Corps mou, haut et étroit, noir ou brun avec souvent des taches claires (jusqu'à 40 cm)
Rhinophores en forme d'oreilles de lièvre
Tentacules buccaux enroulés
Parapodes très larges, séparés à l'arrière
Pied long et étroit
Souvent une ligne rouge ou rose sur le bord des parapodes et les tentacules
Grande aplysie brune, lièvre de mer, pisse-vinaigre
et en breton, pissouz-ar-gwin ru : pisseuse de vin rouge ou marc'hadour gwin : marchand de vin
Sea hare, mottled seahare, sooty seahare (GB), Lepre di mare, asino di mare, aplisia fasciata (I), Liebre de mar negra (E), Seehase (D)
Laplysia fasciata Poiret, 1789
Laplysia camelus Cuvier, 1803
Laplysia alba Cuvier, 1803
Aplysia marmorata de Blainville, 1823
Aplysia vulgaris de Blainville, 1823
Aplysia neapolitana delle Chiaje, 1824
Aplysia radiata Crouch, 1826
Aplysia cameliformis Locard, 1886
Aplysia lobiancoi Mazzarelli, 1890
Aplysia winneba Eales, 1957
Aplysia gracilis Eales, 1960
Méditerranée, Atlantique
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Atlantique Nord-Est avec la Bretagne comme limite nord et l'Afrique de l'Ouest comme limite sud ; Atlantique Ouest notamment près des côtes brésiliennes. On la trouve également dans tout le bassin méditerranéen.
On la trouve sur les fonds vaseux, sableux et rocheux, couverts d'algues, généralement par petits fonds jusqu'à 20 m de profondeur. Mais Aplysia fasciata est également capable de nager en pleine eau et même en surface.
Aplysia fasciata compte parmi les plus grands mollusques de la faune française, avec une longueur maximale de 30 à 40 cm pour un poids de 2 kg.
Le corps et plutôt haut et étroit, massif. Il est mou, de couleur sombre, brun-foncé à lie-de-vin. Il est parfois, mais pas toujours, moucheté de clair, avec pour la plupart des individus une bordure rouge à rose sur le bord des parapodes* (ou parapodies). Chez Aplysia fasciata, ces parapodes de grande taille occupent la quasi-totalité du corps et, contrairement à d'autres espèces, ne se rejoignent pas à l'arrière. Ils sont utilisés dans les nages de déplacement.
Sur la tête, deux excroissances enroulées sur elles-mêmes et formant tubes, évoquent deux oreilles de lièvre : ce sont les rhinophores*. Les yeux ronds, petits mais souvent bien visibles, sont situés antérieurement, au pied de ces deux organes. On observe également deux tentacules buccaux. Les rhinophores et les tentacules buccaux peuvent également être bordés de rouge ou de rose.
Aplysia fasciata possède une fine coquille interne, lamelleuse, peu concave (coquille "en verre-de-montre"), oblongue, arrondie en avant, tronquée obliquement en arrière et d'environ 50 mm de diamètre. Elle est située dans la partie dorsale. Chez cette espèce, la coquille n'est pas visible, le foramen* consistant en un tout petit trou, quasiment invisible.
Hormis lors de la nage, les parapodes sont repliés sur le dos et protègent cette partie.
Le pied est pointu vers l'arrière.
A l'état juvénile, Aplysia fasciata est plutôt rouge, comme probablement toutes les aplysies de nos côtes.
La détermination des trois plus grandes aplysies peut se révéler délicate et parfois, seule la dissection de l'appareil génital et l'observation du pénis peut confirmer une distinction entre Aplysia fasciata et les deux autres principales espèces.
Aplysia depilans (Gmelin, 1791) : les grands parapodes sont bien séparés en avant mais sont soudés en arrière, assez haut sur le dos. Il n'y a pas de bordure rouge à rose sur les parapodes et les tentacules buccaux chez cette espèce. Le pénis est sombre, gros avec des épines. Les animaux en accouplement forment de longues chaînes solides.
Aplysia punctata (Cuvier, 1803) : chez l'aplysie ponctuée, les parapodes sont bien séparés en avant. Ils sont soudés sur l'arrière mais plus en arrière que chez A. depilans. Le pénis est sombre, plutôt en forme de spatule et dépourvu d'épines. Alors que le pénis d'A. fasciata est clair et filiforme ! Les chaînes des animaux accouplés ne sont pas solides.
Il existe en Méditerranée des animaux foncés ayant toutes les caractéristiques externes d'Aplysia fasciata mais avec des parapodes joints à l'arrière. A ce jour, il est impossible de dire si c'est une variante ou une espèce distincte.
L'aplysie naine, Aplysia parvula Guilding in Morch, 1863, peut prêter à confusion uniquement avec les juvéniles d'A. fasciata. En effet, pouvant se rencontrer dans toutes les mers, tropicales et tempérées (y compris sur les côtes françaises), elle est considérée comme la plus petite des aplysies, ne dépassant probablement pas 6 cm.
Strictement herbivore, Aplysia fasciata se nourrit d'algues diverses, Ulva, Polysiphonia, et de zostères qu'elle râpe à l'aide de sa radula* cornée qui porte de nombreuses rangées de petites dents. Elle consomme également les organismes encroûtants qui sont sur les algues voire même des pontes.
Elle est capable de stocker et de réutiliser certaines toxines présentes dans les algues rouges.
Comme herbivore, l'aplysie laisse derrière elle des crottes très reconnaissables, en forme de boudins de 1 cm de diamètre environ, sur 2-3 cm de longueur et constitués de résidus d'algues agglomérés.
Comme l'ensemble des gastéropodes opisthobranches, l'aplysie fasciée est hermaphrodite* et possède donc les deux sexes simultanément.
Le pénis d'Aplysia fasciata est clair et filiforme. Il possède une gaine avec des nodosités mais ne présente pas les épines parfois rencontrées chez d'autres espèces du genre.
L'animal introduit son pénis dans l'orifice génital femelle du partenaire. L'accouplement se fait souvent en chaîne de plusieurs individus (si la chaîne ne se rompt pas facilement, il s'agit probablement d'A. depilans, dont le pénis a des épines !). La reproduction aurait principalement lieu entre juillet et octobre.
Les cordons de ponte sont en forme de spaghettis, gélatineux, peuvent contenir des millions d'œufs et mesurer plusieurs mètres. Ces pontes montrent une couleur qui se modifie en fonction du degré de maturation des œufs : jaune, puis rose puis marron.
Une fois éclos, les œufs donneront des larves véligères* qui, après quelques mois de vie planctonique, se poseront et se métamorphoseront en jeunes adultes.
L'aplysie juvénile est rouge puis sa couleur se modifiera petit à petit pour que l'animal adopte la couleur de son espèce, adulte.
Les aplysies fasciées ont peu de prédateurs et lorsqu'elles sont menacées, elles excrètent de leur cavité palléale un liquide pourpre. La destination de ce liquide n'est pas connu avec précision : réaction au stress ou mécanisme de défense ?
Les aplysies respirent par une branchie plumeuse, recourbée, cachée par le manteau.
La radula d'Aplysia fasciata adulte mesure 10 mm sur 9 mm et a pour formule 80 (50-1-50). La pointe de la dent médiane dépasse la base de la radula.
L'aplysie se déplace en rampant sur son pied. Mais A. fasciata est aussi une très bonne nageuse du fait de ses larges parapodes non soudés. Lors de la nage, le corps se replie alternativement sur lui-même, tandis que les parapodes, écartés du corps, sont animés d'ondulations ; le pied proprement dit est enroulé longitudinalement et les rhinophores ramenés vers l'arrière parallèlement au corps.
Les neurones qui innervent les parapodes sont de taille géante et au nombre de 2 (de chaque côté).
Si l'aplysivioline (le liquide pourpre émis par les aplysies) est toxique chez certaines espèces, notamment en raison du régime alimentaire, la nature toxique de ce liquide reste à démontrer chez Aplysia fasciata.
En raison de leur nombre limité de neurones (10 000 contre 15 milliards chez l'humain), les laboratoires de neurobiologie utilisent les aplysies dans les études sur la transmission neuronale, notamment pour la compréhension des éléments cellulaires et moléculaires en jeu dans les phénomènes d'apprentissage et de mémoire.
Ces différents travaux sur les aplysies ont permis l'attribution du prix international de l'Académie des sciences de Turin (Dr Vincent Castellucci en 1998) et d'un prix Nobel de médecine (Carlsson, Greengard et Kandel en 2000).
Les substances bioactives libérées (le "vinaigre") par les aplysies sont également objets de recherches dans le cadre des thérapies sur les tumeurs.
Aplysia fasciata est très rare autour des îles Britanniques, mais elle est souvent rencontrée dans le bassin d'Arcachon.
Les espèces A. fasciata, A. punctata et A. depilans sont présentes dans l'inventaire 2000 de la faune et la flore de Roscoff alors que dans l'inventaire de 1951, on trouvait seulement A. punctata et A. depilans.
Aplysie fasciée est la francisation du nom scientifique Aplysia fasciata.
Aplysia : du grec [aplusias] = saleté ;
fasciata : du latin [fascia] = à bande. Ici, c'est probablement la ligne de couleur qui orne parapodes, rhinophores et tentacules labiaux qui est mise en avant.
Numéro d'entrée WoRMS : 138755
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Ordre | Aplysiida | Aplysides | Coquille petite (ou absente) généralement recouverte par le manteau (parapodes). Présence ou non d’une branchie plissée, tête portant des tentacules et des rhinophores. Cavité palléale située à droite. Mangeurs de végétaux. Tous marins, zones côtières. |
Famille | Aplysiidae | Aplysiidés | |
Genre | Aplysia | ||
Espèce | fasciata |
Toutes voiles dehors
Le manteau est parfaitement visible. On remarquera les parapodes bien séparés et de grande taille.
Au centre, la coquille recouverte par le tégument. A l'arrière, le pied est pointu.
Le planier, Marseille (13), 6 m
19/08/2006
Belle bordure pourpre
La bordure pourpre de ce spécimen presqu'uni est bien visible.
Les parapodes sont repliés sur le manteau.
Esteou, Marseille (13), 5 m
24/08/2008
Sombre et tachetée
Certains spécimens peuvent avoir une coloration sombre tachetée.
Moyades, Marseille (13), 10 m
13/10/2007
Au repos
Tel que l'on rencontre l'animal au repos, ici de nuit et dans une robe assez claire et tachetée.
Pointe de la Cuisse, Villefranche-sur-mer (06), 15 m, de nuit
24/07/2008
Nage en pleine eau de nuit
C'est grâce aux parapodes non soudés qu'Aplysia fasciata peut nager.
Iles du Levant (83), 5 m, de nuit
31/08/2008
Œil et rhinophores
Les yeux, petits mais souvent bien visibles sur la tête, sont situés à la base des rhinophores. Ceux-ci sont des organes des sens.
Pointe de la Cuisse, Villefranche-sur-mer (06), 15 m, de nuit
24/07/2008
Accouplement
Les aplysies se fécondent mutuellement lors de l'accouplement qui peut parfois compter de longues chaînes d'individus.
Marseille (13), 10 m
09/2008
Copulation
Une A. fasciata brune copule avec une A. fasciata noire.
Sénégal (Afrique de l'Ouest)
07/06/2003
Ponte jaune
Les cordons de ponte jaune orangé voire rose, en forme de spaghettis, sont gélatineux, peuvent contenir des millions d'œufs et mesurer plusieurs mètres.
Thau (34), 3 m
01/11/2010
Jeune spécimen
Une jeune A. fasciata d’Arcachon, 27 mm, brune sans bordure rouge. On voit bien l’étendue des parapodes qui se terminent en V, car non jointes, et vont presque jusqu’au bout du pied.
Arcachon (33)
28/09/2005
En train de brouter
Strictement herbivore, Aplysia fasciata se nourrit d'algues diverses et de phanérogames qu'elle râpe à l'aide de sa radula.
Pointe de la Cuisse, Villefranche-sur-mer (06), 15 m, de nuit
24/07/2008
Rédacteur principal : Gisèle FANGET
Vérificateur : Marina PODDUBETSKAIA OSSOKINE
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Vérificateur : Daniel BURON
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Daniel BURON