Coquille de forme conique, plutôt aplatie, épaisse
Diamètre moyen de 7 cm
Coquille à bord crénelé, à côtes convergentes
Chapeau chinois, patelle géante, patelle foncée, grande patelle, arapède ferrugineux, arapède géant (uniquement en Méditerranée pour ces 2 derniers)
En Corse : lappera grande à Bastia, patella sumirina à Ajaccio, patilla muntagnata à Bonifaccio
Ferreous limpet (GB), Patella gigante (I), Lapa ferrugínea (E), Napfschnecke (D), Puntkokkel, napslak (PB)
Méditerranée occidentale
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]On ne la trouve qu'en Méditerranée occidentale. Sur les rivages français, elle est très rare en Provence (Port-Cros et peut-être Le Levant) mais encore présente en Corse. Des signalements récents dans le port de Toulon sont à confirmer.
Elle vit également le long des côtes d'Afrique du Nord, au sud-est de l'Espagne et en Sardaigne. Aujourd'hui, les sites les plus remarquables sont les îles Habibas et Plane, au nord-ouest de l'Algérie.
La patelle vit fixée sur les rochers, dans la zone intertidale étroite (moins d'un mètre) plutôt agitée. Elle se trouve principalement entre la bande de balanes du genre Chthamalus et l'encorbellement des algues rouges encroûtantes du genre Lithophyllum. De ce fait, elle est très souvent observée hors de l'eau, où elle résiste longtemps, supportant des fortes amplitudes de température et de salinité.
Elle est solidement fixée au support grâce à son pied « ventouse » et il est difficile de la détacher de son support. Elle occupe toujours la même place sur la roche où elle crée un creux selon la forme de sa coquille.
Elle peut aussi s'installer sur une algue ou sur un autre coquillage.
C'est un gastéropode benthique et sédentaire, qui résiste bien à la force des vagues et qui a besoin d'eau claire.
La patelle ferrugineuse se repère sur les rochers par la forme de son épaisse coquille calcaire en cône, plutôt aplati, d'un diamètre moyen de 7 cm, pouvant atteindre 10 cm (record répertorié : 11 cm).
Le relief de la coquille est marqué de grosses côtes convergentes (30 à 50). Ces côtes sont parfois soulignées de beige, de marron ou de rouille. Les bords sont crénelés et l'intérieur est nacré et coloré. On y remarque l'empreinte en fer à cheval du pied. La coquille peut être recouverte d'algues.
Le corps de l'animal est clair, mou, avec une tête portant deux tentacules sensoriels et un œil à chaque base, avec une bouche plutôt ventrale, dotée d'une radula*, un pied charnu et une masse viscérale.
Patella vulgata, la patelle commune, est petite, à côtes plates et régulières. C'est une espèce de l'Atlantique.
Patella rustica, la patelle pointue ou patelle ponctuée, est petite. Sa coquille est épaisse, finement striée et pointillée de noir.
Patella ulyssiponensis, la patelle moussue ou patelle rude, est petite, à coquille très fine et aplatie, à grosses côtes blanchâtres. Elle peut vivre plus profondément. Elle est souvent recouverte d'algues.
Patella caerulea, la patelle plate ou patelle bleue, est très plate, avec l'intérieur bleuté de la coquille très mince. Elle est méditerranéenne, bien qu'ayant pénétré quelque peu en Atlantique.
Patella intermedia, la patelle intermédiaire, a une coquille assez lisse et plate, à l'intérieur blanc. On ne la trouve pas en Méditerranée.
Cymbula nigra, la patelle noire, est la plus grande des patelles de Méditerranée ; elle peut atteindre un diamètre de 15 cm et se rencontre sur les côtes africaines de l'Atlantique et de Méditerranée (Algérie). Elle a été signalée en Espagne.
La nourriture est à base de cyanobactéries et d'algues encroûtantes médiolittorales, notamment l'ectocarpacée Ralfsia verrucosa. Elle quitte sa place en rampant sur le rocher, généralement la nuit, pour brouter des algues rases qu'elle racle grâce à sa radula* composée de rangées de dents symétriques. Cependant, elle ne parcourt que quelques mètres, restant éloignée dix jours au maximum. A cette occasion, elle emmagasine de l'eau, ce qui lui permettra de résister à une période à l'air. Puis elle reviendra à son emplacement d'origine, retrouvant son empreinte initiale.
En soulevant sa coquille, elle respire par des branchies localisées dans le manteau qui entoure le pied.
La patelle ferrugineuse est hermaphrodite protandre*, c'est-à-dire d'abord mâle puis femelle. La maturité sexuelle mâle est atteinte quand la coquille atteint 2 à 3 cm ; l'animal devient femelle lorsque la coquille atteint 6 cm. La période de reproduction a lieu entre septembre et décembre (en Corse), sans doute liée à une modification brutale de température, comme c'est souvent le cas chez les mollusques. La fécondation est externe.
Les œufs, lourds, ne se dispersent pratiquement pas. Les larves* ciliées sont planctoniques*, sans doute avec une dispersion limitée. Puis après la métamorphose, elles se fixent sur la roche et souvent sur une femelle adulte.
Les prédateurs des petites patelles ferrugineuses sont les crabes (en particulier le crabe verruqueux Eriphia verrucosa) et les goélands, mais aussi le coquillage bouche de sang Stramonita haemastoma qui peut les décoller quand elles se déplacent.
Les gros spécimens n'ont d'autres prédateurs que l'homme.
Les espèces associées sur les roches sont : la patelle pointue (Patella rustica Linnaeus, 1758), la patelle moussue (Patella ulyssiponensis Gmelin, 1791), la patelle plate (Patella coerulea Linnaeus, 1758), la littorine bleue (Melarhaphe neritoides), l'algue calcaire (Lithophyllum lichenoides Philippi, 1837) et la chthamale étoilée (Chthamalus stellatus Poli, 1791).
Le genre Patella comprend de nombreuses espèces au niveau mondial, dont 6 sont présentes en Méditerranée (et 9 en Europe).
L'espérance de vie de cette patelle est estimée à dix-douze ans au maximum.
Patella ferruginea est très fréquemment appelée "patelle géante". Elle est certes très grande : 10 cm max., mais Cymbula nigra, la patelle noire, atteint 15 cm. Ces deux espèces peuvent être raisonnablement qualifiées de "patelles géantes". Pour cette raison, nous avons choisi de préconiser respectivement les noms de patelle ferrugineuse et patelle noire pour ces deux espèces.
Cette espèce est protégée par la loi (arrêté ministériel du 26 novembre 1992 ; directive européenne « Habitats » : annexe IV soit protection stricte) : interdiction de la tuer, de la capturer et de la garder chez soi, mais aussi de détruire son habitat.
Un grand nombre de coquilles a été trouvé dans les sites préhistoriques de Méditerranée occidentale, où la patelle ferrugineuse était alors abondante. Elle était présente à l'est de Gibraltar et dans les Alpes maritimes il y a 3 millions d'années. Des coquilles ont été découvertes dans des restes de repas d'humains, datés entre 70 000 et 35 000 ans avant J-C. On la retrouve dans les fouilles du prénéolithique (9 000-7 000 avant J-C) à Bonifacio. En France continentale, en Sardaigne, en Sicile et en Espagne, des restes de coquilles ont également été mis au jour dans des gisements du paléolithique et du néolithique.
Elle a disparu des côtes françaises de Provence et de Côte d'Azur au début du XXe siècle. Elle reste présente sur les côtes de Corse, où un suivi très sérieux et encourageant a été engagé. Sur certaines parties du littoral, pratiquement tous les individus sont répertoriés. On y a d'ailleurs constaté que les zones les plus peuplées sont les plus battues par la mer et les moins accessibles par l'homme.
Si la patelle ferrugineuse est comestible, elle n'est pas spécialement reconnue pour la qualité de sa chair. Pourtant, un ramassage excessif (comme appât de pêche) et la pollution littorale sont les causes de son déclin. De plus, les jeunes mâles, minuscules, s'installent souvent sur les vieilles femelles et sont ramassés par mégarde en même temps que les adultes.
Les tentatives de réintroduction à Port-Cros, en Espagne et en Italie ont échoué.
Protégée au titre de l'annexe IV de la directive européenne Habitats.
Pour la France, Arrêté du 26 novembre 1992 du Ministère de l'Environnement et du Secrétariat d'Etat à la Mer.
Elle figure également à l'annexe II de la convention de Barcelone et à l'annexe II de la convention de Berne.
Il s'agit d'une des espèces marines les plus menacées de disparition en Méditerranée.
Patelle : directement issu du nom scientifique.
Ferrugineuse : du fait de l'aspect « rouillé » de certaines côtes de la coquille.
Géante : puisque c'est une des plus grandes patelles.
Patella : du latin [patella] = petit plat
ferruginea : du latin [ferrum] = fer, du fait de l'aspect « rouillé » de certaines côtes de la coquille.
Numéro d'entrée WoRMS : 140679
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Patellogastropoda | Patellogastropodes | Coquille conique aplatie non enroulée en spirale. Large pied adhérant au substrat par succion et complètement recouvert par la coquille. |
Famille | Patellidae | Patellidés | Couronne d’organes respiratoires dans le sillon palléal. Intérieur de la coquille faiblement ou fortement irisé. |
Genre | Patella | ||
Espèce | ferruginea |
Gros plan sur une patelle fixée
Les côtes sont colorées et convergentes vers le sommet.
Stareso, Calvi, Haute-Corse (2B)
20/10/2008
Fixée à fleur d'eau
Cet individu est particulièrement roux.
Pointe de la Revellata, Corse (20), + ou - 5 cm
21/10/2008
Côtes de la coquille bien visibles
D'autres espèces de patelles (Patella caerulea) sont disposées autour.
Stareso, Haute-Corse (2B)
20/10/2008
Dans une zone battue par les vagues
Coquille marquée de noir et beige.
Stareso, Haute-Corse (2B)
10/2008
Coquille soulevée
On voit très bien l'animal et les bords crénelés de la coquille.
Ile Lavezzi, Corse du Sud (2A)
18/04/2007
Entièrement décollée et renversée
L'animal se recroqueville dans son épaisse coquille.
Ile Lavezzi, Corse du Sud (2A)
18/04/2007
Reliefs particulièrement importants
Les cannelures de cette coquille sont particulièrement marquées et la base est donc très découpée. Le dessin coloré est lui-aussi très présent.
Crique du Port, Galéria (2b), 1 m
23/07/2010
Comparaison de coquilles de patelles
Dans l'ordre : P. ferruginea, P. ulyssiponensis, P. rustica
Port-Cros, Var (83)
2008
Coquilles sub-fossiles
Trouvées dans les jardins du village de Port-Cros.
Port-Cros, Var (83)
2008
Rédacteur principal : Sylvie DIDIERLAURENT
Correcteur : Pierre NOËL
Responsable régional : Sylvie DIDIERLAURENT
La page de Patella ferruginea dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN.