Valves symétriques, allongées et oblongues
En forme de cylindre à l'arrière comprimé
Lignes de croissance concentriques
Valves de couleur brune à l'extérieur et gris-bleu clair à l'intérieur
Datte lithophage (FAO), moule lithophage, dactyle, lithodome
European date mussel, date shell (GB), Dattolo de piera, dattero marino, forapietre (I), Dátil de mar (E), Stein Dattel, Seedattel (D), steenmossel (NL)
Lithodomus lithophaga (Linnaeus, 1758)
Mytilus lithophagus Linnaeus, 1758
Lithophaga mytuloides Röding, 1798
Lithophagus communis von Mühlfeld, 1811
Lithodomus dactylus Sowerby, 1824
Lithodomus inflatus Réquien, 1848
Méditerranée, Atlantique Est
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]On la rencontre dans toute la Méditerranée et en Atlantique Est depuis le Portugal jusqu'à l'Angola.
La datte de mer vit depuis la surface jusqu'à 25 m de profondeur, même si elle est plus répandue dans les premiers mètres.
Elle s'installe dans les roches calcaires. En effet, elle perfore les roches tendres et, contrairement aux pholades (Pholas dactylus, par exemple) qui sont des foreurs mécaniques, elle est un foreur chimique.
Elle préfère les surfaces verticales et celles sans sédiments. Elle peut aussi s'installer dans les substrats détritiques compactés, dans le bois, dans les "trottoirs" de lythophyllum ou même dans les substrats vivants comme les colonies de Cladocora caespitosa.
Elle passe généralement inaperçue du fait de son mode de vie caché.
La datte de mer est un bivalve à valves symétriques, allongées et oblongues, formant un cylindre à l'arrière comprimé, un peu élargi au centre, et aux bords arrondis. Elle mesure généralement de 5 à 8 cm de long et peut atteindre 12 cm. Elle est recouverte d'un épais périostracum*.
L'extérieur de la coquille est marqué par des lignes de croissance concentriques, plus ou moins épaisses, et par de fines lignes transversales en son milieu. Il est de couleur brune ou rousse alors que l'intérieur des valves est gris-bleu clair, à reflets nacrés.
La charnière est sans dent.
La pholade (Pholas dactylus) et la pholade blanche (Barnea candida) sont deux espèces qui forent également les roches mais leurs coquilles sont blanches et présentent des pointes caractéristiques à l'avant.
La datte de mer se nourrit en filtrant le phytoplancton et les particules organiques en suspension dans la colonne d'eau.
Cette espèce ne se reproduit que lorsqu'elle atteint 3 cm de long.
Les sexes sont séparés et la reproduction a lieu entre le printemps et l'été. Les individus matures émettent leurs gamètes* souvent après une baisse de la concentration de l'oxygène dissous.
Le stade larvaire commence en octobre : les larves* sont planctoniques*, avec une grande capacité de dispersion. Elles se fixent quand leur taille atteint 260 µm.
Le rythme de croissance est très lent puisqu'après 3 ans, la datte ne mesure qu'un centimètre. Par exemple, on a donné, par les stries de croissance, un âge de 54 ans à un individu de 8,16 cm.
La datte de mer est une espèce pionnière, à l'origine d'une communauté d'organismes benthiques* sessiles* comprenant des éponges, des cnidaires, des polychètes sédentaires, des ascidies, des bryozoaires et des algues encroûtantes.
Un trou de datte de mer abandonné sert souvent de refuge aux langoustes juvéniles.
La blennie Parablennius zvonimiri choisit aussi ces trous délaissés pour y élire domicile.
En plus du poulpe, l'étoile de mer glaciaire, Marthasterias glacialis, semble être le principal prédateur de la datte de mer.
Le forage chimique se fait grâce à des glandes du rebord antérieur du manteau : elles sécrètent des mucoprotéines qui se lient au calcium de la roche (on dit aussi "qui chélatent" le calcium), et ainsi provoquent la dissociation du calcaire. La datte elle-même est protégée de cette dissolution chimique par son épais périostracum.
Les galeries que creuse la datte de mer sont cylindriques et perpendiculaires à la surface du substrat.
La datte de mer vit fixée à la paroi par le byssus*. Il a la particularité de pouvoir se détacher, puis se rattacher, permettant ainsi un mouvement de rotation de la coquille dans la cavité, nécessaire à la perforation de la roche.
Cette espèce peut causer des dommages importants aux ouvrages portuaires calcaires.
Lyell, un des précurseurs de la géologie contemporaine, a observé que les colonnes de 12 m de haut du temple de Serapis près de Pouzzoles, dans le golfe de Naples présentent des trous forés par des dattes de mer à une hauteur de 3,6 à 6,6 m. Il en avait conclu que le sol du temple s'était affaissé en dessous du niveau de la mer puis s'était relevé. Ceci lui avait permis de mettre en évidence des variations du niveau du littoral au cours de périodes historiques.
En France, cette espèce est protégée et interdite de pêche depuis le 26 novembre 1992 (Annexe IV de la Directive Habitats)
Depuis 2004, elle est classée en Annexe II de la CITES, mais aussi en Annexe II de la Convention de Barcelone et en Annexe II de la Convention de Berne.
C'est plutôt les gros dégâts que causent les pêcheurs dans la roche, en la cassant au burin, au marteau-piqueur ou à la dynamite, que sa rareté (même si son développement est très lent) qui ont conduit à protéger ainsi la datte de mer, produit culinaire très recherché en Espagne et en Adriatique.
Datte de mer : la forme et la couleur de sa coquille rappellent celles du fruit du dattier.
Lithophaga : du grec [lithos] = pierre et [phago] = manger, soit "mangeur de pierre".
Numéro d'entrée WoRMS : 140459
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda | Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes | Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire. |
Sous-classe | Pteriomorphia | Ptériomorphes | Muscle adducteur postérieur développé, antérieur réduit. |
Ordre | Mytilida | Coquille équivalve, dents régressées, empreintes musculaires inégales. Pas de siphons développés. Bivalves libres ou fixés par un byssus. |
|
Famille | Mytilidae | Mytilidés | Coquille oblongue symétrique attachée au substrat par les filaments du byssus. |
Genre | Lithophaga | ||
Espèce | lithophaga |
Dans sa cavité
Perforation d'une roche particulièrement tendre.
Cette photo a été prise au sommet d'une roche ce qui explique sans doute la position verticale de l'animal.
Cap d'Antibes (06), 7 m, de nuit
21/08/2010
Profil concave
Cette datte de mer a été extraite de la roche. On voit ici le profil côté charnière et très nettement les lignes de croissance.
Tamaris, Côte Bleue (13), laisse de mer
04/12/2005
Profil convexe
Même individu sous une autre vue qui permet de noter les surfaces de frottement décolorées et la jonction très nette entre les valves.
Tamaris, Côte Bleue (13), laisse de mer
04/12/2005
Manteau visible
Le manteau forme une cavité traversée par un courant d'eau permettant la filtration.
La Vesse, Côte Bleue (13), 12 m
02/09/2005
Siphons
On ne voit de ces individus que leurs siphons, au bord de leur trou.
Hersonissos, Crète, 10 m
28/04/2007
Forme ovale du trou
La datte de mer fabrique une cavité perpendiculaire à la surface du substrat.
Nice (06), 28 m, de nuit
25/11/2008
Capturée par un jeune poulpe
"Mais le plus intéressant est le comportement du jeune poulpe, déjà aller chercher une datte de mer dans son trou est assez difficile, mais la façon dont il se tient en "touffe d'algue" sur le surplomb se trouve fréquemment chez les bébés poulpes, souvent associée à une forte pigmentation en brun sombre" (Jacques Laborel, extrait du forum 642).
Carry Le Rouet, Côte Bleue (13)
08/08/2007
Repas du poulpe
Valves de datte de mer parmi les restes de repas du poulpe : un fin gourmet !
Punta salines, Estartit, Costa Brava, Espagne, 15 m
17/09/2010
Coquille concrétionnée
La cassure de la roche est ancienne car la coquille est déjà concrétionnée. Du coup, cet animal, à découvert, sert de support à de nombreux organismes.
Aiguebonne (83), 6 m
09/10/2010
Coquilles sur débris rocheux
Les coquilles restent en place longtemps après la mort du mollusque.
La Couronne, Côte Bleue (13)
03/2006
Dans le coralligène
La datte de mer peut aussi s'installer dans les substrats vivants comme ici, le coralligène.
Estartit, Costa Brava, Espagne
19/09/2010
En Croatie
Le bord des valves est lisse. On note ici les strates de croissance sur l'extérieur et l'intérieur blanc nacré des coquilles.
Croatie, 1 m
21/06/2008
Sur un tombant
Cette photo d'un tombant méditerranéen classique devrait vous aider à repérer une datte lorsque vous en croiserez.
Port de Niolon (13), 4 m
03/2005
Habitat troglodytique
Cette photo a été prise sous une grosse pierre retournée (et replacée). L'ouverture des trous est donc ici orientée vers le sédiment. De plus, il faut noter la présence d'un gros ver plat (Stylochus pilidium) au centre qui s'est rapidement caché dans un des trous.
Hersonissos, Crète, 10 m
29/04/2007
3 bivalves sous un caillou
2 gros trous ronds centraux : Lithophaga lithophaga (Linnaeus, 1758). On aperçoit d'ailleurs la coquille dans le trou du haut.
Le trou en 8 à droite : Rocellaria dubia (Pennant, 1777)
En haut à gauche : petit bivalve épineux collé à la roche, Chama gryphoides Linnaeus, 1758
laisse de mer
N/A
Habitat typique
Habitat typique dans les strates de roche tendre.
Tamaris, Côte Bleue (13), 6 m
26/09/2009
Trous habités
Traces trouvées sur une pierre roulée sur le bord.
Tamaris, Côte Bleue (13), littoral
04/12/2005
Cherchez l'erreur ...
Cette datte, trouvée en laisse de mer, a été replacée dans un trou formé par cette espèce. Mais il y a une erreur, laquelle ?
réponse : placée à l'envers !
Tamaris, Côte Bleue (13), littoral
04/12/2005
Rédacteur principal : Sylvie DIDIERLAURENT
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Sylvie DIDIERLAURENT
Jaccarini V., Bannister W.H., Micallet H., 1968, The pallial glands and rock boring in Lithophaga lithophaga (Lamellibranchia, Mytilidae), Journal of Zoology, 154(4), 397-401.
Galinou-Mitsoudi S., Sinis A.I., 1994, Reproductive cycle and fecundity of the date mussel Lithophaga lithophaga (Bivalvia, Mytilidae), Journal of Molluscan Studies, The Malacological Society of London, 60, 371-38.
La page de Lithophaga lithophaga dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN