Gorgone noueuse jaune

Clé d'identification

Noms

Distribution géographique

Indo-Pacifique tropical Ouest

Melithaea caledonica a uniquement été observée dans le sud-ouest de la Nouvelle-Calédonie.

Biotope

Cette gorgone se développe en eaux chaudes, claires et peu profondes, jusqu'à 50 m environ. Elle peut supporter un hydrodynamisme* assez fort, par exemple sous la surface à 2 ou 3 m de profondeur, mais toujours sous la zone de balancement des marées. Elle adopte alors un port plus trapu. Elle peut même s'adapter aux conditions changeantes des installations portuaires.

Les plus grandes colonies poussent à profondeur moyenne, vers 15-20 m, sur les tombants, sous les surplombs et les arches où elles sont à l'abri du ressac et des tempêtes, mais soumises à un courant constant et pas trop fort.

Description

Cette gorgone forme des éventails relativement réguliers avec une taille allant jusqu'à 70 cm de diamètre, et dont les branches sont souvent anastomosées*. Le tronc, les branches, jusqu'aux plus fins rameaux montrent des nœuds ou épaississements très visibles à chaque ramification.

La couleur de la colonie varie du jaune à l'orange.

Les polypes* sont répartis sur toutes les branches, mais disposés préférentiellement sur les côtés opposés de chaque rameau, de façon à filtrer sur un maximum de surface. Ils sont translucides, blancs ou faiblement colorés, avec 8 tentacules* pinnés*.

Espèces ressemblantes

La présence de nœuds sur les branches permet une distinction facile d'avec les autres gorgones-éventails à grand développement (Annella mollis ou Annella reticulata, etc.) présentes dans la même zone géographique.
Parmi les autres gorgones à nœuds, on peut citer :

• Acabaria sp : les nœuds sont peu épais, mais souvent de couleur contrastante par rapport aux inter-nœuds ; les sclérites sont fins et allongés, d'une longueur d'au moins 0,1 mm alors que ceux de M. caledonica sont en forme de fuseau ou cigare.
• Melithaea ochracea Linnaeus, 1758, très difficile à distinguer sur photographie. Ses branches s'anastomosent rarement et généralement à la base de la colonie. Elle est généralement de couleur rouge écarlate alors que M. caledonica est jaune à orangée, ce qui en fait la principale différence visible par un plongeur. Son cortex* contient des sclérites* asymétriques en forme de fuseau et des plaques massives formées par l'agglomération des sclérites ; la distinction avec M. caledonica est permise uniquement par la taille de ces plaques (inférieure à 0,2 mm chez M. ochracea).
• d'autres espèces de Melithaea sont visibles dans l'Indo-Pacifique ; mais vu la variabilité intra-spécifique (même au niveau de l'examen des sclérites) il est très difficile de les distinguer. D'autant que les estimations des scientifiques voudraient qu'il y ait quelques douzaines d'espèces, même si seules M. ochracea et M. caledonica sont bien connues.

C'est à partir de la morphologie fine des sclérites de surface que l'on se base pour identifier les espèces (voir "Divers Biologie").

Alimentation

Les mailles de Melithaea caledonica constituent de véritables tamis qui vont permettre aux polypes de filtrer l'eau, grâce à l'exposition de l'éventail perpendiculairement aux courants, afin de capturer les particules en suspension et les petits organismes tels ceux du plancton*.

Reproduction - Multiplication

La reproduction des Melithaea n'a pas été spécifiquement étudiée, mais chez les gorgones, et plus généralement les octocoralliaires*, les sexes sont séparés et la reproduction est gonochorique*. Il y a donc des colonies mâles et des colonies femelles qui émettent des gamètes* en pleine eau par la bouche des polypes. Les larves planulas* planctoniques* issues de la fécondation des gamètes iront se fixer sur un substrat* dégagé dans un endroit favorable (après une phase nageuse courte). Elles formeront chacune un polype à l’origine d’une nouvelle colonie qui pourra croître ensuite par bourgeonnement.

Vie associée

Cette espèce peut abriter l'hippocampe pygmée Denise : Hippocampus denise.

Divers biologie

Les sclérites* caractéristiques de cette famille sont concentrés dans la partie centrale des branches (médulla*), ils sont en forme de fuseau ou de cigare, lisses, et fusionnent entre eux dans les inter-nœuds rigides. Au niveau des nœuds, la structure est plus lâche, les sclérites sont pris dans un réseau de protéines fibreuses, ce qui donne une certaine flexibilité à la branche.
Les sclérites localisés dans les polypes et dans le cortex* sont répartis de façon moins dense, en forme de fuseau ou en massue, ornementés de tubercules épineux élargis d'un côté. C'est à partir de la morphologie fine de ces sclérites de surface que l'on se base pour identifier les espèces.

Informations complémentaires

Actuellement il n'existe aucune mesure de protection internationale sur les gorgones de la famille des Melithaeidés. Elles sont parfois commercialisées en fragments, sous forme de perles par exemple, sous le nom de "corail éponge" à cause de leur texture poreuse, ou "corail tigre" à cause des veines jaunes et orangées qui apparaissent dans les sections en travers des inter-nœuds. Elles perdent rapidement leur couleur d'où leur faible valeur marchande.

Une enzyme* capable d’inhiber des enzymes digestives (comme la trypsine et la chymotrypsine entre autres) ou des enzymes intervenant dans le mécanisme de l’inflammation, a été extraite de cette gorgone.

Origine des noms

Origine du nom français

Gorgone noueuse jaune : cette appellation vient de la présence de nœuds très caractéristiques de cette espèce sur les troncs et les branches, et de sa couleur jaune qui est la plus commune mais qui peut parfois être orange.

Origine du nom scientifique

Melithaea est une variante de Melita (ou Mélité ou Mélite) qui signifie douce comme le miel. C’est le nom d’une Néréide ou encore d’une Naïade, une nymphe de Corcyre qui donna un fils, Hyllos, à Héraclès lorsqu’il était en exil après le meurtre de ses enfants.
En 1812 Lamouroux avait créé le genre Melitea, mais Péron & Lesueur en 1810 avait déjà attribué ce nom de genre à un scyphozoaire* (une méduse) et Fabricius en 1807 avait donné Melitaea à un genre de papillon, puis Leach, en 1814, Melita, à un genre de crustacé amphipode ! Milne Edwards & Haime en 1857 ont proposé Melithaea. Toutefois, ce dernier nom de genre n’a pas été accepté tout de suite, mais il a été repris en 1956 par Utinomi et adopté de façon générale. Tous ces noms de genre sont des variantes de Melita.

caledonica : du latin [caledonicus] : de Calédonie. Cette espèce a été décrite par Grasshoff en 1999 à partir d’exemplaires récoltés en plongée en Nouvelle-Calédonie (cf. bibliographie).

Classification