Coquille épaisse et conique à spire peu élevée
Taches noires allongées axialement sur fond blanchâtre
Stries spirales perpendiculaires à l’axe
Deux bandes spirales claires
Ouverture blanche à violacée
Cône vermiculé
Vermiculate cone, worm cone, astrologer's cone, chaldean cone shell (GB), Wurmkegel, Wurm-conus (D), Apugan (Philippines)
Cucullus chaldaeus, Röding 1798
Conus
chaldeus
(Röding, 1798) erreur d’écriture mais ce nom est parfois
utilisé
Virroconus chaldaeus, Röding 1798
Conus vermiculatus, Lamarck 1822
Conus brunneus var pemphigus, Dall 1910
Stephanoconus brunneus pemphigus (var.), Dall 1910
Indo-Pacifique
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueConus chaldaeus fréquente les eaux de l'océan Indien et de l'océan Pacifique depuis la côte est de l'Afrique jusqu'à la côte ouest de l'Amérique du Sud. Il ne fréquente pas la mer Rouge ni les côtes de l'île de Pâques. En particulier, on le rencontre sur les côtes de Tanzanie, du Mozambique, d'Afrique du Sud, de Mayotte, de Madagascar, de La Réunion, des Seychelles, de l'île Maurice, de Thaïlande, du Vietnam, d'Indonésie, de l'archipel d'Okinawa, des Philippines, de Papouasie Nouvelle Guinée, d'Australie, de Nouvelle Zélande, de Polynésie, d'Hawai, et des Galapagos.
Conus chaldaeus vit sur les récifs à faible profondeur parmi les débris coralliens, le sable ou les rochers. Il est communément rencontré sur les platiers coralliens de la zone intertidale*, et plus rarement dans la zone subtidale*.
Ce petit cône de 20 mm à 59 mm de longueur, possède une coquille conique épaisse et une spire* peu élevée. Sur un fond blanchâtre, crème ou rosé, la coquille présente des taches noires ou brun foncé allongées axialement* et légèrement ondulées. Des stries spirales perpendiculaires à l’axe sont plus ou moins marquées. Deux bandes spirales claires sont présentes : la première, plus ou moins prononcée, est située au premier tiers de la coquille à partir de la partie antérieure ; la seconde est située au niveau de l’épaulement (bord anguleux). Les tubercules présents au niveau de l'épaulement sont émoussés. L'apex* est blanc, la ligne de suture présente des pointillés rosâtres.
L’ouverture, blanche à violacée, s’élargit vers la base. Le bord du labre* est noir.
Le périostracum* est jaune, fin, translucide et lisse.
Le corps de l’animal est marron clair à ocre rouge. Le dessus du pied est beige couvert de rose à ses extrémités. La partie antérieure présente une zone frontale massive rouge avec une grande tache noire bilobée. Une ligne de points noirs parcourt les côtés et la partie postérieure. Le dessous du pied est orné d'une fine ligne noire située à environ 1 mm du bord. Les tentacules* sont blancs.
Comme tous les cônes, le cône astrologue possède une trompe ou proboscis* située à l'intérieur d'un entonnoir musculeux extensible, appelé rhynchodaeum (voir le schéma). Le siphon et l'entonnoir
musculeux extensible sont tachetés de noir ou de brun sur fond blanc. L'extrémité du siphon est massive et rouge. Elle est suivie de quelques points rouges sur fond blanc. Cette description de l'animal correspond à des spécimens de Papouasie Nouvelle-Guinée. A Hawaï ou aux Maldives, la coloration de l'animal diffère.
A Hawaï, le corps de l'animal est noir. Une large bande brun clair parcourt le dessous du pied. L'extrémité du siphon et de l'entonnoir musculeux extensible sont rouges. Aux Maldives, le dessous du pied est jaune rougeâtre, le bord est rouge. La ligne noire qui en orne le bord est discontinue sur la partie arrière.
On peut confondre C. chaldaeus et Conus ebraeus qui partagent le même biotope* et peuvent être considérés comme des espèces sympatriques*. Ce dernier, de taille légèrement plus grande, possède trois à quatre lignes spirales de taches noires quadrangulaires sur fond blanc disposées en chevrons. Les rayures spirales sont plus fines et moins nombreuses que chez C. chaldaeus. La spire peu élevée est souvent érodée. C. chaldaeus est moins abondant que C. ebraeus et se rencontre plus souvent à la limite de son habitat, côté mer.
Conus chaldaeus est un cône vermivore qui se nourrit de vers annélides polychètes, en particulier des Eunicidés et Néréidés. Le régime varie selon l'habitat.
Les espèces d’annélides
polychètes le plus souvent consommées sont :
Palola
siciliensi
, Platynereis
dumerili, Ceratonereis
mirabilis. Il n’ y a pratiquement
pas de compétition alimentaire entre les deux espèces
C. chaldaeus et C. ebraeus, malgré les
similitudes au niveau de la coquille et de la morphologie des dents
radulaires*.
Pour attraper sa proie, le cône développe son entonnoir
musculeux extensible aussi largement que possible ainsi
que son proboscis muni à son extrémité d'une dent radulaire contenant
le venin. La dent est enfoncée dans la proie par le proboscis , et y reste
plantée. Le venin agit rapidement. Il ne paralyse pas les proies, mais inhibe la réponse à
la stimulation. Ainsi les proies ne peuvent échapper à leur prédateur. L’entonnoir musculeux extensible et la bouche
se dilatent et la proie est engloutie puis digérée.
Les cônes ont des sexes séparés. Les mâles possèdent un pénis sur le côté droit en arrière du tentacule oculaire.
Ce cône pond des œufs dans des capsules ovigères* sous les blocs de corail. Ces capsules sont en forme de vasques ou de petites urnes aplaties et alignées. Elles sont blanches, translucides et arrondies. Dans chacune d’elles des centaines d’embryons se développent avant de s’évader par une ouverture. L'éclosion des œufs donne naissance à des larves* trochophores* planctoniques* qui donneront des larves véligères* en quelques jours, qui se métamorphoseront chacune en un jeune cône qui se posera ensuite sur le fond.
On trouve souvent cette espèce en compagnie de Conus ebraeus mais ces deux espèces ne sont pas associées.
De nombreux cônes peuvent être consommés par des poissons, des astéries, des crabes et des poulpes.
Des épibiontes*, comme des algues rouges calcaires encroûtantes, peuvent se développer sur la coquille.
Conus chaldaeus fait partie des espèces les plus communes des platiers coralliens.
C'est un cône venimeux non mortel pour l’homme. Son appareil venimeux est composé de quatre organes principaux : la glande musculaire, le conduit à venin, le sac radulaire* et le complexe pharynx*-proboscis.Si l’appareil venimeux est le même pour tous les cônes, la composition du venin et la forme de la dent radulaire sont spécifiques à chaque espèce. Les dents radulaires des espèces de cônes vermivores sont généralement plus petites, plus droites et possèdent moins de barbillons que celles des cônes piscivores qui sont de véritables harpons.
Lorsqu’un plongeur ou un pêcheur ramasse un coquillage vivant, l’animal se rétracte dans sa coquille. Il tente ensuite de se défendre en déployant sa trompe et son harpon venimeux. Il peut ainsi attaquer le plongeur qui le tient à la main ou qui l’a enfoui dans son maillot de bain. La fléchette empoisonnée peut traverser les vêtements légers.
Les venins des cônes contiennent des protéines actives, les conotoxines. Certaines d’entre elles ont été analysées et leur séquence ADN identifiée en particulier chez les cônes piscivores et malacophages*. Plusieurs substances issues des conotoxines ont trouvé des applications thérapeutiques, par exemple comme traitement des douleurs chroniques sévères, anticonvulsivant, anti-ischémique cérébral.
Les espèces du genre Conus sont appréciées des collectionneurs. Concernant Conus chaldaeus, les prix de vente sont bas, et l'espèce est largement distribuée et abondante pour répondre à cette demande.
Cette espèce, ne subissant pas de menaces particulières, est classée par l'UICN* dans la catégorie LC (pour Least Concern) ou préoccupation mineure.
Linné
qui a décrit
Conus ebraeus
considérait les coquilles du futur C.
chaldaeus
comme des variantes de celles de C. ebraeus. Ce sont Röding en 1798 et Lamarck en 1810 qui
ont séparé les deux espèces. Les répartitions géographiques
sont semblables et ces deux espèces occupent, en gros, le même
habitat. Cependant il y a de petites différences dans l’aspect des
coquilles et
C. ebraeus
vit
plus près du bord que
C. chaldaeus. Les
annélides polychètes consommées sont différentes (les 2 espèces
consomment
Palola
siciliensis
certes, mais C.
ebraeus
consomme beaucoup de Perinereis
helleri
(Grube, 1878) alors que
C.
chaldaeus
consomme
plutôt Platynereis
dumerilii
.
Les petites différences morphologiques pour distinguer les deux
espèces sont confirmées par l’écologie.
Cône pour désigner une coquille en forme de cône.
Astrologue : les Chaldéens étaient réputés pour leur savoir en astronomie. Notamment, ils ont inventé le zodiaque.
Conus : du latin [conus]= cône, allusion à la forme de la coquille. Nom de genre créé par Linné en 1758.
chaldaeus : du latin [chaldæus] = chaldéen, désignant les peuples de Chaldée et aussi le nom des prêtres astrologues de Babylone. La Chaldée désignait originairement le territoire compris entre Babylone et le nord du golfe Persique. Les dessins du cône pourraient ressembler à l’écriture syriaque utilisée par les chaldéens et justifier le choix de ce nom d'espèce. Röding, en 1798, n’explique pas l’origine de ce nom.
Il est à noter que les trois cônes du sous-genre Virroconus possèdent des noms d’espèces ayant trait à des peuples bibliques : Conus chaldaeus, les chaldéens, Conus ebraeus, les hébreux et Conus judaeus, les judéens. Toutefois ces cônes ont été décrits et nommés par trois personnes différentes et à des moments différents, respectivement Röding en 1798 (sous le nom de genre Cucullus), Linné en 1758 et Bergh en 1895.
Numéro d'entrée WoRMS : 430457
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Neogastropoda | Néogastéropodes | Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea. |
Famille | Conidae | Conidés | Coquille de taille moyenne à grande voire très grande, normalement 20-50mm jusqu'à 170 mm de haut, conique ou biconique avec une ouverture étroite et un canal siphonal court. Sculpture spirale habituellement développée, sculpture axiale absente ou sous la forme de tubercules sur l'épaulement. Sinus anal peu profond à modéré sous la suture. Opercule présent, petit à nucléus terminal. Bouchet & al.2011. |
Genre | Conus | ||
Espèce | chaldaeus |
Petit cône
La coquille de Conus chaldeus présente des taches allongées légèrement ondulées. Sur ce spécimen les taches sont brun foncé. Deux bandes spirales claires sont bien marquées. L’ouverture s’élargit vers la base.
La Réunion, 3 m
NA
Vue sur la spire
La spire de ce cône, dont l'apex* est usé, est peu élevée.
La Réunion, 3 m
NA
A Mayotte
On voit sur cette photo l'extrémité du siphon qui est ici couleur aubergine.
Mtsanga Fanou, Mayotte, 1 m
15/05/2018
Périostracum
Un
fin
périostracum jaune
recouvre la coquille. L’encroûtement
rougeâtre est probablement
dû à une algue rouge calcaire encroûtante.
La Réunion
08/2010
Ponte
Du fait de la transparence des capsules ovigères aplaties on aperçoit les œufs.
La Réunion
11/2010
Ponte
Ce cône est en train de pondre ses œufs. Les capsules ovigères* sont en forme de petites urnes aplaties et alignées, blanches et arrondies. Dans chacune d’elles des centaines d’embryons se développent avant de s’évader par une ouverture.
La Réunion
11/2010
Pour mieux comprendre le comportement de chasse
Le proboscis* portant la dent radulaire est entouré d'un entonnoir musculeux extensible appelé rhynchodaeum.
Schéma réalisé à partir de piusieurs documents
06/03/2017
Rédacteur principal : Nadine SABOURIN
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Sylvie HUET
Bergh
R., 1896, Beiträge zur Kenntnis der Coniden, Nova Acta Abhandlungen
der Kaiserlichen Leopoldinisch-Carolinischen Deutschen Akademie der
Naturforscher, XLV(2), 69-214.
James M.J., 1980, Comparative morphology of radular teeth in Conus : observations with scanning electron microscopy, Journal of Molluscan Studies, 46, 116-128.
Kohn A.J., Orians G.H., 1962, Ecological data in the classification of closely related species, Systematic Zoology, 11(3), 119-127.
Kohn A., 2013, Conus chaldaeus,The IUCN Red List of Threatened Species. http://dx.doi.org/10.2305/IUCN.UK.2013-1.RLTS.T192580A2119977.en.
Leviten P. J.,1978, Resource Partitioning by Predatory Gastropods of the Genus Conus on Subtidal Indo-Pacific Coral Reefs: The Significance of Prey Size, Ecology, 59(3), 614–631.
Marsch H., 1970, Preliminary studies of the venoms of vermivorous conidae, Toxicon, 8, 271-277.
La page de Conus chaldaeus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN