Lophophore à l'aspect d'un double panache spiralé, hélicoïdal, étroit, divergeant et de 2 à 6 cm de haut
Lophophore (seule partie visible en plongée) blanc, orange, rouge ou verdâtre
Habitant des sables grossiers à vaseux
Horseshoe worm (nom pour les phoronidiens en général), golden phoronid (GB) Hufeisenwurm (idem) Goldener Kalifornischer, Goldener Hufeisenwurm (D)
Aucun synonyme
Cosmopolite des zones tropicales et tempérées chaudes
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● CaraïbesPhoronopsis californica est un phoronidien cosmopolite des zones tropicales et tempérées chaudes. Il est rencontré, en particulier, dans l'Atlantique Nord (Espagne, Madère et côtes africaines Nord-Est) dans les Caraïbes, dans l'Indo-Pacifique (du canal du Mozambique à la Californie en passant par l'Indonésie) et dans la Méditerranée Occidentale Ouest (Espagne).
Phoronopsis californica habite dans des substrats* meubles, généralement des fonds vaseux, dans des sables grossiers et graviers balayés par des courants depuis la surface jusqu’à 30 mètres de profondeur. Cette espèce fait partie de la faune fixée (sessile*) vivant sur le fond (benthos).
Phoronopsis californica se reconnaît par ces deux protubérances hélicoïdales émergeant du substrat meuble où il vit. Ce phoronidien présente en effet un lophophore* en forme de fer à cheval avec un enroulement hélicoïdal des pointes sur 4 à 22 tours, de 2 cm à 6 cm de long, avec jusqu’à 2000 tentacules* ou plus. Ceux-ci mesurent de 2 à 3 millimètres de long. La couleur du corps est blanche à orangée, celle du lophophore (seule partie visible en plongée) est blanche, orange vif, rouge vif, grise ou verdâtre.
Il vit dans un tube rectiligne, isolé, assez rigide, pouvant atteindre jusqu’à 45 cm de long de 2 à 6 mm de diamètre, enfoncé verticalement dans des sables grossiers à vaseux. Il s'agit de la plus grande espèce connue de phoronidiens. L’extrémité proximale du tube est fermée en pointe avec une petite ouverture, comme chez toutes les espèces de Phoronidiens vivant dans des sédiments meubles. Le diamètre du corps varie de 2,5 mm sous le lophophore à 5 mm dans l'ampoule (à l’autre extrémité du corps).
En France métropolitaine, seul le genre Phoronis est signalé avec 6 espèces : P. ovalis, P. hippocrepia, P. australis, P. muelleri, P. psammophila, P. pallida ; dans les eaux européennes, s’y ajoutent les trois espèces du genre Phoronopsis : P. albomaculata, P. harmeri et P. californica. Cette dernière est la plus grande des espèces connues.
Pour une espèce de Phoronidien, l’identification visuelle ou sur photo est impossible sauf pour deux, voire trois, espèces sur les 11 décrites dans le monde. Cette exception existe pour Phoronopsis californica, au moins pour des individus adultes.
En plongée, la confusion est possible avec certains vers polychètes de la famille des Serpulidés (Serpulidae), en particulier avec des espèces des genres Protula et Spirobranchus (comme Spirobranchus giganteus). Ces vers présentent également un double panache enroulé. Néanmoins ils sont le plus souvent fixés sur des substrats durs et possèdent un tube calcaire.
Phoronopsis californica est suspensivore* microphage*. Soumis au courant d’une masse d’eau, le lophophore oriente sa bouche dans le courant et l'anus sous le courant ; il forme un entonnoir dirigé vers le courant pour faciliter la capture des particules alimentaires en suspension. En l'absence de tout courant, les Phoronopsis pivotent sur eux-mêmes à la recherche de nourriture.
Les particules alimentaires (algues, diatomées*, petits invertébrés, larves*, détritus) en suspension dans l’eau sont filtrées et retenues par les cils couvrant les tentacules du lophophore, puis acheminées par les cils jusqu’à la bouche située au centre du lophophore. Les particules non comestibles sont expulsées par le courant sortant aux extrémités des tentacules par le battement des cils.
Le tube digestif en U est complet avec un anus s’ouvrant à l’extérieur du lophophore, avec les néphridies* qui servent aussi de gonoductes*.
Ces organismes sont également capables d’absorber directement, à travers l’épiderme, des substances dissoutes comme les acides aminés (les constituants des protéines).
La reproduction est sexuée : Phoronopsis californica présente des individus mâles et des individus femelles et se reproduit pendant la saison estivale. La reproduction sexuée de cette espèce est encore mal connue par manque d’informations.
Comme chez les autres phoronidiens les œufs donnent une larve* nageuse ciliée planctonique* propre aux phoronidiens appelée larve actinotroque. Cette larve est très différente de l’adulte. Les larves actinotroques, selon les spécialistes, constituent une part importante de la biomasse du zooplancton* et 25 (voire 40) types de larves différentes sont reconnues pour 12 espèces adultes connues.
Cette larve actinotroque qui nage près de la surface a une vie pélagique* de plusieurs jours. Elle se nourrit d’organismes unicellulaires (protozoaires*, diatomées*). L’actinotroque de Phoronopsis californica aurait été identifiée en 2009 : Actinotrocha californica Temereva, 2009. Les actinotroques recoivent un nom scientifique ce qui est contraire aux normes. Cela vient du fait que les actinotroques ont été découvertes avant que l’on fasse le lien avec l’adulte et que l’on pensait qu’il s’agissait d’un organisme adulte du plancton.
Après avoir sélectionné un endroit adéquat, cette larve subit une métamorphose*. Le jeune phoronidien va alors commencer à sécréter le tube chitineux dans lequel il va vivre.
Cette espèce doit certainement, comme les autres espèces de phoronidiens, avoir des commensaux ou des parasites.
Phoronopsis californica se rétracte très rapidement dans son tube lorsqu’il est inquiété.
Il n'y a pas d'organes de sens particulier à l'exception des cellules neurosensorielles de l'épiderme. Une paire de fosses ciliées appelées organes lophophores peut être présente dorsalement dans la concavité du lophophore. Elle est considérée comme glandulaire par certains et comme sensorielle par d'autres.
Comme les autres espèces de phoronidiens Phoronopsis californica est certainement capable d’autotomie*. L’animal inquiété peut se séparer de son lophophore. Ce dernier sera régénéré rapidement, les phoronidiens possèdent un puissant pouvoir de régénération.
Le lophophore par sa grande surface avec le milieu extérieur participe à la respiration. Dans les vaisseaux sanguins la présence de globules rouges (contenant un pigment voisin de l’hémoglobine) a intrigué les scientifiques. Ces organismes pourraient ainsi exploiter des milieux pauvres en dioxygène.
Le genre Phoronopsis se distingue du genre Phoronis par une invagination à la base du lophophore. Chez Phoronopsis californica, cette invagination est profonde de 1 mm environ. Cette distinction n’est certainement pas possible en plongée.
Dans la bibliographie on peut trouver le groupe des phoronidiens rabaissé au rang de classe par certains auteurs. (Embranchement des Lophophoriens ou Lophophorates, ou encore Polyzoaires ou Tentaculaires).
Les prédateurs des phoronidiens ne sont pas bien connus mais ils comprennent très certainement des poissons, des gastéropodes et des nématodes. La partie antérieure du corps d’un phoronidien peut être consommée par un prédateur, mais elle peut être régénérée en deux ou trois jours.
Le nom scientifique français est directement dérivé du nom latin phoronis pour donner phoronidien : il s’applique aux 11 espèces du groupe zoologique. Aucune espèce n’a de nom vernaculaire reconnu scientifiquement.
Phoronidien doré est une proposition des auteurs du site DORIS.
Grand phoronidien prête à confusion avec Phoronis australis. Phoronidien de Californie ne correspond pas à la distribution très vaste de cette espèce malgré la référence à sa première observation. Phoronopsis à tentacules courts ? ou comme dans les langues anglo-saxonnes : le phoronidien d’or ou doré (Proposition de DORIS).
Phoronopsis : la signification du nom Phoronopsis n’a pas été expliquée par Gilchrist (1907) quand il a établi ce nouveau genre, créé à partir du nom de genre Phoronis de Wright en 1856 et du grec [opsis] = aspect, donc "à l’aspect de Phoronis". Wright précise que Phoronis est un des surnoms de la déesse Isis. Toutefois dans la mythologie grecque Io (ou Isis) est la fille d’Inachus et sœur de Phoronée. Or selon les auteurs, Phoronis est l’épopée grecque de Phoronée (7e ou 8e siècle avant J.C.). Phoronée, roi du Péloponèse et premier roi d’Argos, est souvent considéré comme le fils d'un dieu du fleuve Inachos et d'une nymphe de l'océan Mélial. Il est reconnu pour avoir été le premier à unir les Grecs en un seul peuple. Auparavant, ils avaient vécu en groupes dispersés.
californica car cette nouvelle espèce de phoronidien a été décrite en Californie, précisément dans la baie de Balboa à Los Angeles (USA) par Hilton en 1930.
Lophophore : du grec [loph-] = panache, aigrette et [phor-] = porter donc porteur d’aigrette ou de panache.
Actinotroque : du grec [actin-] = rayon et du grec [troch- ou troqu-] = roue : à cause de la couronne rayonnante de tentacules portée par la larve.
Numéro d'entrée WoRMS : 128554
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Phoronida | Phoronidiens | Groupe marins benthiques, suspensivores sédentaires vermiformes non segmentés à symétrie bilatérale, et possédant un lophophore. Corps en 3 parties vivant dans un tube chitineux généralement recouvert de grains de sable. |
Famille | Phoronidae | Phoronidés | Unique famille de Phoronidiens. |
Genre | Phoronopsis | ||
Espèce | californica |
Lophophore à double écouvillon doré
Les deux panaches spiralés du lophophore partent d'un tronc commun et forment un angle plus ou moins ouvert l'un par rapport à l'autre.
Le lophophore à enroulement hélicoïdal montre, sur ce spécimen, environ 10 tours de chaque côté.
Anse Figuier, Martinique
Romain (OCEANvironnement) FERRY
02/08/2014
En Martinique
Phoronopsis californica vit sur les fonds meubles. Il peut disparaître très profondément dans le sable à la moindre alerte.
Sud Martinique, Caraïbes, 20 m
Romain (OCEANvironnement) FERRY
20/02/2013
En Indonésie
Ce beau phoronidien Phoronopsis californica montre des tentacules d'une coloration rouge terminés de pointes blanches. La hauteur du panache visible hors du sédiment est d'environ 2,5 cm. Le lophophore à enroulement hélicoïdal montre, sur ce spécimen, une quinzaine de tours de chaque côté.
Lembeh, North Sulawesi, Indonésie, 15 m
07/2010
Taille
Le lophophore, la partie visible émergeant du substrat, mesure ici 3 cm de haut environ (et au maximum 6 cm pour Phoronopsis californica). La partie enfouie est bien plus longue, jusqu'à 45 cm.
Anse Figuier, Martinique
Romain (OCEANvironnement) FERRY
02/08/2014
En mer d'Alboran sur les côtes espagnoles
Ce phoronidien doré, ici de couleur blanchâtre, a été observé de jour sur le sable.
Espagne, Calahonda, Cala Higuera, 10/15 m
27/05/2019
Lophophore de Phoronopsis californica
Le lophophore est formé de deux spirales couvertes de petits tentacules.
Emig C. C., 1971. Taxonomie et systématique des Phoronidiens. Bulletin du Muséum National d’Histoire naturelle Paris, (Zoologie) 8, 469-568. p 511 fig 19 d’après Emig et Plante 1969.
Reproduction de documents anciens
1971
Larves actinotroques
Figure 2 p 51 : larves de phoronides (dessin au trait d’animaux fixés). B, C : larves appartenant probablement à Phoronopsis californica (B : larve avec 16 tentacules ; C : larves avec 28 tentacules). Echelle : 0.1 mm
Temereva, E.N., 2009, New data on distribution, morphology and taxonomy of phoronid larvae (Phoronida, Lophophorata), Invertebrate Zoology 6(1):47–64 p 51 fig 2 BC
Reproduction de documents anciens
2009
Rédacteur principal : Yves MÜLLER
Rédacteur : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable régional : Yves MÜLLER
Emig C.C., 1971, Taxonomie et systématique des Phoronidiens, Bulletin du Muséum National d’Histoire naturelle de Paris, (Zoologie.) 8, 469-568.
Emig C.C., 1972, Etude des Phoronidiens (Systématique; Régénération).,Thèse Dr. Sci., Univ. Aix-Marseille II,150 pp.
Emig C.C., 1973, Phoronidiens de Madagascar, Téthys, suppl. 5, 9-24.
Emig C.C., 1977, Notes sur la localisation, l'écologie et la taxonomie des Phoronidiens, Téthys, 7(4), 357-364.
Emig C.C., 1982, The biology of Phoronida, Advances in marine Biology, 19, 1-89.
Emig C.C., Plante R., 1969, Considérations sur la systématique des Phoronidiens, V. Phoronopsis californica Hilton, 1930, Bulletin du Muséum National d’Histoire naturelle de Paris, 41, 894-900.
Gilchrist J.D.F.,1907, New forms of the Hemichordata from South Africa, Transactions of the South African Philosophical Society, 17(1), 151-176.,
Hilton, W. A.,1930, A New Phoronopsis from California, Transactions of the American Microscopical Society, 49(2): 154-159.
Sanchez Tocino L., Ocana A., Viéitez J.M.,1997, Occurrence of Phoronopsis californica and Phoronis australis at Granada coast (Spain, Western Mediterranean), Cahiers de Biologie Marine, 38, 273-276.
Temereva E.N., 2009, New data on distribution, morphology and taxonomy of phoronid larvae (Phoronida, Lophophorata), Invertebrate Zoology, 6(1), 47–64 .
Emig C. C., Roldán C., J. M. Viéitez, 1999, 2006, Les Phoronidiens des côtes européennes.
Phoronida database : avec données et bibliographie complètes sur chaque espèces – avec mises à jour régulières.
Photograph Album of the Lophophorates for Phoronopsis californica
La page de Phoronopsis californica dans l'Inventaire National du Parimoine Naturel : INPN