Nudibranche de petite taille (5 mm) vivant sur des hydraires
8 cérates simples, sur chaque côté du corps, jamais en rangées
Les deux premiers cérates sont opposés, les autres alternés
Progression rampante et saccadée
Tergipe de Johnston
Johnston's balloon eolis (GB), Slanke knotsslak (NL)
Limax tergipes Forskal in Niebuhr, 1775
Tergipes lacinulatus Blainville, 1824
Eolidia despecta Johnston, 1835
Tergipes despectus (Johnston, 1835)
Psiloceros claviger Menke, 1844
Aeolis neglecta Lovén, 1846
Atlantique Nord
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Espèce amphi-atlantique* présente de l'Islande et de la Norvège jusqu'en Méditerranée et de l'Amérique du Nord au Brésil.
Le tergipe furtif vit à faible profondeur sur des hydraires fixés aux algues, aux moules, aux piliers, aux bouées et aux navires amarrés en mer ou dans les estuaires. Sa répartition verticale s'étend du niveau des basses mers jusqu'à 20 m de profondeur.
Cette espèce est euryhaline* et peut donc être observée dans des milieux où la salinité peut être plus faible (jusqu'à 10 ‰).
Tergipes tergipes est un minuscule Eolidien de 5 mm de long (parfois jusqu'à 8 mm). Le corps, étroit et allongé, est blanc translucide avec de discrètes stries rouges ou brunes sur les côtés de la tête et sur les flancs. Une strie rouge brun est visible juste derrière la base de chaque rhinophore*, elle rejoint celles des flancs.
Les viscères, visibles par transparence, sont de couleur crème et la glande digestive est gris vert foncé. Celle-ci a la forme d’un cordon tortueux et ramifié qui parcourt toute la longueur du corps et dont chaque branche se prolonge dans un cérate*. Les 8 cérates (rarement 10) sont simples, les deux premiers sont opposés et les autres sont disposés alternativement le long des côtés du corps (cette disposition est caractéristique de cette espèce). Les cérates ont une forme allongée, gonflée avec un gros cnidosac* blanc à l’extrémité.
Les tentacules* oraux sont courts et translucides, les rhinophores* sont longs (1/3 de la longueur du corps) lisses et fins. La queue est longue.
On peut confondre Tergipes tergipes avec plusieurs espèces d'Éolidiens de petite taille ainsi qu'avec des juvéniles d'espèces de plus grande taille. On distingue deux cas :
- une gaine enveloppe la base de chaque rhinophore et les cérates sont par paires (5 à 9 paires), presque toujours bosselés de tubercules. Il s'agit alors d'espèces du genre Doto (comme Doto fragilis).
- il n'y a pas de gaine à la base des rhinophores. Plusieurs espèces sont dans ce cas, comme par exemple :
Tergipes tergipes est observé sur plusieurs espèces d'hydraires ramifiés dont il se nourrit : Aglaophenia pluma (Linnaeus, 1758), Bougainvillia ssp., Campanularia sp., Clava multicornis (Forskal, 1775), Gonothyraea loveni (Allman, 1859), Laomedea flexuosa Alder, 1857, Obelia dichotoma (Linnaeus, 1758), O. longissima (Pallas, 1766), O. geniculata (Linnaeus, 1758), Hartlaubella gelatinosa (Pallas, 1766), Sertularia sp. et sur les polypes de Coryne eximia Allman, 1859.
Comme tous les Éolidiens Tergipes tergipes est hermaphrodite*. Après un accouplement réciproque, chaque individu va pondre. Les capsules d'œufs sont gélatineuses, blanches, petites (2 mm de longueur) réniformes* contenant chacune environ 150 œufs blancs de 80 à 100 µm de diamètre. Elles sont déposées sur les colonies d'hydraires où vivent les adultes. Ce sont souvent ces capsules qui trahissent la présence de cette espèce. La ponte a lieu de mars à novembre mais surtout d'avril à juin. La durée de vie d'une génération est brève (les adultes sont reproducteurs en 5 semaines).
Cette espèce est observée sur les hydraires qui lui servent de nourriture (cf. rubrique alimentation). Elle peut être présente, parfois en grand nombre, en même temps que Eubranchus exiguus.
Sa progression rampante et saccadée est très caractéristique.
Cette espèce, de par sa petite taille et son mimétisme* avec les hydraires sur lesquels elle vit n'est pas souvent observée, elle est pourtant assez commune. Elle est signalée aux Pays-Bas comme grégaire puisque des populations de 500 individus par mètre carré ont été observées dans ce pays.
Curieusement les lobes de la glande digestive ne sont pas répartis régulièrement : le premier cérate à droite contient un lobe de la glande digestive droite, alors que tous les autres cérates contiennent des lobes de celle de gauche.
Tergipe par francisation du nom scientifique.
Furtif : qui échappe à l'attention. Cette espèce est peu observée du fait de sa petite taille.
Tergipe de Johnston : adaptation d'un nom vernaculaire en anglais, Johnston's balloon eolis. Johnston a été en 1835 un des descripteurs de cette espèce, dorénavant synonyme.
Tergipes : du latin [tergum] = dos, et du latin [pes] = pied , des pieds sur le dos, allusion aux cérates disposés sur le dos. L'espèce a été décrite par Petrus Forskal (1736-1768) mais ce dernier est décédé de la malaria lors de l'expédition en mer Rouge. C'est C. Niebuhr qui a, alors, publié le travail de Forskal en 1775, à titre posthume. Le nom de genre a été donné par Georges Cuvier en 1805.
despectus : du latin [despectus] = mépris, inaperçu, du fait de la petite taille de cette espèce.
Numéro d'entrée WoRMS : 141641
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Cladobranchia | Cladobranches | |
Famille | Tergipedidae | Tergipédidés | Petits éolidiens avec une seule série de cérates fusiformes parfois renflés, peu nombreux, de chaque côté du dos, au pied arrondi en avant, aux rhinophores et tentacules buccaux simples. |
Genre | Tergipes | ||
Espèce | tergipes |
Tergipes tergipes sur une colonie d'hydraires
Les deux longs rhinophores translucides sont bien visibles avec juste en dessous les 2 palpes. Les deux premiers cérates sont opposés et les suivants alternés. Chacun contient un lobe de la glande digestive. En bas, à gauche, une capsule ovigère avec ses œufs est présente juste à côté d'un polype de l'hydraire support.
Sous une loupe binoculaire, animal prélevé dans la Forme 4, Dunkerque (59), 6 m
12/05/2013
Tergipes tergipes sur un hydraire
Au milieu de la photo, le nudibranche est bien visible malgré sa petite taille.
Dans la forme 4 du port de Dunkerque (59), environ 6 m
12/05/2013
Quelques pontes sur un hydraire
Le plus souvent ce sont les petites pontes blanches (des capsules ovigères) qui attirent l'œil et qui nous font découvrir la présence de ce nudibranche discret. Ici, il est au milieu de la photo.
Souvent c'est en regardant les photos que l'on découvre la présence de Tergipes tergipes.
Den Osse, Grevelingen en Zélande (Pays-Bas), environ 4 m
02/07/2011
De plus près
Sur cet individu les deux rhinophores longs et lisses sont bien visibles. Quelques pontes (capsules ovigères) ont attiré l'œil.
Dreischor, Grevelingen en Zélande (Pays-Bas), 5 m
20/05/2006
Tergipes tergipes bien visible
Un individu clair avec, derrière lui, une capsule ovigère*.
Forme 4, port de Dunkerque (59), 6 m
2003
Hydraire avec des pontes et deux Tergipes
Les pontes sont bien visibles, à vous de trouver les deux géniteurs !
Forme 4, port de Dunkerque (59), 6 m
2003
Deux individus d'Eubranchus exiguus
On distingue qu'ils portent plus de 8 cérates dont la forme en urne est caractéristique.
Les Teet'jes, Osterschelde, près de Wemeldinge, en Zélande (Pays-Bas), 4 m
03/06/2002
Tergipes en cours de ponte
L'individu de droite est bien visible. Des oeufs blancs sont encore dans son corps. Une ponte incomplète est au milieu de la photo.
sur les tins, Forme 4, Dunkerque (59), 8m
21/05/2020
Rédacteur principal : Yves MÜLLER
Rédacteur : Jean-Louis LENNE
Vérificateur : Vincent MARAN
Responsable régional : Yves MÜLLER
Camara A., Carmona L., Cella K., Ekimova I., Martynov A., Cervera J.L., 2014, Tergipes tergipes (Forskal, 1775) (Gastropoda: Nudibranchia) is an amphiatlantic species, Journal of Molluscan Studies, 1-5.
Swennen C., Dekker R. van., 1987, De Nederlandse zeenaaktslakken, Wetenschappelijke medelingen, Koninklijke nederlandse Natuurhistorische Vereniging, 183, 1-52.
La page de Tergipes tergipes dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN