Nombreuses petites écailles
Barres sombres sur la queue
Un grand lambeau cutané au dessus de chaque œil
Pas de lambeaux cutanés sous la mâchoire inférieure
Rascasse porc, petite rascasse
Black Scorpion-fish, brown scorpionfish, small-scaled scorpionfish (GB), Scorfano nero, scorfano bruno (I), Cabracho de roca, rascacio de roca (E), Brauner Drachenkopf, Kleine Meersau (D), Bruine schorpioenvis (NL), Rascasso de pintas (P)
Cottus massiliensis Gmelin, 1778
Scorpena porcus Blach, 1788
Scorpaena rascassa Lacepède, 1801
Scorpaena erythraea Cuvier, 1829
Méditerranée, mer Noire, Atlantique Nord-Est
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]La rascasse brune est présente en Méditerranée, en mer Noire ainsi que dans la partie est de l’Atlantique, des îles Britanniques aux Açores, dans les îles Canaries et sur les côtes Marocaines.
La rascasse brune est très commune sur les fonds exposés à la lumière dans les lagunes ou les herbiers. On la rencontre également sur les fonds rocheux riches en algues et sur le coralligène. Sur ce substrat, son camouflage la rend souvent invisible aux yeux du plongeur non averti. La rascasse est ainsi capable d’homomorphie* mais également d’homochromie*. De plus, les individus de couleur brune se rencontrent généralement dans les faibles profondeurs alors que ceux avec les autres couleurs sont plus profonds. Dans son habitat, cette espèce est commune à abondante. La rascasse brune vit généralement de 5 à 20 m de profondeur. Cependant des individus ont été observés dans une zone allant de 2 à 800 m.
La taille de la rascasse brune varie de 22 à 25 cm en moyenne et peut atteindre 30 cm. Elle présente une tête massive portant des crêtes et des épines. Un grand lambeau cutané, à peu près aussi long que le diamètre de l’œil, est visible au dessus de chaque œil. Il caractérise l’espèce. La tête et le corps de cette rascasse comporte aussi de nombreux lambeaux cutanés, mais jamais sous la mâchoire inférieure. La bouche est largement fendue. Des dents villiformes* sont présentes sur les deux mâchoires et la voûte buccale. Les écailles sont petites, nombreuses et de forme cténoïde*. On compte 65 à 70 rangées verticales sur le corps mais aucune écaille sur la tête et la base des nageoires pectorales.
De coloration habituellement brun marbré, elle peut apparaître plus ou moins jaunâtre ou verdâtre, parfois violacée, rosée ou même rouge vif. Dans certains cas on peut apercevoir une zone claire, pouvant former un bandeau sur la nuque. La nageoire dorsale unique compte 12 à 13 rayons épineux et 9 à 11 rayons mous. La nageoire anale a 3 rayons épineux et 5 à 6 rayons mous. La nageoire caudale, arrondie, est généralement traversée de trois bandes sombres.
Scorpaena notata : écailles plus grandes et moins nombreuses.
Scorpaena scrofa : taille plus importante ; nombreux lambeaux de peau sous la mâchoire inférieure.
Scorpaena maderensis : tête plus fine ; deux paires de lambeaux de peau blancs en dessous de la mâchoire inférieure; deux bandes noires, une sur la nageoire caudale, une sur l’extrémité de la queue.
La rascasse brune chasse à l'affût. Elle se nourrit principalement de petits poissons (blennies, gobies), de crustacés et d’autres invertébrés.
L'espèce est gonochorique*, c'est à dire que les sexes sont séparés. La taille, la durée de vie et le taux de croissance diffèrent selon les sexes. La maturité sexuelle est atteinte vers 3 ans. Les mâles sont plus petits que les femelles. La saison de reproduction s’étend du mois de juin au mois de septembre. Les femelles peuvent pondre jusqu'à 200 000 œufs, qui sont agglomérés dans une masse gélatineuse.
La rascasse brune peut être parasitée par des crustacés, comme des isopodes du genre Nerocila ou Ceratothoa.
Scorpaena porcus est une espèce sédentaire et solitaire. Elle passe le plus clair de son temps immobile, posée sur le fond. Elle nage très peu, mais si elle est dérangée, elle peut "bondir" très rapidement avant de s'immobiliser de nouveau sur le fond. Ses écailles sont recouvertes d'une fine couche muqueuse qui desquame environ tous les mois afin d'éviter la fixation d'algues.
La rascasse brune peut vivre de 12 à 18 ans.
Les rascasses sont connues pour les douloureuses piqûres de leurs épines venimeuses. Les épines sont dorsales, céphaliques, operculaires, pectorales, pelviennes et anales. Chaque épine est creuse et contient une glande à venin neurotoxique. Le tout est recouvert d'une peau fine. Il n’y a pas de canal excréteur. L’appareil venimeux des rascasses est uniquement utilisé pour la défense. La victime s’injecte elle-même le venin par pression sur l’épine.
Les rascasses sont toujours très bien camouflées et immobiles, ce qui les rend difficiles à apercevoir et augmente le nombre d’accidents, qui sont cependant sans gravité. La rascasse fait confiance à son camouflage et reste parfois immobile même lorsqu’on s'approche à quelques centimètres. Elle se contente alors de dresser sa nageoire dorsale, exhibant la menace de ses épines venimeuses.
Comme tous les venins des rascasses, celui-ci est thermolabile*. Une source de chaleur supérieure ou égale à 50° C, à proximité, ou sur la zone envenimée, détruit les principes actifs du venin.
Cette espèce est sans doute la plus commune des rascasses méditerranéennes. Elle est bien connue des plongeurs car facile à approcher.
La rascasse brune est une espèce comestible à chair blanche qui entre notamment dans la composition de la bouillabaisse.
Rascasse : de l’ancien provençal [rascas] qui pourrait signifier "atteint de la teigne", peut-être en raison des nombreuses taches que portent les rascasses et qui pourraient évoquer la teigne. En ancien provençal [rascas] pourrait aussi signifier "brut, piquant rude", mais ce sens n’est pas totalement attesté.
Brune : du fait de sa couleur foncée.
Scorpaena : du grec [scorpaina], dérivé de [scorpio] = scorpion, et qui désignait les poissons de mer que nous appelons aujourd’hui "rascasses" ou "poissons-scorpions".
porcus : du latin [porcus] signifiant porc.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Scorpaeniformes | Scorpéniformes | Poissons scorpions. |
Sous-ordre | Scorpaenoidei | Scorpénoïdes | |
Famille | Scorpaenidae | Scorpénidés | |
Genre | Scorpaena | ||
Espèce | porcus |
Ecailles
Les nombreuses petites écailles présentes sur le corps de cette rascasse sont une des caractéristiques de l’espèce.
Escala, Espagne, 23 m
23/08/2005
Tête
Scorpaena porcus présente une tête massive portant des crêtes, des épines et de nombreux lambeaux cutanés.
Côte Bleue, Elvine (13), 13 m
18/03/2007
Lambeaux cutanés
Les lambeaux cutanés présents au-dessus des yeux sont une des caractéristiques de la rascasse brune. Ils ne sont cependant pas systématiquement présents chez tous les individus.
Cap roux (83), 20 m
04/2009
Tête jaune
La coloration de la tête de la rascasse peut être très variable. Ici la tête apparaît jaune.
Cerbère (66)
28/06/2006
De couleur verte
Cette rascasse brune arbore une autre nuance de couleur.
Corse, 2 m
23/09/2004
Prédation
La rascasse brune se nourrit principalement de petits poissons.
Cerbère (66)
1990
Prédation ... suite
... mais elle ne dédaigne pas de plus grosses proies si l'occasion se présente !
Cap d'Antibes (06), 10 m
26/08/2010
Camouflage
La rascasse brune se camoufle aisément en milieu rocheux du fait de ses nombreuses excroissances, mais elle peut également adopter la couleur de son substrat, comme ici sur un milieu sableux.
Sardaigne
2009
Dans l’herbier
Certains individus sont par contre bien visibles lorsqu’ils se trouvent au milieu des feuilles de posidonies.
Port Cros (83), 20 m
24/08/1999
En fuite
Une rascasse brune dérangée dans son affut qui nage en pleine eau, toutes épines dressées. On voit bien les écailles et la peau lisse sous la pectorale.
Cap Ferret (33), 6 m
01/09/2002
Juvénile
La reconnaissance des juvéniles des Scorpénidés n'est pas toujours facile, la coloration n'étant pas un critère fiable. Toutefois, les très petites écailles sur le corps et l'absence d'appendices oculaires (qui par contre seront présents chez l'adulte) permettent de confirmer qu'il s'agit de Scorpaena porcus.
Antheor (83), 3 m
02/01/2011
Dessin ancien
Planche issue de l'histoire naturelle des poissons : Allgemeine Naturgeschichte der Fische, Bloch, 1787.
Bloch
Reproduction de documents anciens
1787
Rédacteur principal : Pascaline BODILIS
Vérificateur : Sylvain LE BRIS
Responsable régional : Sylvain LE BRIS
Bilgin S., Celic S.E., 2009, Age, growth and reproduction of the black scorpionfish, Scorpaena porcus (Pisces, Scorpaenidae) on the Black Sea coast of Turkey, Journal of Applied Ichthyology, 25, 55-60.
Deudero S., Morey G., Frau A., Moranta J., Moreno I., 2008, Temporal trends of littoral fishes at deep Posidonia oceanica seagrass meadows in a temperate coastal zone, Journal of Marine Systems, 70, 182-195.
Ferr J., Petric M., Matic-Skoko S., Dulcic J., 2008, New host record, black scorpionfish Scorpaena porcus (Pisces, Scorpaenidae) for Nerocila orbigny and Ceratothoa parallela (Crustacea, Isopoda, Cymothoidae), Acta adriatica, 49 (3), 255-258.
La page sur Scorpaena porcus sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page de Scorpaena porcus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN