Méduse massive, grande taille
Pas de tentacules sur le bord de l'ombrelle
Bord de l'ombrelle finement festonné, dentelé avec liseré bleu
4 bras buccaux soudés et divisés en 2, soit 8 lobes
Bouche transformée en une structure aspirante et filtrante
Teintes variables : blanc, jaune, orange, brun, bleu, violet
Poumon de mer, méduse chou-fleur
Rhizostome, marigold, dustbin-lid jellyfish (GB), Polmone di mare, botte di mare (I), Aguamar, aguamala, acalefo azul (E), Blumenkohlqualle, Gelbe Lungenqualle, Wurzelmundqualle (D), Longkwal, zeepaddestoel (NL), Rizostoma (P), Lungemanet (N)
Rhizostoma octopus (Linnaeus, 1788), qui serait en fait la variété atlantique de R. pulmo
Rhizostoma cuvieri
Cosmopolite
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge], ● CaraïbesLa distribution est mondiale.
Il est parfois dit que R. pulmo est la version méditerranéenne et mer Noire alors que R. octopus est sa version atlantique. La synonymie n'est pas encore complètement tranchée à la date de publication de cette fiche (2007).
Le rhizostome est une méduse planctonique*, qui se déplace lentement en eau peu profonde (macroplancton gélatineux, necton) et qui abonde en général en milieu côtier. Elle est fréquente dans les lagunes et les estuaires.
Le rhizostome est une grosse méduse, massive, dont l'ombrelle en forme de cloche est frangée de 80 à 100 lobes. Elle mesure en général de 30 à 60 cm de diamètre mais elle peut atteindre une taille de un mètre! Les bords de l'ombrelle sont finement dentelés et présentent un liseré bleu ou mauve. Il n'y a pas de tentacules*. Sous l'ombrelle le manubrium* est formé par la soudure des 4 bras buccaux, eux-mêmes divisés en 2, soit 8 lobes. Chacun de ces 8 lobes se termine par 2 languettes transparentes. Cette fusion transforme la bouche en une structure aspirante et filtrante percée de nombreux petits trous : les ostioles. La couleur de la méduse est très variable : blanche, jaune, brun orangé, verte, bleue ou mauve.
Rhizostoma octopus (Linnaeus, 1788), qui serait en fait la variété atlantique, plus petite, de R. pulmo. Selon le principe d'antériorité, le nom valide de cette espèce est Rhizostoma pulmo, que Macri a décrite 10 ans avant Linné.
Dans certains ouvrages ces 2 espèces sont présentées comme différentes, R. pulmo étant méditerranéenne, R. octopus étant nordique, Le site de référence taxonomique de DORIS, WoRMS, estime ces deux espèces valides (raison pour laquelle cette fiche porte les deux noms). Mais dans la grande majorité des cas, ces "deux espèces" n'en forment qu'une, et les 2 noms sont reconnus comme synonymes.
Rhizostoma luteum (Quoy & Gaimard, 1827) est présente sur les côtes atlantiques ibériques, celles du Portugal, du Maroc et des côtes de l'Afrique de l'Ouest (Angola, Mauritanie, Guinée...). C'est une espèce peu courante.
Cette méduse a un régime planctonophage*. Les petites proies du zooplancton sont aspirées à travers les ostioles de la bouche puis digérées à l'intérieur de la cavité gastrique. Il est possible que des proies plus grosses, comme les petits poissons, soient digérées sur la surface même des lobes buccaux recouverts de cnidocytes*.
Il existe des rhizostomes mâles et des rhizostomes femelles. Les méduses mâles se reconnaissent des femelles par la couleur de leurs gonades, bleues pour les premières, brun orangé pour les secondes.
Après émission des gamètes* dans l'eau et fécondation (reproduction sexuée), il y a formation d'une larve planula* pélagique, qui, après être tombée sur le fond, va donner un scyphistome*. Celui-ci va subir une série d'étranglements, c'est la strobilisation* (reproduction asexuée). Elle va aboutir à la libération d'éphyrules* qui vont évoluer vers de nouvelles méduses adultes.
La strobilisation du scyphistome du rhizostome serait plus intense en période de grande chaleur. C'est pour cette raison que, certains étés, on assiste à une invasion de méduses sur les plages.
Certains poissons juvéniles (Boops, Trachurus, Seriola...) sont observés fréquemment aux abords immédiats de l'ombrelle du rhizostome. Ils profitent de sa protection et, devenus adultes, mènent une vie totalement libre.
Le crustacé Hyperia galba colonise parfois les gonades ou l'estomac de la méduse.
Les bras du rhizostome abritent souvent des algues unicellulaires photosynthétiques*, les zooxanthelles*, qui leur confèrent des teintes jaunes, brunes ou vertes.
Cette méduse, en dépit de sa taille parfois impressionnante, est en principe inoffensive car elle ne possède plus de tentacules. Cependant, chez certaines personnes plus sensibles, il arrive que le contact avec la méduse provoque des démangeaisons, des rougeurs, voire de très légères brûlures.
Il est arrivé que des personnes aient ressenti des brûlures sans contact direct avec la méduse, mais celle-ci avait été bousculée et un mucus urticant a pu atteindre le corps des individus situés à proximité, voir photo jointe (communication de Vincent Maran et Philippe Lesur, confirmation par Jacqueline Goy).
On rencontre parfois cette espèce en bancs de plusieurs dizaines voire plusieurs centaines d'individus, quand les conditions sont favorables.
Elle n'a qu'un prédateur vorace : la tortue.
Elle supporte des variations de salinité importante.
Il est fréquent d'observer des échouages massifs sur les plages européennes en automne et en hiver. Ces méduses sont alors réduites à des tas de gelée qui persistent quelques heures.
Cette méduse a servi de modèle à la construction d'un lustre au musée océanographique de Monaco.
Rhizostome: traduction directe du nom scientifique.
Poumon de mer, chou-fleur, à cause de la bouche transformée en une structure massive filtrante qui présente de nombreux replis.
Les Grecs appelaient déjà ces méduses "pneumones" c'est à dire poumon de mer. Sans doute pas à cause de la texture, mais parce qu'elles palpitent en permanence, dans un mouvement qui fait penser à une respiration.
Rhizostoma : du grec [rhizo] = racine, et [stom] = bouche. Le rhizostome est nommé ainsi à cause de sa bouche ressemblant à un réseau racinaire formé de nombreux canaux en coupe longitudinale.
pulmo : du latin [pulmo] = poumon, la structure du manubrium rappelle celle du tissu pulmonaire.
octopus : du latin [octopus] = huit bras ([octo] et [pod]), car la bouche est divisée en 8 lobes.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Sous-embranchement | Medusozoa | Médusozoaires | Cnidaires présentant une phase méduse acraspède (le plus souvent libre et pélagique) dans leur cycle de reproduction. Scyphoméduses, cuboméduses et stauroméduses. |
Classe | Scyphozoa | Scyphozoaires | Méduses vraies (ou acraspèdes). Phase polype réduite à absente. Le plus souvent strobilisation du polype (de petite taille) pour produire des méduses pouvant atteindre une grande taille. Cavité gastrale cloisonnée en quatre. |
Sous-classe | Discomedusae | Discoméduses | Scyphoméduses à ombrelle discoïde, non sillonée. |
Ordre | Rhizostomeae | Rhizostomes | Pas de tentacules. Manubrium complexe avec des bras oraux ramifiés et fusionnés. Planctonophages. Quelques espèces ont des zooxanthelles dans le manubrium et vivent retournées. |
Famille | Rhizostomatidae | Rhizostomatidés | |
Genre | Rhizostoma | ||
Espèce | pulmo / octopus |
Couleurs variables
La couleur de la méduse peut être très variable : blanche, jaune, brun orangé, verte, bleue ou mauve.
Causinière, cap Ferrat (06), 3 m
30/04/2004
Rhizostome sous la surface
Un magnifique rhizostome nage sous la surface. Les différentes parties en sont bien visibles.
Plage de Sant Marti d'Empuries (Espagne), 1 m
16/06/2006
Liseré coloré non visible
Il arrive parfois que le liseré bleu-mauve ne soit pas visible !
Etel (56), Atlantique, 3 m
08/06/2008
Dans les rayons du soleil
Un rhizostome nage sous la surface percée par les rayons du soleil.
Iles Medes, Espagne, 2 m
07/2003
Lobes du manubrium (Méditerranée)
Vue rapprochée des lobes du manubrium qui ont un aspect de "frou-frou" massif.
Iles Medes, Espagne, 2 m
07/2003
Lobes du manubrium (Atlantique)
Détails des bras buccaux issus du manubrium, montrant le sillon de division aboutissant aux deux lobes par bras.
Ceux-ci ont un aspect de "frou-frou" massif.
Le Croisic (44), sous la surface
12/09/2009
Bord de l'ombrelle et rhopalie
Une vue rapprochée du bord de l'ombrelle permet de distinguer nettement les franges mauves finement dentelées, ainsi qu'une rhopalie, organe de la perception et de l'équilibre.
Plage de Sant Marti d'Empuries (Espagne), 2 m
16/06/2006
Vue de dessous
Une vue de dessous permet de voir en une seule fois les 8 lobes buccaux.
Iles Medes, Espagne, 2 m
07/2003
Biotope
Le rhizostome est une méduse planctonique qui se déplace lentement en eau peu profonde et qui abonde en général en milieu côtier. Elle est fréquente dans les lagunes, les estuaires ou les rades.
Pointe de l'étoile, rade de Villefranche-sur-mer (06), 1 m sous la surface.
18/07/2008
En groupe, portés par les courants
Regroupement de méduses au printemps 2010 en Baie de Douarnenez. L'animal est planctonique et suit donc les aléas des courants. Ceux-ci rapprochent donc parfois plusieurs individus des côtes.
Beuzec-Cap-Sizun (29), Atlantique, proche de la surface
22/05/2010
Tortue-luth mangeant un rhizostome
A un mille nautique de la côte de Loire-Atlantique, une tortue-luth Dermochelys coriacea mange une méduse rhizostome de 50 à 60 cm !
Près de la Basse Lovre, au large de Batz-sur-mer (44), tortue en surface sur un fond de 10 à 15 m. Photo prise depuis un bateau.
08/2009
Fin de vie (tout se recycle)
Les méduses en fin de vie font l'objet de prédation, en tombant vers le fond. Parfois ce sont des petits poissons qui en viennent à bout, parfois se sont des invertébrés qui s'en nourrissent. Ici, elle a été prise dans les tentacules d'une anémone de mer verte (Anemonia viridis) à qui elle profitera sans aucun doute.
Les canyons, Plateau des Aresquiers, Frontignan (34), Méditerranée, 9 m
21/09/2022
Brûlure
Bien que cette méduse soit en principe inoffensive, il arrive que certaines personnes plus sensibles ressentent des démangeaisons et présentent des rougeurs, même si il n'y a pas eu de contact direct avec elle (ce qui fut le cas de la personne photographiée) ! Ces brûlures sont légères et bénignes.
Iles Medes, Espagne
07/2003
Distribution atlantique : en mer du Nord
Un rhizostome, dont peut observer le festonnement des bras buccaux, à gauche, nage près de la surface dans la mer du Nord néerlandaise.
La Zélande, province maritime des Pays-Bas (Zeeland signifie d'ailleurs "Terre de la mer"), est principalement composée d'îles et de presqu’îles, avec une partie continentale au sud, la Flandre zélandaise, frontalière de la Belgiqueest
La Zélande bordée à l'ouest par la mer du Nord et c'est un terrain de jeux très couru (très palmé ?) par les plongeurs du nord.
Zélande (Pays-Bas), mer du Nord, océan Atlantique, 1 m
01/09/2005
Distribution atlantique : dans la Manche
Observation d'un gros individu par un apnéiste curieux.
La Manche est une mer épi-continentale de l'océan Atlantique. Tel un chenal (d'où son nom anglais de "channel"), elle sépare la France du Royaume-Uni sur une longueur d'environ 530 km. Sa largeur va de 176 km à son extrémité ouest à 41 km à son extrémité est. D'une profondeur moyenne de 55 m, sa profondeur maximale est 180 m.
Beuzec-Cap-Sizun (29), Manche, océan Atlantique, proche de la surface
21/05/2010
Distribution atlantique : en Pays de Loire
La distribution du rhizostome est mondiale.
La distinction fine (même espèce ? différentes formes ? espèces séparées ?) entre Rhiszotoma pulmo et Rhizostoma octopus n'est pas encore certaine et on considère généralement -mais pas toujours, pour l'heure qu'il s'agit de synonymes, avec R. pulmo prioritaire grâce à la règle d'antériorité.
Le Croisic (44), sous la surface
12/09/2009
Distribution méditerranéenne : en Provence
Ce petit individu, photographié près de Marseille, mesure une vingtaine de centimètres.
Plutôt petit car on voit généralement des diamètres autour des 30-40 cm. On rapporte même des ombrelles d'un mètre de diamètre !
Castelvieil, Marseille (13), Méditerranée, 0.5 m
15/07/2012
Distribution méditerranéenne : sur la Côte d'Azur française
C'est une belle méduse que l'on peut régulièrement croiser sur la Côte d'Azur. Ici près de Nice, dans la rade de Villefranche-sur-mer, site connu pour ses blooms planctoniques régulier. A tel point que c'est là qu'à la fin du 19e siècle sera crée un premier laboratoire dédié (J. Barrois) puis la Station Zoologique par des chercheurs russes (A. de Korotneff,) et pleinement financée par la Russie jusqu'à sa révolution. Le champs des recherches se diversifiera et la station deviendra ensuite le Centre d’Etudes et de Recherches Océanographiques de Villefranche-sur-Mer (CEROV), puis l'Observatoire Océanologique de Villefranche-sur-Mer (LOOV). Actuellement c'est l'Institut de la Mer de Villefranche (IMEV), sous la tutelle du CNRS et Sorbonne Université, assurant notamment les missions de recherches et d'enseignements.
Grande baie, Rade de Villefranche-sur-mer (06), Méditerrane, sous la surface
18/07/2008
Rédacteur principal : Frédéric ZIEMSKI
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable historique : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Fuentes V., Straehler-Pohl I., Atienza D., Franco I., Tilves U., Miriam Gentile M., Acevedo M., Olariaga A., Gili J-M., 2011, Life cycle of the jellyfish Rhizostoma pulmo (Scyphozoa: Rhizostomeae) and its distribution, seasonality and inter-annual variability along the Catalan coast and the Mar Menor (Spain, NW Mediterranean), Marine Biology, 158, 2247–2266.