Méditerranée
Zones DORIS : Méditerranée, Atlantique, Manche et mer du NordTritonia striata est connue dans le bassin occidental de la Méditerranée dont elle est probablement endémique.
Cette espèce fréquente principalement les fonds algaux et le petit coralligène* de faibles profondeurs où elle peut trouver les alcyonnaires qui composent son régime alimentaire.
Ce nudibranche peut atteindre une vingtaine de millimètres et possède un corps allongé, dont on peut remarquer la section relativement quadrangulaire, le pied étant peu ou prou de même largeur que le dos.
Tritonia striata est blanc translucide (on peut apercevoir parfois par transparence la couleur rousse des organes), à l'exception de quelques lignes noires longitudinales qui strient le dos et les flancs.
A l'avant du corps, s'étale un large voile oral blanc diaphane qui porte six longues papilles digitées de même couleur blanche mais opaque.
Sur le dessus de la tête, deux rhinophores* cylindriques émergent de fourreaux bien visibles. Au-delà de cette gaine, le rhinophore lui-même, translucide à sa base et blanc opaque à l'apex*, se divise à mi-hauteur entre une touffe de courtes extensions sur l'avant et une hampe plus longue derrière.
Le manteau dessine une crête sur son pourtour (le centre du corps est donc en forme de cuvette) et quatre à six paires de branchies* arborées dorso-latérales sont implantées, en vis-à-vis sur cette crête, formant plumeaux. Elles sont d'un blanc très dense.
Concernant les dessins noirs caractéristiques de l'espèce, on compte généralement sur le dos trois lignes charbon, avec une ligne centrale et deux lignes excentrées qui partent des rhinophores, relient chaque panache branchial et filent jusqu'à la queue.
Un nombre plus variable de lignes noires est visible sur le pied ; elles partent sur le devant de la tête et courent jusqu'à l'arrière du pied. Ces lignes noires peuvent éventuellement être discontinues et n'apparaître que comme des traits ou des points.
La queue se termine en pointe.
Dans la zone de distribution de Tritonia striata, il est possible de rencontrer quelques espèces proches. Et notamment :
Tritonia manicata Deshayes, 1853
C'est un petit nudibranche de forme très proche mais ne dépassant pas 15 mm de longueur. Son corps blanc opaque est marqué de petites taches, plus ou moins allongées sur le dos, de couleur rouge foncé, brune, verte ou noire. Il présente généralement quatre paires de branchies dorso-latérales et le même nombre d'excroissances digitées sur le voile oral. Outre en Méditerranée, ce nudibranche est présent en Atlantique et en Manche.
Tritonia lineata Alder & Hancock, 1848
De forme très proche, cette tritonia présente un corps translucide blanchâtre avec deux lignes blanches opaques sur le dos. Il n'y a pas de lignes noires. Elle est rare en Méditerranée et vit plutôt sur les côtes atlantiques.
Tritonia plebeia Johnston, 1828
Avec un maximum de 30 mm, Tritonia plebeia montre une couleur beige avec des marbrures brunes et généralement deux taches foncées juste derrière les rhinophores. Il y a six extensions digitées au niveau du voile oral et on peut compter jusqu'à six paires de branchies latérales arborescentes.
On connaît la présence de cette espèce en Atlantique Ouest et Est mais elle est rare en Méditerranée et y serait cantonnée au bassin occidental.
Tritonia nilsodhneri Ev. Marcus, 1983
Cette petite tritonia des gorgones, à la robe unie, rose, orangée ou blanche, ne possède donc pas de lignes ni de motif coloré sur le manteau. Elle vit le plus souvent sur les gorgones Eunicella verrucosa et Eunicella singularis, pas sur le substrat algal comme Tritonia striata.
Comme tous les nudibranches, Tritonia striata est une espèce carnivore. Elle se nourrit de cnidaires et serait plus particulièrement friande des polypes des alcyonnaires Paralcyonium spinulosum ou Paralcyonium elegans. On a également pu observer cette espèce affairé sur la ponte de Maasella edwardsi. Se nourrit-il de cette ponte ou bien est-ce l'alcyon lui-même qui l'intéressait ?
Les nudibranches sont des animaux hermaphrodites* synchrones. C'est à dire qu'ils possèdent à la fois les systèmes génitaux mâle et femelle et que les deux sont simultanément efficients.
Le gonopore* se situe sur le flan droit, derrière le rhinophore. C'est la raison pour laquelle les deux partenaires doivent se mettre dans une position tête-bêche et sur leur côté droit afin de pouvoir mettre en contact leurs organes reproducteurs respectifs, le pénis devant pénétrer la poche antagoniste du partenaire (la bursa copulatrix). Un échange réciproque de gamètes mâles aura lieu qui viendront faire leur office au sein des ovotestis* des partenaires et chacun pourra ensuite aller pondre de son côté.
La ponte pourrait n'être qu'une simple spirale blanche mais des confirmations doivent être apportées. Le développement larvaire particulier de Tritonia striata n'est pas connu avec précision.
Notre tritonia striée est dotée, comme la plupart des nudibranches, d'une radula*. Il s'agit d'une sorte de bande râpeuse située dans la cavité buccale, grâce à laquelle elle "ronge" ses proies et qui sert donc à l'alimentation de l'animal. La structure de cette radula, propre à chaque espèce, est un élément discriminatif dans la taxonomie des nudibranches. Celle de Tritonia striata est organisée, selon [Schmekel & Portmann 1982] sous la formule 26 x 26 1.1.1.26, en trois ou quatre rangées de dents sur le bord masticateur de fortes mâchoires.
Les rhinophores sont des organes chimio-sensoriels destinés à l'analyse de l'environnement moléculaire de l'animal. Ils permettent de détecter congénères, prédateurs éventuels et proies distantes, ils permettent également l'analyse fine des paramètres du milieu.
Les tentacules digités du voile oral, quant à eux, ont un rôle plus proximal de localisations des polypes, l'allonge de cette détection, due à la longueur des extensions, donnant probablement à l'animal un temps d'initiative, l'attaque devant se faire promptement, avant rétractation du polype.
Il est à noter comme pour tous les Dendronotacés, l’existence en position latéro-dorsale (côté droit) d'un anus et d'un pore urinaire.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
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Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Opisthobranchia | Opisthobranches | Coquille présente, réduite ou absente. Branchies à l’arrière du cœur. Principalement marins ou d’eau saumâtre, rare en eau douce (une dizaine d’espèces, Ordre des Acochlidea). |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Dendronotina / Dendronotacea | Dendronotinés / Dendronotacées | Corps long et effilé. Appendices dorsaux en aiguille, en cigare ou branchus. Tête généralement pourvue de tentacules enroulés (rhinophores*) qui peuvent se rétracter dans des gaines. Rhinophore en tube ou en coupe. Mangeurs de Cnidaires. |
Famille | Tritoniidae | Tritoniidés | Corps limaciforme de section carrée, une rangée de branchies de chaque côté du dos. Rhinophores* en massue avec à leur base une gaine lamelleuse ou digitée. Voile buccal digité. |
Genre | Tritonia | ||
Espèce | striata |
Blanc & noir
La robe de ce gracieux nudibranche est caractéristique : le corps blanc, parfois translucide, porte des lignes noir charbon dans le sens longitudinal.
Au-delà du fait que cet animal se trouve sur une éponge (Aplysina aerophoba), ce n'est pas un mangeur de spongiaires mais de cnidaires et notamment de coraux mous.
Banyuls-sur-mer (66), 12 m
28/03/2010
Trois lignes noires dorsales
Le dessin du manteau se caractérise par trois lignes dorsales : une ligne centrale et deux lignes excentrées. Ces dernières partent de la tête au niveau des rhinophores, courent le long de la crête marginale du manteau, rejoignant chacun des panaches branchiaux, puis finissent sur la queue pointue.
Les éboulis, Gabinière pointe ouest, Port-Cros (83), 20 m
17/09/2011
Les flancs
On peut voir ici que, comme le dos, les flancs de la tritonia striée reçoivent aussi des lignes noir charbon. Elles partent de l'avant, autour de la tête, pour aller jusqu'à la queue. Elles peuvent être continues comme interrompues. Notons que sur cet individu, une macule de noir pointe également la base de chaque panache branchial. Parfois, ce trait vertical descend rejoindre la ligne horizontale supérieure.
Banyuls-sur-mer (66), 12 m
28/03/2010
La tête
Gros plan sur la tête de la tritonia striée.
On voit bien le voile oral diaphane et ses digitations sensorielles opaques.
Les rhinophores sont également remarquables : de la large gaine (échancrée sur ce spécimen) émerge le rhinophore lui-même. Epais à sa base translucide, il finit plus étroit et blanc opaque alors que vers le milieu de sa longueur, à l'avant, il se ramifie en une touffe de courts filaments, touffe distincte de la hampe principale.
Banyuls-sur-mer (66), 12 m
28/03/2010
Les branchies
On peut remarquer ici la forme arborescente des branchies dorso-latérales. Adulte, Tritonia striata peut en montrer quatre à six paires, distribuées en face-à-face.
Les éboulis, Gabinière pointe ouest, Port-Cros (83), 20 m
17/09/2011
Organes génitaux
La flèche marque l'emplacement du gonopore, sur le côté droit, après la tête. Cet individu venait-il de rencontrer un congénère ? Plusieurs d'entre eux ont été vus sur zone ce jour-là...
Îlot de La Gabinière Ouest, Port-Cros (83), 20 m
17/09/2011
Dans des zones algales
On rencontre principalement Tritonia striata sur des fonds susceptibles d'héberger les coraux mous dont l'espèce se nourrit.
Punta Palazzo, côte ouest de la Corse du sud (2A), 5 m
13/03/2005
Sur les côtes ibériques
Bel ibère, surpris sur la côte catalane, au nord de la péninsule du cap de Creus, en Espagne.
Sur cet individu, les lignes noires dorsales apparaissent interrompues.
El Port de la Selva, Costa Brava, Espagne, 15 m
12/06/2011
Dans les Pyrénées orientales
L'espèce est connue dans le bassin occidental de la Méditerranée : ici, dans le Languedoc-Roussillon.
Banyuls-sur-mer (66), 12 m
28/03/2010
Dans l'Hérault
Individu croisé dans l'Hérault, près de Montpellier...
RocEsclop, Carnon (34), 18 m
15/08/2011
Dans le Var
Endémique du bassin occidental de la Méditerranée, Tritonia striata fréquente entre autre le parc national de Port-Cros.
Hélas, la réserve, comme on peut le voir ici, n'est pas épargnée par l'algue envahissante Caulerpa racemosa.
Îlot de La Gabinière Ouest, Port-Cros (83), 20 m
17/09/2011
En Corse
L'espèce est connue dans le bassin occidental de la Méditerranée : ici, en Corse du Sud, à la limite du parc de la Scandola.
Punta Palazzo, côte ouest de la Corse du sud (2A), 5 m
13/03/2005
Rédacteur principal : Alain-Pierre SITTLER
Vérificateur : Dominique HORST
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER