Epines très longues, fines, pointues et souvent noires
Parfois quelques épines blanches ou rayées
Test noir, rigide, de forme ronde aplatie
Cinq paires de bandes bleues convergentes
Diamètre y compris épines : jusqu'à 50 cm
Oursin noir des Antilles, oursin à longues épines
Long-spined sea urchin, lime urchin, black sea urchin (GB), Erizo de lima (E)
Centrechinus antillarum (Philippi, 1845)
Cidaris antillarum Philippi, 1845
Atlantique tropical Ouest
Zones DORIS : ● CaraïbesCet oursin est présent en Atlantique tropical Ouest, depuis la Floride et les Bermudes jusqu'au Brésil, y compris la mer des Caraïbes.
On le rencontre depuis la surface jusqu'à 400 m de profondeur, bien qu'il soit plus répandu entre la surface et 10 m, dans des eaux calmes, sur des substrats durs ou meubles.
Il vit plutôt sur les récifs de corail et dans les failles mais on peut le trouver dans les étendues d'algues, les herbiers ou sur les rochers.
Pendant la journée, il s'installe très souvent dans une faille du récif car il est très sensible à la lumière.
Cet oursin se caractérise par des épines exceptionnellement longues et généralement noires, même si quelques-unes, voire plus rarement toutes, peuvent être grises ou blanches. Communément, ces épines mesurent de 10 à 30 cm. Elles sont fines, pointues, creuses et très fragiles. Elles bougent rapidement, avec des mouvements amples. Celles des juvéniles sont toujours rayées de blanc et noir.
Le test, noir, rigide et de forme ronde aplatie, peut atteindre 5 cm. Le diamètre total de l'animal adulte, épines incluses, peut approcher les 50 cm. Le test présente une symétrie radiale nette : c'est un oursin régulier. Il possède une bouche centrale sur sa face inférieure et un anus, central lui aussi, sur sa face supérieure. Le test est très fin et très fragile. Il est marqué par cinq paires de bandes bleues, parfois blanchâtres ou grises, convergeant vers un anneau péri-anal, considérées comme des organes de la vision (organes photosensibles* en relation avec des fibres nerveuses).
Diadema antillarum africanum, présent sur les côtes de l'Afrique de l'Ouest et de ses îles, était considéré jusqu'en 2013 comme une sous-espèce. Depuis cette date, il est considéré comme une espèce à part entière : Diadema africanum.
Diadema mexicanum de l'est du Pacifique est une espèce très ressemblante mais qui présente toutefois des épines aux reflets bleus.
Cet oursin est herbivore : il se nourrit de micro-algues ou de plantes qu'il recherche en particulier sur les récifs de coraux. Lorsque sa population est importante, c'est le principal "brouteur" qui empêche les algues d'envahir le récif. Il peut aussi se satisfaire de jeunes coraux et de zoanthidés.
Souvent caché dans les trous du récif pendant la journée, il sort la nuit à la recherche de nourriture, ne parcourant qu'un mètre de distance environ.
La fécondation a lieu en pleine eau et pour qu'elle ait plus de chance de réussir, les mâles et les femelles de cette espèce libèrent dans l'eau leur sperme et leurs ovules en même temps. Pour s'assurer de cette synchronisation, ils envoient auparavant une substance chimique dont l'odeur prévient les voisins. Cela augmente encore les chances de fécondation.
Des regroupements d'oursins sont classiquement remarqués pendant la période de frai, correspondant à celle des températures les plus élevées (du début de l'été jusqu'au début de l'hiver). Il semble également que durant la saison du frai, la libération de sperme et d'ovules soit très directement liée au calendrier lunaire (une fois par mois lunaire).
Le stade larvaire* planctonique* dure quatre à six semaines, pendant lesquelles les larves se déplacent à l'aide de cils. Selon les courants, leur dispersion peut être importante. Les larves sont plates, munies de bras armés de spicules* calcaires et d'une partie orale en formation. Ensuite, le juvénile issu de la larve tombe sur le substrat et se transforme rapidement (en une heure environ) en petit oursin par le développement des cinq plaques du test. Sa forme est alors définitive, même s'il continue à grossir tout au long de sa vie.
Quelques crustacés vivent en commensalisme avec cet oursin : des copépodes, des crevettes (Tuleariocaris neglecta, crevette noire par exemple, ou Mysidium sp.), des crabes (Percnon gibbesi, appelé d'ailleurs "crabe d'oursin" en Martinique) vivent parmi ses épines. On peut également y trouver des poissons cardinaux et des apogonidés.
D'autre part, une étude espagnole a montré, en 2008, qu'il existe une relation forte, sans doute de type commensalisme*, entre cet oursin et l'holothurie Holothuria sanctorii, et une association étroite entre ce même oursin et la crevette danseuse rouge, Cinetorhynchus rigens, en particulier les nuits de pleine lune.
L'oursin diadème peut être parasité par un petit ver turbellarié (Syndisyrinx antillarum).
Les prédateurs de Diadema antillarum sont des gastéropodes, des crabes et des étoiles de mer, mais aussi certains poissons comme des chirurgiens, des labres ou des poissons-crapauds.
Diadema antillarum est pourvu de pieds ambulacraires* (trois doublets de pores par plaque ambulacraire) qui servent à la locomotion bien sûr, mais aussi à la recherche de nourriture, la respiration et la production de mucus.
La sensibilité de cet oursin est importante : il semble repérer la moindre ombre. Ainsi, pendant la journée, s'il capte une lumière trop forte, ses épines se mettent alors en mouvement et il va se cacher dans une faille du récif.
C'est généralement un animal grégaire et lorsque les conditions sont bonnes, la densité peut atteindre vingt individus au mètre carré.
Son espérance de vie est de cinq ans environ.
Les épines transpercent facilement la peau et se cassent facilement. Cela peut causer des blessures douloureuses qui, du fait de bactéries, s'infectent souvent.
Le mucus qui recouvre ces épines contient un poison léger qui permet d'éliminer les animaux qui voudraient élire domicile au milieu des épines ou de décourager les petits prédateurs. Ce mucus toxique n'a pas d'effet sur l'homme.
Diadema antillarum peut être toxique en période de reproduction car des zootoxines sont présentes dans sa chair. L'homme peut être empoisonné par ingestion, mais Diadema antillarum n'est pas une espèce recherchée pour sa chair (les gonades*).
En 1983-84, dans la zone Caraïbes, des Bermudes jusqu'à l'Amérique du Sud, Diadema antillarum a subi une mortalité massive jusqu'à 97% par endroits (93% en moyenne). Les raisons de cette mortalité sont encore inconnues aujourd'hui car la rapidité et l'étendue du fléau n'ont pas permis de faire les analyses nécessaires. Ce phénomène représente la mortalité la plus massive jamais rapportée dans le monde marin. En même temps, les récifs de corail ont été envahis par une micro-algue, la nourriture préférée de Diadema antillarum, qui les a étouffés. De plus, les populations de Diadema antillarum ont également été affectées par El Niño en 1997-98.
On estime maintenant que cet oursin maintient l'équilibre entre la croissance des coraux et des algues. On a pu constater depuis (en Jamaïque par exemple) que lorsque l'on a assisté à un retour massif de cet oursin, on a noté simultanément une importante régénération du récif. Aujourd'hui, les populations n'ont toujours pas retrouvé leur taille d'origine. Elles ne sont toujours pas revenues en Floride, où le corail continue à péricliter, et des essais de transfert sont en cours.
Depuis le printemps 2022, cette mortalité massive réapparaît dans la zone caraïbe. La raison en est encore inconnue mais un appel aux plongeurs pour signalement a été lancé.
Aux Canaries, à Ténérife en particulier, avec Diadema africanum, le phénomène est inverse : ces oursins sont présents en trop grand nombre et dévastent certaines surfaces. L'équilibre naturel est alors brisé car il n'y a plus que des fonds de rochers nus. En 2007, les autorités ont tenté de limiter la population par un ramassage, en particulier via les clubs de plongée, qui a duré six mois.
Des déplacements d'oursins d'une zone abondante vers un secteur pauvre ont été réalisés avec succès.
Le nom français d'oursin diadème est directement issu du nom scientifique.
La précision non conventionnelle "des Antilles" est une proposition du site DORIS pour permettre de distinguer Diadema antillarum de l'oursin diadème Centrostephanus longispinus (Philippi, 1845).
Diadema : du grec [diadema] = diadème, bandeau royal.
antillarum : latinisation du mot "Antilles", dans le sens "provenant des Antilles".
Numéro d'entrée WoRMS : 124332
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Echinozoa | Echinozoaires | Echinodermes non étoilés de forme globuleuse ou allongée. Ce groupe renferme les oursins et les concombres de mer. |
Classe | Echinoidea | Echinides | Ce sont les oursins. Forme globuleuse ou hémisphérique, squelette qui porte des piquants mobiles, des pédicellaires et des pieds ambulacraires. Pouvoir de régénération limité. |
Super ordre | Diadematacea | Diadématacés | |
Ordre | Diadematoida | Diadématoïdes | Oursins réguliers avec un test rigide ou flexible, épines creuses et longues. |
Famille | Diadematidae | Diadématidés | |
Genre | Diadema | ||
Espèce | antillarum |
Individu noir et blanc
Ce spécimen est ici présent dans son biotope caractéristique constitué d'un fond de roches et de corail.
Rivière Claire, Martinique (972), 7 m
13/05/2008
Spécimen particulièrement noir
Il présente un anus gonflé.
Caye Sainte-Luce, Martinique (972), 8 m
11/12/2008
Dans un trou
Bien caché dans une faille, cet oursin diadème des Antilles est à l'abri de la lumière.
Anse Sainte-Marie, Guadeloupe (971), 15 m
05/2006
Juvénile
Ce juvénile est identifiable grâce à ses épines rayées de noir et blanc.
Trois îlets, Martinique (972), 1 m
05/2004
Etoile bleue remarquable
L'anus, entouré d'un anneau bleu, est particulièrement visible sur ce cliché. De cet anneau partent cinq bandes bleues radiales considérées comme les organes de la vision.
Epave Amélie, Saint-Pierre, Martinique (972), de nuit, 9 m
21/11/2008
Forte densité
Lorsque les conditions alimentaires le permettent, la densité de ces oursins peut être particulièrement élevée.
Les Saintes, Guadeloupe (971)
07/2006
Un "champ" d'oursins
Certains sites de plongée sont connus pour leur grande concentration en oursin diadème des Antilles.
Les Saintes, Guadeloupe (971)
07/2006
Abri pour juvéniles
Les épines servent d'abri pour des larves et des juvéniles. Ici, ce sont de petites crevettes (Mysidium sp.)
Les Saintes, Guadeloupe (971)
07/2006
Abri pour petits poissons
Les pieds ambulacraires sont visibles.
Martinique (972)
27/10/2004
Sur un surplomb
Cet oursin est certainement en train de brouter.
Guadeloupe (971)
02/2005
Rassemblement
Trois spécimens rassemblés sur un tapis d'algues.
Trois îlets, Martinique (972), 1 m
05/2004
"Crabe d'oursin",
Qui se protège des prédateurs (Percnon gibbesi).
Anse Trois Airs, Martinique (972), 5 m
28/07/2007
Détail très rapproché
On distingue la base des piquants, de deux couleurs, l'anus et des pédicellaires en pince à sucre.
Cayo Largo, Canal de las Barracudas, Cuba, 7 m
28/04/2009
Vidéo : Reproduction
Cette vidéo montre un oursin diadème mâle en train d'expulser ses gamètes. Le photographe précise qu'il n'y avait pas d'autres oursins en reproduction aux alentours.
Plage du Souffleur, Port Louis, Guadeloupe (971), 2m
21/07/2019
Espèce de l'Atlantique Est
La coloration peut être très différente d'un oursin à l'autre.
Fuerventura, Canaries, 17 m
17/06/2009
Campagne d'éradication
Régulièrement, des campagnes d'éradication sont organisées aux Canaries où l'oursin diadème est envahissant. Cette photo est un témoin de la campagne 2009, avec D. africanum.
Ténérife, Canaries, 15 m
26/07/2009
Test
Test de Diadema africanum, ramassé aux Canaries, après séchage et nettoyage.
Ténérife, Canaries
11/2009
Détail du test
On voit très bien les reliefs d'accroche, alignés en étoile (toujours D. africanum).
Ténérife, Canaries
11/2009
Test blanchi
L'implantation des tubercules et les zones interambulacraires sont bien visibles sur ce test.
Deshaies, Guadeloupe (971), 7 m
20/09/2009
Rédacteur principal : Sylvie DIDIERLAURENT
Correcteur : Gaël ROCHEFORT
Responsable régional : Sylvie DIDIERLAURENT
Attrill M.J., Kelmo F., 2007, Opportunistic responses of Diadema antillarum (Echinodermata : Echinoidea) populations following the 1997-98 El nino event in Bahia, Brazil, Estuarine, Coastal and Shelf Science, 73, 243-248.
Edmunds P.J., Carpenter R.C., 2001, Recovery of Diadema antillarum reduces macroalgal cover and increases abundance of juvenile corals on a Caribbean reef, Proceedings of the National Academy of Sciences, 98(9), 5067–5071.
Sentís-Hernández M., 2008, Relaciones interespecíficas entre Diadema antillarum (Echinodermata : Diadematidae) y otros invertebrados a lo largo del ciclo lunar, Anales Universitarios de Etología, 2, 62-70.
La page de Diadema antillarum dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN.