Pas de nageoire anale
Premier aileron dorsal court en retrait sur le dos
Carène caudale présente sur la base caudale
Deux larges spiracles au-dessus et légèrement en retrait des yeux
Corps souvent couvert de marques blanches
Partie inférieure du rostre blanchi par frottement
Laimargue, requin du nord, requin noir, requin dormeur, requin de fond, requin de glace, requin du Saguenay
Greenland shark (Can, US, UK), Squalo di groenlandia lemargo (I), Tiburon boreal (E), Gronlandhai (D)
Squalus squatina (non Linnaeus, 1758)
Squalus carcharis (Gunnerus, 1776)
Somniosus brevipinna (Lesueur, 1818)
Squalus borealis (Scoresby, 1820)
Squalus norvegianus (Blainville, 1825)
Scymnus gunneri (Thienemann, 1828)
Scymnus glacialis (Faber, 1829)
Scymnus micropterus (Valenciennes, 1832)
Leiodon echinatum (Wood, 1846)
Somniosus antarcticus (Whitley, 1939)
Atlantique Nord, Arctique, Baie d’Hudson, Baie James
Zones DORIS : ● Atlantique Nord-Ouest, ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]L'habitat du requin du Groenland s'étend de l'Arctique à l'Europe du Nord, et du nord-est de l'Amérique jusqu'en Géorgie, en passant par le Saint-Laurent et le fjord du Saguenay.
Somniosus microcephalus est le seul requin qui tolère les températures arctiques à l'année. Dans le cas du Saguenay, la présence du requin a été enregistrée dans les quatre saisons et non seulement en hiver, ce qui est plausible vu la grande profondeur du fjord (près de - 300 m) . La température de l'eau est un facteur crucial pour ce requin. Il préfère les eaux froides (- 1,8 °C à 12 °C) et sa migration verticale dépend des saisons. En été, il se retrouve normalement à très grande profondeur (jusqu'à 4 000 m) où les eaux sont plus froides. En hiver, il s'approche des eaux de surface qui sont plus froides que les eaux de fond.
Les observations effectuées par le Groupe d'étude sur les élasmobranches et le requin du Groenland -GEERG- dans le Saint-Laurent remettent en question les migrations saisonnières et quotidiennes du requin du Groenland. La raison de ses déplacements demeure toutefois inconnue.
Le requin du Groenland a un corps cylindrique mais pas de nageoire anale. Il présente en revanche une carène sur la base caudale. La tête est petite par rapport au reste du corps. Deux larges spiracles* se trouvent au-dessus et légèrement en retrait des yeux. Ses deux nageoires dorsales sont petites et sans épines. La première dorsale est courte et en retrait sur le dos. Leur base respective est moins large que la partie centrale. La nageoire caudale est asymétrique. Ses yeux sont ronds et petits et présentent normalement un parasite, sauf dans le cas des spécimens observés par le GEERG dans le Saint-Laurent qui sont rarement infestés. La peau peut être brune, grise ou un mélange tacheté des trois. Son rostre* (museau) blanchi porte souvent des marques d'abrasion résultant de sa quête de nourriture sur le fond.
Requin dormeur du Pacifique (Somniosus pacificus)
Laimargue de Méditerranée (Somniosus rostratus).
Le requin du Groenland est un prédateur opportuniste qui mange à peu près tout ce qu'il trouve sur son chemin, mort ou vivant.
Contenu stomacal vérifié :
Poissons : aiglefin, anguilles, capelan, chaboisseaux, flétan atlantique, flétan du Groenland (turbot), goberge, grenadier, hareng, loquette, loup atlantique, loup tacheté, lycodes, morues, omble chevalier, poule de mer (lompe), raies et autres requins, saumon atlantique, sébaste.
Mammifères : béluga, marsouin, narval, phoques, et restes d'animaux dont chien, cheval et renne.
Invertébrés : buccins, calmars, crustacés, étoiles de mer (dont les soleils de mer et les ophiures), gastéropodes, méduses, oursins, pieuvres.
Autres : restes d'oiseaux, algues.
Non vérifié :
Le requin du Groenland aurait été observé à l'embouchure d'une rivière du grand nord canadien, chassant le caribou à la manière d'un crocodile.
Peu d'études ont été effectuées sur la reproduction du requin du Groenland.
L'accouplement et la mise à bas n'ont jamais été observés.
Il est toutefois constaté qu'au temps de l'accouplement, le mâle soumet la femelle en mordant sa peau qui est deux fois plus épaisse que la sienne.
L'espèce est ovovivipare*, c'est à dire que les œufs se développent et éclosent à l'intérieur de la femelle. Elle pourrait mener à terme environ dix petits requins mesurant chacun près de 40 cm.
Le parasite le plus communément associé avec le requin du Groenland est le copépode Ommatokoita elongata. Il s'attache à l'un ou aux deux yeux entraînant des lésions de la cornée et l'aveuglement partiel de l'animal.
Toutefois, même s'il était complètement dépourvu de sa vision, le requin du Groenland pourrait facilement survivre grâce à ses autres sens lui permettant de localiser ses proies. Aussi, comme il vit à très grande profondeur et souvent sous la glace, son habitat est d'une obscurité totale et ses yeux lui sont inutiles.
Certains croient que le copépode est bioluminescent* et qu'il attire des proies vers le requin. Ceci n'a jamais été prouvé.
Enfin, la majorité des requins observés par le GEERG dans le Saint-Laurent ne sont pas parasités par Ommatokoita elongata. En 2004, un chercheur du GEERG a observé une lamproie marine (Petromyzon marinus) parasitant un requin du Groenland à Baie-Comeau, dans l’estuaire du Saint-Laurent.
Une seule étude non exhaustive a démontré que le requin du Groenland croît de 0,5 à 1 cm par an. Un requin capturé puis étiqueté au Groenland en 1936 fut recapturé en 1952. En 16 ans, le requin n'avait allongé que 6 centimètres.
On peut donc avancer l'hypothèse qu'un requin mature de 7 m de long pourrait être âgé de plus de 200 ans. En ce cas, le requin du Groenland pourrait donc être l'animal vertébré ayant la plus longue espérance de vie au monde.
La dentition du requin du Groenland est bien particulière. Les dents du haut, pointues et non serratées (pas en dent de scie), servent à piquer sa proie et à la garder en place. Les dents du bas, larges et carrées, servent à découper la proie moyennant un mouvement circulaire de la tête. Ce faisant, le requin découpe un « bouchon » de chair à sa proie lorsqu'il ne peut l'avaler tout rond. Ce type de blessure sur les mammifères marins est la signature du requin du Groenland. Ce comportement a été filmé par l'équipe du Dr George Benz à l'île de Baffin. Les dents du haut sont au nombre de 48 à 52 et les dents du bas de 50 à 52. Les proies plus petites sont simplement aspirées.
Légendes Inuites
Skalugsuak : Le tissu de ce requin a une forte teneur d'urée, ce qui donna naissance à une légende sur son origine : Une vieille femme lava ses cheveux avec de l'urine et les sécha avec un linge. Le linge fut emporté par le vent et tomba dans la mer où il est devenu Skalugsuak, le premier requin du Groenland.
Sedna: Lorsqu'une jeune Inuk voulut marier un oiseau, son père tua le fiancé et embarqua sa fille dans un kayak pour la jeter à la mer. Lorsqu'elle s'agrippa au kayak, le père lui coupa chacun des doigts afin qu'elle lâche prise. Sedna disparut alors sous l'eau où elle devint la déesse de l'océan. Chacun de ses doigts se transforma en animal marin dont le requin du Groenland. Le requin fut chargé de venger sa déesse et un jour, renversa le kayak du père puis mangea l'homme alors qu'il pêchait. Lorsqu'un Inuk meurt de cette façon, on dit que le requin a été envoyé par Sedna.
Les attaques attribuables au requin du Groenland sont extrêmement rares. Vivant en eau si profonde et si inhospitalière aux humains, il ne rencontre pratiquement jamais de nageurs ni de plongeurs. Il serait donc très imprudent de le juger inoffensif pour l'homme en ne se fiant qu'aux quelques statistiques qui existent.
Au cours de rencontres naturelles (sans appât ou de capture) entre plongeurs et requin dans l'estuaire du Saint-Laurent (Québec), des spécimens ont été observés à scruter l'embarcation de plongée à partir de la surface et un requin a suivi une équipe de plongeurs jusqu'en surface. Encore plus alarmant, un requin est venu scruter deux plongeurs en visibilité nulle (moins d'un mètre) et à seulement 3 m de profondeur. Cette situation évoque le repérage visuel d'un prédateur de phoque.
En 1940, un agent de la faune a été traqué pendant de longues minutes par un requin du Groenland alors qu'il marchait sur la banquise à l'île aux Basques dans le Saint-Laurent. Le comportement du requin laisse croire qu'il chassait un phoque bien vivant. Vers 1859, une jambe humaine aurait été trouvée dans le contenu stomacal d'un requin du Groenland pêché à Pond-Inlet, sur l'île de Baffin (Nunavut, Canada). Une légende fréquemment citée relate la mésaventure d'une famille amérindienne qui aurait été attaquée lors d'une excursion en canoë sur le Saint-Laurent en 1848. Elle aurait survécu à une attaque en sacrifiant au prédateur l'un des enfants. Une autre version de cette même histoire se déroule en Arctique, avec pour seule différence un déplacement en kayak.
Si elles ne peuvent être qualifiées d'attaques - étant déjà mortes -, des milliers de personnes victimes de naufrages et de torpillages dans l'Atlantique Nord et le Saint-Laurent – y compris l'Empress of Ireland – sont sans doute tombées sous les dents du requin du Groenland en quelques centenaires d'années alors que cet animal plane à quelques centimètres au-dessus de la plaine abyssale en quête de nourriture.
La chair du requin du Groenland contient une forte concentration d'urée qui la rend insalubre, à moins de la traiter selon un procédé long et ardu. Les chiens de traîneau qui mangent sa chair crue deviennent saouls et peuvent même mourir d'intoxication selon la quantité absorbée.
En Islande, la viande du requin est traitée et coupée en petits cubes. Ce hors-d'oeuvre nommé hakárl (kæstur hákarl) se mange accompagné de l'eau de vie locale, le Brennivín, aussi connu sous le nom de « Mort noire ». Le hakárl est considéré comme un plat national islandais. Le manger fait preuve de robustesse et de force. La chair est rouge ou blanche. La variété rouge serait plus facile à digérer par les gens affligés d'ulcères.
Pour préparer le hákarl de façon traditionnelle, le requin est sectionné en morceaux et la viande est enfouie sous du gravier pendant 6 à 8 semaines selon la saison. Elle est ensuite suspendue pour sécher dans une grange pendant 2 à 4 mois. Le procédé moderne consiste à presser la viande dans un contenant de plastique perforé.
Entre le XIXe siècle et 1960, les pêcheurs du Groenland et de l'Islande en capturent jusqu'à 50 000 annuellement. L'huile contient de la vitamine A et sert alors aussi à allumer des lampes. La chair n'étant pas comestible dans son état naturel, jetée à l'eau, la carcasse du requin nourrit d'autres requins.
Le requin du Groenland ne figure pas sur la liste des espèces menacées du COSEPAC (Comité sur la situation des espèces en péril au Canada). Toutefois, le nombre d'individus habitant le Saint-Laurent et le Saguenay demeure inconnu. Le requin du Groenland est considéré «quasi menacé » par le IUCN Red List (International Union for the Conservation of Nature and Natural Resources).
Dans certains pays, le requin du Groenland est encore pêché commercialement pour son huile.
Le requin du Groenland doit son nom au Groenland, une île arctique où il est pêché depuis des centaines d'années.
Somniosus : du latin [somnus] + [osus]= sommeil (plein de).
microcephalus : micro + grec [kephalē]= petite tête.
Numéro d'entrée WoRMS : 105919
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Chondrichthyes | Chondrichthyens | Squelette cartilagineux, deux nageoires dorsales et une anale (primitivement), nageoire caudale hétérocerque*, deux paires de nageoires paires, bouche disposée sur la face ventrale. |
Sous-classe | Elasmobranchii | Elasmobranches | Squelette des nageoires pectorales tribasal. Deux nageoires dorsales. 5 ou 6 paires de fentes branchiales et des spiracles. |
Super ordre | Euselachii | Sélaciens | Raies et requins. |
Ordre | Squaliformes | Squaliformes | 2 nageoires dorsales, une nageoire "anale", 5 branchies, des yeux sans membrane protectrice, bouche étendue derrière les yeux. |
Famille | Somniosidae | Somniosidés | |
Genre | Somniosus | ||
Espèce | microcephalus |
Une rencontre magique ! Skalugsuak :
Le Dr. Chris Harvey-Clark du GEERG capte des images d’un requin du Groenland.
Le tissu de ce requin a une forte teneur d'urée, ce qui donna naissance à une légende inuite sur son origine : Une vieille femme lava ses cheveux avec de l'urine et les sécha avec un linge. Le linge fut emporté par le vent et tomba dans la mer où il est devenu Skalugsuak, le premier requin du Groenland.
Baie-Comeau, Côte Nord, Québec, Canada, 15 m
21/06/2005
Majestueux !!
Un requin du Groenland plane au dessus d’un fond typique de Baie-Comeau : roches isolées couvertes d’anémones plumeuses (Metridium senile).
Baie-Comeau, Côte Nord, Québec, Canada, 15 m
09/10/2004
Corps cylindrique
Le requin du Groenland a un corps cylindrique. La peau peut être brune, grise ou un mélange tacheté des trois. Son rostre* (museau) blanchi porte souvent des marques d'abrasion résultant de sa quête de nourriture sur le fond.
Baie-Comeau, Côte Nord, Québec, Canada, 15 m
22/07/2004
Un signe qui ne trompe pas !
Un jeune mâle au dos courbé signale que la présence des plongeurs n’est pas appréciée. Il serait donc très imprudent de le juger inoffensif pour l'homme en ne se fiant qu'aux quelques statistiques qui existent.
Sedna: Lorsqu'une jeune Inuk voulut marier un oiseau, son père tua le fiancé et embarqua sa fille dans un kayak pour la jeter à la mer. Lorsqu'elle s'agrippa au kayak, le père lui coupa chacun des doigts afin qu'elle lâche prise. Sedna disparut alors sous l'eau où elle devint la déesse de l'océan. Chacun de ses doigts se transforma en animal marin dont le requin du Groenland. Le requin fut chargé de venger sa déesse et un jour, renversa le kayak du père puis mangea l'homme alors qu’il pêchait. Lorsqu'un Inuk meurt de cette façon, on dit que le requin a été envoyé par Sedna.
Baie-Comeau, Côte Nord, Québec, Canada, 15 m
09/10/2004
Une puissante nageoire caudale
La nageoire caudale asymétrique et puissante d’un requin du Groenland. On peut aussi apercevoir la carène caudale.
Baie-Comeau, Côte Nord, Québec, Canada, 15 m
09/10/2004
Rédacteur principal : Jeffrey GALLANT
Responsable régional : Laurent FEY
Aidan M R., 2003, Field Guide to the Great White Shark, ReefQuest Centre for Shark Research, Special Publication no 1
Bigelow H.B., Schroeder W.C. , 195, Fishes of the gulf main, Fishery bulletin of the United States Government Printing Office, Washington, USA.
Borucinska J. D., Benz G.W., Whiteley H.E., 1988, Ocular lesions associated with attachment of the parasitic copepod Ommatokoita elongata (Grant) to corneas of Greenland sharks, Somniosus microcephalus (Bloch & Schneider), Journal of Fish Diseases, 21, 415-422.
Gallant J., Harvey-Clark C., Myers R.A., Stokesbury M.J.W., 2006, Sea lamprey (Petromyzon marinus) attached to a Greenland shark (Somniosus microcephalus) in the St. Lawrence Estuary, Canada, Northeastern Naturalist, 13, 35–38.
Harvey-Clark C., Gallant J., Batt J., 2005, Vision and its relationship to novel behaviour in St. Lawrence River Greenland Sharks (Somniosus microcephalus), The Canadian Field-Naturalist, 119(3), 355-359.
Homer S., 1984, Jaws IV : Great white shark netted off Maritime tourist beaches, Equinox Magazine, 14, 127-128.
Ridoux V., Hall A.J., Steingrimsson G., Olafsson G., 1998, An Inadvertent Homing Experiment with a Young Ringed Seal, Phoca hispida, Marine Mammal Science, 14(4), 883-888.
Templeman W., 1963, Distribution of sharks in the Canadian Atlantic, Fisheries Research Board of Canada, Bulletin no. 140, Ottawa.
Groupe de recherche et d'études sur les mammifères marins, 1999, Les nouvelles du large, Bulletin no 7.
Groupe de recherche et d'études sur les mammifères marins, 1999, Les nouvelles du large, Bulletin no 8.
Université Laval, 1960, Le naturaliste canadien, Québec, Canada, vol. décembre 1960.
La page sur Somniosus microcephalus sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase