Demoiselle bleue et jaune

Pomacentrus caeruleus | Quoy & Gaimard, 1825

N° 3272

Ouest de l’océan Indien. Présence probable jusqu’en Indonésie.

Clé d'identification

Taille maximale environ 8 cm
Couleur dominante bleu électrique, face ventrale et arrière du corps jaune vif à jaune orangé
Tache bleu plus foncé discrète à la limite supérieure des opercules
Nageoires dorsale et anale avec une bande marginale et deux bandes submarginales bleu violacé
Pelviennes jaunes avec un premier rayon bleu plus court que les autres

Noms

Autres noms communs français

Bouteur bleu et jaune

Noms communs internationaux

Caerulean damsel, yellow bodied damsel, bluedevil (GB), Blaue Demoiselle (D), Podangon (Indonésie), Samok samok, palata (Philippines), Blue pete, blou piet (Afrique du Sud)

Synonymes du nom scientifique actuel

Pomacentrus pulcherrimus Smith, 1960

Pomacentrus coeruleus Quoy & Gaimard, 1825 est une erreur d'écriture.

Distribution géographique

Ouest de l’océan Indien. Présence probable jusqu’en Indonésie.

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique

La distribution scientifiquement documentée de cette espèce est la suivante : est et sud de l’Afrique, canal du Mozambique, Madagascar, Comores, Seychelles, Mascareignes* et Maldives.
Cependant, des observations fiables en ont été faites en Indonésie (notamment à Bali ou Alor) sans donner lieu pour le moment à un signalement académique via un inventaire ou un article scientifique.

Biotope

L’espèce est inféodée aux récifs coralliens. On la trouve dans les lagons et sur les pentes externes entre 1 et 20 mètres.

Description

Description sommaire : poisson demoiselle de petite taille, bleu électrique avec la zone ventrale et le pédoncule* caudal jaune vif à jaune orangé. La nageoire dorsale est bleue à l’exception de la fin des rayons mous, qui est jaune. Les nageoires pectorales, pelviennes, anale et caudale sont jaunes.

Description détaillée :
Le corps a la forme d’une ellipse allongée, sa hauteur entre 2,4 à 2,8 fois dans la longueur standard (longueur sans la queue). Il est comprimé latéralement. La longueur totale (longueur avec la queue) maximale est de 10 cm selon FishBase, mais cette mesure est discutable (voir en Divers Bio) et semble devoir se situer entre 7 et 8 cm. La ligne latérale* est interrompue approximativement à l’aplomb de la moitié des rayons mous de la dorsale.

La couleur dominante, d’un bleu électrique particulièrement éclatant, couvre le corps de la bouche à la naissance du pédoncule caudal et du dos à deux ou trois rangées d’écailles au-dessus de la zone abdominale. Tout le reste est jaune vif à jaune orangé. Les écailles sont marquées d’une tache bleue, qu’on ne peut distinguer le plus souvent que dans les parties jaunes, où elles deviennent souvent rosâtres ou violacées.

La tête est relativement petite, son profil dorsal est très convexe. La bouche, de petite taille, est terminale, oblique et protractile*. Les yeux sont grands et globuleux, l’iris* est doré. Ils sont très proches de la lèvre supérieure. On observe une tache discrète d’un bleu plus soutenu à la limite supérieure des opercules*. Le menton est bleu, la partie postérieure de la gorge est jaune vif.

Les nageoires dorsale et anale sont longues et continues. Elles portent une bande marginale et deux bandes submarginales d’un bleu souvent violacé. La base de ces nageoires est prise dans un fourreau d’écailles. La nageoire dorsale est bleue sur l’essentiel de sa longueur, une partie variable de la dernière portion des rayons mous est jaune à jaune orangé. Elle porte des écailles bleues entre les rayons. La nageoire anale est jaune et porte des écailles violacées créant des bandes submarginales, parfois discontinues. La nageoire caudale, légèrement échancrée, est jaune vif à jaune orangé, cette couleur étant parsemée de petites écailles bleues à parme sur les rayons. Les nageoires pectorales ont des rayons jaunes. Les pelviennes sont jaunes avec un premier rayon bleu, plus court que les autres.

Espèces ressemblantes

Pomacentrus caeruleus fait partie du « complexe d’espèces Pomacentrus coelestis », qui comprend P. alleni, P. caeruleopunctatus et P. similis dans l’océan Indien, et P. auriventris, P. coelestis et P. micronesicus dans l’océan Pacifique.

Pour ce qui concerne l’océan Indien, principalement concerné pour P. caeruleus :

Pomacentrus alleni : la majeure partie du corps est d’un bleu métallique parfois verdissant, avec souvent un tiers inférieur bleu violacé. La partie supérieure du dos et la nageoire dorsale sont noirâtres, la nageoire anale est jaune et on observe une large marque noire en partie inférieure du pédoncule et de la nageoire caudale. Elle se trouve dans l’est de l’océan Indien (mer d’Andaman et ouest de l’Indonésie).

Pomacentrus caeruleopunctatus : c’est la seule espèce avec laquelle P. caeruleus puisse être réellement confondue dans sa distribution telle qu’elle est actuellement documentée. La totalité du corps paraît d'un bleu plus foncé du fait du marquage de toutes les écailles par un à trois tirets horizontaux bleu foncé. La partie abdominale, le pédoncule caudal et les nageoires anale et caudale sont jaunissants chez les grands juvéniles. Outre ces différences dans le patron de couleur, l’espèce est moins élancée que P. caeruleus (la hauteur de son corps est plus importante). Elle se rencontre dans le sud-ouest de l’océan Indien.

Pomacentrus coelestis : il est particulièrement difficile de la distinguer de P. caeruleus, d’autant plus que son patron de couleur est variable en ce qui concerne l’extension des parties jaunes du corps et que les spécialistes soupçonnent des espèces cryptiques* masquées par ces différences. Le seul point qui semble être constant est que chez P. caeruleus les rayons des pectorales sont teintées de jaune, alors qu’ils sont bleutés chez P. coelestis. Sa distribution principale est dans le Pacifique mais on peut la trouver à l’est de l’océan Indien, dans la zone de suture des deux océans (île Christmas).

Pomacentrus similis : l’espèce est caractérisée par un corps bleu électrique dont seuls le pédoncule caudal et la nageoire caudale sont jaune vif. La partie postérieure de la dorsale et de l’anale est parfois jaunissante. On la trouve dans le nord et l’est de l’océan Indien (Sri Lanka, mer d’Andaman et ouest de l’Indonésie).

Alimentation

Pomacentrus caeruleus se nourrit dans la colonne d’eau de zooplancton*, majoritairement des copépodes planctoniques*. Elle peut aussi consommer occasionnellement des invertébrés benthiques* et des algues.

Reproduction - Multiplication

La reproduction de l'espèce a été étudiée en situation expérimentale (aquarium). Des observations ont montré que les mâles sont polygames et chassent les mâles rivaux de leur territoire. Les pontes ont lieu le plus souvent en matinée. 3 500 à 4 000 œufs adhésifs sont déposés par la femelle. Les œufs fertilisés sont gardés et ventilés par le mâle. Ils sont oblongs et longs en moyenne de 0,96 mm. L’incubation dure entre 82 et 106 heures. A l’éclosion, les larves* mesurent entre 1,6 et 2,1 mm. Le patron de couleur caractéristique des adultes apparaît entre 30 et 40 jours.

D’une manière plus générale, les Pomacentridés sont tous des pondeurs démersaux* dont les œufs adhèrent au substrat* et sont gardés et ventilés par les mâles. La reproduction se fait en couples (vs en groupes). La durée de vie larvaire moyenne calculée pour 11 espèces dans cette famille va de 21 à 24 jours. Les larves sont pélagiques et apparemment incapables, contrairement à celles de nombreuses autres familles, de retarder leur métamorphose* en juvénile après le dernier stade larvaire. Il est donc impératif qu’elles aient trouvé un récif adapté à leurs besoins pendant cette période. Cette impossibilité limite donc la capacité de dispersion de ces espèces.

Divers biologie

Contrairement à beaucoup de planctonivores*, y compris parmi les poissons demoiselles, P. caeruleus nage généralement près du substrat. C’est une espèce à la fois territoriale et assez craintive. Les individus sont généralement solitaires.

La longueur totale maximale mentionnée par FishBase (10 cm) est à considérer avec précaution dans la mesure où sa référence est un ouvrage de G. Allen paru en 1986 et où le même auteur, dans « Damselfishes of the world » paru en 1991 donne une taille maximale de 6,5 cm en longueur standard (ce qui équivaut à environ 8 cm en longueur totale). De même, une étude travaillant sur 305 spécimens rapporte une taille maximale d’environ 7 cm (Winterbottom et al., 1989, sous le taxon P. coelestis).

Une étude relativement récente (Sorenson et al., 2014) montre qu’il est difficile, et peut-être impossible, de distinguer génétiquement P. caeruleus de P. caeruleopunctatus. Les auteurs suggèrent donc que la seconde pourrait être une simple variation de couleur de la première, ou bien que P. caeruleopunctatus pourrait être une espèce naissante. Cette seconde hypothèse est basée sur l’arbre phylogénétique* établi par ces auteurs, qui montre une date de divergence très récente pour P. caeruleus (493 000 ans). Ce court laps de temps n’aurait pas permis aux différences morphologiques liées à un éventuel processus de spéciation* au sein de cette espèce de se fixer génétiquement.

Comme tous les Pomacentridés, P. caeruleus ne possède qu’une paire de narines, sa ligne latérale* est incomplète (elle s’arrête peu avant l’aplomb des derniers rayons mous de la dorsale) et sa nageoire anale comprend deux rayons durs, dont le premier est de très petite taille.

La nageoire dorsale comprend 13 rayons durs et 14 à 15 rayons mous, l’anale comprend 2 rayons durs et 15 à 16 rayons mous. Les pectorales comprennent 17 à 18 rayons mous. La ligne latérale comprend 17 à 19 écailles perforées.

Informations complémentaires

L’espèce est occasionnellement prélevée pour le marché aquariophile mais son tempérament territorial limite les possibilités d’association avec d’autres espèces en aquarium.

Origine des noms

Origine du nom français

Demoiselle : ce nom donné à l’ensemble des Pomacentridés est aussi parfois employé pour les poissons-anges. Il semble associé aux assemblages de couleurs vives qui constituent la livrée de la plupart des espèces de ces groupes, peut-être en référence à une présumée coquetterie vestimentaire chez les jeunes filles.

bleue et jaune : en référence au patron de couleur bicolore de l’espèce.

Origine du nom scientifique

Pomacentrus : des mots grecs [poma], qui renvoie à ce qui couvre et signifie par extension opercule, et [kentron], aiguillon, piquant. Lacépède a créé ce genre en 1802 en y regroupant des poissons dont les opercules* étaient dentelés. Cuvier révise le genre en 1830 et précise qu’il s’agit des préopercules*. Le genre contient actuellement 78 espèces acceptées.

caeruleus : cet adjectif latin, qui signifie « bleu, bleu sombre », est à l’origine de l’adjectif français « céruléen », de même sens. Quoy et Gaimard décrivent l’espèce dans Voyage autour du Monde...exécuté sur les corvettes de S. M. "L'Uranie" et "La Physicienne," pendant les années 1817, 1818, 1819 et 1820 (Description des Poissons. Chapitre IX, pp. 397-398), en lui donnant le nom commun de « Pomacentre bleu ». La localité du type* est l’île Maurice.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Ordre Perciformes Perciformes Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales.
Sous-ordre Labroidei Labroïdes Une seule dorsale, dents molariformes formant un puissant appareil masticatoire.
Famille Pomacentridae Pomacentridés
Genre Pomacentrus
Espèce caeruleus

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