22221111 Necora puber | DORIS

Etrille commune

Necora puber | (Linnaeus, 1767)

N° 510

Atlantique Nord-Est, Manche, Méditerranée

Clé d'identification

Crabe gris violacé terne, yeux rouges
Carapace veloutée jusqu'à 5 à 6 cm de longueur et 7 à 10 cm de largeur
Présence de 5 dents antéro-latérales sur la carapace
Pattes avec des jointures rouges et des motifs bleus
Pattes postérieures dites "natatoires" de forme aplatie

Noms

Autres noms communs français

Il existe une cinquantaine de noms vernaculaires en France pour cette espèce patrimoniale très connue et appréciée en pêche à pied. Ci-après quelques exemples :

  • noms généraux : étrille, étrille commune, étrille de sable, crabe laineux, crabe à pattes chevelues
  • dans le Nord : lénée, plat-pied
  • en Normandie : anglette, bonne soeur, cérite, crabe à laine, crabe anglaise, crabe d'alaine, crabe de velours, échalette, georgette, guèpe, guiette, lirié, ragaise, rainette
  • en Bretagne : chèvre, chichalved, crabe cerise, crinquenelle, demoiselle, draguenelle, gaor, guilch, krank lauo, meltas.
  • sur les côtes de l'Atlantique : atun samarra, balleresse, bataillet, chancre ballant, chancre nageron, nekora, padelle, txamarra
  • en Méditerranée : ciarlatan, crabe espagnol, franquet nadeyre, franquet volador de roc, necora.
Noms communs internationaux

Velvet swimming crab, velvet swimcrab, velvet crab, velvet fiddler, devil crab, lady crab (GB), Nécora (E), Nècora (Cat), Navalheira (P), Samtkrabbe, Wollige Schwimmkrabbe (D), Fluwelen zwemkrab , Spanjool (NL), Fløyelskrabbe (N)

Synonymes du nom scientifique actuel

Cancer puber Linnaeus, 1767
Polybius (Necora) puber (Linnaeus, 1767)
Liocarcinus puber (Linnaeus, 1767)
Macropipus puber (Linnaeus, 1767)
Portunus puber (Linnaeus, 1767)
Cancer velutinus Pennant, 1777

Distribution géographique

Atlantique Nord-Est, Manche, Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Cette espèce se rencontre en Atlantique Nord-Est (de la Norvège au Sahara occidental, en Macaronésie*) et en Méditerranée où elle aurait été introduite vers les années 1960. Il semblerait qu’elle soit absente de Corse et aucun signalement récent n’a été fait à l’est de Toulon pour la Méditerranée française. Les signalements méditerranéens, en dehors des côtes espagnoles et françaises, correspondent probablement à des erreurs d'identification ou de localisation, ou encore à des spécimens isolés (restaurants, aquariologie) n'ayant pas engendré de population locale.

Biotope

Ce crabe vit près du littoral sur les fonds sablonneux et rocheux jusqu'à 80 m de profondeur. Il peut se rencontrer sur l’estran sous les pierres et dans les cuvettes.
Il affectionne les surplombs rocheux recouverts d'algues.

Description

La carapace de ce crabe mesure jusqu'à 5 à 6 cm de longueur et 7 à 10 cm de largeur. Elle est veloutée et porte des rides transversales irrégulières. Sa couleur est gris violacé terne. On constate la présence de 8 à 10 dents entre les 2 yeux, les 2 dents centrales étant un peu plus longues que les autres. La carapace présente 5 dents antéro-latérales. Les yeux sont rouge vif. La face ventrale est de couleur crème à reflets bleutés.
Les mâles ont un abdomen étroit et triangulaire. Les segments 3 à 5 de l'abdomen du mâle sont fusionnés alors qu’ils sont libres chez la femelle.

Des lignes bleues sont visibles sur les pattes dont les jointures sont rouges. Ce crabe peut nager grâce à ses pattes postérieures dites "natatoires" de forme aplatie ; ces dernières servent aussi (et surtout !) à l'enfouissement en marche arrière dans le sédiment.

Des anomalies de coloration ont été rapportées chez l'étrille : des spécimens complètement bleus ou blancs ont été observés.

Espèces ressemblantes

Chez les Polybiidés on peut citer les espèces suivantes :

L’étrille fripée Polybius corrugatus (anciennement Liocarcinus corrugatus) a une carapace couverte de poils courts et présente de nombreuses petites lignes transversales claires ; les 5 dents du bord antéro-latéral de la carapace sont pointues et dirigées vers l’avant. Les dents frontales sont au nombre de trois et sont arrondies. La couleur générale de ce crabe est rouge-orangé à brune. Il se rencontre jusqu’à 150 m de profondeur dans presque toute l’Europe mais il est absent de mer du Nord et de Manche orientale. Cette espèce a été signalée dans d'autres pays lointains mais il s'agit en fait d'autres espèces très proches. Polybius corrugatus au sens large est donc ce qu'on appelle un "complexe d'espèces".

L’étrille à pattes bleues Polybius depurator est un crabe très commun dont la carapace mesure jusqu'à 5,2 cm de large avec 3 dents égales et pointues entre les yeux ; elle est rugueuse et rougeâtre. Cette espèce se rencontre dans toute l'Europe jusqu'à au moins 300 m de profondeur.

Le crabe à sardine Polybius henslowii nage en banc au large dans le golfe de Gascogne ; il attaque les maquereaux et les sardines.

Chez l'étrille nageuse Achelous hastatus, la carapace possède 8 ou 9 épines antéro-latérales, la dernière étant très forte. Le dactyle de la dernière patte a un ocelle* sombre très marqué.

Alimentation

Cette espèce est un prédateur nocturne omnivore et opportuniste, s’attaquant à la petite faune vagile* : mollusques bivalves et gastéropodes, vers marins (polychètes), petits crustacés. Elle a aussi des mœurs nécrophages*. Elle peut attaquer les lièvres de mer Aplysia depilans et Aplysia punctata.

Reproduction - Multiplication

La période de reproduction a lieu entre février et novembre, avec un pic de ponte de mars à juin. L'étreinte de l'étrille peut être longue mais le moment où la femelle est réceptive se situe uniquement pendant la mue. L'hiver, les femelles pondent au large. Les adultes se rapprochent des côtes du printemps jusqu'à l'automne. La quantité d’œufs varie de 5 000 à 45 0000 œufs selon la taille de la femelle. L'éclosion se fait au stade pré-zoé et se transforme en zoé en quelques heures. Il y a cinq stades zoé avec épine rostrale, dorsale et latérale, une des épines latérales du telson* est perdue dans les stades ultérieurs. Il n'y a qu'un stade mégalope ce dernier n'ayant plus de trace de l'épine dorsale. La durée de la phase larvaire entre l’éclosion et la mégalope dépend des conditions physico-chimiques, en particulier de la salinité et de la température : 28 jours à 25 °C et 48 jours à 15 °C.

Croissance : la largeur de la carapace mesure 2 cm à 1 an ; 4 cm à 2 ans ; 6 cm à 6 ans ; 10 cm à 10 ans.
La longévité habituelle est de l'ordre de 4 à 5 ans.

Vie associée

Les prédateurs potentiels sont principalement la loutre, les oiseaux, les tortues marines, les poissons, les grands crustacés et les céphalopodes. Comme de nombreux décapodes côtiers, ce crabe peut être parasité par des métacercaires enkystées de trématodes. Il est aussi parasité par la sacculine Sacculina carcini, le bopyre Portunion moniezii ainsi que par des Ciliés. Des études ont conduit à l'identification d'un dinoflagellé parasite infectant l'étrille. L'étrille est également parasitée par le cercozoaire Paramarteilia canceri.

Les étrilles (en particulier les plus grosses) peuvent être concrétionnées ou porteuses d'épibiontes* divers : algues rouges (Apoglossum ruscifolium, Calliblepharis jubata , Erythroglossum laciniatum, Osmundea pinnatifida, Lithophyllum incrustans ...) algues brunes, annélides (Spirobranchus triqueter), bryozoaires (Electra pilosa), crustacés (Caprella linearis, Jassa ocia, balanes), cnidaires (Aglaophenia kirchenpaueri, Clytia hemisphaerica, Obelia spp.)...

Divers biologie

Cette espèce est très vive et défend âprement son territoire en écartant les pinces.

Informations complémentaires

Cette espèce est pêchée à pied ou à l'aide de casiers et est appréciée pour sa chair fine : tout est bon à manger dans l'étrille.
A la provençale, par exemple, sautée à l'huile d'olive puis cuite à petit feu avec un peu d'eau, ail, persil, thym, laurier et fenouil, ce bouillon parfumé servant à cuire du riz rond.
L'étrille permet aussi la confection d'une excellente bisque qui pourra se consommer aussi bien chaude que froide, voire se mettre au congélateur pour l'hiver.

Origine des noms

Origine du nom français

Etrille : vient du vieux français estrille et donc du latin strigila ou strigilis, « râcloir » sans doute en lien avec le front de l'espèce qui est comme un peigne à nombreuses petites dents.

Origine du nom scientifique

Necora : l’origine de ce nom de genre est lié au nom vernaculaire de l'espèce type en Galice (Espagne).
Holthuis 1987 qui a créé ce genre dit "The name Necora is chosen as it is short, euphonious and furthermore is the vernacular name given to the type species in Galicia, Spain. Gender of generic name: feminine."

puber : du latin [puber] = poilu.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 107398

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Arthropoda Arthropodes Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette.
Sous-embranchement Crustacea Crustacés Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes.
Classe Malacostraca Malacostracés 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen.
Sous-classe Eumalacostraca Eumalacostracés Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax.
Super ordre Eucarida Eucarides Présence d'un rostre.
Ordre Decapoda Décapodes La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces.  Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises).
Sous-ordre Brachyura Brachyoures Les brachyoures ont un abdomen réduit replié sous le céphalothorax. Ils sont représentés par les crabes et les araignées de mer.
Super-famille Portunoidea
Famille Polybiidae Polybiidés

Bord antéro-latéral de la carapace avec le plus souvent 5 dents (dent orbitaire externe comprise) ; front avec le plus souvent 3 dents ou lobes ; carapace hexagonale à peine plus large que longue ; dernière paire de pattes aplatie adaptée à la nage et à l'enfouissement. (valable pour les genres Bathynectes, Liocarcinus, Macropipus, Necora, Ovalipes, Parathranites, Polybius, Raymanninus...)

Genre Necora
Espèce puber

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