Pholade blanche

Barnea candida | (Linnaeus, 1758)

N° 2121

Atlantique Nord-Est, Manche, mer du Nord, Méditerranée

Clé d'identification

Coquille équivalve blanche présentant des côtes concentriques et rayonnées avec de très courtes épines
Bâillante sur l'avant et relativement jointive sur l'arrière
Petit repli sur l'avant de la coquille
Bivalve foreur difficilement observé
Siphons bruns mesurant 4 à 5 fois la longueur de la coquille

Noms

Autres noms communs français

Barnée blanche, ailes d'ange (coquille)

Noms communs internationaux

White barnea, white piddock (GB), Barnea blanca (E), Engelsflügel, weisse Bohrmuschel (D), Witte boormossel (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Pholas candida Linnaeus, 1758

Distribution géographique

Atlantique Nord-Est, Manche, mer du Nord, Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Barnea candida est présente dans tout l'Atlantique Nord-Est. On l'observe plus particulièrement au sud de l'Angleterre et de l'Irlande, en Manche, en mer du Nord et dans l'ouest de la mer Baltique. On la rencontre également en Méditerranée où elle est cependant moins abondante.

Biotope

Barnea candida est une espèce marine qui vit et fore (espèce dite foreuse) dans des galeries de roches tendres à très tendres. On la rencontre du bas de l'estran jusqu'à environ 50 mètres de profondeur dans divers substrats comme l'argile, la craie, la tourbe et les roches calcaires d'où seuls ses siphons dépassent.

Description

La pholade blanche possède une coquille fine, fragile, étroitement allongée et équivalve*. Elle est légèrement plus large côté antérieur et arrondie aux extrémités. Elle mesure régulièrement 45 mm mais sa longueur peut aller jusqu'à 65 mm. Elle est recouverte d'un périostracum* brun clair quand l'animal est vivant, la coquille est blanche quand l'animal est mort, d'où son nom commun. Les valves* sont bâillantes côté antérieur et relativement jointives côté postérieur. Elles présentent des stries concentriques sur toute la surface et des côtes radiaires surtout dans la partie antérieure, hérissée de courtes épines. Une plaque calcaire accessoire est fixée côté dorso-antérieur juste en avant des umbos* quand l'animal est vivant. Une expansion calcifiée très fine est visible dans chacune des valves quand elles sont vides. Celle-ci se trouve sous les umbos. On observe un petit repli, appelé réflexion umbonale, caractéristique de l'espèce, sur le côté dorso-antérieur. Les deux siphons brun très clair mesurent de 4 à 5 fois la longueur de la coquille. Ils sont joints jusqu'à l'extrémité et ne se rétractent pas complètement dans la coquille. Les autres parties molles sont très claires. Le pied se termine par une ventouse.

Espèces ressemblantes

Parmi les bivalves foreurs ressemblant à Barnea candida, citons :

Barnea parva
(Pennant, 1777) : plus petite et ramassée, 40 mm. Lignes concentriques plus denses et lignes rayonnantes moins marquées. Réflexion umbonale cloisonnée. Des îles Britanniques jusqu’en Méditerranée.

Pholas dactylus
(Linnaeus, 1758) : jusqu'à 120 mm. Espèce présentant un rostre à l'avant et une pièce calcaire extérieure cloisonnée.

Zirfaea crispata
(Linnaeus, 1758) : jusqu’à 80 mm. Pholade crépue ou rugueuse, encore plus bâillante. Espèce d'aspect trapu présentant un sillon transversal reliant les umbos au bord ventral et séparant nettement la partie antérieure et la partie postérieure. Manche, mer du Nord, ouest Baltique et Atlantique.

Petricola pholadiformis
(Lamarck, 1818) : fausse pholade, espèce introduite en mer du Nord. Il s’agit d’un tout autre genre mais la ressemblance est importante et le risque de confusion existe. Côtes radiales sur toute la surface, charnière et ligament présents. Pas de pièce calcaire accessoire, ni repli, ni expansion calcifiée.

Alimentation

La pholade blanche est un mollusque filtreur* suspensivore*. Elle possède deux siphons, l'un inhalant pour aspirer l'eau et capturer les organismes planctoniques* en suspension et l'autre exhalant pour le rejet de l'eau et des déchets. La respiration s'effectue en même temps.

Reproduction - Multiplication

L'espèce est gonochorique*, c'est-à-dire qu'il y a des individus mâles et des individus femelles. L'émission des gamètes* et la fécondation se font dans l'eau entre juin et août. S'ensuit un stade larvaire*, la véligère*, qui mène une vie planctonique relativement longue puis qui finit par se fixer sur le substrat au moyen d'un byssus* qui disparaît dès le début du forage.

Divers biologie

Quand l'animal est vivant la coquille est recouverte d'un périostracum* jaune pâle à brun très clair. Il est éliminé rapidement à la mort de l'animal.

Il n'y a pas de charnière comme chez la grande majorité des bivalves. Il n'y a pas non plus de ligament. Les valves (comme la pièce accessoire) sont maintenues jointes par trois muscles : deux adducteurs et un troisième jouant le rôle de ligament servant à entrebâiller les valves. Celui-ci est recouvert par la pièce accessoire.

Les valves et la plaque accessoire sont totalement indépendantes les unes par rapport aux autres.

Les muscles pédiaux s'insèrent sur les expansions internes calcifiées (appelées apophyses).

Présence de deux organes triangulaires luminescents à la base des siphons.

Informations complémentaires

C'est avec la partie antérieure des valves (partie avant renflée et concentrée en rides rayonnantes et en épines) que l'animal fore des trous parfaitement ronds dans toutes sortes de substrats : cela va du bois aux roches tendres qui lui donnent un abri d'où ne dépassent que ses siphons. Il s'agit d'un mouvement de légère rotation de petite amplitude et très lent qui use le substrat (quelques millimètres par mois). Il est rendu possible grâce à son pied formant ventouse qui fait saillie par l'entrebâillement des valves en se fixant à la paroi du tunnel. C'est selon ce principe que la pholade blanche, et probablement de nombreux autres foreurs, prend appui et peut creuser.

Après que la jeune pholade se soit fixée sur le substrat, elle n'entreprend son forage que quand sa coquille a suffisamment durci.

Avec la croissance de l'animal, le trou est alésé : plus l'animal s'enfonce dans la roche, plus le trou s'élargit. Ainsi il est totalement enfermé ou prisonnier dans sa cavité à l'abri des prédateurs à l'exception des oiseaux du rivage.

La communauté scientifique est encore partagée sur l'hypothèse selon laquelle Barnea candida sécrète une substance chimique acide en plus de son léger mouvement de rotation. Néanmoins ceci expliquerait en partie pourquoi la coquille fragile de la pholade blanche ne présente pas de trace d'usure (comme pour beaucoup d'autres pholades).

L'espèce est peu comestible à cause de son goût très amer, mais elle se révèle être un bon appât pour la pêche.

Les prélèvements, suite à l'érosion ou la destruction volontaire de la roche, engendrent d'irréversibles dégâts sur son habitat ; cependant, les cavités abandonnées par les pholades, mortes naturellement ou pas, sont autant de refuges pour d'autres espèces. Il est fréquent d'y trouver des organismes comme des mollusques ou des crustacés, ce qui permet le maintien et le développement d'une certaine biodiversité.

Attention à l'emploi du terme lithophage : cette espèce ne consomme pas la pierre, elle ne fait que la creuser. Il s'agit d'une espèce térébrante (foreuse).

Origine des noms

Origine du nom français

Pholade est la traduction du mot grec [pholad] = écaille,
ailes d'ange pour la finesse et le blanc immaculé de ses deux valves qui évoquent des ailes déployées.

Origine du nom scientifique

Barnea : terme dédié par Antoine Risso en 1826 au naturaliste américain Daniel Henri Barnes (1785-1828),
candida : du latin [candidus] qui signifie blanc éclatant.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 140767

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire.
Sous-classe Heterodonta Hétérodontes Charnière à dents dissociées. Siphon bien développé permettant aux organismes de se nourrir et de respirer tout en restant enfouis.
Ordre Myoida ou Myida Myoïdes

Bivalves fouisseurs à coquille mince et aux siphons très développés. Charnière généralement édentée ou avec 1 ou 2 dents. Coquille non nacrée. Chondrophore présent.

Famille Pholadidae Pholadidés Bivalves foreurs.
Genre Barnea
Espèce candida

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