Rouget-barbet double-tache

Parupeneus trifasciatus | (Lacépède, 1801)

N° 3158

Zones tropicales et subtropicales de l’océan Indien

Clé d'identification

Taille maximale 35 cm, taille communément rencontrée 27 cm
Couleur dominante variable : blanc argenté, gris pâle, gris foncé ou gris violacé (rouge en état de stress)
Deux longues selles noires sur les flancs, parfois une troisième, moins nette, sur le pédoncule caudal
Deux barbillons jaunes avec partie antérieure grise sous le menton
Dorsale épineuse et dorsale molle séparées, caudale fourchue

Noms

Autres noms communs français

Capucin manuel (La Réunion), rouget lippu

Noms communs internationaux

Doublebar goatfish, indian doublebar goatfish, threebar goatfish, two barred goatfish, two-saddle goatfish (GB), Salmonete de dos manchas (E), Tweesaal-bokvis (Afrique du Sud)

Synonymes du nom scientifique actuel

Mullus bifasciatus Lacepède, 1801
Mullus trifasciatus Lacepède, 1801
Parupeneus bifasciatus (Lacepède, 1801)
Pseudupeneus bifasciatus (Lacepède, 1801)
Upeneus bifasciatus (Lacepède, 1801)
Upeneus trifasciatus (Lacepède, 1801)

Distribution géographique

Zones tropicales et subtropicales de l’océan Indien

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique

Cette espèce est présente dans les zones tropicales et subtropicales de l'océan Indien.
Du nord au sud, on la trouve depuis les côtes omanaises jusqu’au nord de l’Afrique du Sud, et vers l’est jusqu’à Java et l’île Christmas.

Biotope

Parupeneus trifasciatus se rencontre dans les récifs coralliens et sur les pentes externes sur des fonds coralliens ou rocheux. On peut le trouver de 1 à 80 mètres de profondeur.

Description

Description sommaire : poisson de taille moyenne, à couleur dominante blanche à grise avec deux longues selles* noires barrant les flancs. Une troisième selle, plus discrète, marque parfois le pédoncule* caudal. La couleur dominante devient rouge en cas de stress. Le menton porte deux barbillons jaunes et gris. Les deux parties de la nageoire dorsale sont séparées. La nageoire caudale est fourchue.

Description détaillée :
Le corps, trapu pour la famille des Mullidés, est modérément fuselé et peu comprimé latéralement. Sa hauteur (distance calculée à l’aplomb de la base du troisième rayon dur de la dorsale) entre environ 2,6 à 3,4 fois dans sa longueur standard (longueur sans la queue). La taille maximale documentée est de 35 cm, la taille la plus communément rencontrée est de 27 cm.

La couleur de fond habituelle va du blanc argenté à des gris plus ou moins foncés et parfois violacés. Elle devient rouge vif en cas de stress. Le pédoncule* caudal est toujours plus clair que la couleur dominante. Deux longues selles* noires marquent les flancs : la première commence sous la partie antérieure de la dorsale épineuse, la seconde sous celle de la dorsale molle. Ces selles atteignent souvent la zone abdominale mais elles peuvent aussi s’arrêter au niveau de l’axe médian du corps ou légèrement en dessous. Leur couleur est susceptible de variations d’intensité, selon l’humeur de l’animal. Une troisième selle, beaucoup moins nette, est parfois présente sur le pédoncule caudal. Les écailles, finement cténoïdes*, sont de grande taille et bordées de jaune.

La tête est relativement courte et massive, avec un profil dorsal légèrement concave entre le museau et la nuque. Le museau et les joues portent des écailles. La bouche est terminale. Les lèvres sont charnues, la lèvre supérieure est protractile*. Les yeux sont haut placés et de taille moyenne (ils entrent environ 6 fois dans la longueur de la tête). Le menton porte deux barbillons jaunes dont la partie antérieure est généralement grisâtre. La partie du museau comprise entre la bouche et le front, yeux inclus, est souvent d’un gris violacé plus ou moins foncé. Plusieurs lignes bleues de longueur variable alternant avec des bandes jaunes sont présentes sur les joues et de part et d’autre des yeux. Le front porte souvent des motifs vermiculés jaunes, mais ils sont rarement discernables.

La dorsale épineuse et la dorsale molle sont séparées par trois rangs d’écailles. La première dorsale est schématiquement triangulaire. Son premier rayon dur est minuscule, le troisième est le plus long. La dorsale molle et l’anale sont symétriques. Les pelviennes sont de grande taille. La nageoire caudale est fourchue.
La couleur de fond des membranes des nageoires est plus ou moins discrètement jaune dans les livrées blanches à grises.
Les deux principales selles noires décorant les flancs se prolongent sur la base de la partie antérieure des deux nageoires dorsales.
La première dorsale et les pelviennes présentent de fines lignes bleues bordées de noir le long des rayons, les premières membranes des pelviennes pouvant être orange.
La seconde dorsale et l’anale ont elles aussi le même patron de couleur : des lignes bleues bordées de noir partent de leur base et bifurquent rapidement vers l’arrière. Ces lignes peuvent aussi être parallèles à la ligne du dos sur toute leur longueur. Leur dessin est très variable et elles sont plus ou moins discernables selon les individus.
La caudale porte de minuscules écailles bleues le long de ses rayons.
Les pectorales sont translucides.

Livrée de nuit : La couleur de fond est blanche. Elle est marbrée de plaques rouges de forme et de surface variables, majoritairement situées dans la moitié inférieure du corps. Les trois selles sont toujours présentes (contrairement à ce qu’on peut observer dans les livrées diurnes). Elles peuvent aller du gris pâle au noir, et plus rarement devenir rouges elles-mêmes. Une large barre brun-rouge plus ou moins foncée marque le front entre les yeux. Une tache de même couleur dessine un triangle entre la partie inférieure des yeux et le bas des joues.

Livrée des juvéniles : les juvéniles ont le corps nettement plus fuselé que celui des adultes. Leur livrée est identique à celle de leurs aînés mais les deux selles noires présentes sur les flancs sont plus marquées chez eux. La partie comprise entre ces selles est fréquemment plus claire que le reste du corps et peut même être d’un blanc soutenu.

Espèces ressemblantes

Les espèces les plus proches de Parupeneus trifasciatus sont celles qui font partie du « complexe Parupeneus trifasciatus », qui comprend également Parupeneus crassilabris et Parupeneus insularis. Ces deux espèces présentent également deux selles noires sur les flancs. La distribution de P. insularis (ouest et centre du Pacifique) suffit à éviter la confusion, mais P. crassilabris fréquente aussi, comme P. trifasciatus, l’est de l’océan Indien.

  • Parupeneus crassilabris : les deux selles noires sont à la fois moins longues et plus larges que chez P. trifasciatus, et une large tache noire englobe les yeux et s’étend derrière eux. La première selle présente souvent l’aspect d’une tache ovale. Certains individus présentent en outre une tache jaune sur les écailles, sauf dans la région abdominale. On rencontre cette espèce dans le sud-est de l’océan Indien et dans l’ouest du Pacifique jusqu’aux îles Fidji, Tonga et Carolines (elle est présente en Nouvelle-Calédonie).
  • Parupeneus insularis : La partie antérieure du corps, du museau au milieu de la première dorsale, est d’un brun plus ou moins foncé dans lequel la selle antérieure est souvent peu visible. De plus, la zone comprise entre la dorsale molle et l’anale est brune à noire sur toute la longueur des deux nageoires. L’espèce est présente à Hawaï, en Polynésie française et dans les îles Pitcairn, Marshall, Mariannes, Phoenix et Samoa et ne recoupe donc pas la distribution de P. trifasciatus.

Alimentation

Parupeneus trifasciatus est un carnivore benthique* qui se nourrit de jour comme de nuit. Ses proies sont principalement des crustacés (crabes, crevettes, squilles, amphipodes), mais il peut aussi manger des poulpes, des vers et des larves de poissons.

Reproduction - Multiplication

La biologie de la reproduction chez Parupeneus trifasciatus n’a pas été étudiée en conditions naturelles à la date de parution de cette fiche [août 2022], à notre connaissance. Il est néanmoins probable qu’elle manifeste les mêmes caractéristiques générales que celle des espèces de Mullidés étudiées : les espèces sont gonochoriques*, la saison de reproduction se situe en saison chaude et donne lieu à des agrégations, les gamètes* sont émis en pleine eau. Les larves* sont pélagiques*, elles dérivent en surface et passent au stade juvénile avant de coloniser un récif. Cette métamorphose* amène l’apparition des barbillons et une mutation de la structure des yeux adaptée à la vie près du fond. Au moment de l’installation* les juvéniles descendent vers le substrat*.

Cependant, des épisodes de reproduction ont pu être observés dans des conditions expérimentales (en aquarium). Les mâles courtisent les femelles en nageant à leur côté et en tournant autour d’elles, puis en s’efforçant de les attirer vers la surface par des montées successives. Quand une femelle est réceptive, elle monte lentement avec le mâle vers la surface, sous laquelle le couple nage sur environ 50 cm avant d’émettre ses gamètes et de redescendre rapidement vers le fond. Les pontes ont lieu en fin d’après-midi. Les œufs ont la forme d’une sphère de 0,70 à 0,73 mm de diamètre. Les premières éclosions ont été observées 18 heures et 30 minutes après la ponte à une température de l’eau de 23-24°. Les larves mesurent entre 1,45 et 1,52 mm à l’éclosion et disposent d‘un sac vitellin* contenant une goutte d’huile.

Vie associée

Quand il chasse en fouissant le substrat, Parupeneus trifasciatus est souvent accompagné par des carnivores opportunistes plus ou moins nombreux (Labridés, Serranidés, Carangidés, notamment), qui cherchent à profiter des proies ou des détritus comestibles débusqués par son travail de fouissage* dans le sédiment. Comme d’autres capucins, il peut lui-même avoir un comportement opportuniste en suivant des espèces chassant sur le fond, comme des raies ou des labres habiles à retourner des débris coralliens ou des pierres (par exemple Coris cuvieri).

Les Mullidés, entre autres P. trifasciatus, sont fréquemment parasités par des vers du genre Haliotrema. Ces vers se fixent essentiellement sur les branchies*, la peau et les nageoires. Haliotrema chenhsintaoi et H. bihamulatum ont été trouvés sur l’espèce. P. trifasciatus est l’hôte d’autres espèces de vers plathelminthes parasites, notamment de la famille des Opecoelidés (Pseudopecoeloides engeleri) ou des Transversotrematidés (Transversotrema cabrarum, T. chevrarum et T. tragorum).

Divers biologie

Le rouget-barbet double-tache est généralement solitaire, mais il peut former de petits groupes, notamment chez les juvéniles.

Parupeneus trifasciatus peut prendre une position verticale immobile en cas de danger, avec ou sans adoption de la livrée rouge, peut-être pour ne pas évoquer la forme d’un poisson pour un prédateur. Il prend aussi fréquemment cette position, généralement en association avec la livrée rouge, dans les stations de nettoyage créées par des labres dits « nettoyeurs ». La plupart des « clients » de ces stations développent généralement divers comportements pour orienter les nettoyeurs vers les endroits de leur corps où se trouve la gêne principale. Mais cela ne semble pas être le cas pour P. trifasciatus : les nettoyeurs sollicités par la position verticale inspectent tout le corps sans cible privilégiée. La raison de ce comportement ne paraît pas documentée.

Les barbillons de P. trifasciatus sont relativement courts pour le genre Parupeneus : leur longueur entre de 1,6 à 1,9 fois dans la longueur de la tête. A titre indicatif, ceux de P. ciliatus, courts pour le genre, entrent de 1.5 à 1.9 fois dans la longueur de la tête et ceux de P. macronemus, particulièrement longs pour le genre, entrent de 1,1 à 1,2 fois dans la longueur de la tête et peuvent même la dépasser.

La première nageoire dorsale de P. trifasciatus comprend 8 rayons durs, la seconde 9 rayons mous. L’anale comprend 1 rayon dur et 7 rayons mous. La nageoire pectorale comprend de 15 à 17 rayons.
La ligne latérale* comprend 27 ou 28 écailles.

Informations complémentaires

Les genres de la famille des Mullidés sont principalement distingués par leur dentition. Celle du genre Parupeneus est constituée par une rangée de fortes dents coniques à pointe émoussée bien espacées, sans dents vomériennes* (fixées sur le vomer*) ni palatines* (fixées sur les os du palais, dits os palatins).

La caractéristique principale des Mullidés réside dans leurs barbillons équipés de cellules chémoréceptrices*. Ces barbillons sont à la fois indépendants et très mobiles. Deux systèmes musculaires et osseux distincts leur permettent de se mouvoir latéralement et d‘être abaissés et relevés. Les parties charnues de chaque barbillon s’organisent autour d’un rayon modifié issu de la membrane branchiostège* (attachée aux opercules* et couvrant les branchies), qui leur donne leur solidité. Ces rayons se déplacent de la zone operculaire vers le menton au cours de la croissance des larves, les barbillons apparaissant chez les juvéniles prêts à mener une existence benthique.

Le travail de fouissage des Mullidés a pour conséquence une resuspension des particules organiques contenues dans le sédiment, qui peut profiter entre autres au plancton*, aux coraux et aux organismes suspensivores*. De plus, le mélange continuel des éléments composant le sédiment est un obstacle aux invasions algales. Ce travail est vigoureusement mené : il n’est pas rare d’apercevoir un nuage de suspensions de plus d’un mètre de haut et de deux mètres carrés de surface au-dessus d’un capucin adulte en train de traquer une proie dans le sable. Une étude faite en mer Rouge montre que Parupeneus forsskali fouit chaque mètre carré de la zone d’étude 4,4 secondes par heure et peut creuser une tranchée de 10 à 15 cm de profondeur et de quelques décimètres de longueur avec son museau.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Le statut de l’espèce pour l’UICN* est LC (Least Concerned, traduit par « Préoccupation mineure »), ce qui signifie que les informations recueillies sur l’espèce ne permettent pas de la classer dans les autres catégories, notamment dans les trois qui alertent sur une menace (CR : en danger critique d’extinction, EN : en danger, VU : vulnérable). Fonction de quoi elle n’est pas actuellement concernée par des mesures de protection.

Origine des noms

Origine du nom français

Rouget-barbet : « barbet » est le nom commun donné aux poissons que Cuvier appelait les « Mulles », nom dérivé du nom de genre Mullus, créé par Linné d’après l’adjectif latin [mulleus], qui signifie rouge.
L’espèce-type de ce genre est l’actuel Mullus barbatus (littéralement : « poisson barbu de couleur rouge»), dont le nom commun est rouget-barbet. L’espèce a été ainsi nommée à cause de ses barbillons. Le nom commun « rouget-barbet », souvent abrégé en « barbet », s’est ensuite étendu à de nombreuses espèces de Mullidés.

double-tache : en référence aux deux longues selles noires présentes sous chacune des deux nageoires dorsales.

Origine du nom scientifique

Parupeneus : le nom est composé de l’adjectif latin [par], qui signifie « égal, pareil, apparié », et du mot "upeneus", nom de genre créé en 1829 par Cuvier et Valenciennes (Histoire Naturelle des Poissons, Tome troisième, p. 447), qui précisent : « nous avons cru convenable de distinguer ces poissons des Mulles ordinaires par un nom sous-générique, et nous avons choisi pour cela celui d‘upénéus, qui n’a point de signification fixe chez les anciens ». Ce nom désignait des poissons chez les Grecs de l’Antiquité. Le nom de genre signifie donc « apparenté aux espèces du genre Upeneus ».
Le genre est nommé par Bleeker en 1863 pour classer quatre espèces appartenant auparavant au genre Upeneus. Il ne semble être décrit qu’en 1876 (Systema Percarum revisum, Pars II, Archives néerlandaises des sciences exactes et naturelles, vol. 11, p. 334), sans justification de son nom, mais avec la mention de l’espèce-type* : Parupeneus barberinus.
Le genre contient actuellement 35 espèces acceptées

trifasciatus : nom composé des mots latins [tres], qui signifie « trois » et produit le préfixe [tri-], et [fasciatus], participe passé du verbe « fascio », qui signifie « bander, lier, attacher », issu du nom « fascia », qui désigne notamment une bande, une sangle. L’épithète spécifique signifie donc « à trois bandes ».
L’espèce est décrite en 1801 dans Histoire naturelle des poissons (Tome troisième, pp. 383 et 404), sous deux taxons différents : Mullus bifasciatus, ou « Mulle deux-bandes », et Mullus trifasciatus, ou « Mulle trois-bandes ». Cette duplication vient probablement de ce que Lacépède travaillait d’après des descriptions et des illustrations issues des manuscrits de Commerson, et de ce que P. trifasciatus peut parfois présenter une discrète troisième bande noire sur le pédoncule caudal en journée.
La localité du type* n’est pas mentionnée, mais Randall et Myers (2002) estiment probable qu’elle se trouve à La Réunion ou à l’île Maurice.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 277826

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Super classe Osteichthyes Ostéichthyens Vertébrés à squelette osseux.
Classe Actinopteri
Sous-classe Neopterygii Teleostei Néoptérygiens Téléostéens Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées.
Ordre Mulliformes Mulliformes
Famille Mullidae Mullidés Percoïdes possédant une paire de longs barbillons mentonniers.
Genre Parupeneus
Espèce trifasciatus

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