Cône hébraïque

Conus ebraeus | Linnaeus, 1758

N° 4597

Océan Pacifique, océan Indien, mer Rouge

Clé d'identification

20 mm à 50 mm de longueur
Coquille conique épaisse à spire peu élevée
Epaule crénelée
Quatre bandes spirales de taches noires quasi rectangulaires
Stries spirales plus marquées à la base
Ouverture blanche à violacée plus large vers la base

Noms

Autres noms communs français

Cône hébreu

Noms communs internationaux

Hebrew con (GB)

Synonymes du nom scientifique actuel

Virroconus ebraeus (Linnaeus,1758)
Conus quadratus
Perry, 1811

Distribution géographique

Océan Pacifique, océan Indien, mer Rouge

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]

Conus ebraeus fréquente les eaux de l'océan Indien et de l'océan Pacifique depuis la côte est de l'Afrique jusqu'à la côte ouest de l'Amérique centrale.

En particulier, on le rencontre sur les côtes de la mer Rouge et de l'Afrique de l'Est jusqu'à l'Afrique du Sud, sur les côtes de Mayotte, de Madagascar, des Seychelles et des Mascareignes, sur les côtes des Philippines, de l'Indonésie, du Japon, de l'Australie, de Papouasie-Nouvelle-Guinée, et sur les côtes des îles Galápagos jusqu'à l'ouest de l'Amérique centrale, depuis l'Etat de Washington aux Etats-Unis jusqu'aux côtes de l'Equateur.

Biotope

Conus ebraeus vit dans la zone des 0 à 3 m de profondeur dans le sable et les rochers. Il fréquente les plateaux coralliens de la zone intertidale*.

Description

Ce petit cône de 20 mm à 50 mm de longueur possède une coquille conique et une spire* peu élevée souvent érodée. Sur un fond blanc, parfois rosé, la coquille présente quatre bandes spirales de taches noires plus ou moins rectangulaires. Les deux bandes médianes sont plus grandes.

L’épaule (jonction entre la spire et le dernier tour) est crénelée de petits tubercules émoussés. Des stries spirales perpendiculaires à l’axe sont plus marquées à la base. La coquille présente également une bande spirale claire plus ou moins marquée en fin du tiers antérieur de la coquille et une autre bande au niveau de l’épaule.

L’ouverture, qui s'élargit à la base, est blanche à violacée. Le bord du labre* est noir au niveau des bandes de taches noires.

Le périostracum* est fin et transparent ou jaunâtre.

La coquille des juvéniles (de taille inférieure à 10 mm) présente quelques taches noires sur un fond rouge. Lorsque l'animal grandit, le nombre de taches noires augmente et progressivement la coquille s'éclaircit.

Espèces ressemblantes

On peut confondre Conus ebraeus avec Conus chaldaeus. Ces deux espèces partagent le même biotope* et peuvent être considérées comme des espèces sympatriques*. Conus chaldaeus possède des taches noires allongées axialement non délimitées.
Linné, qui a décrit Conus ebraeus, considérait les coquilles de C. chaldaeus comme des variantes de celles de C. ebraeus.
Ce sont Röding en 1798 et Lamarck en 1810 qui ont séparé les deux espèces. Les répartitions géographiques sont semblables et ces deux espèces occupent globalement le même habitat. Cependant il y a de petites différences dans l’aspect des coquilles et C. ebraeus vit plus près du bord que C. chaldaeus.

Conus judaeus et Conus ebraeus ont des coquilles similaires et sont indistinguables sans un examen de leurs dents radulaires*. A ce jour (septembre 2021) la distribution de Conus judaeus est peu connue mais s'avère bien moins large que celle de Conus ebraeus. Cette espèce a été identifiée à Okinawa dans le Pacifique Nord, aux Seychelles et aux Philippines. Les photographies présentées dans cette fiche n'ayant pas été prises dans ces lieux, ont été attribuées à Conus ebraeus.

Conus judaeus a été décrit par Ludvig Bergh, médecin et zoologiste danois, en 1895, sur la base d'un seul spécimen. Bergh a montré que les dents radulaires de ce spécimen différaient de celles de Conus ebraeus. Jusqu'aux années 2000, la classification de Bergh n'était pas acceptée par les taxonomistes, mais des travaux publiés en 2009 ont montré, grâce à l'étude de l'ADN de plusieurs spécimens récoltés à Okinawa, l'existence de 2 espèces et ont confirmé la description des dents radulaires effectuée par Bergh en 1895. Au stade juvénile, les dents radulaires de ces deux espèces sont similaires, et seule l'analyse moléculaire peut les identifier. La similitude de la forme des dents au stade juvénile et leur différence au stade adulte sont reliées au comportement alimentaire de ces espèces. En effet, les juvéniles des deux espèces se nourrissent de petits polychètes errants de la famille des Syllidés. Les adultes de Conus ebraeus se nourrissent de vers errants, principalement herbivores, de la famille des Nereididés et Eunicidés, vulnérables lorsqu'ils recherchent leur nourriture sur les algues. Par contre les adultes de Conus judaeus se nourrissent de polychètes de la famille des Capitellidés, vers sédentaires qui creusent le sable. Leurs dents acérées, munies de dentelures et plus longues que celles de Conus ebraeus leur permettent d'extraire du sable les vers dont ils se nourrissent.

Alimentation

Conus ebraeus est un cône vermivore qui se nourrit de vers annélides polychètes en particulier dans les familles des Eunicidés et Nereidés. Il n’ y a pratiquement pas de compétition alimentaire avec Conus chaldaeus. En effet, les annélides polychètes consommées sont différentes : les 2 espèces consomment Palola siciliensis mais C. ebraeus consomme beaucoup de Perinereis helleri (Grube, 1878) alors que C. chaldaeus consomme plutôt Platynereis dumerilii.

Pour attraper sa proie, le cône développe son entonnoir musculeux extensible aussi largement que possible ainsi que son proboscis* muni à son extrémité d'une dent radulaire* contenant le venin. La dent est enfoncée dans la proie par le proboscis, et y reste plantée. Le venin agit rapidement. Il ne paralyse pas les proies, mais inhibe la réponse à la stimulation. Ainsi les proies ne peuvent échapper à leur prédateur. L’entonnoir musculeux extensible et la bouche se dilatent et la proie est engloutie puis digérée.

Reproduction - Multiplication

Les cônes ont des sexes séparés. Les mâles possèdent un pénis sur le côté droit en arrière du tentacule* oculaire.

Ce cône pond des œufs sous les blocs de corail. Les capsules ovigères* sont en forme de vasques ou de petites urnes aplaties et alignées. Elles sont blanches et arrondies. Dans chacune d’elles des centaines d’embryons se développent avant de s’évader par une échancrure.

L'éclosion des œufs donne naissance à des larves* trochophores* planctoniques* qui se métamorphosent* en quelques jours et se posent ensuite sur le fond.

Vie associée

De nombreux cônes peuvent être consommés par des poissons, des astéries, des crabes, et des poulpes.

Divers biologie

Conus ebraeus fait partie des espèces les plus communes des platiers coralliens. C'est un cône venimeux non mortel pour l’homme. Son appareil venimeux est composé de quatre organes principaux : la glande musculaire, le conduit à venin, le sac radulaire* et le complexe pharynx*-proboscis*.

  • la glande musculaire ou glande de Leiblin se contracte pour expulser le venin.
  • le conduit à venin sécrète le liquide venimeux. Le venin y est synthétisé et stocké puis débouche au niveau du pharynx.
  • le sac radulaire renferme les dents radulaires constituées d’un tube de chitine* rigide dans lequel le venin peut s’écouler. Les dents radulaires sont prêtes à l’utilisation.
  • le proboscis est capable de s’invaginer pour prélever et fixer une dent à son extrémité puis de se dilater jusqu’à atteindre la proie située à plusieurs centimètres du cône.

Si l’appareil venimeux est le même pour tous les cônes, la composition du venin et la forme de la dent radulaire sont spécifiques à chaque espèce. Les dents radulaires des espèces de cônes vermivores sont généralement plus petites, plus droites et possèdent moins de barbillons que celles des cônes piscivores qui sont de véritables harpons.

Lorsqu’un plongeur ou un pêcheur ramasse un coquillage vivant, l’animal se rétracte dans sa coquille. Il tente ensuite de se défendre en déployant sa trompe et son harpon venimeux. Il peut ainsi attaquer le plongeur qui le tient à la main ou qui l’a enfoui dans son maillot de bain. La fléchette empoisonnée peut traverser les vêtements légers.

Les venins des cônes contiennent des protéines actives, les conotoxines. Certaines d’entre elles ont été analysées et leur séquence ADN identifiée en particulier chez les cônes piscivores et malacophages*. Plusieurs substances issues des conotoxines ont trouvé des applications thérapeutiques, par exemple comme traitement des douleurs chroniques sévères, anticonvulsivant, anti-ischémique cérébral.

Informations complémentaires

Les espèces du genre Conus sont appréciées des collectionneurs. Concernant Conus ebraeus, les prix de vente sont bas, ce qui semble indiquer que l'espèce est largement distribuée et assez abondante pour répondre à cette demande.

Cette espèce, ne subissant pas de menaces particulières, est classée par l'UICN* dans la catégorie LC (pour Least Concern) ou préoccupation mineure.

Origine des noms

Origine du nom français

Cône : pour désigner une coquille en forme de cône.
hébraïque : traduction du nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Conus : du latin [conus]= cône, allusion à la forme de la coquille. Nom de genre créé par Linné en 1758.

ebraeus : du grec ancien [ebraioi], lui même de l’hébreu [ibri], qui désigne une population du Proche-Orient ancien ayant vécu au premier millénaire.

Dans une monographie, publiée en 1895, présentant l'étude anatomique de 33 espèces du genre Conus, Bergh a décrit une nouvelle espèce qu'il a nommé Conus judaeus. Ce choix perpétue ainsi la tradition établie par Linné en 1758 avec Conus ebraeus, poursuivie par Röding en 1798 avec Conus chaldaeus, de nommer les cônes possédant des taches noires sur fond clair par des noms de pays et populations bibliques. Linné a peut-être voulu évoquer la ressemblance de ces taches noires avec les caractères de l'alphabet hébreu.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 215436

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Caenogastropoda Caenogastropodes
Ordre Neogastropoda Néogastéropodes Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea.
Famille Conidae Conidés

Coquille de taille moyenne à grande voire très grande, normalement 20-50mm jusqu'à 170 mm de haut, conique ou biconique avec une ouverture étroite et un canal siphonal court. Sculpture spirale habituellement développée, sculpture axiale absente ou sous la forme de tubercules sur l'épaulement. Sinus anal peu profond à modéré sous la suture. Opercule présent, petit à nucléus terminal. Bouchet & al.2011.

Genre Conus
Espèce ebraeus

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