Large éventail régulier pouvant atteindre 60 cm
Branches anastomosées en mailles fines, denses et serrées
Couleur jaune à orange
Reticulate fan coral (GB)
Subergorgia reticulata (Ellis & Solander, 1786)
Annella ornata (Thomson & Simpson, 1909)
Subergorgia ornata (Thomson & Simpson, 1909)
Indo-Pacifique tropical (La Réunion, Nouvelle-Calédonie)
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]De la mer Rouge à tout l'Indo-Pacifique dont la Nouvelle-Calédonie.
Cette espèce se trouve généralement à une profondeur située entre 30 et 70 m et affectionne les pentes récifales et les tombants soumis à de forts courants.
Annella reticulata dispose d'un très large éventail régulier, dans un seul plan, pouvant mesurer jusqu'à 60 cm de diamètre.
La couleur de la colonie varie du jaune à l'orange.
Les mailles (c'est-à-dire les espaces entre les anastomoses*) sont fines, denses et serrées, formant des polygones aussi larges que longs. Les branches sont cylindriques, lisses et relativement fines. Ces branches, parfois issues de plusieurs individus différents, peuvent s'anastomoser*. Les sclérites* (ou spicules*) produits par le cœnenchyme* sont incolores.
Les polypes* à huit tentacules pinnés sont répartis sur toutes les branches, et ont leurs tentacules presque au niveau des calices lorsqu'ils sont rétractés. Les calices sont presque entièrement incrustés dans le cœnenchyme et apparaissent comme des petits dômes avec une ouverture ronde.
L'absence de nœuds sur les rameaux permet une distinction facile d'avec les autres gorgones-éventails à grand développement (Melithaea ochracea, Melithaea caledonica etc.) présentes dans la même zone géographique. Il existe toutefois une espèce avec laquelle Annella reticulata peut être confondue :
Annella mollis est une espèce du même genre et très ressemblante. Il faut bien observer les branches et les mailles pour faire la différence. En effet, le mode de ramification et d'anastomose est différent. Les branches d'Annella mollis sont moins fines et les mailles sont moins denses et plus allongées. L'éventail est plus grand et peut mesurer jusqu'à 200 cm de diamètre au maximum. Sa couleur varie du jaune orangé à rouge. Cette espèce vit également à une profondeur moins importante, entre 10 à 35 m, contre 30 à 70 m pour Annella reticulata.
Au microscope, les sclérites ont également une structure différente, avec une forme de «doubles disques» chez Annella mollis, et de «doubles têtes» plus petites et granulées chez Annella reticulata.
Les gorgones sont des filtreurs et les mailles denses d'Annella reticulata constituent de véritables parois qui vont permettre aux polypes, grâce à l'exposition de l'éventail perpendiculairement aux courants, de filtrer et capturer le plancton. Les tentacules des polypes épanouis resserrent les mailles de l'éventail au point qu'il ne reste plus que d'étroites fentes. La gorgone « tamise » ainsi l'eau.
Chez les gorgones, et plus généralement les octocoralliaires*, les sexes sont séparés et la reproduction est gonochorique*. Il y a donc des colonies mâles et des colonies femelles qui émettent des gamètes* respectivement mâles et femelles en pleine eau. Les larves* issues de la fécondation des gamètes iront se fixer sur un substrat dégagé dans un endroit favorable (après une phase nageuse courte). Elles formeront chacune une nouvelle colonie qui pourra croître ensuite par bourgeonnement.
Annella reticulata est une des gorgones sur laquelle on peut observer Hippocampus denise Lourie & Randall 2003
Plusieurs copépodes ectoparasites ont également été signalés sur cette espèce :
Forhania philippinensis Humes, 1990
Paramolgus dapsilis Humes, 1993
Telestacicola angoti Humes & Stock, 1972
Cette espèce de gorgone subit aussi des efflorescences* (blooms) de cyanobactéries Moorea bouillonii Hoffman & Desmoulin 1991. Cette cyanobactérie est ensemencée par un crevette alphéide (ou crevette pistolet) (Alpheus frontalis H. Milne Edwards, 1837 [in H. Milne Edwards, 1834-1840]) qui vit en couple dans un tube formé par Moorea bouillonii. Ces crevettes seraient en symbiose avec la cyanobactérie. Ce sont les crevettes, qui fixent les filaments de Moorea sur les gorgones pour servir de nourriture et d'abri.
Dans le parc marin de Bunaken (Nord-Sulawesi, Indonésie), des attaques massives de caprelles (Metaprotella sandalensis Meyer, 1898) ont été la cause de mortalités massives de plusieurs espèces de gorgones dont Annella reticulata.
Il existe plusieurs espèces du genre Annella, mais à l'heure actuelle, il est difficile de les distinguer tant il existe des combinaisons multiples et complexes au niveau de la forme des mailles et des sclérites. Néanmoins, deux espèces d'Annella sont facilement identifiables visuellement par les plongeurs. Cela alors qu'il existe en réalité une plus grande diversité d'Annella reconnaissables entre autres par l'observation au microscope de leurs sclérites.
Les gorgones du genre Annella produisent des composés dissuasifs pour les prédateurs comme les poissons.
A noter qu'on retrouve cette espèce régulièrement classée dans le genre Subergorgia dans la littérature.
Son nom vient du fait de sa ressemblance avec un petit filet aux mailles denses et fines.
Annella du latin [anella ou annella] = anneau en référence certainement aux canaux de séparation longitudinaux disposés en anneau. Nom de genre créé par Gray en 1857 mais sans explication.
reticulata du latin [reticulum] = filet à petites mailles, réseau, en référence aux mailles denses et fines de l'éventail.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Anthozoa | Anthozoaires | Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie). |
Sous-classe | Octocorallia / Alcyonaria | Octocoralliaires / Alcyonaires | Anthozoaires coloniaux, parfois solitaires. Polypes de petite taille à symétrie radiaire d’ordre 8 (8 tentacules portant 2 rangées de pinnules). Exosquelette calcaire ou spicules calcaires ou fibres organiques. |
Ordre | Alcyonacea | Alcyonacés | Octocoralliaires dont les polypes sont enfouis dans un coenosarc épais plus ou moins calcifié. Polypes allongés qui restent accolés les uns aux autres en bouquets. Spicules fusiformes et épineux. Ce groupe renferme les alcyons (ou coraux mous), les gorgones, et les coraux vrais. |
Sous-ordre | Scleraxonia | Scléraxonides / Corallides | Colonies ramifiées aux polypes courts sécrétant un squelette axial (de spicules cimentés ou de fibres organiques). Ce sont les coraux vrais. |
Famille | Subergorgiidae | Subergorgiidés | |
Genre | Annella | ||
Espèce | reticulata |
Mailles fines, denses et serrées
Les branches de cette gorgone bien à l’abri constituent de véritables tamis permettant aux polypes de capturer le plancton.
Bangka-Sahaung 1, Sulawesi Nord, 10 m
14/05/2015
Annella reticulata
Spécimen de grande taille. On distingue bien les mailles très denses et serrées qui constituent de véritables tamis permettant aux polypes, grâce à l'exposition des éventails perpendiculairement aux courants, de filtrer et capturer le plancton
Nouvelle-Calédonie, Poindimié, 15 m
24/11/2013
Peu d'anastomoses
Cette gorgone a des mailles denses et serrées mais les branches ne sont que très peu anastomosées.
Hot rocks, Komodo, Indonésie, 17 m
04/08/2014
Demeure d'un hippocampe nain
On distingue bien Hippocampus denise qui se retrouve principalement en association avec cette gorgone.
Raja ampat, Indonésie, 22 m
28/11/2014
Rédacteur principal : Pascal GIRARD
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Vincent MARAN
Bayer F.M., 1949, The Alcyonaria of Bikini and other atolls in the Marshall group, Part 1: The Gorgonacea, Pacific Science, 3, 195-210p
Lourie S.A., Randall J.E., 2003, A new pigmy Seahorse, Hippocampus denise (Teleostei: Syngnathidae), from the Indo-Pacific, Zoological Studies, 42(2), 284-291p
Puglisi M.P., Paul V.J., Slattery M., 2000, Biogeographic comparisons of chemical and structural defenses of the Pacific gorgonians Annella mollis and A. reticulate, Mar. Ecol. Prog. Ser., 207, 263-272p
Scinto A., Bavestrello G. , Boyer M , Previati M., Cerrano C., 2008, Gorgonian mortality related to a massive attack by caprellids in the Bunaken Marine Park (North Sulawesi, Indonesia), Journal of the marine biological association of the united Kingdom, 88(4), 723-727p
Yamashiro H., Isomura N., Sakai K., 2014, Bloom of the cyanobacterium Moorea bouillonii on the gorgonian coral Annella reticulata in Japan, Scientific Reports, 4(6032), 1-4p
La page d'Annella reticulata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN