Forme grossière de cône plus ou moins haut
Apex souvent émoussé, coquille souvent recouverte de divers organismes
Base circulaire plus ou moins régulière de 6 cm de diamètre maximum
Côtes rayonnées, peu saillantes et régulières
Extrêment abondante sur l'estran rocheux de notre littoral
Bernique, bernicle, berniche, chapeau chinois
Brennigenn, brinnigenn, bernacle (Bretagne), jambes (Charentes), lappes (Pays Basque)
Common Limpet (GB), Lapa, lapa vulgar, lepas, lamparo, cuco (E), Lapa (P), Gemeine Napfschnecke (D), Gewone schaalhoren, puntkokkel, hoedschelp (NL), Albuskjell (N)
Mer du Nord, Manche, océan Atlantique
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]La distribution de la patelle s'étend sur la façade Atlantique, de la Norvège jusqu'aux Açores. On la trouvera également sur les côtes ouest des îles Britanniques, ainsi qu'en Manche, en mer du Nord.
Les patelles affectionnent les substrats durs (ou tendres comme la roche calcaire des côtes normandes) de l'estran auxquels elles se fixent très solidement à la manière d'une ventouse très puissante. On les trouvera en mode calme ou battu du médiolittoral supérieur jusqu'à quelques mètres de profondeur. Ces mollusques font partie du cortège d'organismes marins capables de se fixer très haut sur l'estran et de résister longtemps à l'émersion, même en plein soleil.
La patelle est un gastéropode dont la coquille est approximativement conique à base presque circulaire. Le diamètre de cette base atteint au maximum 6 centimètres (jusqu'à 8 cm en Irlande).
Elle porte des côtes peu saillantes plutôt régulières.
La hauteur de la coquille dépend des conditions hydrodynamiques environnantes : bombée en mode battu et plus aplatie en mode calme ou en profondeur.
Le corps comporte une tête avec un mufle et deux tentacules céphaliques gris, un pied musculeux très puissant de couleur jaune orangé à gris-brun, et une masse viscérale distincte. Un manteau frangé de minuscules tentacules blancs double la coquille entre le rebord intérieur et le pied.
La couleur dominante extérieure de la coquille est grise mais peut être nuancée de jaunâtre ou de verdâtre. L'intérieur de la coquille, lisse, revêt les mêmes teintes, et des bandes brunes sont visibles sur le bord de l'ouverture.
A l'intérieur, à mi-distance entre le sommet et le bord de l'ouverture, on observe une bande étroite et terne en forme de fer à cheval ouverte vers l'avant : c'est l'empreinte musculaire, la trace de l'insertion du muscle qui relie les parties molles de l'animal à sa coquille.
Cette dernière est le plus souvent recouverte d'algues mais aussi d'autres organismes comme des balanes, des vers, etc...
Patella intermedia Murray in Knapp, 1857 = Patella depressa Pennant, 1777 : l'intérieur de la coquille présente des bandes brunes. Son ouverture est ovale et irrégulière. Elle a un diamètre 3 à 4 cm. Son sommet est plus antérieur que celui de P. vulgata. Sa distribution est identique.
Patella ulyssiponensis Gmelin, 1791 = Patella aspera Röding, 1798 = Patella tarentina : plus souvent immergée, très plate avec des bandes brunes sur le dessus de la coquille visibles également de l'intérieur. Les côtes sont plus aplaties et donnent à la coquille une forme aproximativement géométrique à 10 côtés.
Patella rustica = Patella lusitanica : autour des côtes d'Espagne et du Portugal ainsi que dans le bassin méditerranéen occidental. Elle porte sur sa coquille ovale des fines bandes noires comportant des tirets et des points sur fond gris.
Patella caerulea : très plate avec intérieur irisé bleuté, à très faible profondeur, abondante en Méditerranée, pénètre un peu en Atlantique.
Patella ferruginea : grande patelle de Méditerranée d'environ 8 à 9 cm de diamètre. On la rencontre très haut sur les rochers à la limite des embruns. Grosses côtes couleur rouille donnant son nom à l'animal. Espèce protégée.
Brouteur herbivore, la patelle consomme (de préférence la nuit et à marée haute pendant 4 à 5 heures), des micro-algues qu'elle racle sur les pierres avec sa radula*, puis retourne à sa place pour digérer. Elle retrouve alors le même emplacement dans la même orientation car les contours de la coquille épousent parfaitement son empreinte laissée dans le rocher. Celui-ci peut être éloigné de quelques dizaines de cm avec un maximum d'un mètre. C'est probablement grâce à un odorat très développé qu'elle retrouve son chemin. Ce comportement particulier à la patelle s'appelle le homing*.
Il lui arrive également de s'attaquer aux algues brunes comme les fucus et les ascophylles qu'elle met gravement en danger, en causant par endroits une régression plus ou moins importante de cette ceinture algale.
Il n'est pas rare de voir une ou plusieurs patelles qui se déplacent alors que la marée est redescendue. Elle n'est nullement en danger car elle a une grande capacité à résister à l'émersion.
Choisissez un coin tranquille sur l'estran, immobilisez-vous, tendez l'oreille, et vous entendrez les craquements et les frottements générés par le déplacement d'une armée de patelle !
La reproduction est sexuée. Les patelles sont hermaphodites* protandriques* : elles sont mâles au début de leur vie, puis deviennent femelles. L'émission des gamètes* dans l'eau a lieu en automne/hiver.
Les grandes patelles produisent des œufs et les petites produisent du sperme. La fécondation engendre une larve* véligère qui mène une vie planctonique de 10 à 15 jours. La larve finit par tomber sur substrat rocheux, subit une métamorphose, et se transforme en une minuscule patelle.
Tout individu isolé devient rapidement une femelle.
Il est très fréquent d'observer des patelles dont la coquille est colonisée par des algues, des balanes, des spirorbes, des bryozoaires, etc...
En adhérant fortement aux rochers les patelles se constituent une réserve d'eau. Cela leur permet de respirer donc de survivre pendant l'émersion à l'abri de la dessication jusqu'à la marée haute suivante.
Dans les substrats tendres comme la roche calcaire elles creusent grâce à une sécrétion acide des cavités appellées cupules* dans lesquelles elles s'encastrent : cela leur permet de mieux résister à l'assaut des vagues.
Suivant leur emplacement sur l'estran et la qualité de leur environnement, les patelles peuvent vivre de 5 à 15 ans.
En retournant une patelle, on peut observer une légère dissymétrie de la coquille dans le sens avant arrière. Du fait que cet animal, un archéogastéropode, ait perdu sa branchie droite pendant son évolution, le mouvement de l'eau va de la gauche vers la droite à l'intérieur de la cavité palléale et non d'avant en arrière comme pour les néogastéropodes.
Contrairement à une idée très répandue ce n'est pas que l'effet ventouse qui maintient fortement la patelle sur son support mais également la structure des cellules du pied qui accrochent la roche. Cela se vérifie en décrochant une patelle d'un support calcaire : une couche dure recouvre le pied. Quelques instants plus tard, le pied se relâche et le calcaire peut être enlevé facilement.
Elles sont les proies d'oiseaux de mer, comme les goélands, et des pourpres (Nucella lapillus).
Elles peuvent être consommées (seulement le pied) crues ou cuites.
Patelle commune est la traduction exacte du nom scientifique.
Bernique, bernik et autres mots dérivés sont d'origine gauloise et signifient "petit casque".
Patella : du latin [patella] = petit plat,
vulgata : du latin [vulgus] = foule, peuple, multitude : l'espèce est commune et abondante.
Numéro d'entrée WoRMS : 140685
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Patellogastropoda | Patellogastropodes | Coquille conique aplatie non enroulée en spirale. Large pied adhérant au substrat par succion et complètement recouvert par la coquille. |
Famille | Patellidae | Patellidés | Couronne d’organes respiratoires dans le sillon palléal. Intérieur de la coquille faiblement ou fortement irisé. |
Genre | Patella | ||
Espèce | vulgata |
Commune et abondante
La patelle est un gastéropode commun extrêmement abondant sur toutes les côtes rocheuses européennes, comme ici en Bretagne.
Trébeurden (22), estran
08/2006
Tête et pied
Voici une vue ventrale de la patelle. Observez la tête avec son mufle, ses 2 tentacules céphaliques, ainsi que les nombreux et petits tentacules blancs qui bordent la coquille, visibles ici derrière la tête.
Le Pouliguen (44), sous la surface
11/2005
Soles pédieuses
La couleur du pied de Patella vulgata varie du jaune à l'orange et au gris-brun.
Aquarium de Trégastel (22)
05/2008
En mouvement
Une photo vraiment originale, qui nous montre l'animal vivant dans son milieu !
Zélande (Pays-Bas), 3 m
20/12/2008
Radula
Photo prise en laboratoire sous loupe binoculaire.
La patelle, comme de très nombreux autres mollusques, est dotée d'une langue râpeuse, la radula, qui lui permet de brouter la fine couche d'algues qui se développe sur les rochers.
Trébeurden (22)
08/2006
En déplacement
A marée basse, on peut observer le déplacement des patelles sur les rochers. Elles se déplacent lentement pour chercher des algues à brouter, puis reviennent s'ancrer exactement à leur point de départ : c'est le homing.
Barfleur (50), estran
04/2004
Forage dans le calcaire
Avec le bord de sa coquille, la patelle est capable de creuser la roche tendre pour s'y fixer plus solidement, ici dans le calcaire normand.
Saint-Valéry-en-Caux (76), estran
07/2006
Un abri frais et humide
Sous le soleil estival, il sera fréquent de trouver des patelles réunies dans des anfractuosités fraîches et humides qui leur permettent de résister plus efficacement à la dessication.
Perros-Guirec (22), estran
06/2008
Support de fixation !
La coquille de la patelle sert de support d'ancrage pour plusieurs organismes, comme par exemple pour ces algues.
Ploumanac'h (22), estran
04/2008
Epibiose végétale
La coquille de la patelle sert de support d'ancrage pour plusieurs organismes, comme par exemple pour ces entéromorphes.
Le Pouliguen (44), sous la surface
11/2005
Epibiose animale
La coquille de la patelle sera très fréquemment recouverte de divers organismes animaux, comme les bryozoaires, les spirorbes, et ici les balanes.
Île Tatihou (50), estran
09/09/2006
Laisse de mer
Les coquilles de patelle sont extrêmement abondantes dans la laisse de mer des côtes rocheuses.
Landrellec (22), estran
05/2008
Comparatif
En haut à gauche : Patella vulgata avec intérieur terne.
En haut au milieu : Patella intermedia avec les marques de couleurs bien distinctes.
En haut à droite : Patella rustica avec les marques caractéristiques sur la coquille.
En bas à gauche : Patella vulgata variété picta pour la coloration de l'intérieur de la coquille.
En bas au milieu : Patella ulyssiponensis pour la forme plus plate et les marques épaisses sur la coquille.
En bas à droite : Patella caerulea pour la forme et les reflets irisés bleus même si on ne les voit pas beaucoup sur cette photo.
Montage sur sable
2007
Rédacteur principal : Christian SCOUPPE
Vérificateur : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Yves MÜLLER
Le Neuthiec R., Delemarre J.L., 2003, PATELLES DE CHEZ NOUS, XENOPHORA n°103 pages 28 à 34.
Le Roux A., 2005, DES PATELLES ET DES ALGUES, Ed Penn ar bed, Bulletin trimestriel de Bretagne vivante n°192, 36p.