Colonie dressée de 15 à 30 cm de haut
Régulièrement en touffes de 4 à 20 colonies
Branches implantées régulièrement autour de l'axe : allure spiralée
Branches pointant vers le haut
Inter-nœud
avec une branche secondaire et 2 paires d'hydrothèques
Ouverture des hydrothèques dirigée vers l'extérieur
Hydraire queue d'écureuil, plume de mer ( c’est un nom commun donné à tous les hydraires ayant une enveloppe rigide)
Squirrel's tail hydroid, neptune plant, white weed, et plus généralement seamoss et sea fir (GB)
Sertularia cupressina var argentea (Linnaeus, 1758)
Thuiaria argentea (Linnaeus, 1758)
Atlantique Nord-Est et Nord-Ouest
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-OuestSa répartition s'étend à tout l'océan Atlantique Nord. On la trouve des côtes des États-Unis et du Canada à l'ouest, et, à l'est du nord des côtes européennes jusqu'au golfe de Gascogne. Elle est présente également en Manche et en mer du Nord où elle est très abondante.
L'espèce Sertularia argentea vit souvent rassemblée en grosses touffes fixées à des substrats* durs comme les roches et coquilles plutôt fixées. Elle affectionne les zones à courant fort ou à courant de marée. On la rencontrera juste en dessous de la zone médiolittorale* jusqu'à plus de 20 m de profondeur.
Sertularia argentea est une colonie dressée d'hydraires de 15 à 30 cm de haut. Le squelette est fait de chitine*. Elle est rencontrée régulièrement en touffe de 4 à 20 colonies.
Elle vit fixée par un stolon* (ou hydrorhize*) relativement court en rapport à sa taille. L'axe principal ou hydrocaule* flexible, de couleur variant du brun clair au brun très foncé est polysiphonique* (soit plusieurs tubes apposés les uns à la suite des autres) et comporte des branches (ou hydroclades*) beaucoup plus claires.
Ces branches sont polysiphoniques également. Elles sont implantées régulièrement autour de l'axe principal donnant une allure spiralée à la colonie. Elles se divisent régulièrement les faisant apparaitre presque dichotomes*. Elles pointent typiquement leur extrémité vers le haut quoique quelques longues branches solitaires puissent pencher vers le bas.
Au stade adulte chaque inter-nœud comporte une branche secondaire et 2 (ou 3 ou plus) paires d'hydrothèques.
Les hydrothèques* sont tubulaires, presque opposées et à peu près fusionnées (adnées) aux 2/3 sur leur branche. L'ouverture est nettement orientée vers l'extérieur. Celle-ci comporte un col très court terminé par 2 entailles biseautées de part et d'autre de l'axe et produit 2 dents latérales (caractère du genre Sertularia) inégales.
Les gonothèques* mâles et femelles sont identiques et peuvent prendre plusieurs formes : très ovalisées, avec un ou deux épaulements* et parfois une petite pointe prolongeant chaque épaulement nettement orientée vers l'extérieur et vers le haut.
L'ouverture terminale est circulaire avec un col très court comportant à l'intérieur douze petits points le faisant ressembler à un collier.
La ressemblance avec Sertularia cupressina est si importante que son statut comme espèce distincte a longtemps été mis en doute. Les deux espèces, selon Moura & al 2011, ne présentent que 0,2 % de différence au niveau de l’ARNm 16S (acide ribonucléique propre à la fraction 16S des ribosomes), ce qui est peu pour les distinguer génétiquement. Des études complémentaires sont attendues.
Les détails sont difficilement discernables sans appareil optique grossissant. Néanmoins on pourra noter :
Comme les autres hydraires cette espèce capture du plancton* en suspension dans l'eau avec les tentacules urticants* des polypes* nourriciers, les gastrozoïdes*. Les tentacules sont recouverts de cnidocytes* et disposés de manière concentrique autour de la bouche. Les proies sont ensuite dirigées vers la bouche située au sommet de chaque polype.
Cette espèce est consommée en même temps que des moules par des poissons plats et par des crevettes comme Leander et Pandalus.
C'est une espèce gonochorique* qui présente donc des colonies mâles et des colonies femelles. La fécondation et le début du développement de la planula* ont lieu dans les gonophores* mûrs. Il n'y a pas de phase méduse libre. La larve* planula plutôt démersale* (au laboratoire la planula ne nage pas en surface mais près du fond) peut se déplacer pendant 2 ou 3 jours, voire plus, puis elle se fixe sur un substrat dur parfois près de ses parents. Elle se métamorphose ensuite en colonie dressée. La reproduction s'effectue généralement entre mars et novembre avec une possibilité de période infertile durant l'été. Cette phase de reproduction a lieu un mois plus tôt en Manche et mer du Nord.
Les colonies peuvent être brisées, fragmentées arrachées par les engins de pêche. Cette espèce présente une grande capacité de régénération par bourgeonnement lors de la longue phase fixée. La durée de vie d'une colonie est estimée à trois ans.
Il n'y a pas à proprement parler de vie associée avec l'espèce Sertularia argentea mais de nombreux épibiontes* peuvent se fixer dessus. On peut donc trouver accrochés aux colonies des représentants de divers embranchements : des éponges, d'autres hydraires (des tubulaires, des Obelia, des Diphasia...), des bryozoaires (comme Electra pilosa), des annélides, de jeunes mollusques bivalves, des nudibranches (comme Doto coronata et sa ponte), des arthropodes comme des pycnogonides, des amphipodes (jassidés, caprelles), des ascidies coloniales (telle Diplosoma listerianum).
Le biotope, généralement des zones où le courant est continu avec une bonne oxygénation, est favorable au développement de tous ces organismes.
Hydrallmania falcata et Sertularia cupressina peuvent être également présentes.
Dans la mer des Wadden (des Pays-Bas au Danemark), cette espèce était récoltée en grande quantité par les pêcheurs de crevettes à partir de 1897 et durant presque tout le 20e siècle représentant une source de revenus non négligeable. La pêche a décliné suite à la chute du marché dans les années 1970. Elle a également fait l'objet d'une exploitation dans l'estuaire de la Tamise.
Les colonies étaient lavées, séchées, teintes et manipulées avec délicatesse pour servir à de multiples décorations florales et d'aquariums, décors de circuits de modèles réduits de trains, articles de mode, dans les pays riverains de la mer du Nord plus particulièrement en Allemagne et aussi aux Etats-Unis d’Amérique.
Ces squelettes de chitine, stables une fois séchés puis peints en vert ont été commercialisés comme : «Plante de Neptune» (et autres noms ), avec des précisions comme : "végétaux ne consommant ni eau ni terre", ou encore « c'est une curieuse plante aquatique qui vient du fond de la mer du Nord et qui vit d'air pur sans eau fraîche, ni terre, ni engrais. Véritable merveille ».../...
Des bryozoaires sont également commercialisés de cette façon.
Remarque : en anglais, plusieurs espèces portent le même nom vernaculaire (white weed) et occasionnent quelques confusions comme ici avec les deux espèces et Hydrallmania falcata.
Il est courant de trouver cette espèce, comme d'autres, en épave dans les laisses de mer surtout après les tempêtes particulièrement en Manche Est et en mer du Nord où elle est très abondante.
Petite astuce pour les récolter : prendre les paquets entier et les remettre dans l'eau pour les démêler plus facilement en faisant attention de ne pas les secouer ni de tirer trop fort pour ne pas les endommager et conserver les gonothèques. Cela permet en même temps de les laver. Ne pas les faire sécher dans un endroit trop exposé à la chaleur ou au soleil et ainsi leur faire garder leur forme. Succès garanti lors d'une présentation.
Il est nécessaire d'utiliser une loupe binoculaire avec un grossissement d'un minimum de 20 fois pour réaliser quelques observations intéressantes. La documentation existe et il y a une réelle satisfaction à découvrir, voire à identifier, quelques espèces tant dans leur forme générale que dans leurs détails particuliers.
Pour les observations, les dimensions vont pour les hydrothèques de 0,24 mm à 0,28 mm de long pour un diamètre de 0,12 à 0,16 mm. Pour les gonothèques, ces mesures vont de 0,80 à 1,10 mm de long et 0,28 à 0,50 mm de diamètre.
La prolifération de ces hydraires a bloqué des systèmes de refroidissement industriels.
Espèce non menacée ne faisant l'objet d'aucune mesure de protection actuelle.
Toutefois des études ont été menées en Allemagne (avant la première guerre mondiale, puis dans les années 80) pour la gestion de la pêche de cette espèce (ainsi que celle de S. cupressina et d'Hydrallmania falcata plus rare) du fait de leur récolte régulière a partir de 1896 et jusqu’au début des années 70. Avant 1900, il n’y avait aucune réglementation, à partir de 1910 la récolte était interdite du 1er avril au 15 juillet puis au 31 août.
Hydraire queue d’écureuil est la traduction du nom commun anglais.
Hydraire argenté est la traduction directe du nom latin.
Sertularia diminutif du latin [serta] = tresse, guirlande : ce nom évoque les entrelacs d'une petite guirlande ;
argentea vient du latin [argentea] = d’argent, qui signifie argenté : couleur de la colonie sèche.
Numéro d'entrée WoRMS : 117912
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Hydrozoa | Hydrozoaires | Cnidaires dont le cycle de vie est alterné, mais de façon inconstante, par deux phases différentes : le polype et la méduse. Présence d’un velum dans la méduse (dite craspédote), gonades ectodermiques, perte des septes, perte des cnidocytes endodermiques. Coloniaux ou solitaires. Quelques espèces d’eau douce. |
Sous-classe | Hydroidolina | Hydroïdes | Hydrozoaires dont le cycle de vie présente toujours une phase polype. |
Ordre | Leptothecata / Leptomedusa | Leptothécates / Leptoméduses | Hydroïdes coloniaux dont les polypes sont protégés par une enveloppe chitineuse, la thèque. Méduses (quand elles existent) aplaties, parfois de grande taille, portant des statocystes sur le bord de l’ombrelle, et des gonades sur les canaux radiaires. |
Famille | Sertulariidae | Sertulariidés | Colonies généralement érigées, les hydranthes peuvent se rétracter complètement dans leurs hydrothèques pourvues d’un opercule à valves. |
Genre | Sertularia | ||
Espèce | argentea |
Sertularia argentea
Cette touffe rassemble environ 16 colonies bien dressées, probablement sur le même stolon dans une zone à courant soutenu.
Saint Malo (35) , 11 m
09/05/2017
Touffe de Sertularia argentea
Cette photo montre une touffe de cinq colonies à marée basse sur le sable, sous le pont de Noirmoutier. Ce n’est ni son milieu habituel ni son niveau bathymétrique mais elle semble vivre normalement même découverte deux fois par jour. Environ 1,5 m au-dessus du plus bas de l’estran par coefficient de 107 donc une zone à marée et à courant fort. J’ai cherché sur une grande zone et je n’en ai pas trouvé d’autres. Elle contredit d’une certaine manière son biotope habituel (qui est situé sous la zone médiolittorale) on peut la considérer comme une exception.
Estran sous le pont de Noirmoutier (85)
02/02/2018
Sertularia argentea en épave
Cette touffe, rassemblant 7 colonies, a été trouvée dans une laisse de mer. Les longueurs varient entre 13 à 24 cm de long. Cette espèce est très abondante en Manche et mer du Nord.
Baie de St Benoît des Ondes (35)
12/04/2017
Comparaison de deux espèces de sertulaires
Ces deux spécimens ont été ramassés en laisse de mer au Cap Gris-Nez. Sertularia cupressina en haut et Sertularia argentea en bas. On remarquera l'allure générale différente des colonies, de la couleur plus blanche et de la densité de Sertularia argentea appelée "queue d'écureuil" en anglais.
Au laboratoire. Cap Gris-Nez
26/01/2017
Sous la loupe
Vue d'une branche d'une colonie ramassée dans la laisse de mer. Ce cliché fait ressortir l'aspect dichotome* de son extrémité. On observera aussi l'implantation des hydrothèques légèrement tournées vers l'extérieur et fusionnées aux 2/3 sur leur branche.
Au laboratoire, sous la loupe binoculaire. St Benoît des Ondes (35)
21/04/2017
Portion d'hydrocaule de Sertularia argentea
Vue d'une portion d'hydrocaule d'une colonie trouvée dans la laisse de mer. Ce cliché montre un entrenoeud d'où partent une branche et plusieurs paires d'hydrothèques (ici 4).
Au laboratoire sous la loupe binoculaire. Saint Benoît des Ondes (35)
24/04/2017
Sous la loupe
Vue de la base d'une colonie trouvée en épave dans la laisse de mer. Ce cliché montre l'hydrorhize court à partir duquel partent 5 hydrocaules polysiphoniques et nus.
Au laboratoire sous la loupe
03/02/2017
Extrémités de deux gonothèques
Ce cliché montre l'extrémité de deux gonothèques. Les épaulements sont courts et fins mais les pointes sont nettement orientées vers l'extérieur.
Au laboratoire sous la loupe
30/01/2017
Gonothèques de Sertularia argentea
Les gonothèques comportent un ou deux épaulements (ici 2) prolongés par une pointe plus ou moins longue. L'ouverture terminale est circulaire avec un col très court comportant à l'intérieur douze petits points le faisant ressembler à un collier.
Au laboratoire sous la loupe
30/01/2017
Les gonothèques
Ce cliché met en évidence la densité des gonothèques ainsi que leur implantation sous les hydrothèques.
Au laboratoire, sous la loupe
24/04/2017
Une guirlande
Ce cliché illustre le côté "sertulaire" de l'espèce, c'est-à-dire sa forme ressemblant à une guirlande.
Au laboratoire, sous la loupe
25/04/2014
Rédacteur principal : Christian SCOUPPE
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Yves MÜLLER
Cornelius P.F.S.,1979, A revision of the species of Sertulariidae (Coelenterata:Hydroid) recorded from Britain and nearby seas, Bulletin of the British Museum (Natural History) (Zoology), 34(6), 243-321.
Hancock D.A., Drinnan R.E., Harris W.N., 1956, Notes in the biology of Sertularia argentea L., Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 35, 307-325.
Henry L-A., Kenchington E.I.R., 2004, Ecological and genetic evidence for impaired sexual reproduction and induced clonality in the hydroid Sertularia cupressina (Cnidaria: Hydrozoa) on commercial scallop grounds in Atlantic Canada, Marine Biology, 145, 1107–1118.
Moura C.J., Cunha M.R., Porteiro F.M., Rogers A.D., 2011, The use of the DNA barcode gene 16S mRNA for the clarification of taxonomic problems within the family Sertulariidae (Cnidaria, Hydrozoa), Zoologica Scripta, 40(5), 520–537.
Schmidt G.H., Warner G.F.,1991, The settlement and growth of Sertularia cupressina (Hydrozoa, Sertulariidae) in Langstone Harbour, Hampshire, UK Hydrologia, 216/217, 215-219.
Wagler H., Berghahn R., 1992, On the occurrence of white weed Sertularia cupressina L. eighteen years after giving up white weed fisheries, Netherlands Institut for sea Research Publication, 20, 299-301.
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Wolff W.J., 2005, The exploitation of living resources in the Dutch Wadden sea: a historical overview, Helgolander Marine Research, 59, 31-38.
La page de Sertularia argentea dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN