Spongiaire de 5 à 50 cm
Couleur blanc crème à orange, rarement violette
Consistance très molle, fragile
Surface couverte de petits lobes bosselés à ridés
Oscules à répartition régulière
Spugne Bali Balo (I)
Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Oscarella balibaloi a été observée en plusieurs points de Méditerranée de la mer d'Alboran à la mer Égée en passant par les côtes nord du bassin occidental et l'Adriatique. Compte-tenu de sa récente description et de son expansion avérée depuis 15 ans, on peut imaginer que sa distribution exacte est plus large que celle initialement indiquée. Elle est devenue commune dans la région de Marseille et a été récemment observée en Corse, en Catalogne, à Malte...
Cette oscarelle est une espèce sciaphile* trouvée dans les formations coralligènes* ou à l'entrée des grottes. Elle est le plus souvent rencontrée en épibionte* sur d'autres éponges massives (Spongia officinalis, Ircinia oros, Aplysina cavernicola), sur des bryozoaires arbustifs (Myriapora truncata, Smittina cervicornis) et des gorgones (Eunicella cavolinii, Paramuricea clavata, Corallium rubrum). Elle est habituellement observée de 8 à 20 m de profondeur et jusqu'à 40 m.
Oscarella balibaloi est une éponge encroûtante délicate et fragile de 2 à 5 mm d'épaisseur. Elle peut occasionnellement recouvrir de grandes surfaces, jusqu'à 50 cm. Sa surface douce et molle est couverte de turgescences irrégulières formant de petits lobes ou de petites rides, celles-ci s'affaissant complètement une fois l'éponge sortie de l'eau. Sa couleur habituelle va du blanc crème à l'orange, plus rarement violette, ses parties cachées restant plus claires. Quelques gros oscules* sont présents au bout de certains lobes, les pores inhalants sont très petits et très nombreux sur toute la surface. L'éponge adhère faiblement au substrat*.
Comme toutes les espèces du genre Oscarella, cette éponge ne présente pas de squelette interne (absence de spicules* et absence de spongine*).
Les espèces du genre Oscarella ont longtemps été confondues les unes avec les autres, notamment à cause d'une absence de spicules et de fibres de spongine dans leurs tissus. En particulier, Oscarella lobularis et Oscarella tuberculata ont longtemps été regroupées à tort sous le nom d'Oscarella lobularis. Cependant, des études génétiques récentes (années 2000 à 2013) ont permis de faire la distinction entre les différentes espèces. Fort heureusement pour nous, ces espèces génétiquement différentes présentent des caractéristiques microscopiques très distinctives, mais également des critères morphologiques précis (couleur, localisation, biotope*) :
Oscarella lobularis (Schmidt, 1862) : l'oscarelle bleu-violet. De surface lisse et de consistance molle et légèrement gélatineuse, cette éponge est de couleur bleu-violet (voire rose) en surface et violette à crème dans les dépressions. Elle présente des lobes de 1 cm de diamètre et des oscules à répartition régulière. Ses cellules présentent de nombreuses et vastes vacuoles* périnucléaires. Elle est visible dans la mer Méditerranée, Atlantique Est, Manche, mer du Nord, mer Adriatique et Atlantique Ouest tropical, de 15 à 35 m, sur des tombants mais jamais à l'entrée d'une grotte.
Oscarella imperialis Muricy et al., 1996 : l'oscarelle jaune-orange. De surface rugueuse à ridée et de consistance molle, cette éponge présente une couleur orangée en surface et jaune dans les dépressions. Ses cellules présentent des sphérules* cytoplasmiques très denses et souvent une seule vacuole*. Elle est visible en Méditerranée, vers 15 m de fond, le long des tombants verticaux.
Oscarella microlobata Muricy et al., 1996 : l'oscarelle marron. De surface rugueuse et de consistance molle et fragile, cette éponge est de couleur marron foncé en surface et marron clair dans les dépressions. Ses cellules présentent des sphérules cytoplasmiques et inclusions intranucléaires paracristallines. Souvent solitaire et faiblement attachée au substrat, elle est présente vers 15 m de fond dans des cavernes semi-obscures. Elle n'est actuellement rapportée que dans une grotte à proximité de l'île Riou, au large de Marseille (13).
Aplysilla rubra (Hanitsch, 1890) : l'oscarelle rouge. De surface bosselée par de nombreux petits lobes, et de forme "chou-fleur", cette éponge est de couleur rouge à beige. Elle n'est visible que dans l'Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord, de 5 à 300 m, sur des roches et où elle forme probablement un complexe d'espèces comme l'était O. lobularis.
Oscarella tuberculata (Schmidt, 1868) : l'oscarelle jaune-verdâtre. De surface granuleuse à ridée et de consistance ferme et cartilagineuse, cette éponge est très souvent uniformément jaune-verdâtre (avec parfois des reflets bleutés). Elle présente des lobes de 0,5 cm de diamètre et des oscules à répartition irrégulière. Elle est visible dans la mer Méditerranée de 5 à 35 m à l'ombre d'un tombant (coloration plutôt verdâtre) ou à l'entrée d'une grotte (coloration plutôt jaune) et en compagnie d'Oscarella balibaloi.
Oscarella viridis Muricy et al., 1996 : l'oscarelle vert-pâle. De surface rugueuse et de consistance très molle et fragile, cette éponge est de couleur verte (généralement plus claire dans les dépressions). Ses cellules présentent de nombreuses sphérules cytoplasmiques peu denses. Elle est faiblement attachée à son substrat et est visible en Méditerranée, dans des cavernes semi-obscures, vers 15 m de fond.
Comme tous les spongiaires, Oscarella balibaloi est un animal filtreur* : les flagelles* des choanocytes* créent des mouvements d'eau dans les cavités internes. L'eau entre par les nombreux petits trous (pores inhalants) et sort par les grands trous ou oscules* (pores exhalants). Puis les cellules ciliées captent et digèrent les particules organiques microscopiques et les produits de la digestion sont distribués aux autres cellules de l'organisme.
Le schéma de reproduction est très proche des autres Oscarella, la reproduction peut être réalisée selon 3 processus distincts :
Les éponges se reproduisent surtout asexuellement et ont une énorme capacité de régénération.
Comme tous les spongiaires, cette espèce est un animal très simple ne présentant pas de tube digestif et peu ou pas de cellules nerveuses. Elle ne se rétracte donc pas ou très peu quand on la touche. Elle présente une couche de cellules externes (l'ectoderme) et une couche de cellules interne (l'endoderme), séparées par une sorte de gélatine (la mésoglée*). La cavité gastrique ou cavité interne (atrium*) est tapissée de cellules ciliées (les choanocytes*, caractéristiques des spongiaires) dont les flagelles créent un courant d'eau.
La respiration se fait par filtration de l'oxygène dissous dans l'eau.
Les espèces du genre Oscarella ne présentent pas de squelette interne : elles n'ont pas de spicules* et pas de fibres de spongine*. L'aspect microscopique de cette espèce en particulier est très caractéristique et une étude en laboratoire permet de faire la distinction entre Oscarella balibaloi et les autres éponges du même genre. Ainsi, Oscarella balibaloi comporte une mésoglée (mésohyle*) peu développée, constituée d'un réseau condensé de fibrilles de collagène. Ces fibrilles entourent complètement deux types d'endobactéries symbiotiques allongées à paroi différenciée épaisse. La mésoglée contient également des cellules vacuolaires de type I, II et III (les cellules de type I étant échancrées à noyau périphérique et contenant entre 1 et 4 très grandes vacuoles denses occupant la quasi-totalité du cytoplasme cellulaire ; les cellules de type II étant ovoïdes à noyau central avec 1 ou 2 filopodes et contenant de nombreuses petites vacuoles pycnotiques cytoplasmiques très disséminées ; les cellules de types III étant irrégulièrement ovoïdes, à noyaux ovoïdes, et avec de nombreuses vacuoles claires et filamenteuses). Les choanocytes sont pyramidaux et régulièrement espacés.
Découverte pour la première fois en 2002 dans la région de Marseille, cette éponge est probablement arrivée quelques années plus tôt dans la région et est devenue de plus en plus fréquente pour devenir commune aujourd'hui.
Oscarelle Bali Balo est la traduction du nom scientifique.
Oscarella : genre dédié au zoologiste, botaniste et mycologue allemand Oscar Schmidt [1823-1886], en l'honneur de son travail sur la détermination des espèces. Il est en particulier l'auteur de l'ouvrage Eponges de la mer Adriatique.
balibalo : Le choix de ce nom est en rapport avec la campagne d'étude qui a permis sa découverte, sans plus d'explication dans la publication originale.
A noter que Bali Balo est le nom d'une chanson paillarde mettant en scène un personnage fictif qui subit de nombreuses mésaventures liées à ses mœurs sexuelles atypiques.
Numéro d'entrée WoRMS : 564911
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Homoscleromorpha | Homoscléromorphes | Eponges exclusivement marines (une centaine d'espèces). Spicules siliceux (quand ils sont présents) non subdivisés en mégasclères et microsclères. Vivipares, larve typique : cinctoblastula. |
Ordre | Homosclerophorida | Homosclérophorides | Structure différenciée de type leucon. Certaines espèces de cet ordre n'ont pas de squelette et possèdent un derme fin. Les larves sont des amphiblastula. |
Famille | Oscarellidae | Oscarellidés | Absence de spicules et de fibres de spongine. |
Genre | Oscarella | ||
Espèce | balibaloi |
Éponge blanc crème à orangée
Oscarella balibaloi est une éponge fragile présentant de nombreux petits lobes vaporeux et quelques gros oscules.
Carall Bernat, Estartit, Costa Brava (Espagne), 20 m
18/09/2015
Forme orange sur du faux corail
La couleur de Oscarella balibaloi varie du blanc crème à l'orange.
Sausset-les-Pins (13), 27 m
11/07/2010
Eponge délicate et molle
Cette oscarelle Bali Balo est bien plus molle que les autres espèces du genre dans sa zone géographique.
Barge de Carro (13), 32 m
08/08/2010
Dans une fissure, forme orange
Plus l'éponge est exposée à la lumière, plus sa coloration tirera vers l'orange.
La Ciotat (13), 12 m
21/07/2013
Surface ridée
La surface est couverte de turgescences irrégulières formant de petits lobes ou, souvent, de petites rides comme ici.
Niolon, Côte Bleue (13), 23 m
17/05/2015
Encroûtant l'éponge Agelas oroides
Oscarella balibaloi est souvent rencontrée en épibionte sur d'autres éponges massives.
La Ciotat (13), 28 m
07/11/2015
Forme claire sur le bryozoaire Adeonella calveti
Oscarella balibaloi est souvent rencontrée en épibionte sur des bryozoaires dressés.
Marseille (13), 17 m
17/06/2015
Sur un tombant
Une dentelle de Neptune est visible à droite.
Tombant du Vengeur, Iles de Lérins (06), 20 m
08/08/2008
Sur la Côte bleue
Individu de couleur orange uni.
Côte Bleue (13), L'Elevine, 11 m
29/04/2017
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Gaël ROCHEFORT
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Ivanisevic J., Thomas O.P., Pedel L., Pe´nez N., Ereskovsky A.V., et al., 2011, Biochemical Trade-Offs : Evidence for Ecologically Linked Secondary Metabolism of the Sponge Oscarella balibaloi, PLoS ONE 6(11): e28059. doi:10.1371/journal.pone.0028059
Pérez T., Ivanisevic J., Dubois M., Pedel L., Thomas O.P., Tokina D., Ereskovsky A.V., 2011, Oscarella balibaloi, a new sponge species (Homoscleromorpha: Plakinidae) from the Western Mediterranean Sea: cytological description, reproductive cycle and ecology, Marine Ecology, 32(2), 174-187.
La page de Oscarella balibaloi sur le site de référence de DORIS pour les spongiaires : World Porifera Database
La page de Oscarella balibaloi dans l'Inventaire National du Patrimoine scientifique : INPN