Coquille circulaire, arrondie et massive
De couleur brune, irrégulièrement répartie
Valves accolées : profil en forme de cœur
Fortes côtes rayonnantes depuis l'umbo
Epines courtes, robustes, parfois noduleuses
Pied rose ou rouge
Taille maximale : 9 cm
Bucarde, coque tuberculée, bucarde à verrues, langue rouge
Tuberculate cockle, rough cockle (GB), Corruco (E), Fossiele hartschelp, geknobbelde hartschelp, karthageense hartschelp (NL), Knotige Hermuschel, Dickrippige Herzmuschel (D).
Cardium tuberculatum Linnaeus, 1758
Eucardium (Rudicardium) tuberculatum (Linnaeus, 1758)
Cardium rusticum Linnaeus, 1767
Cardium fasciatum Gmelin, 1791
Cardium nodosum Montagu,1803
Acanthocardia impedita Milaschewitch, 1909
Atlantique Nord-Est, Manche, mer du Nord, mer Baltique, mer Noire et Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Elle est présente en Méditerranée, en mer Noire, en Atlantique Nord-Est (côtes sud de la Grande-Bretagne jusqu'en Afrique du Nord), en Manche et mer du Nord, ainsi que dans certaines zones de la Baltique.
Les bucardes tuberculées vivent près des côtes, à partir de 3 m jusqu'à une vingtaine de mètres de profondeur. Elles ne sont que modérément enfouies dans le sédiment (sable, gravier ou vase) car ses siphons sont courts (moins de 1/5ème de la longueur de la coquille).
La coquille de ce bivalve, de forme circulaire, est très arrondie , épaisse, massive et convexe, et ne dépasse pas la taille de 9 cm. Elle est d'un brun plus ou moins foncé, les zones colorées étant réparties de façon irrégulière (souvent plus foncées sur les umbos*). Vues de profil, les valves bombées, accolées ont la forme d'un cœur.
Les valves, semblables, sont sculptées, à partir de l'umbo, d'une vingtaine de fortes côtes rayonnantes, plutôt carénées. Sur ces côtes, sont souvent alignées des épines courtes et robustes, non jointes, parfois noduleuses (c'est-à-dire réduites à des petites boules). Cette dernière caractéristique, particulièrement visible sur le bord externe des valves, donne le nom à l'espèce.
L'umbo est central et saillant. L'intérieur de la coquille est lisse : les côtes ne sont visibles que par un dessin de rainurage. Il n'y a pas de sinus palléal* mais deux impressions des muscles adducteurs*.
Le pied musculeux est grand, de couleur vive, rose ou rouge. Mais en général, lorsque l'animal est vivant, on ne peut apercevoir que les siphons qui en dépassent. Ceux-ci sont épanouis à la surface du sédiment où ils engluent des particules minérales. Ils sont courts (leur longueur ne dépasse pas 1/5 de celle de la coquille) et possèdent des tentacules disposés sur plusieurs séries concentriques aux ouvertures siphonales ; ainsi que sur la surface séparant les deux siphons. Les tentacules s'appliquent autour des siphons sur le substrat. Les particules minérales adhérant aux tentacules accentuent le camouflage de l'animal et favorisent la fixation du sédiment autour des orifices respiratoires.
La distinction, par les siphons, entre les différentes espèces de la famille des Cardiidae est très délicate. Ce sont essentiellement la taille (par exemple Cerastoderma) et la forme (par exemple Laevicardium) de la coquille qui peuvent permettre d'approcher une identification.
Acanthocardia aculeata (Linnaeus, 1758), la bucarde épineuse (ou aiguillonnée), est très ressemblante. Elle peut atteindre une taille de 11 cm. Ses côtes sont marquées et carénées. Ses épines sont très prononcées, surtout sur le bord extérieur des valves, et reliées entre elles par une carène. Il n'y a pas de tubercule. C'est une espèce commune, comestible mais peu recherchée.
Acanthocardia echinata (Linnaeus, 1758), la bucarde rouge ou bucarde à papilles, est de couleur brun clair et de taille similaire à la bucarde tuberculée. Elle est plus galbée et ses épines coniques et pointues sont jointives à la base. Elles sont plus longues vers le bord antérieur des valves.
Acanthocardia paucicostata (Sowerby, 1841) est beaucoup plus petite (3 cm). Elle est plutôt beige. Les côtes sont moins nombreuses et moins marquées. Elle est plus rare sur les côtes métropolitaines (Atlantique et Méditerranée).
Acanthocardia deshayesii (Payraudeau, 1826), la bucarde de Deshayes, est de grande taille (65 mm), a une coloration claire (blanchâtre à brunâtre) et possède 16 à 19 côtes et des épines en forme d'écaille creuse. Méditerranée uniquement.
Acanthocardia spinosa (Solander, 1786), une autre bucarde épineuse, est également très grande, a une coloration claire (blanchâtre à brunâtre) et possède 25 à 30 côtes, des épines plus nombreuses, plus fines et réparties plus uniformément sur la coquille. L'espèce vit dans des sédiments mixtes à composition plus vaseuse. Méditerranée uniquement.
La bucarde est un filtreur* et se nourrit de phytoplancton*. Enfouie dans le sédiment, elle laisse dépasser ses siphons : la circulation d'eau induite lui apporte oxygène et nourriture.
La famille des Cardiidés est à dominante hermaphrodite. Pourtant la coque commune (Cerastoderma edule) est à sexes séparés. On ignore ce qu'il en est de cette bucarde.
La bucarde peut être parasitée par un copépode : Conchyliurus cardii Gooding, 1957. Le crabe petit pois, Pinnotheres pisum (Linnaeus, 1767), est également considéré comme un de ses parasites.
Le rason (Xyrichtys novacula) et le pagre (Pagrus pagrus) sont présentés comme prédateurs de cette bucarde, ainsi que certaines étoiles de mer.
La bucarde tuberculée est une espèce assez commune. On en trouve souvent échouées, en laisse de mer.
Il existe une vingtaine d'espèces de coques (famille des Cardiidés) dans les mers européennes.
C'est une espèce comestible, plutôt en Méditerranée, mais peu recherchée. Elle est surtout utilisée comme appât pour la pêche.
L'animal s'enfouit très rapidement dans le sédiment mais peu profondément. Une sécrétion de mucus permet d'agglomérer des grains de sable et autres particules, qui participent à son camouflage sans que l'animal n'ait à s'enfouir profondément.
Grâce à son pied musculeux, cette espèce peut faire des "sauts".
Certaines coquilles ne présentent pas d'épine sur les côtes : elles appartiendraient à la sous-espèce Acanthocardia tuberculata forme mutica Bucquoy, Dautzenberg & Dollfus, 1892.
Les coquilles vides de la bucarde tuberculée étaient utilisées autrefois pour présenter des confiseries pour les enfants. Nombre d'anciens, à la sortie de l'école, ont sans doute léché autrefois ces roudoudous, coquillages-sucettes au contenu sucré. Ici, une véritable Acanthocardia tuberculata provenant du Musée maritime de l'île de Tatihou (dernière photo, en bas). Aujourd'hui, avec le Progrès, la coquille est souvent en plastique et il arrive de la trouver en laisse de mer (à droite sur la dernière photo). Certains animateurs nature quelque peu facétieux présentent localement cette curieuse espèce comme un Acanthocardia roudoudou (Noël, 2011), version moderne du célèbre dahut des plages bien connu par ailleurs. Noter qu'il est très difficile de détecter la version vrai-coquillage en "confiserie vide" sur la plage, contrairement à l'autre ; ces pollutions anciennes diffèrent des pollutions modernes !
Bucarde : du grec [bous] = bœuf et [kardia] = cœur ; le nom décrit la forme générale de la coquille ressemblant à celle d'un cœur de bœuf.
Elle appartient à la famille des Cardiidés dont la coquille fermée a une forme de cœur.
tuberculée : traduction directe du nom d'espèce : qui présente des tubercules.
Acanthocardia : du grec [akantha] = épine et du grec [kardia] = cœur ; le nom fait donc référence à la fois aux épines des côtes et à la forme de cœur de la coquille.
tuberculata : du latin [tuberculum] = petit gonflement, ce qui est visible le long des côtes de cette bucarde.
Numéro d'entrée WoRMS : 381057
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda | Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes | Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire. |
Sous-classe | Heterodonta | Hétérodontes | Charnière à dents dissociées. Siphon bien développé permettant aux organismes de se nourrir et de respirer tout en restant enfouis. |
Ordre | Venerida | Vénérides | Coquille mince, allongée, dure et costulée, bâillante à une ou aux deux extrémités. Ligament à la fois interne et externe. |
Famille | Cardiidae | Cardiidés | Coquille fermée en forme de cœur. Côtes radiales fortes avec parfois présence de longs tubercules. Bord des valves crénelé. |
Genre | Acanthocardia | ||
Espèce | tuberculata |
Valves ouvertes
Les bucardes se rencontrent près des côtes, dans le sable, le gravier ou la vase, où elles vivent légèrement enfouies, à partir de 3 m jusqu'à une vingtaine de mètres de profondeur. Celle-ci a été dégagée pour la photo.
Cagnes sur mer (06), 7 m
05/03/2011
Bucarde vivante, hors du sable
Le même individu : on remarque sur les côtes plusieurs traces noduleuses, comme des bases d'épines, ainsi que les siphons entre les tentacules.
Cagnes sur mer (06), 7 m
05/03/2011
Siphons entourés de tentacules
Le même individu avant d'être dégagé : siphons contractés et tentacules étendus autour.
Cagnes sur mer (06), 7 m
05/03/2011
Ouverture découverte
Toujours le même individu, légèrement dégagé du sable : un siphon (inhalant) est béant ; l'autre (exhalant) est fermé.
Cagnes sur mer (06), 7 m
05/03/2011
Epines et face interne
Les tubercules sont bien visibles sur les bords externes de la coquille.
Pointe Armorique, Plougastel (29), 6 m
26/07/2009
Charnière et umbos
L'umbo est central et saillant.
La couleur brun plus ou moins foncé de la coquille est répartie de façon irrégulière.
Paros, Cyclades (Grèce), 4 m
02/10/2010
Engrenage
Les valves, semblables, sont sculptées, à partir de l'umbo, d'une vingtaine de fortes côtes rayonnantes. Cela donne un effet d'engrenage à la périphérie.
Paros, Cyclades (Grèce), 4 m
02/10/2010
Pied de couleur vive
Le pied musculeux est grand, de couleur vive, rose ou rouge.
Nice (06), 25 m
01/02/2011
Pied orange
Les valves sont légèrement entrouvertes : on voit bien le pied coloré. Notez aussi les tubercules espacés sur le relief des côtes.
Arcachon (33), 10 m
28/08/2006
Individu des Cyclades
En compagnie de Tritia mutabilis, la nasse polie ou noisette de mer.
Vues de profil, les valves bombées, accolées ont la forme d'un cœur.
Paros, Cyclades (Grèce), 3 m
30/09/2010
Cercles bruns et beiges
Cette coquille présente un très beau dessin de cercles blancs, beiges et bruns.
Côte Bleue (13)
14/03/2010
Proie
L'étoile glaciaire (Marthasterias glacialis) encercle la bucarde : elle dévagine son estomac à l’intérieur du bivalve pour y libérer des sucs digestifs. Les tissus de la proie seront ensuite absorbés sous forme semi-liquide par l’estomac de l’étoile.
Ile de Groix (56), 12 m
17/04/2011
Support
Cette coquille semble servir de support à l'anémone.
Ile de Groix (56), 12 m
17/04/2011
Juvénile
On peut noter, à ce stade, que les tubercules en début de croissance sont un peu épineux. Cela peut entraîner des erreurs d'identification.
Sagone (2A), 6 m
27/08/11
Coquilles sur la plage
La bucarde tuberculée est une espèce assez commune. On en trouve souvent échouées, en laisse de mer.
Torremolinos, Malaga (Espagne)
28/10/2010
Laisse de mer
L'intérieur de la coquille est lisse : les côtes ne sont visibles que par rainurage. Il n'a pas de sinus palléal mais deux impressions des muscles adducteurs.
Parc National de Port-Cros (83)
N/A
Acanthocardia roudoudou (Noël, 2011)
Les coquilles vides de la bucarde tuberculée étaient utilisées autrefois pour présenter des confiseries pour les enfants. Nombre d'anciens, à la sortie de l'école, ont sans doute léché autrefois ces roudoudous, coquillages-sucettes au contenu sucré. Ici, une véritable Acanthocardia tuberculata provenant du Musée maritime de l'île de Tatihou (photo de gauche). Aujourd'hui, avec le Progrès, la coquille est souvent en plastique et il arrive de la trouver en laisse de mer (photo de droite). Certains animateurs nature quelque peu facétieux présentent localement cette curieuse espèce comme un Acanthocardia roudoudou (Noël, 2011), version moderne du célèbre dahut des plages bien connu par ailleurs. Noter qu'il est très difficile de détecter la version vrai-coquillage en "confiserie vide" sur la plage, contrairement à l'autre ; ces pollutions anciennes diffèrent des pollutions modernes !
Tatihou (50), estran
2011
Rédacteur principal : Sylvie DIDIERLAURENT
Vérificateur : Vincent MARAN
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Sylvie DIDIERLAURENT
Amouroux J.- C.,1980, Etude monographique des siphons de quelques mollusques bivalves : adaptation et morphologie, Océanis, 5(1), 33-89, Institut Océanographique, Paris.
La page sur Acanthocardia tuberculata sur le site de référence de DORIS pour la vie marine : SeaLifeBase
La page de Acanthocardia tuberculata dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN.