R. decussatus
Siphons séparés sur toute la longueur
Forme ovale et allongée
Stries rayonnantes très serrées
Stries concentriques bien marquées
Aspect quadrillé
Sinus palléal profond
R. philippinarum
Siphons soudés sur les 3/4 de leur longueur
Plus ronde et un peu épaisse
Stries rayonnantes plus écartées et plus prononcées
Stries concentriques plus espacées
Sinus palléal moins profond et de forme arrondie
Pour la palourde d'Europe : palourde commune, clovisse, palourde grise
Pour la palourde japonaise : palourde croisée japonaise
Pour la palourde d'Europe : Grooved carpet shell (GB), Vongola ou arsella nera (I), Almeja fina (E), Ameijoa boa (P), Gegitterte Venusmuschel (D), Tapijschelp (NL)
Pour la palourde japonaise : Japanese carpet shell, Pacific palourde, mud clam (GB), Almeja japonesa (E), Japanische Muschel (D), Asari (J)
Pour la palourde d'Europe :
R. decussatus : Atlantique Nord-Est, Manche, Méditerranée, mer Rouge
R. philippinarum : océan Pacifique, océan Atlantique, Méditerranée
R. decussatus est présente naturellement en mer du Nord, en Manche, en Atlantique Est jusqu'au Congo ainsi qu'en Méditerranée. Depuis l'ouverture du canal de Suez on la retrouve dans la mer Rouge.
R. philippinarum est originaire de l'océan Pacifique, elle fut introduite successivement aux îles Hawaï et sur la côte occidentale du Canada. En France, son introduction date de 1975, on la retrouve sur la côte atlantique et la côte méditerranéenne.
R. philippinarum est présente dans les zones DORIS de la France métropolitaine, de l'Atlantique Nord-Ouest, de l'Indo-Pacifique et des Caraïbes.
La palourde japonaise et la palourde européenne ont pratiquement le même mode de vie, la palourde européenne est cependant un peu plus exigeante. Elles vivent enfouies à quelques centimètres (maximum 15 cm) dans le substrat sur l'étage infralittoral. Elles apprécient des substrats variés de sable, de petit gravier vaseux et de vase. Elles apprécient particulièrement les zones côtières abritées comme les étangs d'eaux saumâtres communiquant avec la mer.
On les retrouve à des profondeurs moyennes de 1 à 3 m mais rarement au-delà de 10 m. Leur pied puissant leur permet de s'enfouir rapidement et de se tenir dans le sédiment. Les palourdes ont la capacité de se déplacer dans le substrat.
Les limites écologiques de ces mollusques sont comprises entre 5 et 30 °C pour la température, et de 15 à 40‰ pour la salinité. Ce sont des bivalves eurythermes* et euryhalins*.
Ruditapes decussatus possède deux valves équivalentes qui forment un ensemble ovale légèrement allongé et aplati sur la région postérieure. On remarque sur les valves des stries rayonnantes très serrées ainsi que des stries concentriques assez prononcées qui donnent un aspect quadrillé.
La couleur externe peut varier de blanchâtre à grisâtre avec des nuances de brun. On remarque parfois des motifs sur les valves. La couleur interne est plutôt claire dans des nuances de blanc et de jaune.
Le sinus palléal* est profond sans toutefois dépasser la ligne médiane des valves. Les siphons sont séparés sur toute la longueur. On peut repérer la présence de R. decussatus dans l'eau grâce aux trous que laissent les siphons, ceux-ci sont espacés d'environ la longueur de la coquille.
La taille moyenne est comprise entre 4 et 5 cm, cependant des individus dépassant les 8 cm ont déjà été observés.
Ruditapes philippinarum possède aussi deux valves équivalentes qui forment un ensemble plus rond qu'ovale et plus épais. Les stries rayonnantes sont plus écartées et plus prononcées. Les stries concentriques sont plus espacées que celles de R. decussatus.
La couleur externe est nuancée de blanc, de gris et de brun. La coloration n'est pas toujours identique sur les deux valves. L'intérieur des valves est violacé.
Le sinus palléal est moins profond et de forme arrondie. Les siphons sont soudés sur les ¾ de leur longueur, ce qui laisse apparaître en surface du sédiment deux petits trous ovales et très rapprochés.
Lorsque le substrat est trop dur, la coquille dépasse du sédiment.
Les individus rencontrés ont une taille plus grande que celle de R. decussatus sans dépasser les 8 cm.
Venerupis aurea (Gmelin, 1791) : elle a une forme plus allongée dans la largeur du coté postérieur que R. decussatus. Les stries sur les valves sont marquées mais très légèrement. Sa couleur externe est nuancée de blanc crème, d'ocre, et de brun avec parfois des motifs. La couleur interne tend vers un jaune or caractéristique à l'espèce.
Venerupis pullastra (Montagu, 1803) : sa forme est plus rectangulaire que les espèces citées. On remarque des stries de croissance peu marquées. Sa couleur est plutôt jaune orangé avec parfois un peu de blanc.
Venerupis rhomboides (Pennant, 1777) : aussi appelée palourde rose, elle a une forme proche de R. decussatus. Cependant la palourde rose est plus allongée et plus ovale, d'où le nom latin [rhomboïde]. Autre caractéristique, ses stries concentriques sont beaucoup plus marquées. Sa coloration est nuancée de blanc crème, de brun, de rouge orangé et de rose avec parfois des motifs.
L'alimentation des palourdes européenne et japonaise se fait grâce aux siphons qui affleurent à la surface du sédiment. L'eau entre par le siphon inhalant et est filtrée par le mollusque qui retient les particules alimentaires. L'eau est alors rejetée par le siphon exhalant. Le régime alimentaire est composé de phytoplancton et de matières organiques en suspension.
Les palourdes européenne et japonaise sont des espèces gonochoriques*. La période de reproduction s'étend de juin à septembre. La première maturation sexuelle est obtenue dès la première année pour R. decussatus (lorsqu'elle mesure environ 20 mm) et la deuxième année pour R. philippinarum (lorsqu'elle mesure environ 35 mm).
Le cycle de reproduction débute lorsque la température avoisine les 15 – 20 °C. Après un mois de maturation, la ponte est déclenchée. Les géniteurs expulsent leurs gamètes par le siphon exhalant. La fécondation est externe.
Lorsque les conditions sont réunies, il peut y avoir deux pontes au cours de la même saison, une à la fin du printemps et l'autre à la fin de l'été. Une femelle peut émettre jusqu'à 3 millions d'ovocytes.
Après une courte vie planctonique, les larves se posent sur le fond et adoptent une vie benthique. A ce stade, la jeune palourde mesure 0,5 mm.
La croissance est influencée par deux facteurs principaux, la température et la richesse alimentaire. Plus la température est élevée plus la filtration est importante. L'optimal de croissance a été observé dans une eau à 20 °C pour une salinité de 30 ‰. En période hivernale, la croissance est bien souvent arrêtée.
Lorsque le milieu offre de bonnes conditions on observe d'importantes colonies de palourdes.
Le régime alimentaire de beaucoup de poissons est à base de mollusques. Ainsi la daurade royale (Sparus aurata) et le baliste (Balistes capriscus) exercent une forte prédation sur la palourde.
La palourde européenne fait l'objet d'une exploitation commerciale depuis des décennies. Elle est pêchée à l'aide d'une drague tirée à la main ou avec un bateau, d'un râteau, ou encore à la main.
Etant donnée la bonne valeur commerciale du coquillage, beaucoup d'efforts ont été portés sur la vénériculture (culture de la palourde). Il faut entre 24 et 36 mois pour produire une palourde commercialisable. La palourde japonaise présentait d'excellents rendements d'où son introduction en France au début des années 70. Mais à la fin des années 80, une bactérie (Vibrio tapesis) a fortement ralenti la production de ces palourdes voire l'a stoppée dans certaines régions. Cette maladie se développe lorsque la température de l'eau est trop froide. Elle se traduit par un dépôt brun sur la face intérieure et tout autour du mollusque. Aussi appelée maladie de l'anneau brun, elle entraîne une forte mortalité. Il semblerait que la taille des individus favorise son développement, les plus petits étant plus sensibles à la maladie.
La palourde japonaise s'est acclimatée à notre écosystème et s'est répandue sur toutes les côtes françaises. Elle est parfois considérée comme une espèce invasive dans le sens où elle est en concurrence directe avec l'espèce européenne. Dans certaines régions elle a supplanté l'espèce autochtone.
Ces espèces font l'objet d'une réglementation sur la taille minimale de capture.
En Manche la taille minimale doit être supérieure à 4 cm pour la palourde européenne et japonaise, selon l'arrêté 55/2007 réglementant l'exercice de la pêche maritime à pied à la nage ou sous-marine en Manche.
En Méditerranée la taille minimale doit être supérieure à 3,5 cm pour la palourde européenne selon l'arrêté du 19 mars 2007 déterminant la taille minimale et le poids minimal de capture et de débarquement des poissons et autres organismes marins.
Nous pouvons noter que la réglementation européenne est moins restrictive: la taille minimale de pêche est de 25 mm pour Rudipates spp. dans le Règlement (CE) n° 1967/2006 du Conseil du 21 décembre 2006 concernant des mesures de gestion pour l'exploitation durable des ressources halieutiques en Méditerranée.
Ne pas hésiter à se renseigner auprès des Affaires Maritimes du département pour des informations complémentaires à la réglementation.
Le mot palourde est apparu dans la langue française au XVIe siècle. Il vient du latin [peloris] qui désigne un gros coquillage.
Ruditapes vient du latin [rudis] = brut, qui est à l'état naturel, non façonné, rude, âpre, dur ; et du latin [tapes] = tapis, tapisserie. On peut supposer, d'après l'étymologie ci-dessus que les motifs de l'écusson rappellent ceux des tapisseries (tapes) anciennes. L'aspect de la coquille étant rugueux, les termes rude, brut et dur sont appropriés.
decussatus est le participe passé du mot latin [decusso] = croisé, en forme de croix. D'où le nom composé : palourde croisée d'Europe.
philippinarum : qui vient des Philippines.
Numéro d'entrée WoRMS : 231748
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda | Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes | Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire. |
Super ordre | Imparidentia | Imparidenties | |
Ordre | Venerida | Vénérides | Coquille mince, allongée, dure et costulée, bâillante à une ou aux deux extrémités. Ligament à la fois interne et externe. |
Famille | Veneridae | Vénéridés | Coquille équivalve pour la plupart des espèces. De forme ronde, ovale ou encore oblongue. Ecusson distinct, présence de stries concentriques et parfois d’éléments rayonnants |
Genre | Ruditapes | ||
Espèce | decussatus / philippinarum |
Palourde japonaise et palourde européenne
Comparatif entre la palourde japonaise (à gauche) et la palourde européenne (à droite).
Bassin d’Arcachon (33)
10/08/2008
Palourde Européenne
On remarque les stries rayonnantes très rapprochées, ainsi que quelques stries concentriques.
Bassin d’Arcachon (33)
10/08/2008
Palourde Européenne enfouie dans le sédiment
Les trous sont espacés d’environ la longueur de la coquille caractéristique de la palourde européenne.
Bassin d’Arcachon (33)
10/08/2008
Palourde Japonaise
Les stries rayonnantes sont plus espacées et les stries concentriques plus marquées que chez sa cousine européenne.
Bassin d’Arcachon (33)
10/08/2008
Détail des siphons
La palourde européenne à des siphons séparés sur toute la longueur, contrairement à la palourde japonaise qui a ses siphons soudés jusqu’aux ¾.
Petit jeu: identifier les coques (coquille striée et siphons jaunes et courts) mélangées aux palourdes dans le panier ...
Trébeurden (22)
06/08/2008
Une inconsciente !
Cette palourde restait visible sur l'estran: un promeneur en a fait son apéritif impromptu !
Trégastel (22), estran
09/05/2009
Rédacteur principal : Cédric CONTI
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Véronique LAMARE