Colonies minces et érigées hautes de 30 à 60 cm
Rencontrées souvent de manière monopodiale (un seul pied par colonie)
Internœuds avec 2 branches et 1 paire d'hydrothèques
Deux dents latérales à peu près égales sur le bord de l’hydrothèque
Branches divisées irrégulièrement, disposées sur un seul plan
Hydrothèques imperceptiblement courbées vers l'extérieur
Sertulaire cyprès, plume de mer (ce dernier nom est un nom commun donné à tous les hydraires ayant une enveloppe rigide).
Sea cypress hydroid, white weed hydroid et plus généralement seamoossea fir (sapin de mer !) (GB), Zypressenmoos, Seemoos (D), Zeemos, zeecypres (NL)
Thuiaria cupressina Linnaeus, 1758
Atlantique Nord, Manche, mer du Nord, Océan Indien, TAAF
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-Ouest, ● Indo-Pacifique, ○ [Terres antarctiques françaises]Sa répartition s'étend à tout l'océan Atlantique Nord. On la trouve des côtes du Canada jusqu’en Guyane à l'ouest et, à l'est du nord des côtes européennes jusqu'au sud de la Bretagne, en passant par la Manche et la mer du Nord où elle est très abondante. Elle est également présente à la Réunion, à Mayotte et dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises.
L'espèce Sertularia cupressina vit fixée à un support solide comme des coquillages (huîtres, moules, coquille Saint-Jacques), des pierres ou des roches, des galets, dans des zones à courant soutenu de la zone médiolittorale* jusqu'à plus de 100 m de profondeur. Elle est très commune parmi les laisses de mer.
L’espèce Sertularia cupressina forme des colonies minces et érigées pouvant atteindre couramment 30 à 60 cm de hauteur, quelques fois d'avantage. Le squelette souple est formé de chitine*.
Elle vit fixée par un stolon* (hydrorhize*) très court en rapport à la taille. On la rencontre le plus souvent de manière monopodiale ( = une seule colonie sur un seul pied).
Les deux espèces S. cupressina et S. argentea, selon Moura & al 2011, ne présentent que 0,2 % de différence au niveau de l’ARNm 16S (acide ribonucléique propre à la fraction 16S des ribosomes), ce qui est peu pour les distinguer génétiquement. Des études complémentaires sont attendues.
Comme les autres hydraires, cette espèce capture du plancton* en suspension dans l'eau avec les tentacules urticants* des polypes nourriciers, les gastrozoïdes*. Les tentacules sont couverts de cnidocytes* et disposés de manière concentrique autour de la bouche. Les proies sont ensuite dirigées vers la bouche située au sommet de chaque polype.
Cette espèce est consommée en même temps que des moules par des poissons plats et par des crevettes comme Leander et Pandalus
C'est une espèce gonochorique* donc qui présente des colonies mâles et des colonies femelles. La fécondation et le début du développement de la planula* ont lieu dans les gonophores* mûrs. Il n'y a pas de phase méduse libre. La larve planula plutôt démersale* (au laboratoire, la planula ne nage pas en surface mais près du fond) peut se déplacer pendant 2 ou 3 jours, voire plus, puis elle se fixe sur un substrat dur parfois proche de ses parents. Elle se métamorphose ensuite en colonie dressée. Les colonies inférieures à 27 mm ne sont pas fertiles.
La reproduction s'effectue entre mars et novembre avec une possibilité de période infertile durant l'été. Cette phase de reproduction a lieu un mois plus tôt en Manche et mer du Nord.
Les colonies peuvent être brisées, fragmentées arrachées par les engins de pêche. Cette espèce présente une grande capacité de régénération par bourgeonnement lors de la longue phase fixée. La durée de vie d'une colonie est estimée à trois ans.
Il n'y a pas à proprement parler de vie associée avec l'espèce Sertularia cupressina mais de nombreux épibiontes* peuvent se fixer dessus. On peut donc trouver accrochés aux colonies des représentants de divers embranchements : des éponges, d'autres hydraires (des Tubulaires, des Obelia, des Diphasia...), des bryozoaires (comme Electra pilosa), des annélides, de jeunes mollusques bivalves, des nudibranches (comme Doto coronata et sa ponte), des arthropodes comme des pycnogonides, des amphipodes (Jassidés, caprelles), des ascidies coloniales (telle Diplosoma listerianum).
Le biotope*, généralement des zones où le courant est continu avec une bonne oxygénation, est favorable au développement de tous ces organismes.
Hydrallmania falcata et Sertularia argentea peuvent être également présentes.
Il est courant de trouver cette espèce, comme d'autres, en épave dans les laisses de mer surtout après les tempêtes particulièrement fortes en Manche et en mer du Nord où elle est très abondante.
Il est nécessaire d'utiliser une loupe binoculaire avec un grossissement d'au minimum 20 fois pour réaliser quelques observations intéressantes. Il y a une réelle satisfaction à découvrir, voire à identifier ces quelques espèces tant dans leur forme générale que dans leurs détails.
Pour les observations à la loupe, les dimensions pour les hydrothèques vont de 0,3 à 0,4 mm de long, 0,10 à 0,5 mm de diamètre et 0,1 mm pour l’ouverture. Pour les gonothèques, les dimensions sont de 1,2 mm de long pour un diamètre de 0,50 à 0,70 mm et une ouverture de 0,2 mm.
Dans la mer des Wadden (des Pays-Bas au Danemark) cette espèce était récoltée en grande quantité par les pêcheurs de crevettes à partir de 1897 et durant presque tout le 20ème siècle représentant une source de revenus non négligeable. La pêche a décliné suite à la chute du marché dans les années 1970.
Les colonies étaient lavées, séchées, teintes et manipulées avec délicatesse pour servir à de multiples décorations florales et d'aquariums, décors de circuits de modèles réduits de trains, articles de mode, dans les pays riverains de la mer du Nord et plus particulièrement en Allemagne et aussi aux Etats-Unis d’Amérique.
Ces squelettes de chitine, stables une fois séchés puis peints en vert ont été commercialisés comme ; « Plante de Neptune » (et autres noms) : et avec des précisions comme : "végétaux ne consommant ni eau ni terre", ou encore « c'est une curieuse plante aquatique qui vient du fond de la mer du Nord et qui vit d'air pur sans eau fraîche, ni terre, ni engrais. Véritable merveille ».../...
Des bryozoaires sont également commercialisés de cette façon.
Remarque : en anglais plusieurs espèces portent le même nom vernaculaire (white weed) et cela occasionne quelques confusions comme ici avec les deux espèces et Hydrallmania falcata.
La prolifération de ces hydraires a bloqué des systèmes de refroidissement industriels.
Espèce non menacée ne faisant l'objet d'aucune mesure de protection actuelle. Toutefois des études ont été menées en Allemagne (avant la première guerre mondiale, puis dans les années 80) pour la gestion de la pêche de cette espèce (ainsi que celle de S. argentea et d'Hydrallmania falcata, plus rare) du fait de leur récolte régulière à partir de 1896 et jusqu’au début des années 70. Avant 1900, il n’y avait aucune réglementation. A partir de 1910, la récolte était interdite du 1er avril au 15 juillet puis au 31 août.
Hydraire-cyprès pour sa ressemblance avec l'arbre du même nom, haut, très fin et dense.
Sertularia diminutif du latin [serta] = tresse, guirlande : ce nom évoque les entrelacs d'une petite guirlande ;
cupressina vient du latin [cupressina], de cyprès donc à port de cyprès.
Numéro d'entrée WoRMS : 117913
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Hydrozoa | Hydrozoaires | Cnidaires dont le cycle de vie est alterné, mais de façon inconstante, par deux phases différentes : le polype et la méduse. Présence d’un velum dans la méduse (dite craspédote), gonades ectodermiques, perte des septes, perte des cnidocytes endodermiques. Coloniaux ou solitaires. Quelques espèces d’eau douce. |
Sous-classe | Hydroidolina | Hydroïdes | Hydrozoaires dont le cycle de vie présente toujours une phase polype. |
Ordre | Leptothecata / Leptomedusa | Leptothécates / Leptoméduses | Hydroïdes coloniaux dont les polypes sont protégés par une enveloppe chitineuse, la thèque. Méduses (quand elles existent) aplaties, parfois de grande taille, portant des statocystes sur le bord de l’ombrelle, et des gonades sur les canaux radiaires. |
Famille | Sertulariidae | Sertulariidés | Colonies généralement érigées, les hydranthes peuvent se rétracter complètement dans leurs hydrothèques pourvues d’un opercule à valves. |
Genre | Sertularia | ||
Espèce | cupressina |
Sertularia cupressina en épave
Vue d'une colonie de 73 cm de long récoltée dans la laisse de mer. Ce cliché fait ressortir les branches fixées à l'axe principal dans un même plan. Le bas de la colonie est très dénudé. Ce spécimen, en épave, est plus long que ce qui est donné dans les descriptions.
St Benoît des Ondes (35)
12/04/2017
Sertularia cupressina fixée dans une cuvette
Cette colonie de 48 cm de long a été observée dans une cuvette de l'estran du Cap Gris-Nez. Cette région présente des courants de marée très marqués. Ce spécimen est à l'abri. Il n'est pas en épave.
Estran du Cap Gris-Nez (62)
24/05/2014
Sertularia cupressina au laboratoire
Sur cette photo prise dans une cuvette on voit bien la disposition des branches.
Estran Agon Coutainville (50)
26/03/2012
Sertularia cupressina vue à la loupe
Vue de l'extrémité d'une colonie trouvée en épave dans la laisse de mer. Ce cliché fait ressortir les internœuds ou entrenœuds. Sur chacun d'eux, on observera les deux branches et une paire d'hydrothèques légèrement décalées.
Au laboratoire, sous la loupe binoculaire. St Benoît des Ondes (35)
20/04/2017
Extrémité de Sertularia cupressina vue à la loupe
Vue de l'extrémité d'une colonie trouvée en épave dans la laisse de mer. Ce cliché montre l'implantation des hydrothèques sur leur branche. On remarquera leur côté fusionné au 3/4 sur la branche et leur côté extérieur presque droit.
Au laboratoire, sous la loupe binoculaire.. St Benoît des Ondes (35)
11/05/2017
Les gonothèques de Sertularia cupressina vues à la loupe
Vue de l'extrémité d'une colonie trouvée en épave dans la laisse de mer. Ce cliché montre les gonothèques implantées sous les hydrothèques. Ces dernières comportent de fins épaulements se terminant par une très petite pointe et une ouverture ronde avec ses 12 petits points à l'intérieur.
Au laboratoire, sous la loupe binoculaire. St Benoît des Ondes (35)
20/04/2017
Comparaison de Sertularia argentea et de Sertularia cupressina
Deux espèces de Sertularia trouvées dans la laisse de mer. Sertularia argentea en haut, une touffe de 7 colonies sur un même hydrorhize et Sertularia cupressina en bas, monopodiale. Ce dernier spécimen mesurait 73 cm de long.
sur l'estran de St Benoît des Ondes (35)
12/04/2017
Diphasia sp. en épibionte sur Sertularia sp.
Sertularia peut servir de support pour un autre hydraire comme Diphasia sp.
Au laboratoire, sous la loupe binoculaire.
02/02/2017
Rédacteur principal : Christian SCOUPPE
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Yves MÜLLER
Cornelius P.F.S.,1979, A revision of the species of Sertulariidae (Coelenterata:Hydroid) recorded from britain and nearby seas, Bulletin of the british Museum (Natural History) (Zool.) 34(6), 243-321.
Hancock D.A., Drinnan R.E., Harris W.N.,1956, Notes on the biology of Sertularia argentea L., Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 35, 307-325.
Henry L-A., Kenchington E., 2004, Ecological and genetic evidence for impaired sexual reproduction and induced clonality in the hydroid Sertularia cupressina (Cnidaria: Hydrozoa) on commercial scallop grounds in Atlantic Canada, Marine Biology, 145, 1107–1118.
Moura C.J., Cunha M.R., Porteiro F.M., Rogers A.D., 2011,The use of the DNA barcode gene 16S mRNA for the clarification of taxonomic problems within the family Sertulariidae (Cnidaria, Hydrozoa), Zoologica Scripta, 40(5), 520–537.
Schmidt G.H., Warner G.F.,1991, The settlement and growth of Sertularia cupressina (Hydrozoa, Sertulariidae) in Langstone Harbour, Hampshire, UK., Hydrologia, 216/217, 215-219.
Wagler H., Berghahn R., 1992, On the occurrence of white weed Sertularia cupressina L. eighteen years after giving up white weed fisheries, Netherlands Institut for sea Research Publication, 20, 299-301.
Wagler H., Berghahn R., Vorberg R., 2009, The fishery for whiteweed, Sertularia cupressina (Cnidaria, Hydrozoa), in the Wadden Sea, Germany: history and anthropogenic effects, ICES Journal of Marine Science, 66, 2116–2120.
La page de Sertularia cupressina dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN