelé, parfois entièrement lisse.
La couleur de la coquille est grisâtre avec des flammes brunâtres.
L’animal est de couleur gris verdâtre avec des lignes noires parallèles.
La coquille peut atteindre 7 à 8 cm de longueur (3 à 6 cm en moyenne) et 2,5 cm de diamètre.
Trois grandes espèces peuvent être distinguées sans ambiguïté (cf. Garilli) : Cerithium vulgatum, C. alucastrum, C. protractum.
Cerithium alucastrum : cette espèce est moins commune. Sa coquille est plus effilée, de couleur brunâtre à crème. Elle vit en eau plus profonde. Sa coquille est souvent recouverte d’algues encroûtantes calcaires. Son aire de répartition semble réduit au bassin occidental et au nord du bassin oriental de la Méditerranée.
Cerithium lividulum : cette espèce est plus petite (2,5 cm maximum). Les tubercules moins proéminents s’amenuisent sur le dernier tour. Son aire de distribution est identique à celle de Cerithium alucastrum avec, en plus, une forte présence dans les archipels de Macaronésie*. Dans la littérature, on trouve souvent cette espèce sous le nom erroné de Cerithium rupestris ou C. rupestre. Les petits specimens de C. vulgatum sont difficiles à distinguer de C. lividulum.
Cerithium repandum : de taille plus petite, il ne dépasse pas
30 mm de longueur. Ce cérithe est limité à la côte nord de la Tunisie et au sud
de la Sardaigne.
Cerithium protractum : distincte par la présence de côtes axiales et l'absence des nodules épineux typiques.
Essentiellement phytophage*, le cérithe se nourrit d’algues et de nombreux petits détritus divers.
Les cérithes sont des organismes gonochoriques*. La femelle pond des œufs enveloppés dans un cordon gélatineux, tordu et emmêlé, qui peut mesurer jusqu’à 50 cm de longueur. On estime que chaque cordon contient quelques millions d’œufs. La période de ponte s’échelonne de mai à août.
Le développement comprend plusieurs stades pélagiques* (planctotrophiques*). Une larve* trochophore*, pourvue d'une petite coquille spirale operculée et d'un voile cilié, éclot après la fécondation et nage librement. Cette larve se développe ensuite en larve véligère* qui, après quelques jours de vie planctonique, devient benthique*. Elle se métamorphose ensuite en un petit gastéropode identique aux adultes.
La coquille vide du cérithe est, comme celle de nombreux gastéropodes, récupérée par un pagure ou bernard-l’ermite qui l’utilise comme habitat pour protéger son corps mou de nombreux prédateurs.
C’est à ce stade que la coquille peut être porteuse d’épibiontes* : algues rouges encroûtantes ou annélides tubicoles calcaires.
Cerithium vulgatum est consommé par d'autres gastéropodes : Conus ventricosus, Euthria cornea, ou Hexaplex trunculus.
Cette espèce est extrêmement commune dans tout le bassin méditerranéen.
Beaucoup de cérithes fossiles sont trouvées dans les calcaires grossiers de construction du Lutétien (47,8 à 41,3 millions d'années) dans le Bassin parisien.
On a retrouvé de nombreux sites protohistoriques autour de la Méditerranée, où la présence de coquilles de cérithes était importante. En effet la chair du pagure ou celle du cérithe avaient un caractère alimentaire certain et faisaient également un excellent appât pour la pêche (dorades, labres, sars). De nos jours son intérêt économique est très faible ; sa chair étant plus utilisée comme appât que comme source de nourriture. Il est cependant présent sur les étals des marchés du sud de l’Italie et de la Grèce où il est pêché de façon artisanale au moyen de chaluts de fond ou de dragues.
Actuellement de genre masculin, cérithe était autrefois de genre féminin.
Du fait du nombre important de synonymes, il est possible de supposer comme Poppe et Goto (European Seashells, vol. 1, p. 112, 1991) qu’il s’agirait d’un complexe d’espèces.
Cérithe (ou cérite) : traduction du nom scientifique.
goumier : soldat marocain qui a servi dans l’armée française et dont la tenue était un manteau à capuchon, ou djellaba, rayé brun et gris distinctif. Forme et couleur faisant penser à celle de la coquille du cérithe.
Cerithium : du grec [ceras] = corne avec le suffixe diminutif grec [-idion] ; nom de genre créé par le naturaliste français Jean-Guillaume Bruguière (1749-1798) qui attribua le nom à Adanson, qui l'avait lui-même emprunté à l’érudit italien Fabio Colonna (1567-1650).
vulgatum : mot latin signifiant habituel, ordinaire, répandu. Nom d’espèce nommé ainsi du fait de sa fréquence.
Numéro d'entrée WoRMS : 139066
| Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
|---|---|---|---|
| Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
| Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
| Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
| Ordre | non attribué | non attribué | Ce taxon n'a pas encore reçu un nom de la part des spécialistes. |
| Famille | Cerithiidae | Cérithiidés | Coquille à tours nombreux, à sculptures axiales , coloration variable. Canal siphonal peu incurvé. |
| Sous-famille | Cerithiinae | Cérithiinés | |
| Genre | Cerithium | ||
| Espèce | vulgatum |
Gastéropodes à coquille unique : escargots subaquatiques et assimilés (ex. Prosobranches et Hétérobranches/Pulmonés)
Coquille spiralée bien visible non recouverte par le manteau
Retourné
Retourné le temps de la prise de vue, on voit néanmoins les tentacules dépasser de l'ouverture.
Étang de Thau (34), 5 m
29/10/2010
Gastéropodes à coquille unique : escargots subaquatiques et assimilés (ex. Prosobranches et Hétérobranches/Pulmonés)
Coquille spiralée bien visible non recouverte par le manteau
Tête
L'animal cherche à s'enfouir dans le sédiment. On distingue sur la tête les 2 tentacules sensoriels, les 2 yeux et l'entrée du canal siphonal.
Rouqueyrol, étang de Thau (34), 4 m
12/04/2008
Coquille turriculée
La coquille est turriculée, assez allongée, avec plusieurs tours peu bombés munis de tubercules et de varices axiales.
Sec de Valenti, cap Béar, Banyuls-sur-Mer (66), 18 m
24/09/2002
Nombreux tubercules
La coquille grisâtre est munie de tubercules et de varices axiales de l’apex à l’ouverture.
Le Petit Moure, La Ciotat (13), 15 m
04/08/2010
Tête de profil
On distingue les rayures sombres sur cette vue rapprochée de la tête. Le tentacule droit avec à sa base l’œil est bien visible.
Etang de Thau (34), 2 m
01/05/2021
Vue rapprochée de la tête
Les deux tentacules sensoriels et un de ses yeux sont bien visibles.
Etang de Thau (34), 2 m
01/05/2021
Juvénile
La coquille de ce juvénile possède plusieurs tours peu bombés munis de tubercules et de varices axiales de l’apex à l’ouverture.
Anthéor, Saint-Raphaël (83), 5 m
11/12/2010
Proboscis d'un juvénile
Ce juvénile se nourrit d'algues à l'aide de sa trompe ou mufle.
Cannes (06), 1 m
07/11/2022
Face ventrale
Sur cette photo, prise en aquarium, on observe les détails de la sole pédieuse.
Le Canet (06)
18/02/2020
De face
Sur cette vue de face, prise en aquarium, on observe son mufle et ses deux tentacules sensoriels.
Le Cannet (06)
18/02/2020
Coquille habitée par pagure
Cette coquille de cérithe, occupée par un pagure, est recouverte d'algues rouges calcaires épibiontes.
Hyères (83), 20 m
02/04/2011
Protection
Cette coquille vide fait le bonheur de cet oursin qu'il utilise comme camouflage.
Rouqueyrol, étang de Thau (34), 4 m
12/04/2008
En épave
Cette coquille roulée de cérithe a été trouvée sur la plage de La Rochelle. Elle fait probablement partie de la population atlantique résiduelle.
La Rochelle (17), plage
06/10/2017
Pour mieux comprendre
Morphologie de Cerithium vulgatum d’après une planche ancienne.
Planche 18 de l'ouvrage de W. Kobelt : "Die Gattung Cerithium Lam.", dans « Systematisches Conchylien-Cabinet von Martini und Chemnitz », Nuremberg, Allemagne.
Reproduction de documents anciens
1898
Planche ancienne
Cette planche montre différents Cerithium vulgatum de Sicile et de l’archipel des Baléares, en Méditerranée occidentale.
Planche 17 de l'ouvrage de W. Kobelt "Die Gattung Cerithium Lam.", dans « Systematisches Conchylien-Cabinet von Martini und Chemnitz », Nuremberg, Allemagne.
Reproduction de documents anciens
1898
Faces ventrale et dorsale
Ces dessins anciens montrent, en détail, les faces ventrale et dorsale de Cerithium vulgatum.
Extraits des planches 17 et 18 de l'ouvrage de W. Kobelt : "Die Gattung Cerithium Lam.", dans « Systematisches Conchylien-Cabinet von Martini und Chemnitz », Nuremberg, Allemagne.
Reproduction de documents anciens
1898
Dessins anciens
Ces dessins anciens de Cerithium vulgatum représentent : 1. = un individu femelle, 2. = un individu mâle, 3. = une coquille de la variété épineuse.
Fig. 1, 2 et 3 de la planche 6A de l'ouvrage de H. M. D. de Blainville : “Malacozoaires ou Animaux Mollusques”, Faune française, Paris.
Reproduction de documents anciens
1825
Grande espèce
Ce dessin ancien représente l’espèce Cerithium vulgatum, un des deux plus grands cérites en Europe.
Dessin de A. D'APREVAL dans l'ouvrage de Ph. Dautzenberg : "Atlas de poche des coquilles des côtes de France".
Reproduction de documents anciens
1913
Rédacteur principal : Philippe LE GRANCHÉ
Vérificateur : Yves MÜLLER
Correcteur : Marc DAMERVAL
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
de Blainville, 1825, Faune française ou histoire naturelle, générale et particulière des animaux qui se trouvent en France, constamment ou passagèrement, à la surface du sol, dans les eaux qui le baignent, et dans le littoral des mers qui le bornent, Malacozoaires ou animaux mollusques, vol. II, ed. Levrault, Paris, 320p., pls. 1-41.
Garilli V., Galletti L., Parrinello D., 2017, Distinct protoconchs recognised in three of the larger Mediterranean Cerithium species (Caenogastropoda: Cerithiidae), Molluscan Research, 38, 2, 105-118.
La page de Cerithium vulgatum dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page de Cerithium vulgatum sur le site de référence de DORIS pour les mollusques : MolluscaBase
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