Eolis d'Alder

Aeolidiella alderi | (Cocks, 1852)

N° 1920

Atlantique Nord-Est, Méditerranée

Clé d'identification

Nudibranche éolidien blanchâtre
Cérates, de la première rangée derrière la tête, clairs formant une collerette blanchâtre
Cérates suivants courts et serrés avec apex clair
Tentacules oraux et rhinophores avec du blanc ou du jaune pâle sur la pointe

Noms

Autres noms communs français

Eolis à collerette

Noms communs internationaux

Alder aeolis (GB), Eolidia de Alder (E), Gekraagde vlokslak (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Eolida soemmeringii Leuckart, 1828
Eolis alderi Cocks, 1852
Eolidina alderi (Cocks, 1852)
Aeolidiella soemmeringii Bergh, 1882
Eolidina mediterranea (Bergh, 1885)
Aeolidiella soemmeringii Schmekel & Portmann, 1982

Distribution géographique

Atlantique Nord-Est, Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Cet éolidien se rencontre en mer d'Irlande, mer du Nord, sur les côtes de l'Atlantique jusqu'au Maroc et également en Méditerranée jusqu'en Turquie (mer Egée).

Biotope

Cette espèce peut être commune sous les pierres, à faible profondeur où elle se nourrit d'anémones de mer.

Description

Aeolidiella alderi est un petit éolidien. Il peut atteindre une longueur de 37 mm. La forme du corps est large (mais plus étroit que Aeolidia papillosa et A. filomenae) et aplatie, de couleur blanchâtre ou crème pâle ou fauve avec du pigment orange rougissant des parties du dos.

La principale caractéristique d'Aeolidiella alderi est que la première rangée de cérates* est blanche, elle forme ainsi une collerette blanche. Les cnidosacs* y sont proportionnellement plus importants que dans les autres cérates car la glande digestive y est réduite.
Les cérates sont courts (plus grands au milieu que sur les bords) et serrés, blancs, bruns ou pourpres (voire orange ou noirs) avec souvent des pointes plus claires. Les extensions de la glande digestive déterminent la couleur des cérates, cette couleur dépendant de l'alimentation. On peut observer jusqu'à 16 rangées transverses obliques de cérates sur chaque côté du dos, chaque demi-rang comprenant jusqu'à 10 cérates allongés et mobiles. Tous les cérates contiennent des cnidosacs blancs près de l'extrémité.

Les tentacules oraux et les rhinophores* sont lisses ou légèrement ridés, ils sont de la couleur du corps avec des pointes blanches ou jaune pâle. Les tentacules* oraux sont légèrement plus longs que les rhinophores ; les tentacules pédieux* sont bien visibles mais arrondis et courts.

A la base de chaque rhinophore, un point noir peut être remarqué (ce sont les taches oculaires).
Les jeunes de moins de 5 à 6 mm portent une tache violette en arrière des yeux et à droite du corps.

Espèces ressemblantes

Les Aeolidiella sont assez difficiles à distinguer les unes des autres ; deux autres espèces sont présentes sur nos côtes. Ces deux espèces ne portent pas la collerette caractéristique d'A. alderi et n'ont pas été observées en Méditerranée.

  • Aeolidiella glauca (Alder & Hancock, 1845) : blanche à brune ; il n'y a pas de collerette caractéristique mais de petits points blancs irisés sur le dos, les cérates et les tentacules. Les tentacules oraux et rhinophores sont lisses avec des pointes blanches (les bases des rhinophores sont plus rapprochées que chez A. alderi). Elle peut supporter une légère dessalure* et semble absente de Méditerranée.
  • Aeolidiella sanguinea (Norman, 1877) : l'ensemble du corps, y compris les cérates et les trois paires de tentacules, sont jaune pâle, orange ou rouges (selon le régime alimentaire), seule la pointe des appendices dorsaux est blanche ainsi que la sole* pédieuse. Il n'y a pas de collerette derrière les rhinophores comme chez A alderi. Elle est absente en Méditerranée.

Il existe également deux espèces plus grandes et plus aplaties : Aeolidia papillosa et A filomenae.

  • Aeolidia papillosa (Linnaeus, 1761) : le corps est large, peu élevé et peut mesurer jusqu'à 120 mm de long. Les cérates sont nombreux (jusqu'à 25 rangées de 8 à 12), ils sont allongés et minces, jamais aplatis. Leur diamètre est uniforme sur la plus grande partie de leur longueur. Leur coloration est plus sombre que le reste du corps. Leur extrémité est blanc-beige. Le gonopore* est localisé entre le 6ème et le 8ème rang de cérates du côté droit.
  • Aeolidia filomenae Kienberger, Carmona, Pola, Padula, Gosliner & Cervera, 2016 : cette nouvelle espèce décrite en 2016 est très proche d'Aeolidia papillosa. Quelques différences peuvent être notées : les cérates de A. filomenae sont plus aplatis, légèrement en forme de crochet et présentent une coloration plus pâle que le reste du corps. Le gonopore est situé entre le 4ème et le 5ème rang.

Alimentation

Il s'agit d'une espèce qui se nourrit d'anémones de mer : elle semble avoir une préférence pour l'anémone solaire Cereus pedunculatus (Pennant, 1777), mais peut se nourrir également de l'anémone flammée Diadumene cincta Stephenson, 1925, de la sagartie élégante Sargatia elegans (Dalyell, 1848), de la sagartie des vases Sagartia troglodytes (Price in Johnson, 1847), de l'œillet de mer Metridium dianthus (Ellis, 1768), du sagartiogeton lacéré Sagartiogeton laceratus (Dalyell, 1848), de l'anémone striée des posidonies Paractinia striata (Risso, 1826), de l'anémone marguerite Actinothoe sphyrodeta (Gosse, 1858), de l'aiptasie verte Aiptasia mutabilis (Graveenhorst, 1831), de l'anémone de mer verte Anemonia viridis (Forsskal, 1775), et de l'anémone gemme Aulactinia verrucosa (Pennant, 1777) par exemple.

Reproduction - Multiplication

Ces gastéropodes sont hermaphrodites*, possédant à la fois des organes mâle et femelle. La ponte est déposée sur le support sous la forme d'un cordon muqueux presque cylindrique, spiralé contenant de gros œufs. Cette espèce a un développement direct, c'est-à-dire sans stade larvaire* planctonique*. Les larves benthiques qui éclosent mesurent moins de 1 mm et n'ont pas encore de cérates. Plusieurs mois sont nécessaires pour acquérir la taille adulte pour se reproduire. La reproduction semble avoir lieu toute l'année.

Vie associée

Elle peut être l'hôte de copépodes* parasites :
- Doridicola agilis Leydig , 1853
- Splanchnotrophus angulatus Hecht, 1893.
On observe alors, sur le dos, de petits sacs colorés parmi les cérates.

Des zooxanthelles* ont été observées dans les tissus de cette espèce. Elles ont été acquises certainement lors de la consommation d'anémones de mer.

Divers biologie

Les cérates présents sur le dos servent à la respiration de l'animal (échanges gazeux cutanés). Mais ils sont aussi des organes de défense, grâce aux cnidosacs* situés au sommet de chaque cérate. Ces cnidosacs conservent intacts et prêts à servir les cnidocytes* urticants que le nudibranche a capturés chez ses proies en les mangeant.
Le nombre de cérates augmente avec la croissance de l'individu.
Tardy en 1964 a décrit le comportement d'Aeolidiella alderi lors de l'attaque sur Cereus pedunculatus. « Les papilles de la collerette s'allongent jusqu'à doubler ou même tripler de longueur tandis qu'elles orientent leur extrémité qui est alors effilée vers la proie. L'éolidien qui se trouve à moins de 1 cm de sa proie, s'en approche imperceptiblement jusqu'à ce que l'extrémité de la collerette, légèrement en avant du mufle, effleure la colonne de l'actinie. ... à la loupe binoculaire on constate que l'extrémité de chaque cérate est animée de vibrations fugaces, tandis qu'il se déplace à quelques dixièmes de millimètre de sa proie. On s'aperçoit que ces appendices « mitraillent » littéralement l'actinie de projectiles fusiformes qui se sont révélés être les cellules contenues dans les cnidosacs des cérates de la collerette ». Cette attaque provoque la nécrose des tissus de l'anémone.

Les nudibranches possèdent des tentacules sensoriels pairs au niveau de la tête appelés rhinophores. Ils servent à analyser les molécules présentes dans l'eau afin d'appréhender le milieu sous l'angle chimique et de prendre par exemple connaissance de la nature des rencontres : présence de congénères, de proies, de dangers, etc.

Informations complémentaires

La coloration des individus dépend de leur alimentation.

Origine des noms

Origine du nom français

Eolis d'Alder est la traduction directe du nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Aeolidiella : diminutif de Aeolidia, du grec [Aeolis] = fille d'Eole, dieu grec du vent ;

alderi : en hommage à Joshua Alder (1792-1867), zoologiste et macologiste anglais, pionnier dans l'étude des nudibranches.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 138710

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Heterobranchia Hétérobranches
Super ordre Nudipleura Nudipleures
Ordre Nudibranchia Nudibranches Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre.
Sous-ordre Cladobranchia Cladobranches
Famille Aeolidiidae Eolidiidés Éolidiens au corps large, rhinophores et tentacules buccaux simples sans lamelles, pas de tentacule pédieux, cérates nombreux (non groupés) laissant le milieu du dos libre.
Genre Aeolidiella
Espèce alderi

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