Corps brun rougeâtre ou verdâtre
Tentacules vert clair avec une extrémité pouvant être violette
Tentacules non rétractiles, longs et assez fins
Corps d'environ 5 cm de hauteur pour un diamètre d'une dizaine de centimètres
Tentacules adhérant si fortement à la peau qu'ils cassent lorsqu'on les touche
Petits individus souvent clonaux ; individus solitaires de plus grande taille
Actinie verte, anémone commune, ortique, anémone (à) beignets, ortie de mer, ortigo (en provençal)
Snakelocks anemone, opelet anemone (GB), Anemone capelli di serpe, capelli di Venere, matrona di mare, morosa (I), Actinia comun, anémona de mar común, ortiga de mar, fideus de mar (E), Wachsrose, Grüne Seerose, Fadenrose (D), Anémona do mar comum (P), Wasroos, draadroos (NL)
Priapus viridis Forskål, 1775
Anemonia sulcata (Pennant, 1777)
Méditerranée, Atlantique, Manche
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Sa répartition se situe en Méditerranée, océan Atlantique et Manche, des Canaries à l'Ecosse.
On la trouve couramment sur des fonds rocheux ou sur des substrats* durs dans lesquels elle adhère par son disque basal.
Les petits individus sont situés dans des creux ou anfractuosités en raison de leur faible musculature afin de résister aux vagues. Les petits individus peuvent aussi être fixés sur des algues ou sur des herbes marines.
Elle se rencontre plutôt dans les milieux éclairés et calmes (il arrive qu'une surface de plusieurs m² soit recouverte dans les ports abrités par exemple. Dans ce cas, il s'agit du morphe* clonal. Même si elle est commune près de la surface, on peut la trouver jusqu'à 25 m de profondeur.
Elle peut aussi être rencontrée transitoirement à l'obscurité car elle peut se déplacer. Elle aura alors une couleur plus pâle.
Le corps de cette anémone, mou, est brun rougeâtre ou verdâtre. La colonne lisse, terminée par une couronne tentaculaire, mesure 5 cm de hauteur et peut avoir un diamètre d'une dizaine de cm.
Cette espèce peut avoir jusqu'à 384 tentacules* pouvant atteindre une quinzaine de centimètres. Ces tentacules sont souples, non rétractiles, longs et assez fins, normalement de couleur vert clair, avec la pointe violet-fuchsia. Dans les habitats plus à l'abri de la lumière, elle apparaît plus pâle et sans pointe violette (voir paragraphes « divers biologie » et « infos complémentaires »).
Anémone charnue (Cribrinopsis crassa) : espèce endémique* de la Méditerranée, contrairement à l'anémone verte. Même si la coloration est semblable, les tentacules de l'anémone charnue sont beaucoup plus courts et épais.
Anémone dorée (Condylactis aurantiaca) : la coloration est semblable à l'anémone verte mais l'anémone dorée se situe souvent dans le sable, d'où ne dépasse que la couronne tentaculaire en forme de soleil.
Le pied tacheté de ces deux espèces permet de les différencier de l'anémone de mer verte dont le pied et la colonne sont lisses.
Cette espèce se nourrit essentiellement de petits poissons, crustacés et autres invertébrés qui passent à sa portée et qu'elle attrape grâce aux cnidoblastes* de ses tentacules.
Elle est d'activité diurne, et est souvent rétractée la nuit laissant voir ses crabes commensaux.
La reproduction est généralement sexuée (libération de gamètes*). Les sexes sont distincts (pas d'hermaphrodisme*). La reproduction a généralement lieu en juin/juillet. Les larves* obtenues après fécondation sont nageuses.
L'anémone verte peut aussi se reproduire de façon asexuée par bourgeonnement* (formation d'un bourgeon qui donnera naissance à un nouvel individu) ou par scissiparité* (fission longitudinale par le pied pour donner naissance à deux individus).
Si 2 anémones sont en contact direct, alors il s'agit de clones* (même génotype*). Dans le cas contraire, les 2 anémones s'attaquent mutuellement par les acrorhages*, petits renflements situés sur le disque basal et remplis de cnidocystes*.
Plusieurs espèces peuvent vivre en lien avec l'anémone verte :
Cette espèce est très commune en plongée.
La pointe violette des tentacules est due à la présence de la protéine GFP dont le rôle est de dissiper l'excès de rayons UV captés. Cette couleur violette disparaît lorsque l'individu est en profondeur et non soumis aux rayonnements solaires.
Malgré son moyen de défense efficace (tentacules garnis de cnidoblastes*), le nudibranche Aeolidia papillosa peut notamment s'attaquer aux tentacules de l'anémone.
Un autre de ses prédateurs est l'homme : en effet, cette anémone est comestible en salade (après avoir neutralisé les cellules urticantes avec du vinaigre), en omelette ou en beignets.
La durée de vie de l'anémone de mer verte est difficile à déterminer avec certitude. Certains individus ont été maintenus en aquarium plusieurs années. Dans le milieu naturel, la durée de vie est plus aléatoire : la prédation, la modification du milieu, l'envasement, l'assèchement prolongé peuvent réduire considérablement les chances de survie des anémones. Cette espèce symbiotique est aussi en danger en raison du réchauffement climatique qui entraîne une perte des algues. Remarque : Il ne faut pas confondre durée de vie de l'individu et la transmission du génotype*. Un individu qui meurt est un individu mort même s'il a transmis ses gènes à l'identique par clonage.
Les tentacules d'Anemonia viridis possèdent des cnidocytes*, filaments urticants qui sont expulsés au contact de la proie. La présence de cnidocytes est commune à tous les cnidaires, donnant son nom à l'embranchement. Il faut veiller à ne pas se frotter les yeux ou les lèvres par exemple après un contact avec l'anémone, au risque d'avoir des brûlures plus ou moins importantes selon la sensibilité de chacun. Les cnidocytes étant libérés par une différence de pression osmotique, il ne faut pas non plus verser de l'eau douce sur la brulure, sous peine de déclencher la libération des cnidocytes encores encapsulés.
Même si cette espèce ne compte pas parmi les anémones dangereuses pour l'homme, un contact répété et régulier avec les tentacules peut faire apparaître une allergie provoquant des problèmes de santé plus ou moins graves (phénomène d'anaphylaxie).
De plus, n'oublions pas qu'à chaque fois que les cnidocystes* de l'anémone sont dévaginés, ils ne servent plus ni à la défense ni à l'alimentation de l'animal jusqu'à ce que celui-ci les renouvelle. Cela peut donc être très préjudiciable pour l'espèce si les sollicitations des cellules urticantes sont trop fréquentes inutilement.
D'autre part, il faut éviter de toucher l'anémone car le contact avec un tentacule provoque son arrachement puisqu'il adhère fortement à la peau ou au néoprène, ce qui est d'autant plus préjudiciable pour l'anémone.
Sous l'Antiquité, l'anémone était considérée comme un animal plante à cause de sa ressemblance avec une fleur. C'est ce qui fait qu'aujourd'hui encore, de nombreuses personnes croient qu'il s'agit d'une fleur marine et non d'un animal.
Morphes : On distingue 5 variétés parmi l'espèce Anemonia viridis selon la présence ou l'absence des pointes violettes et l'expression des protéines GFP.
A la lumière visible, les variétés rustica et viridis n'ont pas de pointes violettes contrairement aux variétés vulgaris, smaragdinia et rufescens. Seule une observation de la fluorescence permet de distinguer les morphes ayant le même phénotype.
Les 5 morphes décrits ci-dessus sont classés en deux écotypes* :
L'écotype 1 se caractérise par un disque basal de moins de 3 cm, jusqu'à 192 tentacules et semble associé à la forme clonale.
L'écotype 2 se caractérise par un disque basal pouvant atteindre 15 cm, jusqu'à 384 tentacules et semble associé à la forme solitaire et se reproduisant par émission de gamètes.
Ainsi sont classés dans l'écotype 1 : rustica, smaragdina et vulgaris (rarement rufescens) et dans l'écotype 2 : smaragdina (rarement rufescens). Les morphes viridis et rufescens forment souvent des stades intermédiaires entre l'écotype 1 et 2 , avec un disque basal réduit mais jusqu'à 384 tentacules et solitaires.
L'anémone verte est utilisée au laboratoire Symbiose Marine de l'Université de Nice comme modèle d'étude de la symbiose.
Un gène codant l'une des protéines de l'anémone, naturellement non fluorescente, a été muté pour faire fluorescer la protéine en rouge. On peut ainsi suivre le devenir de protéines marquées avec ce gène.
Le nom "anémone verte de mer" est la traduction littérale du nom en latin Anemonia viridis.
Elle est parfois appelée ortique ou ortie de mer à cause de ses tentacules urticants.
Elle doit le nom d'anémone beignets à l'une des façons de la consommer.
Elle se fait appeler également anémone commune puisque c'est l'anémone que l'on rencontre le plus fréquemment en mer.
Du latin [anemonia] = fleur, et [viridis] = vert, de couleur verte.
Contrairement à une idée répandue, l'ancien nom sulcata ne fait pas référence au caractère comestible et succulent de cette anémone. En latin, [sulcatus] veut dire sillonné.
Numéro d'entrée WoRMS : 100808
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Anthozoa | Anthozoaires | Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie). |
Sous-classe | Hexacorallia / Zoantharia | Hexacoralliaires / Zoanthaires | Anthozoaires coloniaux ou solitaires, tentacules lisses, polypes à symétrie d’ordre 6. |
Ordre | Actiniaria | Actiniaires | Polypes solitaires souvent colorés, en général fixés à un substrat dur par un large disque pédieux. Organismes parfois mobiles. |
Sous-ordre | Enthemonae | ||
Famille | Actiniidae | Actiniidés | |
Genre | Anemonia | ||
Espèce | viridis |
Anemonia viridis var smaragdina
Couleur verte et pointes violettes caractéristiques. La pointe violette des tentacules est due à la présence de la protéine GFP dont le rôle est de dissiper l’excès de rayons UV captés.
Ajaccio (2A)
01/08/2005
Détail des tentacules
Les pointes des tentacules apparaissent généralement violettes.
Saint Malo (35), estran
11/02/2009
Bouche
Sur cette photo, on voit bien la bouche de l'animal.
Niolon (13), Le Moulon, 8 m
11/06/2016
Ponte
La ponte s'échappe de la bouche de l'anémone.
Pianotoli, Corse du Sud (2A)
27/04/2007
Dans son milieu
L'anémone verte, telle qu'on la voit dans son milieu.
Antibes (06), 22 m
13/08/2005
Sur une zostère
Petit individu de 2 cm accroché à une zostère.
Plougastel (29), 5 m
03/09/2013
Détail d'un jeune spécimen
Les zones blanc argenté, presque fluo, sont bien visibles sur ce jeune spécimen qui peut être facilement confondu avec la petite anémone Paranemonia cinerea.
Carro, Côte Bleue (13), prélèvement, laboratoire
11/03/2006
A l'envers
Cette anémone peut se rencontrer occasionnellement non fixée au substrat. Cet individu, en balade, se retrouve "à l'envers", et on voit son disque basal.
Il s’agit du morphe viridis ou rustica.
Pianottoli (2A), 3 m
06/05/2008
Un drôle de support
Belle anémone fixée sur une vieille bouteille abandonnée.
Baie de Campomoro (2A), 5 m
31/12/2008
Fluorescence
De nuit, éclairées par une lumière bleue, certaines anémones émettent une lumière verte par fluorescence. Il faut un filtre jaune-orangé pour éliminer le bleu et voir la couleur verte, mais quel beau spectacle !
Golfe d'Ajaccio, Isolella, PMT de nuit, 1 m
12/08/2019
Anemonia viridis fluorescente
La fluorescente se révèle sous lumière UV 395 nm. Cette photo n'a pas bénéficié d'un filtre orange devant l'objectif, la couleur de la lumière renvoyée par l'anémone est masquée par le bleu.
Port Skeul, Belle-Île-en-Mer (56), de nuit
11/08/2023
Sur l'estran normand
Dans une flaque d'eau.
Agon Coutainville (50), estran
09/02/2008
Sur l’estran breton
En Bretagne, à marée basse, il est fréquent de voir des anémones vertes dans les flaques d’eau.
Trebeurden (22), 0 m
18/08/2005
Araignée des anémones
Illustration de la vie dans l'anémone verte : araignée des anémones (Inachus phalangium), un des hôtes les plus courants que l'on peut y rencontrer.
Cale de Ploumanac'h (22), 5 m
07/2008
Autre araignée des anémones
Illustration de la vie dans l'anémone verte : Pisa tetraodon est beaucoup moins fréquente qu’Inachus phalangium.
Lézardrieux (22), épave du Charbonnier, 6 m
08/2008
Crevette symbiotique
On rencontre aussi des crevettes dans l’anémone verte, ici Periclimenes sagittifer.
Plougastel (29), pointe de l'Armorique, 4 m
09/2008
Crevettes dans l'anémone
Présence de crevettes nageuses à proximité de l'anémone verte (Leptomysis mediterranea)
Antibes (06), Le Rascoui, 6 m
14/08/2016
Caprelle
On trouve parfois des caprelles bien à l'abri des tentacules de l'anémone verte.
Marseille (13), Le Frioul, 7 m
22/05/2011
Gobie à l’abri
Le gobie moucheté, Gobius incognitus, ne s’éloigne jamais de l’anémone verte qui lui sert de refuge à la moindre alerte.
Antibes (06), 5 m
2008
Prédation
Voici une seiche de 25 cm bien mal en point : ses 2 longs tentacules prédateurs sont retenus par une anémone verte. Deux compagnes de grosse taille l’ont assistée jusqu’à la fin, puisqu’elle a trépassé après un moment, visiblement terrassée par l’action des cnidocytes. Après la fin, les deux seiches ont quitté la scène du drame.
Capbreton (40), 3 m
04/2012
Dans le golfe de Gascogne
Canal d'Hossegor à Capbreton (40), entre 3 et 4 m
24/10/2020
Animal urticant !
Voici ce qu'en a dit la victime:
- brûlure et douleur instantanées,
- apparition des vésicules deux heures après.
La photo est prise le lendemain, dimanche après midi, soit 24 heures après.
Traitement: dermocorticoïdes tout de suite après l'accident et pendant 5 jours, et nécessité d'antibiotique en crème, à cause d'une surinfection bactérienne.
Bassin de Thau (34), 3 m
10/05/2014
Lèvres en feu !
Une nouvelle illustration de l'impact d'A. viridis. Ici un simple contact avec un gant de plongée qui venait de passer trop près de l'anémone.
Marseille (13), Callelongue
18/12/2016
Rédacteur principal : Claire BRUCY
Vérificateur : Danièle BERTONCELLO
Correcteur : Vincent DANI
Responsable régional : Véronique LAMARE
Le Bulletin des Biotechnologies, Mars 2003, n°204, INRA.
Leutenegger A, Kredel S, Gundel S., D'Angelo C., Salih A., Wiedenmann J., 2007, Analysis of fluorescent and non-fluorescent sea anemones from the Mediterranean Sea during a bleaching event, Journal of Experimental Marine Biology and Ecology, 353, 221–234.
Wiedenmann J., Leutenegger A., Gundel S., Schmitt F., D'Angelo C., Funke,W., 2007, Long-term monitoring of space competition among fluorescent and nonfluorescent sea anemones in the Mediterranean Sea, Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 87, 851–852.
Wiedenmann J., Kraus P., Funke W., Vogel W., 2000, The relationship between different morphs of Anemonia sulcata Pennant (Anthozoa, Actinaria) evaluated by DNA fingerprinting, Ophelia, 52, 57–64.
Wiedenmann J, Elke C., Spindler K.D., Funke W., 2000, Cracks in the β-can : Fluorescent proteins from Anemonia sulcata (Anthozoa, Actinaria), PNAS, 97(26), 14091-14096.
La page d'Anemonia viridis dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN