Colonies massives, méandroïdes, généralement de forme hémisphérique
Tentacules épanouis uniquement la nuit
Vallées étroites formant des motifs géométriques en « grecques »
Crêtes larges avec une rainure médiane qui forme une dépression plus ou moins nette, pouvant dédoubler la crête
Corail-cerveau labyrinthe
Grooved brain coral, depressed brain coral, labyrinthine brain coral (GB), Coral cerebro (E), Hirnkoralle (D), Hersenkoraal (NL)
Madrepora labyrinthiformis Linnaeus, 1758
Maeandrina labyrinthiformis (Linnaeus, 1758)
Meandrina cerebriformis Lamarck, 1816
Maeandrina sinuosa Le Sueur, 1820
Atlantique tropical Ouest, mer des Caraïbes
Zones DORIS : ● CaraïbesCette espèce se trouve en Atlantique tropical Ouest, de la Floride au Venezuela, aux Bahamas, aux Bermudes et en mer des Caraïbes.
Le corail-cerveau de Neptune est une espèce commune qui se rencontre dans la plupart des environnements récifaux de 1 à 40 m de profondeur. On le rencontre surtout entre 2 et 15 m de profondeur dans les lagons et dans les zones à pente douce.
Diploria labyrinthiformis forme des colonies massives et méandroïdes* en général hémisphériques, mesurant de 15 cm à 2 m de diamètre. Dans une même colonie, les vallées sont en général très sinueuses et tournant à angle droit. Elles sont profondes (6 mm) et ont une largeur comprise entre 5 et 10 millimètres. Les crêtes sont très larges, entre 5 et 22 millimètres, et portent sur leur sommet une rainure dont la largeur est variable. Cette rainure peut former une dépression dont la largeur peut dépasser celle des vallées. On a alors l'impression d'une alternance de 2 sortes de vallées différentes.
Les columelles* sont interconnectées mais les orifices buccaux sont bien visibles. On distingue mal les bouches et les columelles, trop petites au fond des vallées.
Les couleurs dominantes sont le marron-gris et le marron-jaune. Les tentacules* ne sont épanouis que la nuit.
Le genre Diploria qui ne compte qu'une espèce est très proche du genre Pseudodiploria qui en comporte deux. Ces trois espèces sont présentes uniquement dans la zone de l'Atlantique tropical Ouest : on les distingue par leur aspect de surface, la largeur des vallées, la forme des collines, et la présence ou non d'une rainure au sommet des collines.
Pseudodiploria clivosa : les colonies, de 15 à 120 cm de diamètre, sont de forme massive ou encroûtante avec une surface très irrégulière. Il n'y a pas de cœnosteum*. Les vallées ont une largeur d'environ 4 millimètres. Il n'y a pas de rainure au sommet des collines qui sont plutôt élevées et aigües. Les murs et les vallées sont souvent de couleur différente, les couleurs dominantes étant le gris ou le marron.
Pseudodiploria strigosa : les colonies, de 15 à 180 cm de diamètre, sont massives (souvent de forme hémisphérique) ou encroûtantes avec une surface lisse. Le cœnosteum est limité. Les vallées ont une largeur d'environ 6 millimètres. Les collines sont arrondies et une très fine rainure peut être observée à leur sommet.
On peut confondre ces coraux avec Colpophyllia natans, également présent dans la zone de l'Atlantique tropical Ouest. Cela dépend beaucoup des colonies en présence, mais une détermination sur photo est toujours hasardeuse.
Les Scléractiniaires hermatypiques* (contenant des zooxanthelles* dans les tissus) se nourrissent de deux façons différentes :
Diploria labyrinthiformis est hermaphrodite*. La reproduction sexuée a été étudiée sur des individus de Colombie : la formation des gamètes* femelles (ovogénèse) dure 10 mois. A maturité, les gamètes femelles mesurent 0,3 mm en moyenne. Les gamètes mâles se forment en fin de processus au mois de mai. Quand les gamètes sont prêts, ils sont relâchés dans la colonne d'eau où a lieu la fécondation (broadcast spawner). Les œufs se transforment en larves* planulas*, lesquelles iront se fixer sur le substrat* au bout de 2 à 3 jours de vie planctonique*. La période d'émission des gamètes se situe entre fin mai et fin juin, ce qui est relativement tôt par rapport aux autres coraux de la même famille.
Ces coraux hermatypiques vivent en symbiose avec des zooxanthelles* qui leur confèrent leur couleur.
L'oursin diadème Diadema antillarum favorise le développement des coraux scléractiniaires en broutant les algues qui empêchent la croissance des juvéniles. Des études ont montré que le nombre de juvéniles de coraux est beaucoup plus important dans les zones où cet oursin est présent.
Diploria labyrinthiformis est sensible à la maladie de la bande noire et à la maladie de la peste blanche.
La croissance de la colonie est de 3,5 millimètres par an.
Le genre Pseudodiploria a été créé en 2012 à l'occasion de la révision de la famille des Scléractiniaires Mussidés par Budd et al. Les deux espèces P. strigosa et P. clivosa étaient auparavant classées dans le genre Diploria avec l'espèce D. labyrinthyformis, dans la famille des Faviidés qui a été supprimée en 2012. Les 3 espèces sont maintenant regroupées avec Colpophyllia natans et Manicina aerolata dans la famille des Mussidés et la sous-famille des Faviinés.
Cette espèce est inscrite sur la liste rouge de l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) depuis 2008 sous le statut LC (Least Concern, soit peu préoccupante).
Comme toutes les autres espèces de Scléractiniaires, elle est aussi soumise à réglementation par son inscription à l'Annexe 3 du Protocole relatif aux zones et à la vie sauvage spécialement protégées à la Convention pour la protection et la mise en valeur du milieu marin de la région des Caraïbes (dit Protocole SPAW ou de Kingston).
Cette espèce est aussi dans l'Annexe II de la CITES (commerce soumis à réglementation).
Corail-cerveau fait référence aux circonvolutions dessinées par les crêtes et les vallées qui font penser à un cerveau.
Labyrinthe est la francisation du nom d'espèce scientifique.
Neptune était la principale divinité marine du panthéon romain.
Diploria : du grec [diplo] = double et du latin [orior] = provenir de, naître de.
Diploria peut se traduire par « naître en double ou 2 fois ». L'origine de ce nom pourrait venir du double système de crêtes de l'espèce D. labyrinthiformis.
labyrinthiformis : en forme de labyrinthe, rempli de détours.
Numéro d'entrée WoRMS : 289826
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Anthozoa | Anthozoaires | Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie). |
Sous-classe | Hexacorallia / Zoantharia | Hexacoralliaires / Zoanthaires | Anthozoaires coloniaux ou solitaires, tentacules lisses, polypes à symétrie d’ordre 6. |
Ordre | Scleractinia | Scléractiniaires / Madréporaires | Hexacoralliaires coloniaux (quelques espèces solitaires) produisant un exosquelette calcaire abritant de petits polypes. |
Famille | Faviidae | Faviidés | |
Sous-famille | Faviinae | Faviinés | |
Genre | Diploria | ||
Espèce | labyrinthiformis |
Diploria labyrinthiformis
Les colonies sont massives, en général de forme hémisphérique. Dans une même colonie, les vallées sont en général très sinueuses et tournant à angle droit, rarement parallèles (résultant d'un virage en épingle à cheveux). Sur cette photo, on voit une colonie qui présente une alternance de vallées sinueuses et de vallées parallèles.
Grenadines, Tobago Cays, 10 m
31/05/2005
Vallées parallèles
Les vallées sont très sinueuses et rarement parallèles comme pour une partie de cette colonie. On remarque la hauteur des murs.
Martinique, Sainte-Anne, Les Trois Vallées, 11 m
04/12/2010
Diploria labyrinthiformis : détail des méandres
Les crêtes sont très larges, et portent sur leur sommet une rainure dont la largeur est variable mais peut former une dépression telle qu'on a l'impression d'avoir deux sortes de vallées différentes.
Martinique, Pointe Borgnèse, 5 m
11/04/2015
Diploria labyrinthiformis : détail des crêtes
La couleur est aussi très variable, ici dominante verte. La largeur de la rainure au sommet des crêtes forme une dépression profonde, un peu moins large que les vallées. On a l'impression qu'il y a 2 crêtes accolées.
Saint Pierre de la Martinique, Le Sous-Marin
19/05/2005
Diploria labyrinthiformis : détail des vallées
On distingue mal les bouches et les columelles, trop petites au fond des vallées.
Guadeloupe, Ilets Pigeons, 20 m
25/01/1982
Tentacules de nuit
Les tentacules sont épanouis de nuit. On voit cependant la structure avec la double rangée de crêtes qui permet d'affirmer qu'il s'agit bien du corail-cerveau de Neptune.
Guadeloupe, 10 m, de nuit
30/12/10
Tentacules de jour
Les tentacules ne sont épanouis que la nuit, néanmoins on peut voir les extrémités bien rangées sur la partie basse des murs. Notez l'absence de fine rainure au sommet des crêtes et la profonde dépression de la double crête.
Guadeloupe, Vieux Fort, 10 m
16/01/2016
Jeu de boules
Plusieurs colonies sont regroupées sur ce site. Sur la droite, des colonies en partie mortes qui laissent voir le squelette méandroïde.
Martinique, Pointe Borgnèse, 5 m
06/04/2015
Avec Colpophyllia natans
A gauche le corail-cerveau de Neptune, à droite le corail-cerveau natans. Notez la largeur des vallées et la fine ligne au sommet des crêtes pour celui de droite à opposer à la double rangée de crêtes de celui de gauche.
Guadeloupe, 14 m
01/04/2013
Beau bouquet final
Une colonie de Diploria labyrinthiformis, en bouquet avec des gorgones éventail, près de la surface. Notez les nombreux vers sabellidés, Anamobaea orstedii (sabelles fendues), qui ont trouvé un support sur ce corail-cerveau de Neptune.
Bonaire (Antilles Néerlandaises), Old Blue, 3 m
15/04/1999
Rédacteur principal : Véronique LAMARE
Correcteur : Jacques LABOREL
Correcteur : Patrick SCAPS
Responsable régional : Véronique LAMARE
Alvarado E., García R., Acosta A., 2004, Sexual reproduction of the reef-building coral Diploria labyrinthiformis (Scleractinia:Faviidae), in the Colombian Caribbean, Revista de Biología Tropical, 52(4), 859–868.
Budd A.F., Fukami H., Smith N.D., Knowlton N., 2012, Taxonomic classification of the reef coral family Mussidae (Cnidaria: Anthozoa: Scleractinia), Zoological Journal of the Linnean Society, 166(3), 465–529.
Chassaing J.P., Delplanque A., Laborel J., 1978, Coraux des Antilles Françaises, Revue Française d'Aquariologie, n°3, 32p.
Edmunds P.J., Carpenter R.C., 2001, Recovery of Diadema antillarum reduces macroalgal cover and increases abundance of juvenile corals on a Caribbean reef, Proceedings of the National Academy of Sciences, 98(9), 5067–5071.
Ghiold J., Enos P., 1982, Carbonate production of the coral Diploria labyrinthiformis in south Florida patch reefs, Marine Geology, 45(3), 281–296.
La page de Diploria labyrinthiformis dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN