Bryozoaire encroûtant commun des fonds coralligènes
Plaques jusqu'à 20 mm d'épaisseur
Coloration jaune vif à orange vif
Surface régulièrement mamelonnée
Aspect de surface grenu
Duvet de lophophores très discret
Schizomavelle mamillé
Schizoporella linearis var. mamillata Hincks, 1880
Schizomavella mamillata (Hincks, 1880)
Schizomavella linearis var. mamillata Marcus, 1940
Schizomavella mamillata Gautier, 1958
Méditerranée (endémique)
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Schizomavella mamillata est un bryozoaire endémique* de la Méditerranée où il est très commun, en particulier sur nos côtes méditerranéennes françaises.
Ce bryozoaire est caractéristique des fonds coralligènes où il abonde sur divers supports calcaires vivants ou morts.
Sur les côtes du nord de la Méditerranée, Schizomavella mamillata colonise entre 10 et 60 m de profondeur les pierres, les roches et les parois coralligènes* avec une nette préférence pour les parois verticales ou en surplomb bien exposées au courant nourricier.
Il faut noter qu'on le retrouvera bien plus profond sur les côtes tunisiennes, entre 60 et 110 m de profondeur.
Schizomavella mamillata est un bryozoaire encroûtant commun de couleur jaune vif à jaune orangé lumineux. Ses caractéristiques morphologiques bien marquées permettent une identification de l'espèce à l'œil nu, chose rare chez les bryozoaires encroûtants. Les colonies de formes plus ou moins arrondies ou ovales sont pourvues de mamelons régulièrement répartis sur l'ensemble de la surface.
Comme la grande majorité des bryozoaires encroûtants, la croissance se fait en périphérie de la colonie, mais aussi en hauteur par bourgeonnement* frontal des zoïdes*, ce qui donne une certaine épaisseur (de quelques mm à 20 mm environ) aux croûtes. Effectivement Schizomavella mamillata est constituée de plusieurs couches de zoïdes empilées les unes sur les autres, jusqu'à 50 lamelles superposées. Les colonies sont souvent de grande taille, jusqu'à 30 cm² et de 5 à 15 cm de diamètre. La surface des colonies est grenue. Le duvet de lophophores* orangés, courts et translucides est très discret.
Cellepora pumicosa forme des plaques encroûtantes fort semblables mais généralement plus foncées, plus épaisses et un peu plus grenues (présence de longs umbos*). D'autre part, les lophophores plus grands forment, lorsqu'ils sont déployés, un duvet bien net à la surface de la colonie.
Parasmittina rouvillei forme des croûtes légèrement plus claires, sans mamelons, à la surface irrégulière et qui côtoient souvent celles de Schizomavella mamillata.
Stephanotheca monoecensis forme des plaques encroûtantes généralement d'un orange vif plus soutenu, sans mamelons, bien moins épaisses et un peu moins grenues. Biotope* semblable.
Schizoporella dunkeri forme des plaques encroûtantes sans mamelons, de couleur orange soutenu à jaune, moins épaisses et plus grenues. Biotope moins profond et plus exposé à la lumière.
Comme tous les bryozoaires, c'est un filtreur suspensivore* microphage*. Les diatomées* (algues unicellulaires) et particules organiques sont la base de l'alimentation des bryozoaires. Les cils des lophophores* sont capables de créer des micro-courants permettant l'acheminement des particules alimentaires vers la bouche au centre du lophophore (dont les fonctions sont aussi celles de respiration et de nettoyage de la colonie).
Chez les bryozoaires, les deux types de reproduction, sexuée et asexuée, concourent au développement de l'espèce.
Au sein d'une même colonie, des zoïdes mâles et femelles existent, mais on connaît aussi des zoïdes hermaphrodites*.
La fécondation (reproduction sexuée) conduit à la formation d'œufs incubés dans les ovicelles*. Les œufs et les larves*, de couleur orangée forment des petits points parfois visibles. Ils donnent ensuite des larves libres nageuses, assurant la dissémination spatiale de l'espèce. Puis, ces larves se fixent sur un substrat* dur et libre, et se transforment en zoïdes primaires isolés appelés ancestrules*.
Chaque ancestrule forme une nouvelle colonie (reproduction asexuée) par bourgeonnement*, qui assure la croissance de la colonie laquelle s'accompagne d'une spécialisation de certains individus : on parle de polymorphisme* des zoïdes (autozoïdes, aviculaires, ...).
Ovicelles, embryons et larves sont observés toute l'année chez Schizomavella mamillata.
La distribution des individus de la colonie au niveau des creux et des mamelons correspond à une adaptation morphologique pour permettre une meilleure efficacité de la filtration de l'eau environnante en vue d'augmenter la capacité de nourrissage de la colonie.
Description microscopique :
- Colonie encroûtante plurilamellaire (jusqu'à 50 lamelles superposées et 20 mm d'épaisseur), bien calcifiée.
- Autozoïdes* polygonaux irréguliers, courts, convexes, de tailles et de positions très variables, inorganisés les uns par rapport aux autres et séparés par des sutures* distinctes. Taille des autozoïdes 0,40 à 0,64 mm de longueur sur 0,32 à 0,54 mm de largeur.
- Aperture* (ouverture primaire par où sort le lophophore) avec un sinus (échancrure médio-proximale) marqué.
- Deux discrètes épines sub-orales observables à fort grossissement chez les jeunes zoïdes.
- Paroi frontale perforée, principalement en périphérie.
- Ovicelle sub-orale proéminente, globuleuse avec des perforations irrégulières et close par l'opercule* de l'aperture.
- Aviculaire triangulaire dirigé vers la région proximale, non surélevé (sans umbo), long, de taille modérée et positionné à plat au centre de la paroi frontale. Avicellaire caractéristique très développé (logette constituant la partie fixe, calcifiée, de l'aviculaire et renfermant les muscles de la mandibule).
Le Genre Schizomavella est caractérisé par la présence d'un petit aviculaire médian (voir origine du nom scientifique).
Schizomavelle mamelonné est une proposition du site DORIS et une traduction du nom scientifique.
Schizomavelle mamillé est une proposition de Jean-Georges Harmelin et une traduction du nom scientifique.
Schizomavella : du grec [schizo-] = fendre, séparer en fendant (et donc évoquant, ici, une "lame encroûtante"), de "mav" qui est l'abréviation de "median avicularium" (Canu & Bassler 1917) et de [-ella] = petit.
mamillata : mamelonnée, par allusion à l'aspect macroscopique de ce bryozoaire encroûtant.
Numéro d'entrée WoRMS : 862797
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Gymnolaemata | Gymnolèmes | Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins. |
Ordre | Cheilostomatida | Cheilostomes | Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…). |
Sous-ordre | Neocheilostomatina/Ascophora | Ascophores | Paroi frontale calcifiée sous laquelle un sac flexible invaginé s'ouvre sur l’extérieur par un pore médian situé derrière le péristome et nommé ascopore. |
Famille | Bitectiporidae | Bitectiporidés | |
Genre | Schizomavella (Schizomavella) | ||
Espèce | mamillata |
Bryozoaire jaune orange vif, encroûtant, massif et mamelonné
Schizomavella mamillata est l'un des bryozoaires encroûtants jaune orangé les plus communs des fonds coralligènes en Méditerranée française.
Sec de la Revellata, Calvi (2B), Corse Ouest, 25 m
22/10/2008
Croûte épaisse
Schizomavella mamillata est formée de plusieurs couches de zoïdes superposées, son épaisseur peut atteindre près de 2 cm.
Fond coralligène.
Tamaris, Côte Bleue (13), 30 m
18/08/2008
Bryozoaire plutôt sciaphile
En haut à gauche, le bryozoaire encroûtant à la surface irrégulière est sans doute Parasmittina rouvillei que l'on retrouve souvent associé à Schizomavella mamillata dans le même biotope.
Tombant du Vengeur, îles de Lérins (06), 23 m
13/08/2007
Colonie jaune mamelonnée
Les petits mamelons à la surface de la colonie sont caractéristiques de Schizomavella mamillata.
La Revellata, Calvi (2B), Corse Ouest, 20 m
20/10/2008
Grande colonie orange vif uniforme
Les colonies de Schizomavella mamillata sont souvent de grande taille, ici plus de 15 cm de longueur.
Sec du Sarranier, îles d'Hyeres (83), 35 m
18/06/2009
Espèce du coralligène
Schizomavella mamillata est caractéristique des fonds coralligènes où elle abonde sur divers organismes calcaires morts ou vivants.
Tamaris, Côte Bleue (13), 30 m
05/07/2008
En lutte avec une éponge rouge encroûtante
Notez la régularité de l'organisation des zoïdes sur la marge de croissance de la colonie et où, pour le moment, il n'y a qu'une seule couche de zoïdes alors que le centre est déjà constitué d'individus désordonnés sur plusieurs couches superposées.
Gabinière Ouest, Port Cros (83), 20 m
31/05/2009
Sur un axe de gorgone morte
D'autres bryozoaires encroûtants et dressés cohabitent avec Schizomavella mamillata sur cet axe de gorgone morte.
Les Fourmigues, Giens (83), 25 m
27/07/2008
Colonie jaune clair
La couleur uniforme varie du jaune clair à l'orangé vif chez Schizomavella mamillata.
Sec de la Jaune Garde, Porquerolles (83), 26 m
30/10/2007
Faciès à bryozoaires
A côté des trois colonies de Schizomavella mamillata (S. m.), deux autres espèces de bryozoaires cohabitent, Parasmittina rouvillei (P. r.) et Dentiporella sardonica (D. s.).
Gabinière Ouest, Port Cros (83), 16 m
04/06/2006
Surface granuleuse
Les zoïdes convexes et désordonnés à la surface de la colonie donnent un aspect grenu relativement constant à ce bryozoaire.
Agay (83), 18 m
19/06/2009
Influence du support
Ici, installée sur une grande nacre Pinna nobilis, cette colonie épouse les méandres des écailles de la coquille qui lui confèrent un aspect de surface inhabituel.
Pointe de la Croix, Port Cros (83), 22 m
03/06/2006
Discret duvet de lophophores
Les lophophores de ce bryozoaire sont de la même couleur que la colonie et relativement peu visibles.
Le Cable, Les Aresquiers (34), 10 m
09/07/2009
Echantillon n° 1 in situ, Corse
Jeune colonie de petite taille (15 mm).
La Revelatta, STARESO (2B), Corse Ouest
24/10/2008
Echantillon n° 2 in situ, Corse
La Revelatta, STARESO (2B), Corse Ouest
24/10/2008
Echantillons n° 1 & 2
Ces deux échantillons prélevés dans la zone des 20 m et observés à la loupe binoculaire ont permis de relever la forme des zoïdes pour identification.
Un petit dessin à main levée reste la meilleure solution avant de se plonger dans les documents et schémas de référence. Jean-Georges HARMELIN est l'auteur de celui-ci.
La Revelatta, STARESO (2B), Corse Ouest, prélèvement
10/2008
Ovicelles (échantillon n°2)
Les ovicelles* saillantes et poreuses sont nombreuses et positionnées en arrière de l'ouverture. L'inorganisation des zoïdes à la surface est bien illustrée ici.
laboratoire, STARESO, Corse
25/10/2008
Détails de zoïdes au microscope (échantillon n° 1)
Les sutures ou septes interzoïdaux sont bien visibles entre chaque individu.
Les flèches bleues pointent sur les aviculaires médians.
Laboratoire, STARESO, Corse
25/10/2008
Ouvertures zoïdales et aviculaires médians (échantillon n° 1)
Notez la forme irrégulière polygonale des individus.
Les flèches bleues pointent sur les aviculaires médians.
Laboratoire, STARESO, Corse
25/10/2008
Zoïdes au MEB (échantillon n° 3)
Le Microscope Electronique à Balayage révèle à merveille tous les détails de chaque individu ; ouverture et son sinus proximal ; surface convexe et granuleuse ; pores périphériques ; septes interzoïdaux ; aviculaire triangulaire centré en proximal de l'ouverture.
Côte d'Azur (06), (prélèvement)
2011
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Véronique LAMARE
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ