Pycnogonon

Pycnogonum litorale | (Strøm, 1762)

N° 941

Mer du Nord, Manche, océan Atlantique

Clé d'identification

Allure d'araignée robuste
Couleur : du jaune pâle au brun rougeâtre
Longueur et envergure de 1 à 2 cm
4 paires de pattes marcheuses griffues recourbées
Prosome terminé par une trompe

Noms

Autres noms communs français

Araignée de mer (ne pas confondre avec les crustacés du même nom)

Noms communs internationaux

Sea spider (GB), Picnogonido litoral (E), Knotige Asselspinne (D), Michelinmannetje (NL), Tyk havedderkop (DK)

Synonymes du nom scientifique actuel

Pycnogonum littorale (Strøm, 1762)

Distribution géographique

Mer du Nord, Manche, océan Atlantique

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-Ouest

On peut trouver les pycnogonons depuis la Norvège arctique au nord jusqu'à l'ouest de la Méditerranée au sud. Ils sont aussi abondants de l'autre côté de l'océan Atlantique, depuis le golfe du Saint-Laurent jusqu'à l'état de New-York.

Biotope

Pycnogonum litorale affectionne les eaux froides à tempérées de l'océan Atlantique Nord. Il s'agit d'un animal benthique* qui fréquente les étages infra et circalittoral* peu profonds, parfois même la laisse de basse-mer. On le trouvera d'ordinaire sur substrat* rocheux, là où se développent des anémones de mer et des hydraires, qui constituent sa nourriture exclusive.
Certains spécimens ont été prélevés par 400 mètres de fond.

Description

Pycnogonum litorale est un étrange petit arthropode robuste et trapu dont l'allure évoque une araignée. Le prosome* est fin et allongé. Il porte la tête, antérieure, surmontée dorsalement par 4 yeux et pourvue d'une longue trompe cylindrique qui s'amincit vers l'avant. Derrière la tête, le prosome est divisé en quatre segments qui portent chacun une paire de pattes locomotrices, dont la longueur peut excéder légèrement celle du corps. Ces pattes sont composées chacune de neuf articles, d'où un nombre d'articulations et de "genous" (étymologiquement) important. Chaque patte est recourbée vers l'avant et se termine par une griffe.
Postérieurement, on observe un opisthosome* minuscule entre les deux dernières pattes.
Dorsalement, la surface de l'animal peut être parsemée de tubercules et d'épines minuscules.
La longueur du tronc (de l'extrémité de la trompe à celle de l'opisthosome) excède rarement le centimètre, l'envergure, elle, ne dépasse pas les deux centimètres.
La couleur du pycnogonon est variable : jaune pâle à brun rougeâtre. Cette coloration dépend du sexe de l'animal (les femelles étant plus claires que les mâles), du temps qui s'est écoulé depuis le dernier repas (les individus rassasiés étant plus foncés) et du temps qui s'est écoulé depuis la dernière mue (les individus dont la mue est "fraîche" sont plus clairs).
Enfin on distinguera les mâles des femelles par la présence de deux appendices supplémentaires portés par le prosome : les ovigères, qui ont un rôle dans la reproduction de l'animal.

Alimentation

Les pycnogonons sont carnivores, ils se nourrissent exclusivement de cnidaires. Adultes, ces organismes percent le tégument de diverses espèces d'anémones au moyen de leur trompe, qu'ils utilisent comme une paille, puis en aspirent les liquides internes.
Les individus juvéniles n'ayant pas une trompe assez forte se contentent d'hydraires, comme Clava multicornis.

Les pycnogonons ne provoquent jamais la mort des anémones. Ils siphonnent simplement une petite quantité de liquides comme un moustique suce le sang de son hôte. Plus qu'un rapport prédateur-proie, les pycnogonons ont un comportement alimentaire à rapprocher davantage du parasitisme. Ils prélèvent des anémones ce dont ils ont besoin pour être rassasiés, sans véritablement leur porter préjudice.

Les anémones convoitées sont Actinia equina, Anemonia viridis, Calliactis parasitica, et Metridium dianthus.

La digestion se fait dans un système digestif ramifié jusque dans les pattes, étant donnée la finesse du prosome.

Reproduction - Multiplication

La reproduction est uniquement sexuée, et les sexes sont séparés. La période de reproduction s'étend du printemps à l'automne. Lors de l'accouplement, le mâle se cramponne à la femelle, au dessus de sa tête. Celle-ci pond ses ovules, qui sont émis ventralement par des orifices situés sous les pattes. Le mâle recueille ensuite les œufs, et au moyen d'appendices spécialisés, les ovigères, il les place sous son ventre, les féconde, et veillera sur eux pendant plusieurs semaines, jusqu'à leur éclosion. Les larves*, de type protonymphon, ne possèdent que trois paires de pattes et passeront par une métamorphose (avant de ressembler à des jeunes adultes) au cours de laquelle elles aquièrent leur quatrième paire de pattes.

Pycnogonum litorale est une des rares espèces d'invertébrés chez qui le mâle prend soin des œufs...

La différenciation des mâles et des femelles chez cette espèce se fait précisément par la présence ou non des ovigères, fins appendices recourbés de part et d'autre du proboscis. Les femelles en sont systématiquement dépourvues.

Vie associée

Cette espèce sera toujours trouvée à proximité d'anémones ou d'hydraires, dont elle se nourrit exclusivement.

Divers biologie

Pourtant caractéristiques de chélicérates, les pédipalpes et les chélifores (équivalents des chélicères des arachnides) sont secondairement absents chez cette espèce : les larves protonymphon en sont pourvues, et les perdent ensuite pendant leur métamorphose.

Comme l'immense majorité des arthropodes, Pycnogonum litorale doit muer pour grandir. Lors de la mue, l'animal se départit une à une de chacune des enveloppes de ses pattes.

Prédateur habituel de pycnogonides, le crabe vert (Carcinus maenas) est incapable de se nourrir de Pycnogonum litorale. Ce dernier sécrète deux hormones défensives qui ont un effet désagréable et répulsif sur Carcinus maenas : ce sont deux ecdystéroïdes nommés 20-hydroxyecdysone 22-acétate et 20-hydroxyecdysone (ou taxistérone).

Informations complémentaires

Linné a longtemps considéré les pycnogonides comme des arachnides, et les a notamment rapprochées des opilions, ou faucheurs. Plusieurs espèces de pycnogonides ont porté autrefois le nom de genre Phalangium, attribué de nos jours à des opilions, arachnides à longues pattes fines.
Les pycnogonides sont en outre souvent appelés "faucheurs de mer".

Origine des noms

Origine du nom français

Pycnogonon est un terme directement dérivé du nom de genre Pycnogonum. Il est parfois utilisé, à tort ou à raison, pour désigner également d'autres espèces de pycnogonides.
Leur nom "araignée de mer" (sea spider en anglais) est dû à leur ressemblance avec les araignées terrestres, avec lesquelles ils sont apparentés. Encore une fois, ne pas confondre les pycnogonides avec les grands crabes du même nom, qui sont eux des crustacés !

Origine du nom scientifique

Pycnogonum : du grec [pycno]= dru, serré, épais, et du grec [goni] = angle, genou : les articulations des 8 pattes sont épaisses et nombreuses,
litorale : du latin [litus] = rivage, côte : en référence au biotope* occupé par cet organisme.
Pycnogonum litorale est donc un organisme aux genoux épais, qui vit près du littoral...

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Arthropoda Arthropodes Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette.
Sous-embranchement Chelicerata Chélicérates Corps divisé en prosome* et opisthosome*. Chélicères et Pédipalpes. 4 paires de pattes locomotrices.
Classe Pycnogonida Pycnogonides Chélicérates exclusivement marins. Opisthosome* fortement réduit voire absent. Une trompe préorale (ou proboscis). Pattes locomotrices composées de 9 segments.
Ordre Pantopoda Pantopodes Unique ordre de Pycnogonides. Ces 2 termes sont souvent considérés comme synonymes.
Famille Pycnogonidae Pycnogonidés Corps trapu. Pattes marcheuses courtes et épaisses.
Genre Pycnogonum
Espèce litorale

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