Sirène

Sirena mirabilis | Andersen, 1837

N° 1677

Cosmopolite

Clé d'identification

Taille comprise entre 1,60 et 1,70 m
Apparence humaine de la tête au bassin
Figure et anatomie merveilleuses
Partie inférieure du corps semblable à celle d'un poisson

Noms

Noms communs internationaux

Mermaid (GB), Sirena (I, E), Sereia (P), Seejungfrau (D), Zeemeermin, Meermin (NL), Zeemarminne, marminne, zeemarmiete (Flandre occidentale), Havfrue (DK, N), Sjöjungfru (SV), Hafmey (ISL), Merenneito (Finlande), Maighdean mhara (Gaélic), Syrena (Pologne), Sireemnid (Estonie), Puteri duyung (Indonésie), Ri (Papouasie)

Synonymes du nom scientifique actuel

Parahomo aquaticus

Distribution géographique

Cosmopolite

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes, ● Atlantique Nord-Ouest, ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Aborder le sujet de la distribution des sirènes revient à permettre à son esprit d'embarquer pour les rivages incertains des dernières "Terrae Incognitae" qui ont pu échapper à toutes les cartographies.
L'aire de répartition des sirènes semble être très vaste, il s'agit d'une espèce probablement cosmopolite, mais avec des probabilités de rencontre qui varient beaucoup d'un secteur géographique à l'autre. Ces probabilités semblent dépendre également de l'état d'esprit de celui qui laisse son regard errer à la surface des flots ou le long des rivages. Sur les côtes d'Europe, on les rencontre notamment en Scandinavie (Danemark surtout) et, en ce qui concerne nos côtes atlantiques, des observations anciennes signalent leur présence près de Guernesey et, en Bretagne, dans la baie de la Fresnaye. Elles peuvent être observées tout autour du bassin méditerranéen, mais principalement dans sa partie septentrionale.

En Papouasie-Nouvelle-Guinée les sirènes semblent être observées très souvent par les populations locales, mais malheureusement, peu d'occidentaux ont pu les apercevoir sur place. En Asie, elles sont répertoriées également au Japon et en Thaïlande.

Biotope

Les sirènes ont la réputation de préférer les côtes rocheuses. Il n'est toutefois pas rare de voir quelques-unes de ces belles sur des plages de sable fin, dans des baies discrètes, et des rencontres en haute mer sont également possibles. Mais il ne suffit pas seulement d'être au bon endroit pour espérer les observer. Avec elles, la notion de biotope est à relativiser. Il ne sert à rien de se mettre sur un promontoire rocheux si on n'est pas capable d'élever son esprit pour rejoindre le leur. Il est inutile de s'immerger dans chaque mer de la planète si on n'est pas capable de plonger au fond de son cœur pour savoir ce que l'on attend d'une telle rencontre.
De manière générale, pour avoir le bonheur d'entrevoir une de ces douces créatures, il faut éviter les endroits qui ont été souillés par une empreinte humaine trop marquée, où les foules se pressent sans autre objectif que l'exhibition de nombrils ramollis. Les sirènes semblent fuir également tous les rivages défigurés par la prolifération d'architectures mercantiles ou saccagés par des aménagements portuaires ou industriels anarchiques.

Description

Les sirènes adultes atteignent en général une taille comprise entre 1,60 et 1,70 m. Les descriptions à leur sujet concernent toujours les individus féminins. Le terme "femelle" est naturellement à proscrire pour ces charmants organismes. Les individus mâles sont encore plus discrets qu'elles et suscitent moins l'intérêt. De la tête au bassin, elles ne sont que grâce et beauté, semblables aux plus beaux modèles féminins de la sculpture antique. Leur visage et leurs formes sont en effet en tous points merveilleux, ce qui leur donne leur nom d'espèce.
Il est évident que ce qualificatif "merveilleuses" n'est en rien rationnel. Mais tous ceux qui ont pu observer ces êtres, du scientifique au cœur sec (ce qui est loin d'être le cas de tous !) au simple matelot un peu rêveur, ont employé des termes extrêmement élogieux pour décrire leur anatomie. On pourrait trouver "subjective" une description se référant à la beauté d'un corps, mais dans le cas présent, elle semble faire l'unanimité.
La partie inférieure de leur corps évoque celle d'un poisson, parce qu'elle est recouverte d'écailles. Mais on hésite à la comparer avec les poissons tant cette partie de leur anatomie dégage elle aussi de douceur et de chaleur. Elle est formée d'un seul ensemble, même si certaines figurations anciennes montrent des individus possédant une double queue. La partie supérieure de leur corps est d'une délicate couleur chair, la partie inférieure d'un doux gris-bleu. Certaines observations ont toutefois montré que des cas de mimétisme avec l'environnement étaient possibles.

Espèces ressemblantes

Vouivra francomtinensis (Aymé, 1943), la vouivre, ne se rencontre que dans les eaux dormantes continentales, ainsi que dans les marécages, et son corps se termine à la manière de celui d'un serpent.

Melusina lusignanensis (Delobel, 1961), la mélusine, possède un corps semblable à celui de la vouivre, mais elle est essentiellement terrestre.

Melusina lusignanensis var. luxemburgensis (Von Cederstolpe, 1843), variété fluviale de la mélusine, jadis rencontrée dans la rivière Alzette au Grand-Duché de Luxembourg. Cette population semble éteinte à l'heure actuelle, la dernière observation remontant au Xe siècle.

Il est arrivé que des Siréniens (lamantins, dugongs...) soient pris pour des sirènes par des marins ayant sans doute la vue basse (ou ayant abusé de boissons fortes) car le buste des sirènes n'est en rien comparable à celui des Siréniens.

Alimentation

La perfection de leur anatomie laisse penser à un régime alimentaire particulièrement équilibré. Il n'est pas connu en vérité mais on peut se hasarder à quelques suppositions :
- laitues de mer (Ulva lactuca) et éponges mousse de carotte (Esperiopsis fucorum) pour leurs vitamines.
- oranges de mer (Tethya aurantia) et groseilles de mer (Pleurobrachia pileus) également pour leurs vitamines, ainsi que pour leurs sels minéraux.

En ce qui concerne les concombres de mer, avec des partenaires aux telles qualités, nul doute que les tritons peuvent s'en passer. (Les vertus que l'on prête à tort à ces organismes sont inutiles, tant les sirènes sont désirables...). Il se dit que leur usage ne serait qu'en cosmétique, pour le visage de leurs compagnes, et ils seraient alors découpés en tranches, mais ceci reste à vérifier.

Reproduction - Multiplication

La reproduction des sirènes est malheureusement mal connue. Leurs mâles, les tritons, sont encore plus discrets qu'elles.
On suppose qu'une cour assidue leur est nécessaire pour conquérir le cœur et les faveurs d'une de ces belles. Celles-ci sont souvent représentées tenant dans une main un peigne et dans l'autre un miroir. Un gastéropode a pour nom "peigne de Vénus", il s'agit de Murex pecten (Lightfoot 1786) ; ce coquillage est tellement ressemblant aux peignes que nous utilisons qu'il se dit que Vénus l'utilisait pour coiffer sa longue chevelure. Ce coquillage étant originaire du domaine Indo-Pacifique, cela supposerait pour le mâle de longues migrations afin de se procurer ces jolies coquilles pour ensuite les offrir aux élues de son cœur.
Pour le miroir, on suppose qu'une grande coquille d'ormeau, bien nacrée et complétée de quelques bulles, pourrait faire l'affaire.
Le monde subaquatique, par son absence de gravité et la température peu élevée de l'eau environnante, offre quelques complications aux mammifères lors de l'acte majeur de leur reproduction. Il est donc nécessaire d'élaborer des stratégies faisant appel à l'imagination pour parvenir à ses fins. Cette nécessité aurait donc participé au développement psychomoteur de ces discrètes créatures.
On sait peu de choses en ce qui concerne la gestation des sirènes. Aucune observation ni même représentation n'a été reportée d'une sirène au ventre rebondi. On suppose donc l'existence de sanctuaires où elles iraient se réfugier pour ce moment critique de leur existence ainsi que pour la mise au monde de leur progéniture. Au sujet de celle-ci, très peu d'informations sont disponibles également. Il semblerait, et c'est assez étrange pour être souligné, que seuls de jeunes gens aient pu apercevoir, depuis le pont des bateaux qui les transportaient, des sirènes n'ayant pas encore atteint l'âge adulte.

Vie associée

Un congrès de l'European Association of Fish Pathologists s'est tenu à Copenhague en 2005.
La recherche de parasites externes sur un individu échoué mais encore en bonne santé a beaucoup intéressé les scientifiques rassemblés pour l'occasion. Il semblerait que cette espèce soit indemne de parasites, ce qui la rend à ce titre également exceptionnelle.
(Communication Dr Benjamin GUICHARD).

De nombreux témoignages de marins attestent d'une curieuse association sur la ligne équatoriale entre la sirène et Neptunus deomaris (Virgile, -19). Ces deux espèces se livrant, à l'instar d'autres mammifères marins, à de nombreuses facéties souvent aux détriments de ceux qui franchissaient pour la première fois cette ligne équatoriale.

Divers biologie

Toutes les sirènes conservées dans des musées, souvent de seconde catégorie, et le plus fréquemment ramenées par des navigateurs à partir du siècle des grandes découvertes sont en fait des "faux" ! Il s'agit le plus souvent d'individus naturalisés, grossièrement fabriqués à partir du haut du corps d'une petite guenon dont on a rasé les poils, et assemblé avec la partie caudale du corps d'un gros poisson.

Les individus femelles sont bien plus curieux de leur environnement, notamment au sujet des activités humaines, que les individus mâles. Ceci expliquerait que si parfois on a pu apercevoir des sirènes, les tritons sont par contre quasiment inconnus.

Elles sont également réputées frileuses, ce qui expliquerait qu'elles aient été vues plus d'une fois de nuit, sur des plages, alors que des hommes y avaient allumé des feux.

Leur locomotion se fait bien par ondulation latérale de la partie inférieure du corps, conformément à la disposition de leur queue de type "poisson".

La durée de vie des sirènes est particulièrement longue. Andersen l'a estimée à 300 ans (selon Hésiode elles pourraient vivre 291 600 ans, chiffre original qui semble toutefois exagéré...). A leur mort, leur corps se transforme en une écume qui surmonte la crête des vagues, ce qui leur permet, par jour de grand vent, de devenir "filles de l'air". Elles conservent jusqu'au moment de leur mort l'apparence de jeunes vierges.

Informations complémentaires

Il ne faut pas confondre ces sirènes avec celles de la mythologie grecque ; celles-ci avaient la tête et le buste d'une femme, mais le reste du corps était semblable à celui d'un oiseau. Ces sirènes, disait-on, attiraient par leurs chants les marins vers des écueils sur lesquels leurs navires se brisaient. Ces pauvres hommes périssaient noyés, et il se raconte que les sirènes pouvaient se nourrir de leur chair...

Les sirènes décrites ici, si elles sont capables de chanter également avec grâce, n'ont de toute évidence pas des comportements aussi cruels. Toutefois, parce qu'elles sont aussi belles qu'insaisissables, elles amènent de jeunes plongeurs, et de moins jeunes aussi parfois, à prendre des risques inconsidérés pour tenter de les rencontrer. Fort heureusement, les accidents qui pourraient en découler sont rares, mais les plus sensibles de ces plongeurs gardent très longtemps au cœur une insondable mélancolie.
De la même manière que Pégase soutient les poètes lorsqu'ils élèvent leur âme et leur esprit dans les limbes nécessaires à l'expression de leur art, il semblerait qu'une sirène guide la pensée des plongeurs explorateurs tout autant des fonds marins que des profondeurs de leurs rêves les plus secrets.

Pour l'église, depuis le Moyen-Age, elles sont liées au paganisme et représentées dans l'iconographie comme personnalisation de la luxure et de la tentation de la chair. Représentées se peignant face à leur miroir, leur longue chevelure symbolise leur fort potentiel érotique et amoureux.
Un peigne utilisé pour démêler la filasse de lin ou de chanvre a été nommé "séran", par dérivation, dit-on, du mot "sirène".

Les sirènes ont donné leur nom aux Siréniens, ordre de Mammifères aquatiques qui ne possède plus que deux genres actuels : les lamantins et les dugongs.

La plus célèbre des sirènes de l'Antiquité se nommait Parthénope. Elle était donc représentée comme femme-oiseau et non pas comme sirène aquatique. Elle a donné son nom à un genre de crabe : Parthenope validus, Parthenope longimanus... (et à une espèce de libellule : Anax parthenope).

Une autre de ces sirènes se nommait Ligée, elle a donné son nom à un genre de Crustacés Amphipodes : Ligia oceanica (la ligie), Ligia italica...

La troisième se nommait Leucosie, et elle a donné son nom à un genre de Crustacés Décapodes : Leucosia sp.

Les individus mâles, les tritons, ont donné leur nom à beaucoup d'animaux différents !
- Tritonia est le nom de genre de certains Mollusques Opisthobranches de la famille des Tritoniidés : Tritonia lineata, Tritonia manicata, Tritonia nilsodhneri.
- Triton est le nom vernaculaire d'imposants Gastéropodes Prosobranches : Charonia lampas, Charonia variegata...
- Triton est également le nom vernaculaire de certains Amphibiens Urodèles, comme le triton alpestre : Triturus alpestris.

Certains auteurs prétendent au sujet des sirènes que leur nom aurait donné naissance au terme "serein", à cause de leur chant doux et mélodieux. Il peut dès lors paraître contradictoire que le nom sirène soit également utilisé pour désigner l'appareil sonore annonçant des catastrophes comme le feu ou un bombardement.

Un accident de développement fœtal, nommé sirénomélie, entraîne dans l'espèce humaine une fusion des membres inférieurs qui amène alors le fœtus à ressembler à une sirène. Malheureusement pour ce fœtus, beaucoup de complications anatomiques abdominales accompagnent cette malformation et la rendent la plupart du temps létale. Les nouveau-nés atteints de cette pathologie sont parfois nommés "bébés-sirènes".

Certains esprits chagrins prétendent que les sirènes n'existent pas.
Nous sommes pourtant certains qu'elles existent et qu'elles existeront tant qu'il y aura des hommes ayant l'esprit et le cœur assez larges pour croire en elles...

Statuts de conservation et réglementations diverses

Depuis 1982 et la Convention de Washington, elle est complètement protégée au niveau mondial car elle fait partie de l'annexe 1 (en danger d'extinction) de la C.I.T.E.S.W.F. (Convention on International Trade in Endangered Species of Wonders and Fairies).

Origine des noms

Origine du nom français

Francisation du nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Sirena viendrait du grec et signifierait "attacher avec une corde", en raison de l'attachement que leur chant entraîne. Il y aurait aussi un jeu de mot d'Homère dans la mesure où Ulysse avait demandé à être attaché au mât de son navire avec une corde pour ne pas être tenté de se jeter à l'eau pour rejoindre les belles créatures. Cette étymologie est toutefois controversée.

mirabilis vient directement du latin et signifie "merveilleuse".

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Canulariida Canulariides Organismes polymorphes et divers surgis de pensées espiègles ou ayant des origines oniriques.
Genre Sirena
Espèce mirabilis

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