Bernard-l'ermite de taille moyenne : entre 5 et 8 cm
Couleur des pattes et des pinces brune à rouge-orangé
Ocelle bleu-violacé à l’intérieur des pinces
Pédoncules oculaires jaune-orangé et allongés
Yeux gris-bleu
Pagure maculé, pagure oculé, pagure tacheté
Eye-spot hermit crab (GB), Ermitaño de esponja (E), Scardobola (I)
Cancer eremita Linnaeus, 1767
Paguristes oculatus Fabricius, 1775
Pagurus oculatus Fabricius, 1775
Astacus eremita Latreille, 1818
Paguristes maculatus Risso, 1827
Pagurus maculatus Risso, 1827
Pagurus ocellatus O. G. Costa, 1829
Méditerranée et Atlantique proche
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]La piade est une espèce endémique* de Méditerranée et du proche Atlantique. Elle se rencontre dans toute la Méditerranée et dans l'Atlantique en Espagne, au Portugal jusqu’au Maroc et Madère.
La piade est observée sur les fonds détritiques*, sableux et vaseux, et parfois dans les herbiers de posidonies. On l’observe généralement entre 10 et 50 mètres de profondeur. Cependant, il est possible de la rencontrer sur de petits fonds, à quelques mètres sous la surface (exemple : en milieu lagunaire, dans l'étang de Thau dans l’Hérault).
La piade est un bernard-l'ermite de taille moyenne, entre 5 à 8 cm (pattes et pinces comprises).
Sa couleur générale est brune à rouge-orangé. Les pattes et les pinces présentent un aspect granuleux avec des poils très courts.
La couleur des antennes est rouge foncé. Les pédoncules* oculaires sont allongés et de couleur jaune-orangé à rougeâtre. Les yeux présentent une cornée de teinte gris-bleu.
Les pinces semblent de même taille mais celle de gauche est légèrement plus grande (caractéristique des Diogénidés qui ont le plus souvent la pince gauche plus grosse que celle de droite). Un ocelle* bleu-violacé, très caractéristique de cette espèce, est visible à l’intérieur des pinces sur l'article* nommé mérus* (à proximité de l'articulation entre le mérus et la carpe*).
A ce jour, il existe 131 espèces du genre Paguristes, dont trois en Méditerranée. Mais une seule espèce (Paguristes eremita) est avérée sur nos côtes françaises.
Néanmoins, la piade peut être confondue avec d’autres espèces de bernard-l’ermite :
Le grand pagure (Dardanus calidus) est de taille plus grande (environ 10 cm) et de couleur rouge vif. La texture de la surface de ses appendices est granuleuse, du type « chair de poule », avec des poils. Ses yeux tendent plus vers le gris et il n’y a pas d’ocelle bleu-violacé à l’intérieur des pinces.
Le grand bernard-l'ermite (Dardanus arrosor) est de taille plus grande (environ 10 cm) et de couleur rouge brique. La texture de la surface des appendices présente un aspect « écailleux ». Ses yeux sont gris clair et il n’y a pas d’ocelle bleu-violacé à l’intérieur des pinces.
Le pagure sédentaire (Calcinus tubularis) est de plus petite taille (environ 2,5 cm) et est très coloré. Ses pattes et ses pinces sont blanches à pois rouges aux extrémités. Ses yeux sont noirs et il n’y a pas d’ocelle bleu-violacé à l’intérieur des pinces. Enfin, contrairement à une piade, c’est une espèce qui peut se retrouver sédentarisée dans des tubes.
La piade est un animal détritivore*, se nourrissant de débris d’origine animale ou végétale.
Comme la plupart des crustacés Décapodes, la piade est une espèce gonochorique*. La reproduction semble avoir lieu tout au long de l’année. Les œufs sont de couleur orange et mesurent un peu plus d’un mm. Ils donnent naissance à des larves planctoniques*. Le développement des larves comprend 2 stades larvaires zoé*, suivi d’un dernier stade post-larvaire* appelé glaucothoé*. La larve devient ensuite un juvénile benthique* à la recherche de sa coquille.
La piade utilise le plus souvent comme abri les coquilles de rochers fasciés (Hexaplex trunculus), mais également celles des cérithes (Cerithium spp.) et des fusus (Fusus spp..)
Comme de nombreux pagures (exemples Dardanus calidus et D. arrosor en Méditerranée), la piade peut être associée avec l’anémone parasite (Calliactis parasitica) qu’elle dépose elle-même sur sa coquille. Elle peut également être associée à des anémones du genre Epizoanthus, à l’éponge subérite-gîte (Suberites domuncula) ou encore à des hydraires de la famille des Hydractiniidés.
Cette relation avec les différentes espèces fixées sur sa coquille n’est pas obligatoire (on observe des individus avec une coquille non colonisée) et est souvent qualifiée de commensalisme*.
Dans le cas particulier de l’association avec l’anémone parasite (Calliactis parasitica), cette dernière lui assure une protection en cas d’agression. En effet, lorsque le pagure est stressé, elle est capable d’émettre des filaments urticants, appelés aconties*.
La piade peut être parasitée par un petit crustacé Isopode de la famille des Bopyridés : Asymmetrione foresti.
Comme la plupart des crustacés, la piade est plus active la nuit que le jour.
Ses principaux prédateurs sont la tortue caouane (Caretta caretta), les poulpes (Octopus spp.), des gros crustacés comme le crabe honteux (Calappa granulata) et certains poissons.
B. Riedel, M. Zuschin et M. Stachowitsch (2012) ont montré que cette espèce est relativement résistante à l’anoxie* (par exemple causée par le phénomène de propagation dans l’étang de Thau de la malaïgue, qui est un phénomène de dégradation de la qualité des eaux entraînant une chute importante de la teneur en oxygène).
Comme pour tout pagure qui porte des anémones parasites (Calliactis parasitica) sur sa coquille, il est fortement recommandé de ne pas l’attraper sous peine de voir l’anémone libérer ses filaments urticants appelés aconties*. Dans ce cas, la piade perd un moyen de défense précieux contre ses prédateurs.
Piade : de l’occitan [piado] = bernard-l’ermite.
Paguristes : du grec [pagos] = objet fiché, durci, et [oura] = queue. Les pagures ont une partie postérieure molle, l'abdomen, qui est fichée dans la coquille qui l'héberge.
eremita : du latin [eremita] = ermite. On les surnomme ermites puisqu’ils se logent dans des coquilles abandonnées, comme des moines dans leur cellule.
Numéro d'entrée WoRMS : 232032
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Anomura | Anomoures | Les anomoures sont caractérisés par une cinquième paire de pattes atrophiée. Ils sont essentiellement représentés par les galathées et les bernard-l'ermite. |
Famille | Diogenidae | Diogénidés | Dissymétrie générale, une pince plus grosse que l'autre. L’abdomen n’est pas protégé par l’exosquelette. |
Genre | Paguristes | ||
Espèce | eremita |
Spécimen observé sur de petits fonds
Ce spécimen, observé à quelques mètres de profondeur à Thau, n'a pas d'anémone fixée sur sa coquille de rocher fascié (Hexaplex trunculus).
Etang de Thau (34), 2 m
10/06/2018
Détail du corps
Les pattes et les pinces présentent un aspect granuleux avec des poils très courts. L'ocelle bleu-violacé, très caractéristique de cette espèce, est visible à l’intérieur de la pince sur la droite de la photo.
Etang de Thau (34), 3 m
27/06/2009
Zoom sur les yeux
Les yeux gris-bleu sont caractéristiques de cette espèce. On remarquera l'aspect granuleux des pinces avec des poils très courts.
Etang de Thau (34), 2 m
10/06/2018
En association avec une anémone
Ce spécimen a déposé une anémone parasite (Calliactis parasitica) sur sa coquille. C'est un comportement très fréquent chez les pagures.
Etang de Thau (34), 3 m
27/06/2009
En association avec des petites anémones
La coquille de cet individu est recouverte de petites anémones.
Le Ponton, Etang de Thau (34), 5 m
25/09/2011
Aucun doute, c'est une piade
Toutes les caractéristiques propres à cette espèce sont visibles : pédoncules oculaires allongés et se terminant par des yeux bleus, ocelle violet à l'intérieur de la pince, aspect granuleux des pattes et des pinces. La coquille, qui présente une anémone parasite (Calliactis parasitica), est celle d'un murex épineux (Bolinus brandaris).
Marseille (13), 1 m
09/02/2007
Tout nu !
Ce spécimen, réfugié dans une anémone, est sans coquille.
Etang de Thau (34), 2 m
01/11/2016
Rédacteur principal : Pascal GIRARD
Vérificateur : Vincent MARAN
Correcteur : Pierre NOËL
Responsable régional : Pascal GIRARD
Noël P., 2015, Le pagure maculé Paguristes eremita (Linnaeus, 1767), in Muséum national d'Histoire naturelle, Inventaire national du Patrimoine naturel, 1-10.
La page de Paguristes eremita dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel, INPN