Nudibranche de 20 mm maximum, au corps mince et à section quadrangulaire
De couleur blanche, strié sur le dos et les flancs de lignes longitudinales noires
Voile oral avec 6 digitations à l'avant de la tête
Rhinophores émergeant d'une gaine et montrant une petite touffe sur l'avant
4 à 6 paires de branchies formant plumeaux en périphérie du manteau
Triton strié, tritonia rayée (mais ce dernier nom est à réserver de préférence à Candiella lineata)
Striped tritonia (GB), Tritonia striata (I), Tritonia rayada (E), Gestreifter Tritonia (D), Gestreepte tritonia (NL)
Tritonia striata Haefelfinger, 1963
Duvaucelia striata (Haefelfinger, 1963)
Le changement de nom (Tritonia -> Duvaucelia) a eu lieu en 2020 suite aux travaux de Korshunova et Martynov.
Le dernier changement Duvaucelia -> Candiella date de 2023 (De Vasconcelos Silva et al.)
Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Candiella striata est connue dans le bassin occidental de la Méditerranée dont elle est probablement endémique*.
Cette espèce fréquente principalement les fonds algaux et le petit coralligène* de faibles profondeurs où elle peut trouver les alcyonnaires qui composent son régime alimentaire.
Ce nudibranche peut atteindre une vingtaine de millimètres et possède un corps allongé, dont on peut remarquer la section relativement quadrangulaire, le pied étant peu ou prou de même largeur que le dos.
Candiella striata est blanc translucide (on peut apercevoir parfois par transparence la couleur rousse des organes), à l'exception de quelques lignes noires longitudinales qui strient le dos et les flancs.
A l'avant du corps, s'étale un large voile oral blanc diaphane qui porte six longues papilles digitées de même couleur blanche mais opaque.
Sur le dessus de la tête, deux rhinophores* cylindriques émergent de fourreaux bien visibles. Au-delà de cette gaine, le rhinophore lui-même, translucide à sa base et blanc opaque à l'apex*, se divise à mi-hauteur entre une touffe de courtes extensions sur l'avant et une hampe plus longue derrière.
Le manteau dessine une crête sur son pourtour (le centre du corps est donc en forme de cuvette) et quatre à six paires de branchies* arborées dorso-latérales sont implantées, en vis-à-vis sur cette crête, formant plumeaux. Elles sont d'un blanc très dense.
Concernant les dessins noirs caractéristiques de l'espèce, on compte généralement sur le dos trois lignes charbon, avec une ligne centrale et deux lignes excentrées qui partent des rhinophores, relient chaque panache branchial et filent jusqu'à la queue.
Un nombre plus variable de lignes noires est visible sur le pied ; elles partent sur le devant de la tête et courent jusqu'à l'arrière du pied. Ces lignes noires peuvent éventuellement être discontinues et n'apparaître que comme des traits ou des points.
La queue se termine en pointe.
Dans la zone de distribution de Candiella striata, il est possible de rencontrer quelques espèces proches. Et notamment :
Comme tous les nudibranches, Candiella striata est une espèce carnivore. Elle se nourrit de cnidaires et serait plus particulièrement friande des polypes des alcyonnaires Paralcyonium spinulosum ou Paralcyonium elegans. On a également pu observer cette espèce affairée sur la ponte de Maasella edwardsi. Se nourrit-il de cette ponte ou bien est-ce l'alcyon lui-même qui l'intéressait ?
Les nudibranches sont des animaux hermaphrodites* synchrones. C'est-à-dire qu'ils possèdent à la fois les systèmes génitaux mâle et femelle et que les deux sont simultanément efficients.
Le gonopore* se situe sur le flanc droit, derrière le rhinophore. C'est la raison pour laquelle les deux partenaires doivent se mettre dans une position tête-bêche et sur leur côté droit afin de pouvoir mettre en contact leurs organes reproducteurs respectifs, le pénis devant pénétrer la poche antagoniste du partenaire (la bursa copulatrix). Un échange réciproque de gamètes mâles aura lieu qui viendront faire leur office au sein des ovotestis* des partenaires et chacun pourra ensuite aller pondre de son côté.
La ponte pourrait n'être qu'une simple spirale blanche mais des confirmations doivent être apportées. Le développement larvaire particulier de Candiella striata n'est pas connu avec précision.
Notre tritonie striée est dotée, comme la plupart des nudibranches, d'une radula*. Il s'agit d'une sorte de bande râpeuse située dans la cavité buccale, grâce à laquelle elle "ronge" ses proies et qui sert donc à l'alimentation de l'animal. La structure de cette radula, propre à chaque espèce, est un élément discriminatif dans la taxonomie des nudibranches. Celle de Candiella striata est organisée, selon [Schmekel & Portmann 1982] sous la formule 26 x 26 1.1.1.26, en trois ou quatre rangées de dents sur le bord masticateur de fortes mâchoires.
Les rhinophores sont des organes chimio-sensoriels destinés à l'analyse de l'environnement moléculaire de l'animal. Ils permettent de détecter congénères, prédateurs éventuels et proies distantes, ils permettent également l'analyse fine des paramètres du milieu.
Les tentacules digités du voile oral, quant à eux, ont un rôle plus proximal de localisations des polypes, l'allonge de cette détection, due à la longueur des extensions, donnant probablement à l'animal un temps d'initiative, l'attaque devant se faire promptement, avant rétractation du polype.
Il est à noter comme pour tous les Dendronotacés, l’existence en position latéro-dorsale (côté droit) d'un anus et d'un pore urinaire.
Tritonie striée : nom francisé de son ancien nom scientifique d'origine, Tritonia striata, utilisé jusqu'en 2020 et très présent dans la littérature.
Candiella : ce genre a été créé par John Edward Gray, en 1850, dans Gray, M. E., Figures of molluscous animals, selected from various authors. Longman, Brown, Green and Longmans, London. Vol. 4, iv + 219 pp. L'auteur n'a donné aucune explication pour ce choix.
L'espèce-type* est Candiella plebeia (G. Johnston, 1828), alors Tritonia plebeia.
Ancien genre : Duvaucelia. Le genre, décrit par Risso en 1826, est probablement dédié (même si l'auteur ne précise rien à propos de son choix) à Alfred Duvaucel, naturaliste français (1793-1824). Après une carrière remarquée dans l'armée, il étudia les sciences naturelles sous l'égide de Georges Cuvier, que sa mère avait épousé en seconde noces. Nommé naturaliste du roi en 1817, il partit cette année-là pour les Indes où il participa en quelques années à établir un jardin botanique à Chandernagor, herborisa à Sumatra et dans les îles de la Sonde où il collecta aussi de nombreux spécimens d'animaux empaillés. Il mourut à Madras d'une sorte de malaria, sans avoir revu la France.
striata : du latin [striatus] = cannelé, strié.
Numéro d'entrée WoRMS : 1669257
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
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Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Cladobranchia | Cladobranches | |
Famille | Tritoniidae | Tritoniidés | Corps limaciforme de section carrée, une rangée de branchies de chaque côté du dos. Rhinophores* en massue avec à leur base une gaine lamelleuse ou digitée. Voile buccal digité. |
Genre | Candiella (Duvaucelia) | ||
Espèce | striata |
Blanc & noir
La robe de ce gracieux nudibranche est caractéristique : le corps blanc, parfois translucide, porte des lignes noir charbon dans le sens longitudinal.
Au-delà du fait que cet animal se trouve sur une éponge (Aplysina aerophoba), ce n'est pas un mangeur de spongiaires mais de cnidaires et notamment de coraux mous.
Banyuls-sur-mer (66), 12 m
28/03/2010
Trois lignes noires dorsales
Le dessin du manteau se caractérise par trois lignes dorsales : une ligne centrale et deux lignes excentrées. Ces dernières partent de la tête au niveau des rhinophores, courent le long de la crête marginale du manteau, rejoignant chacun des panaches branchiaux, puis finissent sur la queue pointue.
Les éboulis, Gabinière pointe ouest, Port-Cros (83), 20 m
17/09/2011
Les flancs
On peut voir ici que, comme le dos, les flancs de la tritonia striée reçoivent aussi des lignes noir charbon. Elles partent de l'avant, autour de la tête, pour aller jusqu'à la queue. Elles peuvent être continues comme interrompues. Notons que sur cet individu, une macule de noir pointe également la base de chaque panache branchial. Parfois, ce trait vertical descend rejoindre la ligne horizontale supérieure.
Banyuls-sur-mer (66), 12 m
28/03/2010
La tête
Gros plan sur la tête de la tritonia striée.
On voit bien le voile oral diaphane et ses digitations sensorielles opaques.
Les rhinophores sont également remarquables : de la large gaine (échancrée sur ce spécimen) émerge le rhinophore lui-même. Epais à sa base translucide, il finit plus étroit et blanc opaque alors que vers le milieu de sa longueur, à l'avant, il se ramifie en une touffe de courts filaments, touffe distincte de la hampe principale.
Banyuls-sur-mer (66), 12 m
28/03/2010
Les branchies
On peut remarquer ici la forme arborescente des branchies dorso-latérales. Adulte, Duvaucelia striata peut en montrer quatre à six paires, distribuées en face-à-face.
Les éboulis, Gabinière pointe ouest, Port-Cros (83), 20 m
17/09/2011
Organes génitaux
La flèche marque l'emplacement du gonopore, sur le côté droit, après la tête.
Cet individu venait-il de rencontrer un congénère ? Plusieurs d'entre eux ont été vus sur zone ce jour-là...
Îlot de La Gabinière Ouest, Port-Cros (83), 20 m
17/09/2011
Reproduction
Ces deux individus sont en pleine reproduction, en position tête-bêche, les organes génitaux en contact pour l'échange de gamètes mâles.
Palavas (34), 12 m
16/05/2020
Dans des zones algales
On rencontre principalement la tritonie striée sur des fonds susceptibles d'héberger les coraux mous dont l'espèce se nourrit.
Punta Palazzo, côte ouest de la Corse du sud (2A), 5 m
13/03/2005
Distribution : sur les côtes ibériques
Bel ibère, surpris sur la côte catalane, au nord de la péninsule du cap de Creus, en Espagne.
Sur cet individu, les lignes noires dorsales apparaissent interrompues.
El Port de la Selva, Costa Brava, Espagne, Méditerranée, 15 m
12/06/2011
Distribution : dans les Pyrénées orientales
L'espèce est connue dans le bassin occidental de la Méditerranée : ici, dans le Languedoc-Roussillon.
Banyuls-sur-mer (66), Méditerranée, 12 m
28/03/2010
Distribution : dans l'Hérault
Individu croisé dans l'Hérault, près de Montpellier...
RocEsclop, Carnon (34), Méditerranée, 18 m
15/08/2011
Distribution : dans le Var
Endémique du bassin occidental de la Méditerranée, Duvaucelia striata fréquente entre autre le parc national de Port-Cros.
Hélas, la réserve, comme on peut le voir ici, n'est pas épargnée par l'algue envahissante Caulerpa cylindracea.
Îlot de La Gabinière Ouest, Port-Cros (83), Méditerranée, 20 m
17/09/2011
En Corse
L'espèce est connue dans le bassin occidental de la Méditerranée : ici, en Corse du Sud, à la limite du parc de la Scandola.
Punta Palazzo, côte ouest de la Corse du sud (2A), Méditerranée, 5 m
13/03/2005
Rédacteur principal : Alain-Pierre SITTLER
Vérificateur : Dominique HORST
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
De Vasconcelos Silva F., Pola M., Cervera J.L., 2023, A stomach plate to divide them all: a phylogenetic reassessment of the family Tritoniidae (Nudibranchia: Cladobranchia), Zoological Journal of the Linnean Society. available online at https://doi.org/10.1093/zoolinnean/zlad013
Korshunova T., Martynov A., 2020, Consolidated data on the phylogeny and evolution of the family Tritoniidae (Gastropoda: Nudibranchia) contribute to genera reassessment and clarify the taxonomic status of the neuroscience models Tritonia and Tochuina, PLoS ONE, 15(11): e024210.
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La page de Candiella striata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN