Capucin à lignes blanches

Parupeneus ciliatus | (Lacepède, 1802)

N° 3154

Zones tropicales et subtropicales de l’océan Indien et de l'océan Pacifique Ouest et centre

Clé d'identification

Couleur de fond variable (rouge pâle, grise, jaune pâle ou orange)
Trois lignes blanches longitudinales partant du museau
Selle blanche derrière la seconde dorsale, suivie ou non par une selle grise à noirâtre
Deux barbillons blancs ou jaunes sous le menton
Partie épineuse et partie molle de la dorsale séparées, caudale fourchue

Noms

Autres noms communs français

Poisson-chèvre à lignes blanches, rouget-barbet, rouget-barbet barberin, rouget-barbet sellé

Noms communs internationaux

Blacksaddle goatfish, blackspot goatfish, cardinal goatfish, diamondscale goatfish, rosy goatfish, white-lined goatfish, whitesaddle goatfish (GB)
Ahuru paa (tahitien - Polynésie française), Jaa trowatri, mii-jaa, hiilo (kanak - Nouvelle-Calédonie)

Synonymes du nom scientifique actuel

Sciaena ciliata Lacepède, 1802
Upeneus fraterculus Valenciennes, 1831
Parupeneus fraterculus (Valenciennes, 1831)
Pseudupeneus fraterculus (Valenciennes, 1831)
Upeneus cyprinoides Valenciennes, 1831
Mullus pleurotaenia Playfair, 1867
Parupeneus pleurotaenia (Playfair, 1867)
Pseudupeneus pleurotaenia (Playfair, 1867)
Pseudupeneus ischyrus Snyder, 1907
Parupeneus ischyrus (Snyder, 1907)
Parupeneus sufflavus Whitley, 1941
Pseudupeneus sufflavus Whitley, 1941
Pseudupeneus eutaeniatus Fowler, 1944

Distribution géographique

Zones tropicales et subtropicales de l’océan Indien et de l'océan Pacifique Ouest et centre

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique

On peut trouver cette espèce dans les zones tropicales et subtropicales de l’océan Indien et du Pacifique Ouest et centre.

Dans le Pacifique, sa distribution s’étend, du nord au sud, du sud du Japon à l’Australie, à l’île Lord Howe et à la Nouvelle-Calédonie. Vers l’est, elle s’étend jusqu’aux îles Pitcairn.

Biotope

Parupeneus ciliatus fréquente les zones coralliennes des lagons et les pentes externes. On peut le trouver dans les herbiers. Sa distribution verticale va de 1 à 90 m, mais on le rencontre le plus souvent entre 1 et 40 m.

Description

Description sommaire : poisson capucin de taille moyenne, à couleur dominante rouge, grise, jaune ou orange. Deux lignes blanches partent de la bouche et se prolongent sur le dos, une troisième s’arrête à la base des pectorales. Le menton porte deux longs barbillons blancs ou jaunes. Généralement, une selle* blanche, suivie ou non par une selle grise à noirâtre, marque le pédoncule* caudal. Toutes les nageoires prennent la couleur dominante du corps en l’atténuant, elles portent parfois de petites taches blanches. Les deux parties de la nageoire dorsale sont séparées. La nageoire caudale est fourchue.

Description détaillée :
Le corps est relativement massif chez les grands adultes ; sa hauteur (distance calculée à l’aplomb de la base du troisième rayon dur de la dorsale) entre environ 3 à 3,4 fois dans sa longueur standard (longueur sans la queue). Il est modérément comprimé latéralement. La taille maximale documentée est de 38 cm, la taille la plus communément rencontrée étant de 28 cm.

Le patron de couleurs est variable. La couleur dominante est généralement rouge pâle, mais elle peut devenir grise, ou jaune pâle à orange. Les écailles, finement cténoïdes*, sont de grande taille ; elles portent une tache blanche plus ou moins large, qui peut occuper toute leur partie visible, et leur bordure est fortement soulignée d’ocre plus ou moins grisé, ce qui donne un aspect réticulé à la livrée. Quand les taches des écailles sont plus petites, elles dessinent des lignes de points blancs sur les flancs. Trois lignes blanches longitudinales partent du museau. La première part de sa pointe et la seconde du milieu de la lèvre supérieure. Ces deux lignes encadrent l’œil en le marquant de blanc dans ses parties supérieure et inférieure ; la première s’étend jusque sous la deuxième nageoire dorsale, la seconde s’arrête généralement sous la partie postérieure de la première dorsale. Une troisième ligne part de la commissure des lèvres et rejoint la base des pectorales. Une selle blanche se trouve derrière la seconde dorsale, elle est suivie par une selle grise à noirâtre plus ou moins marquée. Les trois lignes blanches et les deux selles peuvent être estompées jusqu’à disparaître.

La tête est relativement longue et pointue, avec un profil dorsal légèrement concave entre le museau et la nuque. Le museau et les joues portent des écailles. La bouche est terminale. Les lèvres sont charnues, la lèvre supérieure est protractile*. Les yeux sont haut placés et de taille moyenne (ils entrent environ 4,3 fois dans la longueur de la tête). Le menton porte deux barbillons blancs ou jaunes selon les livrées et les individus.

La couleur des nageoires dépend de celle du corps (rose, grise, jaune, voire verdâtre), qu’elle estompe, mais il arrive que l’anale et les pelviennes soient jaune orange dans une livrée rouge pâle alors que les dorsales sont roses. Leur couleur ne porte généralement pas d’autres marques que de petites taches claires, blanches ou jaunes, le plus souvent cantonnées à la dorsale molle, à l’anale, et parfois à la caudale. La partie épineuse de la nageoire dorsale et sa partie molle sont séparées par trois rangées d’écailles. La première dorsale est schématiquement triangulaire. Son premier rayon dur est minuscule. La dorsale molle et l’anale sont symétriques. Les pelviennes sont de grande taille. La nageoire caudale est fourchue.

Livrée de stress : elle est rarement adoptée et se caractérise par l’apparition de selles grises sur le museau et sur le dos ainsi qu'un rougissement de la partie ventrale accompagné de plaques rouge vif sur les joues. La première dorsale, ordinairement sans marques, présente une base rouge et une bande irrégulière de même couleur dans son tiers supérieur. Ce patron de couleurs évoque celui de la livrée nocturne.

Livrée de nuit : elle est généralement uniformément rose avec maintien des trois lignes blanches longitudinales et d’une selle blanche discrète sur le pédoncule caudal. Quand elle se double d’un stress, le tiers supérieur du corps devient blanc avec des selles grises, et les deux tiers inférieurs sont jaunâtres avec des plaques violines disposées en quinconce au milieu des flancs. Si le stress augmente, le dos se couvre de larges selles rouges et le tiers inférieur du corps est uniformément rouge. Dans les deux cas, la ligne blanche partant de la commissure des lèvres est effacée.

La livrée des juvéniles est décrite dans la section consacrée à la reproduction.

Espèces ressemblantes

Quelques espèces appartenant au genre Parupeneus arborent de deux à trois lignes blanches dans la partie antérieure du corps et une selle blanche sur le pédoncule caudal, mais cette selle est accompagnée chez ces espèces par une grosse tache d’un noir profond (par exemple P. rubescens), remplacée chez P. ciliatus par une selle grisâtre plus ou moins marquée. Chez Parupeneus porphyreus cette tache noire peut devenir très discrète, mais l’espèce ne présente pas de ligne blanche partant de la commissure des lèvres, et elle est endémique d’Hawaï.

Alimentation

Parupeneus ciliatus est un carnivore benthique*. Il se nourrit de crustacés (crabes, crevettes, copépodes, amphipodes, etc.), de vers polychètes et de siponcles. Il s’alimente principalement la nuit.

Reproduction - Multiplication

La biologie de la reproduction n’a pas été étudiée chez Parupeneus ciliatus à la date de publication de cette fiche [10/2022], à notre connaissance. Toutefois, il est probable qu’elle manifeste les mêmes caractéristiques générales que celles des espèces du genre étudiées : les espèces sont gonochoriques*, la saison de reproduction se situe en saison chaude et donne lieu à des agrégations. Les gamètes* sont émis en pleine eau, les larves* sont donc pélagiques*. Elles dérivent en surface et passent au stade juvénile avant de coloniser un récif. Cette métamorphose* amène l’apparition des barbillons et une mutation de la structure des yeux adaptée à la vie près du fond. Au moment de l’installation*, les juvéniles descendent vers le substrat.

Juvéniles : leur corps est plus élancé que celui des adultes et leur tête est plus courte, avec un museau plus arrondi. Les barbillons sont jaune vif. La moitié supérieure du corps est marron à bronze ou gris jaunâtre, la moitié inférieure est jaune pâle. Les trois lignes blanches longitudinales sont en général proportionnellement plus larges et plus longues que chez les adultes. La troisième ligne (celle qui part de la commissure des lèvres) est la plus large et elle rejoint le pédoncule caudal. La selle blanche est au départ indistincte de la première ligne blanche, puis cette ligne et celles qui lui succèdent raccourcissent, et la selle s’étend en même temps que commencent à apparaître les marques blanches sur les écailles. Les bandes comprises entre les lignes blanches brunissent ainsi que, dans une moindre mesure, la moitié inférieure du corps.

Vie associée

Le genre de vers trématodes Transversotrema semble associé aux Mullidés dans le domaine indo-Pacifique. Ainsi, Transversotrema chevrarum et T. tragorum (famille des Transversotrematoidés) sont des parasites rencontrés sur P. ciliatus. Sept espèces de trématodes de la famille des Opecoelidés, dont trois nouvelles pour la science, ont également été trouvées sur le capucin à lignes blanches.

Comme la plupart des Mullidés et pour les mêmes raisons, le capucin à lignes blanches chassant en journée est la plupart du temps accompagné par des opportunistes plus ou moins nombreux, qui cherchent à profiter des proies ou des détritus comestibles débusqués par son travail de fouissage* dans le sédiment. Ces suiveurs appartiennent à des familles diverses (Labridés, jeunes Carangidés, Aulostomidés). Ils sont généralement bien tolérés mais il arrive que le capucin quitte brutalement une zone de recherche à cause de suiveurs trop entreprenants. Lesquels s’empressent de le suivre à nouveau...

Divers biologie

Les genres de la famille Mullidés sont principalement distingués par leur dentition. Celle du genre Parupeneus est constituée par une rangée de fortes dents coniques à pointe émoussée bien espacées, sans dents vomériennes* (fixées sur le vomer*) ni palatines* (fixées sur les os du palais, dits os palatins).

La caractéristique principale des Mullidés réside dans leurs barbillons équipés de cellules chémoréceptrices*. Ces barbillons sont à la fois indépendants et très mobiles. Deux systèmes musculaires et osseux distincts leur permettent de se mouvoir latéralement, et d‘être abaissés et relevés. Les parties charnues des barbillons sont des ramifications du système gustatif et abritent des papilles gustatives équipées de chémorécepteurs (cellules nerveuses capables d’identifier des substances chimiques). Elles s’organisent autour d’un rayon modifié issu de la membrane branchiostège* (attachée aux opercules* et couvrant les branchies*), qui leur donne leur solidité. Ces rayons se déplacent de la zone operculaire vers le menton au cours de la croissance des larves, les barbillons apparaissant chez les juvéniles prêts à mener une existence benthique*.

Les barbillons de P. ciliatus sont relativement courts pour le genre Parupeneus (leur longueur entre 1.5 à 1.9 fois dans celle de la tête). A titre indicatif, ceux de P. cyclostomus peuvent être plus longs que la longueur de la tête.

Le travail de fouissage* des Mullidés a pour conséquence une resuspension des particules organiques contenues dans le sédiment, qui peut profiter entre autres au plancton*, aux coraux et aux organismes suspensivores*. De plus, le mélange continuel des éléments composant le sédiment est un obstacle aux invasions algales. Ce travail est vigoureusement mené : il n’est pas rare d’apercevoir un nuage de suspensions de plus d’un mètre de haut et de deux mètres carrés de surface au-dessus d’un capucin adulte en train de traquer une proie dans le sable. Une étude faite en mer Rouge montre que Parupeneus forsskali fouit chaque mètre carré de la zone d’étude 4,4 secondes par heure et qu'il peut creuser une tranchée de 10 à 15 cm de profondeur et de quelques décimètres de longueur avec son museau.

Le capucin à lignes blanches est généralement solitaire, mais il peut former de petits groupes.

Le poids maximum documenté pour l’espèce est de 2.3 kg.

La première nageoire dorsale comprend 8 rayons durs, la seconde 9 rayons mous. L’anale comprend 1 rayon dur et 7 rayons mous. La nageoire pectorale a de 14 à 16 rayons. La ligne latérale* comprend 27 ou 28 écailles.

Informations complémentaires

L’espèce est visée par les pêches artisanale et commerciale, bien qu’elle soit potentiellement ciguatérique*.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Le statut de l’espèce pour l’UICN* est LC (Least Concerned, traduit par « Préoccupation mineure »), ce qui signifie que les informations recueillies sur l’espèce ne permettent pas de la classer dans les autres catégories, notamment dans les trois qui alertent sur une menace (CR : en danger critique d’extinction, EN : en danger, VU : vulnérable). Fonction de quoi elle n’est pas actuellement concernée par des mesures de protection.

Origine des noms

Origine du nom français

Capucin : le mot vient du nom d’un ordre religieux faisant partie du mouvement franciscain, les Frères mineurs capucins. Ce nom tient à leur robe de bure dotée d’une longue capuche, qu’ils nommaient d’un nom d’origine italienne, « le capuce ». Ces religieux se caractérisaient entre autres par le port d’une longue barbe, ce qui pourrait avoir motivé le nom français de ces poissons, tous doté de deux longs « barbillons » sous la lèvre inférieure. On trouve la même inspiration pour le nom anglais de « goatfish » (poisson-chèvre), employé pour toute la famille des Mullidés, en référence à la « barbiche » que peuvent avoir les chèvres sous le menton.

à lignes blanches : en référence aux trois lignes blanches présentes sur les deux tiers antérieurs du corps de ce poisson.

Origine du nom scientifique

Parupeneus : le nom est composé de l’adjectif latin [par-], qui signifie « égal, pareil, apparié », et du nom « upeneus », nom de genre créé en 1829 par Cuvier et Valenciennes (Histoire Naturelle des Poissons, Tome troisième, p. 447), qui précisent : « nous avons cru convenable de distinguer ces poissons des Mulles ordinaires par un nom sous-générique, et nous avons choisi pour cela celui d‘upénéus, qui n’a point de signification fixe chez les anciens ». Ce nom désignait des poissons chez les Grecs de l’Antiquité. Le nom de genre signifie donc « apparenté aux espèces du genre Upeneus ».
Le genre est nommé par Bleeker en 1863 pour classer quatre espèces appartenant auparavant au genre Upeneus mais ne semble être décrit qu’en 1876 (Systema Percarum revisum, Pars II, Archives néerlandaises des sciences exactes et naturelles, vol. 11, p. 334). Le nom n'y est pas justifié mais on y trouve la mention de l’espèce-type* : Parupeneus barberinus.
Le genre contient actuellement 32 espèces acceptées.

ciliatus : cet adjectif latin signifie « qui a de beaux sourcils », et désigne par extension une frange ou des cils. L’espèce est décrite par Lacépède en 1802 dans Histoire naturelle des poissons (Tome quatrième, pp. 308 et 313) sous le nom scientifique de Sciaena ciliata et le nom commun de « sciène ciliée ». La description détaille le point suivant : « presque toutes les écailles divisées en deux portions par une arête transversale. La première de ces portions unie, et la seconde finement striée et ciliée ». Ce sont donc les écailles cténoïdes* de l’espèce qui justifient le choix de l’épithète spécifique.
Le spécimen vient d‘une collection hollandaise donnée à la France et déposée au Muséum National d’Histoire Naturelle. La localité du type n’est pas mentionnée.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 218661

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Actinopteri
Sous-classe Neopterygii Teleostei Néoptérygiens Téléostéens Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées.
Ordre Mulliformes Mulliformes
Famille Mullidae Mullidés Percoïdes possédant une paire de longs barbillons mentonniers.
Genre Parupeneus
Espèce ciliatus

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