Valve gauche (seule visible) arrondie, bombée, d'environ 60 mm de diamètre
Mince, translucide à opaque, blanchâtre à jaunâtre ou brunâtre à roussâtre
Bivalve fixé au substrat par un byssus calcifié et par la valve droite
Pétale de rose, estafette
Onion peel, common saddle oyster, common jingle shell (GB), Ostra de perro (E), Weiße Wierbelschale, Zwiebelmuschel, Sattelmuschel (D), Ostrica cipollina (I), Paardezadel, venfter donblet (NL)
Anomia ephippium possède de nombreux synonymes. Citons :
Anomia radiata (Brocchi, 1814)
Anomia fornicata (Lamarck, 1819)
Anomia patellaris Lamarck, 1819
Anomia polymorpha Philippi, 1836
Anomia radians Costa, 1839
Anomia simplex d'Orbigny, 1842
Anomia adhaerens Clement, 1879
Anomia ephippia Locard, 1886
Mer du Nord, Manche, Atlantique Nord-Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Anomia ephippium est distribuée sur les côtes de l'Atlantique Est, du sud de la Norvège jusqu'aux côtes occidentales de l'Afrique, en Manche, en mer du Nord et en Méditerranée. Elle pourrait aussi être présente localement dans quelques îles de l'Atlantique Nord et Sud.
Les anomies sont fixées de préférence sur les pierres, les crampons de laminaires ou sur d'autres coquilles de mollusques (comme par exemple la coquille Saint-Jacques) du bas de l'infralittoral jusqu'à 200 m de profondeur. On peut les rencontrer également par petits fonds dans les eaux saumâtres comme dans l'étang de Thau. Elles affectionnent particulièrement les zones d'aquaculture.
La coquille de l'anomie est nettement inéquivalve* (les valves ont un aspect différent), irrégulière et approximativement ronde. Elle est toujours fixée au substrat par la valve droite.
A l'âge adulte le diamètre de la coquille atteint 60 à 65 mm. Sa coloration va du blanchâtre, jaune, rose, au roux fauve avec parfois des reflets bleutés. L'intérieur est fortement nacré. La coquille est mince.
La valve gauche (celle du dessus) est bombée et recouvre complètement l'autre valve. Elle peut avoir divers aspects : lisse, boursouflée, ridée voire écailleuse. Elle montre des lignes de croissance irrégulières. Sur sa face interne trois empreintes musculaires sont distinctes (une pour le muscle adducteur qui relie les deux valves et deux pour le byssus*). La coquille est translucide chez les individus jeunes, plus opaque chez les individus âgés.
La valve droite (celle du dessous) plus petite est invisible car cachée par la valve gauche quand l'animal est vivant. Elle épouse parfaitement la forme du substrat auquel elle est fixée, et prend ainsi un aspect très variable. Elle montre une échancrure, le plus souvent en forme de goutte (pouvant secondairement se refermer), par laquelle passe le byssus calcifié qui permet à l'animal de rester fixé. Sa face interne ne présente qu'une seule empreinte musculaire (muscle adducteur). Il n'y a pas de dent à la charnière et le ligament plutôt réduit est très puissant.
Pododesmus patelliformis (Linnaeus, 1761) est plus régulièrement ronde, l'umbo* (partie saillante de la coquille) est pointu, les côtes sont plus saillantes. Environ 40 mm de diamètre, espèce circalittorale, de la Norvège jusqu'en Méditerranée. La coquille vide présente deux empreintes musculaires bien séparées.
Pododesmus squama (Gmelin, 1791) est approximativement circulaire et présente des stries concentriques. Environ 40 mm de diamètre, espèce infralittorale, sur les côtes de Norvège et autour des îles Britanniques. La coquille vide présente deux empreintes musculaires fusionnées.
Heteranomia squamula (Linnaeus, 1758) est plus petite (environ 10 mm), et présente des stries concentriques apparentes. La coquille vide présente deux empreintes musculaires séparées par une ligne fine.
Le plongeur novice pourra éventuellement confondre l'anomie adulte avec l'huître plate (Ostrea edulis), et la jeune anomie avec une patelle.
L'anomie est un bivalve filtreur* suspensivore*. L'eau est aspirée par le siphon inhalant puis est rejetée par le siphon exhalant. Au passage, la respiration s'effectue et les particules nutritives en suspension sont prélevées, avec une nette préférence pour le phytoplancton*.
Anomia ephippium est une espèce gonochorique* c'est-à-dire que les sexes sont séparés. L'émission des gamètes* et la fécondation se font dans l'eau. Cette dernière donne une larve* véligère* pélagique* qui mène une courte vie en pleine eau avant de tomber sur le fond. L'anomie vit et périt là où la larve s'est fixée.
Comme la crépidule (Crepidula fornicata), l'anomie est souvent trouvée fixée sur les coquilles d'autres mollusques, comme la coquille Saint-Jacques (Pecten maximus), le triton, et même l'ormeau (voir photos), notamment au sein des élevages conchylicoles.
La coquille de l'anomie peut être colonisée par des algues encroûtantes, des spirorbes, des pomatocères, des balanes, etc...
Le byssus calcifié d'Anomia ephippium est une exception dans le monde des bivalves. A presque 98% composé d'aragonite il est dur et sert d'opercule au passage dans la valve droite fixée. Il est terminé par une forme d'osselet s'incrustant dans le substrat. Cela a pour conséquence de fixer l'animal durant toute sa vie.
La structure des valves est différente : la valve gauche est souvent très nacrée (abondance d'aragonite) par rapport à la valve droite qui est composée majoritairement de cristaux de calcite. Il s'agit d'une organisation différente du calcaire : en pyramides pour la calcite et en couches pour l'aragonite. Cela explique que la lumière qui se réfléchit sur ces différentes couches de la nacre produise de superbes couleurs.
La valve droite des anomies a la faculté de prendre et de conserver la forme des roches, objets et animaux sur lesquels le mollusque se fixe, comme un moule externe. De ce fait les anomies ont par le passé causé bien des soucis aux zoologistes au moment des descriptions et du choix des classifications, avant que l'on comprenne qu'il ne s'agissait en fait que d'une seule et même espèce.
Les anomies causent un réel travail supplémentaire aux ostréiculteurs, car les larves se fixent sur les systèmes de captage, ainsi qu'aux pêcheurs car elles sont ramassées par les chaluts de fond et les dragues.
Il arrive localement que cette espèce soit consommée, mais sa chair est peu appréciée.
Les anomies se rencontrent souvent échouées sur les plages ou dans les mares de l'estran mais rarement entières.
A cause de leurs couleurs irisées dans le jaune et le rose, les coquilles d'anomies sont utilisées au cours d'activités manuelles de représentations de fleurs artificielles et d'autres objets.
Anomie est la francisation du nom de genre scientifique Anomia.
La valve visible (celle de dessus) évoque par sa forme bien ronde une pelure d'oignon ou un pétale de rose.
Anomia : de "a", privatif, et du grec [nomos] = loi, donc [anomos] = sans loi, irrégulier, anormal, inégal. Le nom de genre Anomia met en évidence la croissance sans règle stricte de cet animal, qui dépend directement de son support et de son environnement.
ephippium : du latin [ephipp] = sur un cheval, ephippium exprimant l'image d'une selle sur un cheval, de la même manière que l'anomie se fixe sur divers supports.
Numéro d'entrée WoRMS : 138748
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda | Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes | Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire. |
Sous-classe | Pteriomorphia | Ptériomorphes | Muscle adducteur postérieur développé, antérieur réduit. |
Ordre | Ostreoida | Ostréoïdes | Adultes sans pied. Pas de byssus chez les adultes (il se résorbe à l'âge de un an et demi à deux ans). Souvent fixés au substrat par la valve gauche par un ciment calcaire. Charnière sans dent. Cartilage ligamentaire dans une fossette triangulaire. |
Famille | Anomiidae | Anomiidés | |
Genre | Anomia | ||
Espèce | ephippium |
Sur une pierre
L'anomie est fréquemment fixée sur les pierres. Ce jeune individu présente une valve gauche translucide, à travers laquelle on devine les organes internes.
Entre Collioure et Cerbère (66)
N/A
Un bivalve arrondi
La coquille de l'anomie est arrondie et a valu au bivalve son nom de pelure d'oignon.
Port de Tamaris (83), 1 m
16/03/2008
Croquée ?
La valve visible de cette anomie présente sur la droite une trace de blessure, peut-être une morsure... Le bord du manteau est ici particulièrement bien visible.
Saint-Cast-le-Guildo (22), 23 m
30/05/2009
Sur un ormeau
Une observation plutôt insolite : cette anomie se fait transporter par un ormeau (Haliotis tuberculata lamellosa) ! En arrière plan, un oursin grimpeur (Psammechinus microtuberculatus).
Entre Collioure et Cerbère (66)
N/A
Sur un triton
Cette anomie s'est fixée sur une coquille de triton (Charonia lampas).
Entre Collioure et Cerbère (66)
N/A
Filtration
L'anomie arbore parfois une coloration brune. Ici, de profil, on peut voir les deux valves, dont l'ouverture permet la respiration et l'alimentation du mollusque.
Entre Collioure et Cerbère (66)
N/A
Epibiose
Cette anomie est recouverte de petites algues et de tubes de pomatocères qui la rendent peu visible.
Espagne
10/07/2007
Coquille vide ouverte
Vue d'une coquille vide d'anomie. La valve droite, très fine ici, présente une ouverture en forme de goutte au travers de laquelle le byssus peut fixer le mollusque au substrat. La valve gauche est la seule visible en plongée quand le bivalve est vivant. Les empreintes d'insertion des muscles et du byssus sont bien visibles. L'intérieur est fortement nacré.
Littoral de Manche-Atlantique
N/A
Coquille vide fermée
Voici le mollusque dans sa position de vie, retourné. La valve visible ici est la valve droite. L'échancrure est bien visible : elle permet le passage du byssus et une solide fixation au substrat.
MNHN, Paris (75)
N/A
Dans la laisse de mer
La coquille d'anomie est fréquemment retrouvée dans la laisse de mer. A cause de la forme très variable de sa valve droite (qui dépend du substrat sur lequel le mollusque s'est fixé), on a longtemps cru avoir affaire à plusieurs espèces différentes !
Littoral de Manche-Atlantique
N/A
Rédacteur principal : Christian SCOUPPE
Vérificateur : Yves MÜLLER
Vérificateur : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Yves MÜLLER