Coquille arrondie, lisse, mesurant environ 10 mm
De couleur vive, marron, tachetée de beige
Face ventrale recouverte d'un cal épais
Spire peu élevée
Ouverture anguleuse
Tours de spires entièrement visibles
Nasse néritoïde, cyclonasse
Dosenschnecke (D)
Buccinum neriteum Linnaeus, 1758
Cyclonassa neritea Linnaeus, 1758
Cyclope neritea (Linnaeus, 1758)
Nana neritea (Linnaeus, 1758)
Cyclops asterizans Montfort, 1810
Nassa neritoides Lamarck, 1816
Cyclope neritoidea Risso, 1826
Nanina unifasciata Risso, 1826
Nassa albida Requien, 1848
Nassa lutescens Requien, 1848
Nassa major Requien, 1848
Nassa media Requien, 1848
Nassa minima Requien, 1848
Cyclops kamiesch Chenu, 1859
Nassa minor Weinkauff, 1868
Nassa italica Issel, 1869
Cyclonassa unifasciata Paulucci, 1871
Neritula mucronata Locard, 1887
Cyclope westerlundi Brusina, 1900
Nassa inflata Locard & Caziot, 1900
Nassa vayssierei Pallary, 1903
Nassa callosa Pallary, 1912
Cyclonassa carinata Coën, 1933
Cyclonassa fasciata Coën, 1933
Cyclonassa vernicata Coën, 1933
Cyclonassa diluta Coën, 1937
Cyclope tarentina Parenzan, 1970
Méditerranée, mer Noire, Atlantique Nord-Est
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Tritia neritea fréquente le bassin méditerranéen, la mer Noire et les côtes de l'Atlantique du Pays Basque français, de l'Espagne, du sud du Portugal, et du Maroc.
Cette espèce a été introduite, à la fin des années 70, sur les côtes atlantiques françaises, notamment à proximité des bassins conchylicoles de Marennes-Oléron et d'Arcachon et dans le lac d'Hossegor.
Tritia neritea vit en eau peu profonde sur des substrats* sablo-vaseux et fréquente les lagunes et les estuaires abrités. Les spécimens vivant sur les côtes de l'Atlantique se rencontrent également sur l'estran*. T. neritea vit la plupart du temps enfoui dans le premier centimètre du sédiment car son siphon* est relativement court.
Tritia neritea est une petite nasse mesurant au maximum 1 cm de long.
La coquille est arrondie, ovale et ne présente pas de sculpture axiale très marquée. Les tours de spire* sont entièrement visibles. La spire est aplatie et le dernier tour est très développé. Chez les jeunes spécimens, le sommet de la spire, ou apex*, est pointu.
Le canal siphonal* est court. L'ouverture est anguleuse
La coquille est de couleur brun plus ou moins clair, parsemée de taches beiges près de la suture* (ligne de contact des tours successifs), et réticulée sur le dernier tour. La couleur de la coquille rend T. neritea mimétique avec le sable dans lequel il évolue.
La face de la coquille en contact avec le sol est recouverte d'un cal* (formation calcaire ayant un aspect de porcelaine) épais qui masque presque totalement la face ventrale. Elle est également de couleur brune.
On peut confondre Tritia neritea avec Tritia pellucida (Risso, 1826) dont la coquille, qui ne dépasse pas 7 mm, est de couleur claire et moins vive que celle de T. neritea. Sa base est blanche et de forme plus ovale. L'ouverture est plus étroite et moins anguleuse. La forme de la spire est plus recouvrante. Il est très difficile de distinguer les jeunes spécimens sans un examen génétique.
On peut également confondre T. neritea avec certaines littorines, comme par exemple :
Tritia neritea est nécrophage*, et à l'occasion détritivore*. Il possède des récepteurs sensoriels particulièrement développés lui permettant de repérer rapidement et à distance ses proies potentielles. Il est capable de se désenfouir en quelques secondes pour se diriger vers ses proies.
Chez Tritia neritea, les sexes sont séparés. La maturité sexuelle est atteinte à environ un an.
Les femelles déposent des capsules de 1 mm de diamètre sur un substrat dur, notamment sur des coquilles de coque comme Cerastoderma edule par exemple, ou de gastéropodes comme Peringia ulvae ou Crepidula fornicata, de préférence près de l'interface eau/sédiment de sorte que les capsules soient bien oxygénées. La période de ponte s'étend sur presque toute l'année mais elle est plus importante au printemps. Chaque capsule contient un seul embryon. Le développement est totalement intracapsulaire, la période d'incubation durant 36 jours (à 18 °C).
Les juvéniles benthiques* sont autonomes et semblent s'alimenter pendant quelques jours sur le reste de leurs réserves vitellines, puis par broutage du film microalgal sur le sédiment. Ils deviennent ensuite nécrophages. Cette espèce n'ayant pas de stade larvaire* planctonique*, la dispersion à grande distance paraît peu envisageable.
T. neritea vit environ 2 ans. C'est une espèce qui supporte de grandes variations de salinité (euryhaline*) et de fortes températures (thermorésistante). Elle a été découverte dans des suintements chauds de saumure en mer Egée.
Cette espèce se répartit en taches (ou îlots) de 300 à 1600 individus au m². Son activité est maximale à l'aube et au crépuscule.
Une étude menée sur la côte atlantique espagnole a mis en évidence que la présente population de T. neritea du bassin d'Arcachon a été introduite à la fin des années 70, probablement involontairement, avec des transferts d'huîtres provenant de Méditerranée occidentale et/ou du Portugal. L'activité humaine, en favorisant les transferts entre les bassins, influence l'évolution de l'installation et de l'invasion des espèces.
T. neritea entre en compétition avec l'espèce autochtone, Tritia reticulata (Linné, 1758) qui se nourrit également de charognes. Les habitats de ces deux espèces se chevauchent. Des expériences menées en laboratoire ont montré que T. neritea atteint sa proie plus rapidement en l'absence de courant, mais les deux espèces sont à égalité en présence de courant. Par ailleurs T. neritea ne possède quasiment pas de parasite ce qui lui donne un avantage certain sur T. reticulata qui en possède de nombreux (trématodes digènes).
Lors d'une étude menée sur la côte atlantique espagnole, il a été mis en évidence que certaines populations de T. neritea étaient victimes de l'"imposex"* (pseudohermaphrodisme), phénomène qui se produit quand des caractéristiques mâles se développent sur un gastéropode femelle normal (voir la fiche DORIS de Tritia reticulata). La pollution au TBT (tributylétain), agent antifouling utilisé sur les bateaux, est responsable de ce phénomène.
L'importante variété synonymique existant chez Tritia neritea est le reflet de la grande plasticité morphologique de cette espèce.
T. neritea était très utilisé à la préhistoire pour décorer les parures funéraires et composer des bijoux. En témoigne la grotte de Santa Maria Di Agnano située en Italie. Une sépulture datant du paléolithique supérieur y a été découverte. Il s'agissait d'une femme portant une parure constituée d'un bracelet de coquilles de Tritia neritea et d'autres espèces.
Les découvertes effectuées dans la grotte de Franchthi en Grèce laissent supposer que certains de ces coquillages étaient chauffés afin de les noircir.
Le non français a été donné par Risso en 1826.
Cyclope : nom donné aux géants n'ayant qu'un œil au milieu du front dans le récit de l'Odyssée d'Homère. Ce nom a peut-être été choisi à cause de la forme de la coquille qui évoque celle d'un œil.
néritoïde : en forme de nérite. Les Néritidés forment une famille de gastéropodes (voir par exemple Theodoxus fluviatilis).
Tritia : fille du fleuve Triton.
neritea : du grec [néros] = humide. Dans l'Odyssée d'Homère, Nérite est l'un des trois fondateurs de l'île d'Ithaque, île grecque qui avait pour roi Ulysse. Avec Ithaque et Polyktor, il avait construit une source maçonnée à laquelle venaient s'abreuver les habitants de la ville. On peut également noter que dans la mythologie grecque, Les néréides étaient les divinités de la mer, filles de Nérée.
Numéro d'entrée WoRMS : 876816
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Neogastropoda | Néogastéropodes | Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea. |
Famille | Nassariidae | Nassariidés | Coquille solide ovoïde à globuleuse, de petite taille (4-75mm); sculpture spiralée, axiale ou dans les deux sens (treillissage). Ouverture circulaire-ovale, souvent avec une découpe circulaire et un sillon (siphon anal) en haut, généralement tronquée en bas et avec un canl siphonal court ou un sillon recourbé en arrière. Labre à bord interne denté. Columelle en général plissée, callosité columellairesouvent large (spécimens adultes). Opercule corné, arrondi-triangulaire ou en forme de griffe, à nucléus terminal et souvent à bord dentelé. Lindner 2011:111. |
Sous-famille | Nassariinae | Nassariinés | |
Genre | Tritia | ||
Espèce | neritea |
De face
Les deux petits yeux noirs, les deux tentacules et la trompe sont visibles sur cette photo de face.
La Pointe, Berre-l'Etang (13), 1 m
20/06/2020
Coquille sale
Tritia neritea, espèce lagunaire des vases, ou sable vaseux, montre une coquille toujours sale.
La Pointe, Berre-l'Etang (13), 05 à 1 m
20/06/2020
Sur le sable, taille 5 mm
Ce spécimen mesure 5 mm de long. La coquille est arrondie, ovale. La spire est aplatie et le dernier tour est très développé.
Sa coquille est brun-verdâtre, parsemée de taches claires près de la suture (ligne de contact des tours successifs), et réticulée sur le dernier tour.
Beauduc, Camargue (13), 0.5 m
17/08/2005
Sur les plages de Charente-Maritime
La coquille de ce spécimen est recouverte de petits débris ou d'épibiontes. On distingue sur cette photo les yeux et les récepteurs sensoriels qui lui permettent de repérer rapidement et à distance ses proies potentielles.
Ronce-les-Bains (17).
2008
Sur le dos
La face de la coquille en contact avec le sol est recouverte d'un cal (formation calcaire ayant un aspect de porcelaine) épais qui masque presque totalement la face ventrale. Elle est également de couleur brune.
Ronce-les-Bains (17)
2008
Qu'est-ce qu'ils font?
Contact étroit entre 2 individus à la queue leu leu.
Les 3 frères, la Mède, étang de Berre (13), 3 m
01/08/2020
Rédacteur principal : Nadine SABOURIN
Rédacteur : Sylvie HUET
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Sylvie HUET
Bachelet G., Simon-Bouhet B., Desclaux C., Garcia-Meunier P. , Mairesse G., de Montaudouin X., Raigné H., Randriambao K., Sauriau P-G., Viard F., 2004, Invasion of the eastern Bay of Biscay by the nassariid gastropod Cyclope neritea: origin and effects on resident fauna, Marine Ecology Progress Series, 276, 147–159.
Bachelet P., De Montaudouin X., Desclaux C., Mairesse G., Raigne H., Randriambao K., Garcia Meunier P., Martel C., Pascal P. Y., Sauriau P.-G., Simon-Bouhet B., Robert S., Geairon P., Goulletquer P., Grangere K., Guilpain P., Le Moine O., Rossi N., Seugnet J.-L., Soletchnik P., 2006, Les mollusques invasifs des bassins conchylicoles du littoral Manche-Atlantique : diversité et structure génétiques des populations invasives, compétition avec les taxons indigènes, gestion du risque pour les écosystèmes et la conchyliculture. Colloque de Restitution - Programme de recherche Invasions Biologiques. http://archimer.ifremer.fr/doc/00000/3305/
Boulhic M., Tardy J., 1986, Cyclope nerita (Linné, 1758) : Gastéropode Prosobranche nouvellement implanté sur les côtes de Charente-Maritime, éthologie, structure de la population, Haliotis, 15, 41-50.
Boulhic M., Tardy J., 1986, Ponte, développement larvaire et éthologie des juvéniles de Cyclope neritea (Linné, 1758), Haliotis, 15, 51-6.
Le Roux A., 1994, Sexualité et reproduction de Cyclope nerita (Mollusque gastéropode) dans le golfe du Morbihan (Bretagne Sud), Haliotis, 23, 51-60.
Simon-Bouhet B., 2006, Expansion d'aire et processus d'introductions biologiques en milieu marin : le cas de Cyclope neritea (Nassariidae) sur les côtes françaises. UMR 6217, 7144 Thèse de l'université de La Rochelle, 280 pages.
Southward A.J., Southward E.C., Dando P.R., Hughes J.A., Kennnicutt II M.C., Alcala-Herrera J.,Leahy Y., 1997, Behaviour and feeding of the nassariid gastropod Cyclope neritea, abundant at hydrothermal brine seeps off Milos (Aegean sea), Journal of the marine biological Association of the United Kingdom, 77, 753-771.
La page de Tritia neritea dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN