Godiva orange

Nemesignis banyulensis | (Portmann & Sandmeier, 1960)

N° 476

Méditerranée occidentale et Atlantique proche

Clé d'identification

Limace de grande taille
Palpes buccaux nettement plus grands que les rhinophores
Rhinophores annelés
Couleur orangée
Pointe des cérates orange vif
3 lignes dorsales blanches

Noms

Autres noms communs français

Godive orange

Noms communs internationaux

Orange Godiva (GB), Godiva arancia (I), Godiva anaranjada (E), Orangener Godiva (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Dondice banyulensis Portmann & Sandmeier, 1960
Godiva banyulensis (Portmann & Sandmeier, 1960)
Dondice nicolae Vicente, 1967

Remarque au sujet du nom scientifique :
Le véritable découvreur de cette espèce est Lucien Laubier. Il avait récolté l'animal en scaphandre lorsqu'il préparait sa thèse sur le coralligène des Albères.
Son nom (cité dans la publication d'origine) aurait dû être attaché à la découverte, mais jeune chercheur à cette époque, il avait encore la naïveté de croire qu'il n'avait pas à intervenir en tant que signataire dans cette description...

Distribution géographique

Méditerranée occidentale et Atlantique proche

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

C'est une espèce qui a eu longtemps la réputation d'être endémique de Méditerranée, ayant été observée uniquement dans son bassin occidental. La godiva a d'abord longtemps été considérée comme endémique de la côte catalane. Il est exact qu'on la rencontrera surtout dans cette zone, mais elle a été décrite et observée jusqu'en Turquie. Ultérieurement, cette limace de mer a été observée sur la côte portugaise, aux Canaries (Lanzarote) ainsi que le long des côtes de Galice et du Pays basque espagnol. À quand une première observation en France ?

Biotope

On la trouve sur les fonds rocheux entre 5 et 35 m de profondeur sur des colonies d'hydraires dont elle se nourrit.

Description

C'est le plus grand éolidien de Méditerranée : il atteint 70 mm de longueur. Corps allongé translucide, plutôt épais, couvert d'excroissances (cérates) réparties de chaque côté en 5 ou 6 bouquets. Les longs cérates à l'apex rouge laissent entrevoir les glandes digestives de couleur orange. Queue effilée, dépourvue d'excroissances.
Les tentacules buccaux représentent plus de 2 fois la longueur des rhinophores. Fines lamelles annelées sur les rhinophores entièrement orange. Corps orange clair, un anneau orange vif juste au-dessous de la pointe des appendices.
3 lignes blanches très visibles sur la face dorsale. Celle du milieu du corps va du bout de la queue au bord antérieur de la tête où elle se divise et continue au bord antérieur des tentacules buccaux.

Espèces ressemblantes

Flabellina lineata : qui ne dépasse pas 30 mm et dont les palpes buccaux et les rhinophores sont d'égale longueur.

Godiva quadricolor : qui possède des cérates avec bien davantage de couleurs : violet, bleu, jaune vif...

Nanuca trainitoi (Furfaro & Mariottini, 2020) est une nouvelle espèce, identifiée de la mer Tyrhénienne (Méditerranée). Nous sommes dans l'attente de sa description exacte mais elle ressemble beaucoup à Nemesignis banyulensis mais a des cérates bien plus pâles.

Alimentation

La godiva se nourrit de polypes d'hydraires ou de bryozoaires. Elle escalade les rameaux en enroulant son pied préhensile incurvé en forme de sillon autour de la branche.

Reproduction - Multiplication

Ses œufs sont blancs allongés et disposés de façon circulaire, en faisceau sur une branche d'hydraire.

Divers biologie

Lorsqu'elle est agressée, la godiva dresse brutalement ses cérates comme les piquants d'un hérisson.

Origine des noms

Origine du nom français

Godiva, en raison de l'origine d'un genre auquel l'espèce a été rattachée.

Origine du nom scientifique

Nemesignis : ce nom de genre vient de l'union du nom grec Nemesis, qui évoque la déesse grecque et son rôle de justice compensatoire, avec le mot latin [ignis], c'est-à-dire le feu qui brûle et flamboie. Ce dernier point est lié à la couleur rouge ardent de l'espèce-type* du genre : Nemesignis banyulensis.

banyulensis : cette espèce a été décrite pour la première fois dans la région de Banyuls sur Mer.
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Anciens noms de genre :
Dondice : c'est le nom d'une entreprise de Sao Paulo (Brésil). Marcus, l'auteur de ce nom de genre, a ainsi créé un grand nombre de noms de genres farfelus.

Godiva : rien à voir avec un godiveau. Ne pas y voir non plus une injonction d'aller plonger ("Go Dive...") ! Pour une fois, pour une fois… ce n'est pas une racine grecque ou latine qui a servi à nommer cette petite limace, mais un nom propre : celui de Lady Godiva.

Voici l'histoire ou plutôt la légende :

Lady Godiva était l'épouse d'un certain Leofric, comte de Coventry, peu après l'an 1000. Rêvant de passer à la postérité par ses constructions d'abbayes et autres grands travaux, Leofric ne cessait d'inventer de nouvelles taxes sur tout et n'importe quoi, y compris sur le fumier. Les paysans excédés demandèrent à son épouse d'intercéder pour eux.
Lady Godiva, jeune et belle, et aussi bonne que belle, alla supplier son mari mais sans succès. A bout d'argument, Lady Godiva menaça de lui faire honte devant tout le village, mais le vilain sire se contenta de ricaner. En quoi il eut tort car la belle ne se dégonfla pas.
Elle traversa donc la place de Coventry un jour de marché, en plein midi (c'était au mois d'août) montée sur un superbe cheval blanc immaculé, et simplement vêtue de sa seule chevelure qu'elle avait rousse et fort longue.
(Suite à quoi Leofric, dit-on, accepta de supprimer toutes les taxes, excepté celles sur les chevaux).

C'est certainement cette image de la belle rousse que le créateur du genre (Macnae) avait à l'esprit, lorsqu'il lui a donné son nom.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 1528383

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Heteroscleromorpha Hétéroscléromorphes
Super ordre Nudipleura Nudipleures
Ordre Nudibranchia Nudibranches Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre.
Sous-ordre Cladobranchia Cladobranches
Famille Myrrhinidae Myrrhinidés
Genre Nemesignis
Espèce banyulensis

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